L’espoir est la seule ressource naturelle inépuisable.
Je me plongeais dans le livre, qui était pour moi de l'eau vive, car j'étais un poisson migrateur, toujours prêt à partir, n'importe où, loin de cette bourgade merdique.
Les fantômes de mon passé s'emmêlaient dans les patins de mon traîneau, s'échouant l'un après l'autre sur le bord de la piste.
Je m’accroupis, et le chien lèche mon oreille. Je l’enlace, enfonce mon visage dans son pelage. Enfin, je laisse mon chagrin m’envahir.
les touristes pensaient que les chiens de traîneau constituaient une méthode de transport traditionnelle, alors qu’ils avaient été importés d’Amérique. Avant, on se déplaçait grâce aux rennes et aux chevaux, les chiens ne servaient que pour la chasse et pour garder la maison. Ils auraient été impossible d’en entretenir en grand nombre : comment les aurait on nourris ?
Plösö, mon prof de SVT, avait raison : il faut garder espoir. […] Un jour, il nous avait montré un diaporama de deux heures sur les espèces d'animaux disparues, les forêts ravagées et les plans d'eau pollués. Debout à côté de l'écran de projection, muet comme une carpe, il avait laissé les images parler d'elles-mêmes. Des baleines échouées sur une plage, une maman orang-outan tuée au sommet d'un arbre, un Asiatique en train de cuire la tête d'un tigre en guise de trophée, des forêts tropicales exploitées, des banquises fondues. Une fois le fond bleu de son écran Windows réapparu, il s'était raclé la gorge et avait prononcé d'un air atone, tel un robot :
- Il faut garder espoir. L'espoir est la seule ressource naturelle inépuisable.
J’avais tout anticipé sauf le quotidien. C’était ça, les rêves. Le plaisir y était exagéré, le malheur minimisé.