Citations de Philippe Léotard (39)
Michel,
Tu vois,
tu n'y croyais plus
mais le livre est paru.
Tu sais,
je ne serai jamais
ce "Coluche en plus fin"
que tu voulais me transmettre,
mais je m'essaie à ce qui reste;
et je ne suis pas de reste, ni "défait"!
Je fais toujours un peu la fête !
Même on s'applique
avec Ludovic
et par chance, j'avance,
par hasard comme on a souvent choisi ;
et, puisque tu m'as toujours dit:
"La fin du monde aura lieu un mardi",
je passe lundi 17 octobre à l'Olympia; en "vedette" :moi !
Tu vois,
ce n'est pas si mal,
sauf que jamais je ne peux obtenir
cette minute de fou rire
qui, un instant te ferait revenir !
mais ce n'est pas si mal
depuis cette rupture peu banale,
à coup de roses rouges,
à Montrouge.
Épitaphe
Jusqu'ici
j'ai réussi
à ne pas faire
comme tout le monde
mais là:
je renonce.
P. S. Excusez les cendres.
"Sacré" ne se dit plus de rien chez vous, finalement, qui avez tout
profané de vous même et du monde...
... On le dit encore du feu, chez nous.
Le chaud doit continuer !
Finalement si j'ai écrit ce livre, si je l'ai écrit "comme si", si je l'ai écrit comme ça, sans l'espoir d'éviter l'ennui dans le calme, ni la banalité dans les balises de la ponctuation exacte; si j'ai suivi ma "dextre", jadis meurtrière, dans le désastre de ces véhicules démodés que sont aujourd'hui les mots, "occasions" tombées des mains de tant de déserteurs pour qui je préfère être vaniteux qu'absent, si j'ai donc écrit au lieu de montrer, de proférer, de hurler... c'est par lassitude ;oui c'est par fatigue; oui c'est par... c'est parce que chaque fois que j'ai voulu parler sincèrement à mes contemporains, on m'a pris fermement, amicalement par le bras, et on m'a dit : "Ne vous énervez pas, s'il vous plaît, calmez vous !"
Mon "je" éteint l'autre.
Je le vois à sa mire,
quand il me regarde
le louche quand il cerne
et
je suis sa voix,
ne la hait pas ;
je dis son cours à ma valeur,
le paie de mon timbre
tout au son de mon interne action,
quand
les mots sont ceux qu'il veut d'autre
quand
il est près de céder à leur procession
vers l'inavouable,
l'horrible blancheur des plages de l'enfer
Je suis sa vocation
n'ai d'intelligence que de lui,
le juge à ses blessures
et ne l'aime qu'à sa place
même avisé
j'ai l'oeil à la lunette
quand je le vois se regarder "montré"
et
sans me démettre je l'élève
je l'épaule, je m'en joue
et
je le tire du côté d'ombre de la cible.
Où il y avait la rivière
Un jour, j'irai dormir longtemps
Où était la mer
j'irai cueillir au sable
des bouquets insolents
Où était chant du vent
j'installerai des orages
des fruits morts
des soleils cuisants
au ciel bleu, aux yeux des enfants
Là je me coucherai comme en vieillissant
Je jouerai au sauvage
et lancerai en sifflant
comme une écume à vos visages
mon désert fou, mon frisson lent.
Si chacun avait au moins la force et le courage de ne revendiquer, au moins, que ce droit là : être soi-même, et n'en laisser personne décider à sa place, nous serions tous moins avares de solidarité, moins chiches de chaleur, moins embarrassés de nos embrassades, nous irions tous, chacun, toujours à la découverte de l'Autre, forcement autre, éternellement autre - comme soi-même -, jamais lassés de fouiller l'inépuisable inconnu.
Même tout seul...
Même tout seul,
je joue ensemble,
contre mon coeur ;
et j'ai ma peur
pour partenaire,
quand mes dents gagnent sur mes lèvres ;
quand je surprend le temps,
à perdre toutes choses qu'il a volées...
A peine si j'ose aimer !
C'est le temps pourtant.
Bientôt,
il va falloir dire : il faut !...mais trop tard.
Prolonger le jeu au-delà de l'enfance est suffocant.Chacun sue à se débarrasser de soi-même sans espérer, sans vouloir épouser l'autre. Mais nous ne comptons plus sur lui qui, insensiblement, pour notre bien, notre survie, nous fair perdre bras et jambes, et se nomme notre ennemi, sans que nous sachions de lui que sable, vent, rouille et ruine.
Si nous pouvions mesurer notre ignorance, nous ne pourrions plus compter sur nos illusions.
Notre dialogue avec le temps est palabre sans fin. Nous ne voulons que le dernier mot. Or le mot "dernier" réjouit le temps.
Il faut bien, pourtant, que la mémoire revienne.
Tu sais, la victoire et la défaite, c’est pareil : ça se traduit par des larmes.
J'ai mis tant de temps à devenir un enfant ! Maintenant je veux vivre comme un enfant : de lectures, de dessins, de jeux, de couleurs, de voyages impossibles, d'amour rêvées, dans la joie de me retrouver au terme d'une absence (oh ! si longue !) qui n'a pas eu la force de me déchirer.
Voici une nuit qui est bien relative !
J’écris pour m’assurer que ne pas dormir est utile.
J’écris au début de la nuit, pour me donner le droit, ensuite, d’être idiot, en prenant la précaution de ne pas risquer de l’être tout à fait.
Caroline* prend ma main et, peut être, la guide, quoi qu’en pensent les médecins. Ils ont raison sur tout ce qui n’existe pas. Ils se servent de flatteries. C’est pour nous aider à faire notre bien, certes ! qu’ils vivent de notre mal !
Moi, je ne crois pas que j’écrirais, seul, sans Elle. Pourtant , elle n’est ni Reine, ni même vraiment blanche, quand Elle est pure. Et Elle est pure, comme une vraie salope. Elle fait bander ma tête, au prix de mon sang.
*Cocaïne
J'en suis à tant
Et tant d'adolescences,
Tant d'instants d'indécence
Que le temps a perdu le droit de me cacher
La nuit me fuit,
Le jour me chasse;
Je me tasse;
Je ne vaux pas mieux que ma vie.
Je voudrais retourner à l'âge de ma force,
La croisée de mes bras,
La fierté qu'ils avaient de s'ouvrir
A la faim, à l'envie,
A ma vie,
Cette putain à qui je dois des fleurs,
Qui ne tient plus qu'au bonheur;
Ma vie, ma roulure,
A qui il en faut peu,
Pourvu que ce soit pur.
Loup, qui es-tu? "le roi des moutons!"
Loup, que fais-tu? "Eh bien! Je les tonds!"
Loup, qu'entends-tu? "La leçon des cons!"
Loup, que vois-tu? "Payer les cochons!"
Loup, que sens-tu? "L'odeur du pognon!"
Loup, où vas-tu? "Au Palais Bourbon!"
Si je me suis trompé, en disant :
Je t'aime, je préfère avoir dit : je t'aime.
On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer.
C'est la nuit, et j'écris, pour m'assurer que ne pas dormir est utile.
(...)
Caroline* prend ma main et, peut être, la guide... quoi qu'en pensent les médecins ! Ils sont plutôt flatteurs ! Je ne crois pas que j'écrirais sans Elle. Pourtant, Elle n'est ni reine, ni même vraiment blanche, quand Elle est pure. Ni surtout candide, comme une Probité ! Elle est honnête, comme une vraie salope. Elle fait bander ma tête, pour le prix de mon sang.
* Cocaïne
A un age qui n'est plus pour moi la jeunesse, dans une ville qui n'est plus Paris, je n'espère de l'amitié des autres qu'une chose: la prochaine fois qu'un homme pleurera seul et nu dans une cave, que ce ne soit pas moi.
j'ai un autre encrier, là, sur la table. Il contient de l'encre "Noire administrative".
Une encre qui parle à tout le monde. Tous les jours, la vie s'administre en noir, comme une veuve d'avance. Combien de millions de pieuvres, éventrées sur nos actes.
Je ne suis pas le même homme que vous;
Nul ne tient à paraitre,
Avant son jugement.
La paix est mon combat,
Le sommeil ma guerre;
La fatigue et la faim
Mes drogues alliées.
Me taire est ma violence.
Les mensonges de ma fierté,
Subissez-les comme franchise.
L'ivresse, c'est l'art d'être plein, comme la plénitude est l'art d'être ivre.
L’ivresse, c’est l’art d’être plein, comme la plénitude est l’art d’être ivre.