L’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney est le premier roman d’un cycle de fantasy qui devrait en compter sept. Les deux premiers tomes, sortis en 2018, ont valu à son auteur le Grand Prix de l’Imaginaire l’année suivante. Les louanges ne manquent pas et la plupart des critiques sont dithyrambiques. Après avoir lu le premier tome, je dois reconnaître que je ne partage pas l’engouement pour cette saga, ou du moins mon avis est beaucoup plus nuancé : ce roman a des qualités mais souffre aussi de grandes faiblesses.
Commençons par le principal point négatif : il m’a fallu attendre la moitié du livre pour que l’histoire commence réellement à me plaire et me donner envie de lire la suite. Le roman faisant un peu plus de 600 pages, j’ai donc lu les 300 premières pages sans grand enthousiasme. La première moitié du roman nous présente le héros de ce cycle, Syffe, un jeune orphelin d’une dizaine d’années qui traîne ses guêtres dans les rues de Corne-Brune, dans la campagne environnante et parmi les tentes des tribus installées à la Cuvette. On découvre les relations qu’il entretient avec ses amis Brindille, Merle et Cardou et le quotidien de sa vie de garçon sans sou ni famille. Typique du roman d’apprentissage, cette introduction peine à prendre vie et proposer une histoire réellement captivante et originale. Celles et ceux qui ont lu L’assassin royal de Robin Hobb feront sans doute le parallèle entre ces deux histoires (même si de nombreux points les distinguent) et la comparaison n’est malheureusement pas en faveur de L’enfant de poussière. Il faudrait que je relise L’assassin royal pour me rappeler ce qui fonctionnait si bien mais il est clair qu’il manque quelque chose à L’enfant de poussière pour que ce début de roman se démarque davantage et gagne en relief. Car c’est peut-être ça le problème : le récit est plat, l’histoire consensuelle. L’écriture de l’auteur n’est pas mauvaise mais elle manque un peu de personnalité pour être vraiment marquante. Après avoir lu Chien du Heaume de Justine Niogret dont le style est vraiment singulier, l’écriture de Patrick K. Dewdney fait pâle figure.
Si l’on passe le premier quart du livre qui est, selon moi, le moins intéressant (bien qu’il soit malgré tout utile puisqu’il pose les bases de l’histoire), on atteint le deuxième quart du roman avec un développement intéressant et prometteur. Malheureusement, l’auteur se rate et passe à côté d’une belle occasion de rendre son récit plus palpitant. Je m’explique (sans trop en dire) : Syffe se retrouve forcé de travailler pour une famille de nobles qui lui est clairement hostile et je m’attendais à des situations de grande tension, des face-à-faces au sommet, des dialogues à couper le souffle, du suspense… il n’en est rien. L’auteur nous sert un quotidien morne, avec un seul personnage antagoniste peu charismatique. Un vrai pétard mouillé. Il a donc fallu attendre la troisième partie du roman, intitulée « Le guerrier-var », pour que le récit gagne en qualité et en originalité. Je n’en dirais pas plus pour ne rien révéler mais l’histoire prend un tournant très intéressant à partir de ce moment-là et elle le restera jusqu’à la fin du roman.
Pour résumer, le roman est inégal mais suit une belle courbe ascendante : un peu fade et plat au début, il gagne en qualité et en intensité au fil des pages. C’est comme si l’auteur grandissait en même temps que son héros. Je recommande donc ce roman mais en avertissant que la première partie du livre peut ne pas être des plus passionnantes et qu’il faut s’accrocher. Cependant, si l’on persévère, la seconde moitié du livre vaut clairement le coup et il serait dommage d’abandonner le roman avant d’atteindre cette partie. Il ne reste maintenant plus qu’à voir ce que l’auteur nous réserve pour les tomes suivants… à suivre !
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