J'ai lu il y a peu de temps 'La voiture d'Intisar', le 1er volet des 'aventures d'Intisar', pourtant paru en 2012. Ce deuxième volume reprend le personnage, un concentré de plusieurs témoignages de femmes yéménites, et nous raconte à travers sa voix la guerre du Yémen aujourd'hui. Finis les dessins un brin naïfs, et si charmants du 1er tome, Sagar a repris la plume et son dessin, plus fourni, sert à merveille la vie d'exil d'Intisar. Notre héroïne, femme moderne sous son niqab, a fui en Jordanie, toujours rebelle mais exilée et démunie face aux compromis nécessaires que doivent faire les membres de sa famille proche. Récit très éclairant sur le sort des femmes arabes et la situation politique au Yémen et dans la péninsule arabique ; en comparaison, un nid de guêpes est un cocon.
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Le scénariste a vécu au Yémen et s'est inspiré de témoignages de femmes rencontrées là-bas pour créer le personnage d'Intisar. Cette jeune femme née dans une famille aisée a pu faire des études à l'étranger, mais le simple fait d'occuper un emploi, ou de conduire une voiture, ne va pas de soi pour une femme yéménite ! Contrôle masculin (pères et frères, surtout) sur les moindres faits et gestes des femmes, port du voile... : s'il est difficile pour Intisar de lutter contre les conventions sociales (et la condition féminine en particulier) de son pays, elle recourt à des stratagèmes pour se ménager de petits espaces de liberté...
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Je conseille vivement cette BD car elle est vraiment réussi tant sur l'écriture que sur le graphisme. Les couleurs et les traits sont légers, la narration est fluide et instructive.
Je trouve que les BD sont d'ailleurs parfois plus intéressantes en ce qui concerne l'histoire (des femmes, des pays, etc...) que certains romans. On comprend mieux et on s'imagine mieux l'histoire en elle-même.
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Vous avez aimé "Persépolis" de Marjane Satrapi ?
Vous allez adorer Intisar et sa Corolla pourrie... Excellente oeuvre dessinée (roman graphique), à lire d'une traite.
Traitement graphique sobre, dessin par calques avec une ligne claire en noir, rehaussée de trames légères en grisé et sépia uniquement. Un parti pris de simplicité au service de la lisibilité des 24 chapitres, autant de scènes de la vie yéménite. Captivant.
Chez Delcourt, décidément éditeur inspiré [voir son monumental recueil du même modèle graphique "Filles perdues"]
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Intisar est une jeune femme de 27 ans qui vit au Yémen. Elle travaille comme infirmière à l'hôpital, aime conduire et fait régulièrement la course avec d'autres conducteurs mais elle sait que la vie des femmes dans son pays n'est pas une vie de rêve. Elle voudrait être libre comme les hommes mais sait que ce n'est pas possible : elle doit porter le niqab et doit demander à son jeune frère de l'accompagner pour les moindres demandes administratives car les femmes doivent avoir l'accord d'un homme de leur famille. Mais même les hommes ont parfois une liberté limitée, comme par exemple, quand son frère prend en photo un tank tombé d'un camion et se retrouve arrêté à cause de cette photo …
Si je favorise les lectures plus légères en été, cela ne m'empêche pas de lire des albums plus sérieux, comme celui-ci, qui permet de découvrir la vie des femmes au Yémen mais aussi, plus généralement, la vie des Yéménites, quel que soit leur sexe. A travers des petites scènes plus ou moins longues (certaines ne font que deux pages par exemple), les auteurs abordent plusieurs sujets de la vie quotidienne. Le scénariste a vécu en famille au Yémen et a donc eu l'occasion de côtoyer la population et c'est à partir des témoignages de femmes qu'il a conçu cet album. Les dessins noir et blanc aux touches ocres sont très sobres, avec un aspect presque filaire (je ne sais comment décrire cela : on remarque surtout les contours des personnages et des décors). Mais j'ai trouvé que cette sobriété, tout en favorisant un graphisme réaliste, permettait bien de se concentrer sur le propos sans être distrait par des détails. Intisar est une femme attachante et malgré toutes les barrières qu'elle voit se dresser sur son parcours, reste positive et décidée. J'ai aimé la bouffée d'espoir qu'elle donne, espérant un jour voir les femmes yéménites libérées de l'oppression de quelques-uns. Mais l'état actuel de leur condition reste néanmoins effrayant. Probablement que j'y suis plus sensible, étant moi-même une femme, et n'imaginant pas vivre dans un tel pays. Ce genre d'album est là pour nous rappeler qu'il y a encore beaucoup à faire et qu'il ne faut pas oublier que la condition des femmes est toujours un problème mondial qui ne devrait pourtant pas exister.
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Je n'avais pas lu le premier tome. Un des mes collègues spécialisés en bd me l'a conseillé.
C'est une très belle découverte
Le contenu sous forme de petite scénettes est très pratique à lire.
L'auteur traite avec justesse un sujet délicat : la guerre au Yémen et la vie d'une exilée et de son entourage. Intisar est un personnage fictif mais basée sur les histoires de plusieurs femmes. Le dessin sert très bien le sujet.
A la fin du livre, nous avons un petit chapitre explicatif permettant de placer les acteurs de la guerre au Yémen. Tres instructif.
Comme je l'ai dit auparavant le ton est juste, les textes pertinents qui se marient parfaitement avec l'illustration. Un très bonne lecture !
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Le résumé: À l'âge de 6 ans, Intisar a soudain réalisé que les garçons pouvaient faire beaucoup plus de choses que les filles, et ça ne lui a pas plu du tout. Elle voulait avoir la même liberté qu'eux. Après avoir longuement retourné le problème, une idée lui est venue : si elle parlait comme un garçon, si elle marchait comme un garçon, bref, si elle faisait tout comme un garçon, elle finirait par devenir un garçon. Un plan qui a parfaitement fonctionné - jusqu'au moment de la puberté. Intisar a maintenant 27 ans. Elle continue à recourir aux stratagèmes les plus variés pour gagner ces petits espaces de liberté qui lui permettent de se sentir bien. Alors qu'elle roule sans but dans les rues de Sanaa, en écoutant de la musique au volant de sa Corolla 84, Intisar nous fait partager ses réflexions ou nous raconte des moments de sa vie. Ce sont des histoires surprenantes, drôles, émouvantes, parfois dramatiques, qui nous permettent de découvrir ce monde impénétrable des femmes du Yémen, tout en nous plongeant petit à petit dans la complexe réalité du pays.
Mon avis : Finalement, le titre de cette BD porte bien son nom. La victoire (Al Intisar en arabe), c'est surtout cette volonté de la protagoniste de se frayer un chemin dans le Yémen contemporain, traditionnel, malgré les contraintes sociales fortes et les risques encourus. Une fable à la vie, à la liberté qui résonne profondément, à l'heure où le pays, aux proies à une guerre civile sans fin, semble anéantir les voeux de libertés de son propre peuple ...
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Cette Bd se propose de dessiner le portrait d’une femme Yéménite moderne. Intisar est en fait un personnage, créée à partir de nombreux entretiens réalisés par l’auteur et sa femme lors de l’année qu’ils ont passé dans ce pays. Grace à cette BD on découvre à la fois le pays et la condition des femmes. En effet, elles sont considérées comme d’éternelles mineurs et ne peuvent rien faire sans l’autorisation de leur wali, l’homme dont elles dépendent. Malgré cela on découvre une jeune fille qui profite des interstices de liberté dont elle bénéficie et qui joue avec les codes pour gagner en autonomie.
Les dessins sont en noir et blanc et même si je ne suis pas 100% fan du style graphique j’ai apprécié ma lecture pour la découverte de ce pays. Découverte complétée par quelques pages explicatives sur la société yéménite et ses us et coutumes.
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Une expérience unique, j'ai cependant préféré laissé du temps passer car changer de dessinateur pour retrouver le même personnage n'est pas chose aisée ! mais le résultat est là :-) Chronique complète sur mon blog dans ma Pause BD du vendredi
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Une BD qui dépeint le quotidien des femmes au Yémen sous forme de fiction, inspirée par des témoignages réels. C'est un document qui nous donne à réfléchir sur la condition de femme bien sûr, le port du niqab, la notion d'"honneur"... J'ai été particulièrement émue par la préface de la BD écrite par une femme yéménite qui ne peut dévoiler son identité pour des raisons de sécurité.
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Dans la continuité de "La voiture d'Intisar", le premier opus, on retrouve le regard d'une femme forte sur le conflit yéménite, sur l'exil. Un bon moyen d'aborder les sujets de la radicalisation, la condition féminine au Yémen, les manoeuvres politiques liées au conflit, si peu couverts par les médias occidentaux.
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