• J’ai connu cette époque où la nature, tout en prodiguant à nos corps la nourriture nécessaire, communiquait aussi à nos esprits une confiance illimitée. Elle nous ancrait dans une énergie d’abondance et de renouvellement. Démunis sans éprouver ni manque ni frustration, nous étions riches de chaque journée, comblés de la beauté inépuisable des êtres et du monde.
La loi du karma implique d’assumer sa part de responsabilité dans ce qui nous arrive.
Soif d’action et de réalisation irrépressible. Dynamisme exacerbé. Les New-Yorkais se précipitent, mais vers où ? Vers quoi, au juste ?
Ces paysages ont déposé en moi une sensation durable d’illimité. Trente années ont passé et, en plongeant dans mes souvenirs, je revis la même expérience. Déchaînement d’immensité. Mes yeux s’ouvrent. Mon cœur s’ouvre. Mon esprit s’ouvre. Au-delà du champ de vision et du mental, dans une réceptivité exacerbée du corps et de la conscience, je revis cette fusion avec la grande vie naturelle. Une détente profonde accompagne ce ressenti qui a laissé en moi l’empreinte d’une terre et d’un ciel intacts, d’un jour neuf au goût incomparable de première fois. (…) J’ai grandi avec une sensation de vitalité, à la fois centrée en moi et ouverte. C’était une énergie partant de mon esprit vers l’infini et me revenant sous forme d’une vibration d’amour universel. En y repensant, je me dis que, sur le Toit du monde de mon enfance, la notion de limites n’existait pas. J’étais intensément relié au cosmos.
Naître et mourir se touchent. Le début et la fin de la vie, opposés en apparence, forment une continuité d’événements de conscience. Tel est le mouvement de la roue du temps affectant tout ce qui apparaît dans l’univers, du grain de sable aux galaxies, de l’infiniment petit à l’infiniment grand.
J’ai souffert de la faim et du froid certains jours d’hiver. Pourtant, quand je pense à mon enfance, elle ne m’évoque aucune sensation de pauvreté. Au contraire. Aujourd’hui, ces conditions de vie, dans leur dénuement même, me parlent d’un âge d’or où nous entretenions un lien affectif avec la terre mère. J’ai connu cette époque où la nature, tout en prodiguant à nos corps la nourriture nécessaire, communiquait aussi à nos esprits une confiance illimitée. Elle nous ancrait dans une énergie d’abondance et de renouvellement. Démunis sans éprouver ni manque ni frustration, nous étions riches de chaque journée, comblés de la beauté inépuisable des êtres et du monde.
J’ai compris alors à quel point il est important de relativiser ses souffrances et de ne pas s’enfermer dans un passé douloureux, ce qui prolonge indéfiniment le calvaire subi. On devient alors son propre bourreau.
La souffrance acceptée ne fait plus souffrir.
Elle devient une puissance.
Ce qui m’arrivait n’était que le résultat, la conséquence de l’esprit négatif et des pensées négatives qui, dans des existences antérieures, m’avaient conduit à blesser et à faire souffrir d’autres êtres, humains ou non humains. Mes bourreaux n’étaient pas mes ennemis. L’ennemi véritable n’est pas à l’extérieur de soi. L’ennemi est à confronter en soi-même. Il a la forme de l’égoïsme, l’attachement et l’autochérissement.
Celui qui regarde dehors rêve.
Celui qui regarde à l'intérieur s'éveille.
Carle Gustav Jung