Portrait de l'artiste au nez rouge.
Rouge comme le rouge qui me monte aux joues, ce rouge qui teinte de regrets la honte que j'ai d'avoir un jour hurlé avec les loups. Comme je l'ai déjà dit dans un billet (
Clinique de la raison close), il n'y a encore pas si longtemps,
Philippe Léotard incarnait pour moi le prototype même de l'acteur qui se la joue poète maudit, provocateur à deux balles jouant un rôle de plus, nanti parmi les nantis sortant de belles théories plus ou moins compréhensibles suivant l'heure de la journée et le taux de sang présent dans son alcool.
C'est en lisant «
Clinique de la raison close » que, la gorge serrée, mes premières rougeurs faciales sont apparues et que la raison close, parasitée pendant toutes ces années par l'apparence, le coté coeur s'est ouvert.
Plus qu'un coup de coeur, un coup au coeur. L'artiste au nez rouge, rouge sang ou plutôt rouge sans.
Sans repères, pour lui et sa quête d'absolu. Extrémiste de l'Amour.
Artiste au nez rouge, cet appendice proéminent derrière lequel l'homme cache une fragilité extrême. Un nez rouge comme un phare dans la nuit, l'artiste comme un naufrageur qui par ses outrances révèle à l'autre l'écueil sur lequel notre société d'apparence est venue s'échouer.
Un nez rouge comme une caricature que nous sommes, si loin de l'essentiel pour lui l'inadapté et son incompatibilité avec notre monde ou plutôt avec ce que nous faisons de la vie.
L'artiste se fait caricature lui même pour montrer l'extravagance de nos préoccupations. Excès pour excès, que le meilleur gagne…
Je mentirai si je disais que j'ai compris le sens de tous les textes mais j'ai bien perçu tous les appels au secours, toutes les déclamations d'Amour, les peurs et les éternels espoirs de cet homme détruit pour avoir gardé sa naïveté d'enfant jusqu'à son dernier souffle.
Pour une fois, je vais citer une quatrième de couverture signée JP G (de Première, je ne sais pas qui est JP G) qui dit tout :
« De ses maux il fait des mots, de sa déprime du sublime. Ce livre se lit par bribes, dans le désordre, et on ne le quitte jamais que parce qu'on sait qu'on va y revenir. Avec toujours la même boule dans la gorge » .
Clinique de la raison close,
Pas un jour sans une ligne,
Portrait de l'artiste au nez rouge, trois lectures et toujours la même émotion, les mêmes sensations.
Peut être qu'un jour un de ces titres tombera entre vos mains (ce que je vous souhaite) et que si ce n'est déjà fait, comme moi, vous aimerez Léo… tard.