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3.31/5 (sur 108 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Providence, Rhode Island. , le 29/10/1954
Biographie :

Paul Di Filippo est un écrivain américain de science-fiction.

Il est connu pour être un écrivain prolifique dans des genres qui vont du steampunk au cyberpunk. Il est aussi critique pour presque tous les principaux magazines de science-fiction américains, dont Asimov's Science Fiction, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, Science Fiction Eye, The New York Review of Science Fiction, Interzone, et Nova Express. Il s'est également lancé dans les scénarios de comics, réalisant en 2005 une mini-série Top 10: Beyond the Farthest Precinct illustrée par Jerry Ordway et publiée sous le label America's Best Comics.


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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Gaddis Patchen dormait dans un fauteuil placé devant une fenêtre ouverte. De l’entrée, on ne voyait que le sommet de son crâne en brosse. Les radiateurs cognaient en vain pour contrer l’afflux d’air froid. Diego se porta à son côté. Drapé dans un couvre-lit tricoté à la main, Gaddis, depuis sa visite précédente, semblait s’être recroquevillé au sein d’un corps voûté que la maladie ravageait : rabotant les traits marqués du vieillard, elle lui donnait, malgré sa forme humaine, l’aspect de ce qu’on voyait quand des engigneurs relevaient une plaque d’égout pour révéler les structures secrètes de la Ville : des circuits souterrains conçus pour la fonctionnalité au lieu de l’élégance, tordus par l’usage, punis par le temps.
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La novella sous le rouleau, intitulée « Les médiateurs de la mort », concernait un monde fabuleux où cette transition se parait d’un mystère encore plus grand qu’en réalité. Dans cet univers qu’il avait conçu, il n’y avait ni Bouledogues ni Femmes de pêcheur ! Tout le reste découlait avec rigueur de ce coup de génie.
Faute de bénéficier du service occulte des Psychopompes, les habitants devaient gérer de leur mieux les dépouilles de leurs proches. Au sein de cet étrange royaume, on brûlait les cadavres, ou on les lestait et on les immergeait. Un corps de Médiateurs de la mort était apparu qui se chargeait de cette tâche déplaisante, contre rémunération par nécessité. Mais la pauvreté forçait souvent les classes inférieures à disposer de ces restes en toute illégalité, dans des décharges sauvages ou à bord des équivalents locaux des Trains et des Navires.
Par ailleurs, comme on ignorait la destination ultime des âmes, une classe parasite de charlatans avait émergé – des mystiques se prétendant dotés d’un savoir conflictuel sur les divers destins posthumes de l’humanité. Faute d’entrevoir la Mauvais Côté des Voies ou l’Autre Rivage pour se guider même vaguement, l’individu lamba cherchait certitude et réconfort dans les représentations désinvoltes et fantaisistes de ces arnaqueurs.
Diego avait adopté le parti pris radical de faire d’un de ces escrocs dépourvus d’éthique le protagoniste de son récit. Oui, dépeindre un personnage principal aussi antipathique risquait de lui aliéner son public, mais il n’avait pu résister au défi d’élaborer cette psyché étrangère. S’il réussissait ses portraits du narrateur et de l’univers, « Les médiateurs de la mort » avait des chances de méduser les lecteurs, et le voir nommé à un prix l’an prochain n’aurait rien d’inconcevable. Après tout, ses œuvres avaient déjà frôlé la sélection finale à plusieurs reprises.
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Solide, pratique, la Brachir Vestale, sa vieille machine à écrire, offrait la douceur ivoirine de ses touches comme la caresse sensible d'une amante, avide de boire au bout de ses doigts le chagrin et la confusion résultant de la visite à son père, et de transmuer sa peine en beauté.
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On était en février, et son père qui ne parlait plus que de sa mort prochaine jurait à tort et à travers qu’il voyait des volées de Bouledogues se masser pour lui régler son compte, petites taches aux ailes loqueteuses, flottant tels des flocons de cendre dans les fumées fulgurantes des confins septentrionaux du monde. Âme glacée dans un appartement frisquet côté Voies, le vieillard, comme s’il thésaurisait ses peurs et ses récriminations jusqu’à l’arrivée de son unique enfant, divaguait chaque fois que Diego Patchen honorait, de loin en loin, son devoir filial de visite. Stupéfait, même si l’attitude seyait au personnage, Diego pensait déceler dans ces vitupérations craintives une pointe de sauvage fierté – à croire que la quantité putative de Bouledogues requise pour traîner le vénérable pécheur vers son sort posthume méritait des louanges perverses.
Le Solcycle ayant déserté le ciel ce mois-ci, la neige fondue s’amassait dans les caniveaux de l’Avenue comme si tous les chariots à sorbets du mois d’août s’étaient déversés côté Voies et côté Fleuve. (La chaleur ténue, d’habitude imperceptible, issue du Mauvais Côté des Voies accentuait-elle la fonte le long du bord de trottoir correspondant tandis que la brume givrante venue de l’Autre Rivage solidifiait la gadoue parallèle ? Peut-être, peut-être pas. Les résidents de l’Avenue côté Voies disaient ressentir davantage la chaleur que leurs voisins d’en face l’été, et baisser davantage le thermostat l’hiver. Dans le même ordre d’idée, les habitants côté Fleuve souffraient un peu plus de la saison froide, mais vantaient la fraîcheur de leurs logis quand la canicule faisait rage sous le Solcycle à son apogée. Engigneur enclin au rationalisme, Diego estimait fallacieuses les influences supposées des religions antipodiques ; il s’agissait pour lui de réactions psychosomatiques aux proximités respectives des Voies et du Fleuve.) Passer voir son vieux était une corvée rebutante dans le meilleur des climats ; à cette période de l’année, elle en devenait particulièrement pénible.
Diego habitait l’arrondissement de Vilgravier. Cent mille habitants répartis sur cent Blocs. Maire actuel : le vociférant Jobo Lerouquin. Ambiance : agréable, cultivée, malgré cette appellation rébarbative. Piaule de Diego : un appartement Sur-Rue du 10.394.850ème Bloc de l’Avenue, au-dessus des Primeurs de Gimlett, un commerce de fruits et légumes. (Son père résidait quelques Blocs plus loin vers le Bas de la ville.) L’édifice en basalte accueillant Diego et ses voisins immédiats se situait côté Fleuve.
Sur-Rue et côté Fleuve : chouette. (Ça n’allait pas de soi. Il grimaçait toujours au souvenir d’une enfance toute de jours maussades et de nuits lugubres dans l’appartement où s’éteignait désormais Gaddis Patchen. Les flammes aux murmures subliminaux du Mauvais Côté des Voies jetaient des ombres dansantes sur les parois de la chambre du jeune Diego malgré tous ses efforts pour plaquer le store baissé en toile cirée vert olive contre la fenêtre avant de s’endormir. Et le rugissement des trains à destination du Haut de la ville secouait les carreaux. Ce dont il bénéficiait actuellement, il l’avait mérité, pas hérité.)
Ce matin d’hiver couvert, Diego, qui traînait au lit, avait du mal à se réveiller pour de bon. Une soirée tardive entre amis – trop de cigarettes, un excès de grandiloquence et un ruisseau de forte bière Rude Bravo de Surinebuisson, l’arrondissement voisin – avait laissé ses traces prévisibles. Englué dans des draps moites, il se sentait maussade au point de n’envisager que les maintes injustices imposées par sa vie et d’en ignorer les triomphes compensatoires. La ronde de ses pensées lui présentait donc toute une galerie de personnages…
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« Comment va ton père ? On ne le voit plus.
– Vous allez devoir vous y faire, madame Loblolly. Il est en train de mourir. D’un cancer de l’estomac. Même s’il ne va pas trop mal sur le plan physique, en fait, la maladie lui a sapé le moral. Il reste assis à contempler le Mauvais Côté des Voies.
– Ah, c’est qu’il redoute l’arrivée des Bouledogues ! Tu devrais tâcher de le convaincre qu’aucun d’entre nous ne sait quelle espèce de Psychopompe viendra nous chercher à l’heure de notre mort. Il pourrait tout aussi bien se retrouver entouré d’adorables Femmes de pêcheur dans ses derniers instants. Tiens, regarde là -haut. ne voit-on pas voler autant de Femmes que de Dogues ?
Diego tendit le cou pour scruter le ciel. Il lui fallut un bon moment pour accommoder sur les résidents permanents de l’atmosphère, tellement il avait coutume de les ignorer.
Loin au-dessus des immeubles, aussi loin que portait sa vue vers le Haut comme vers le Bas de la ville, tournait un nombre réduit mais notable de Bouledogues et de Femmes de pêcheur, autant d’emblèmes de force et de grâce que leur altitude de vol usuelle rendait indistincts. De temps à autre, des individus aux ailes de cuir ou de plumes se laissaient choir, piquant vers les lieux où leurs clients affrontaient leur condition de mortels, donnant une vague idée de leurs traits les plus saillants. D’autres Psychopompes portaient à bout de bras leurs protégés soumis lors du trajet sans retour vers soit le Mauvais Côté des Voies, soit l’Autre Rivage, alors que d’autres encore revenaient les mains vides.
Diego baissa les yeux et haussa les épaules, blasé. « Bien sûr que si. Mais il est plein d’une haine de soi qui lui interdit de changer de point de vue.
– Il se reproche toujours la mort de ta mère ? »
Au lieu de répondre, il s’arrêta pour observer un arbre robuste, quoique tordu par les ans, planté dans un carré de terre qui remplaçait l’une des dalles en ardoise du trottoir.
« Cet ancêtre fleurit toujours chaque printemps ?
– Sans exception », répondit Mme Loblolly.
Diego fuma en silence tandis qu’ils gravissaient le perron familier. Il attendit le seuil de l’appartement de son ancienne voisine, au rez-de-chaussée, pour répondre à la question de celle-ci.
« Non seulement il n’a jamais cessé de se le reprocher, mais il vaut m’entraîner avec lui au fond de son cloaque de culpabilité. »
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À sa vue, Diego tressaillit. Des souvenirs d'une mauvaise passe durant laquelle, poissard, il avait pris des risques qu'il jugeait désormais inacceptables dégringolèrent des malles mentales où il croyait les avoir bien rangés. (19)
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On était en février, et son père, qui ne parlait plus que de sa mort prochaine, jurait à tort et travers qu'il voyait des volées de Bouledogues se masser pour lui régler son compte, petites taches aux ailes loqueteuses flottant tel des flocons de cendre dans les fumées fulgurantes des confins septentrionaux du monde.
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Si tu as ça en toi, cousin, il faut que ça sorte. Et la façon dont ça sort, c'est le style. Mais le style découle de tout ce que tu as vu, fait ou pensé. Tu ne pourrais pas y échapper ni le détruire même si tu essayais. Le mieux à faire, c'est d'en arrondir les angles. Raffine ta technique, cousin.
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Et le pire composant du mélange, le courant le plus
ignoble, le plus pollué, introduit dans le fleuve boueux qu'était l'Amérique, la souillure la plus choquante du
sang putatif de l'homme blanc, contamination qui empestait jusqu'aux cieux et violait tout ordre moral,
c'était...
Le nègre.
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[...] Vilgravier prospérait comme un ingambe dans une foule d'amputés des quatre membres mourant d'envie de se gratter le cul.
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