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Citations de Philippe Séguy (17)


Martin qui s’était blessé au doigt ne parvenait pas à retirer l’épine. Je l’ai soigné et, pour faire passer le mal, je lui ai raconté l’histoire inventée par les anciens Grecs. Le dieu de l’Amour respirait une rose et une abeille le piqua à l’épaule. Furieux, il se mit à tirer ses flèches dans un tel désordre qu’en retombant sur le rosier, elles créèrent ses épines.
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N’importe qui pouvait assurer avoir entendu n’importe qui prétendre, assurer, confier, et à mesure qu’on s’éloignait du suspect, ces phrases creuses, ces mots mal choisis prendraient au contraire une force supplémentaire : leur éloignement ne les affaiblissait pas. Le nombre seul suffirait.
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J'ai vu le roi de France. Je l’ai vu en son palais de Paris, qui se nomme palais de la Cité, qui est beau, vaste, froid et construit de pierres blanches de haute taille. Ses jardins ne sont pas les nôtres. Ils sont plantés d’herbes bonnes pour soigner le corps. Non pour guérir l’âme, l’esprit ou favoriser le pur plaisir des yeux. J’ai apporté mes roses ; le roi Louis veut la plus belle pour orner sa chapelle. Je ne sais trop ce qu’en penserait le dieu de mes pères et de mon peuple, que la rose née en pays de Cham orne une chapelle dédiée à ce Chrestos adoré des chrétiens.
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Mer Méditerranée
Fin septembre 1240

Il respirait par la bouche. À pleins poumons, et lui rentrait dans la gorge le goût du sel. Il avait posé ses mains à plat sur le bois du bastingage. La nef filait vers les côtes de France. Face à lui, à perte de vue, la mer, bleue et blanche. Il était seul. Les autres hommes, par habitude, par respect peut-être, les marins aussi, le laissaient à ses songes. Il ne bougeait pas. Il regardait. Le bateau tanguait par instants. Ce mouvement en balance lui glissait dans le dos.
Cela faisait onze jours que Gatien de Mortery avait quitté Saint-Jean-d’Acre.
À l’épaule, il portait la croix rouge. Il était un soldat du Christ. La voix tonnante de Grégoire IX l’avait proclamé dans la chrétienté. La belle noblesse de France, des chevaliers nantis jusqu’aux plus pauvres, avait répondu : Je viens. Pour la croisade, pour fouler de leurs pieds la Terre très sainte, ils avaient quitté leurs manoirs, leurs femmes et enfants, leurs champs cultivés, forêts et fiefs. Ils avaient suivi leurs chefs, porté les bannières d’Hugues, duc de Bourgogne, de Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, d’Henri, comte de Bar, celle aussi de Raoul, comte de Soissons et puis de Guillaume de Senlis, de Philippe de Nanteuil et de Richard de Beaumont. Tout pour le Très-Haut, bafoué par les infidèles.
Béni celui qui se croisait, béni celui qui sauvait son âme. Gatien fut autorisé à tuer, à piller en Son nom très saint. Tant de sang et de morts. Il avait encore dans l’oreille leurs hurlements quand son épée les coupait en deux. Il se souvenait des corps qui tombaient en paquets sur le sable mou.
Il cala ses paumes contre le bois râpeux, humide, du parapet. Il n’oubliait rien, il ne le pouvait pas.
Soudain, il tourna le visage. Il l’aperçut, toujours là, arrimée. Protégée du soleil par un lé de coton, visible à moitié, elle dodelinait au vent. Comme une danse. La très précieuse.

(INCIPIT)
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Des étudiants venus de Troyes comme de Paris assistaient à ce procès afin d’y disserter sur l’âme, sur ce à quoi elle pouvait prétendre, tentant d’inventer une méthode qui n’emprunterait pas à la philosophie des Grecs. Il y avait matière ici à ciseler des arguments point trop sots, à édifier une théorie sur le malheur et la façon de le supporter. À trouver un système capable de tracer les contours d’un caractère comme avec un calame. Cette poignée de garçons habillés de noir allait bientôt pouvoir disséquer la substance humaine. Déverrouiller les consciences qui seraient exposées durant les prochains interrogatoires, voilà qui changeait des livres et du discours des maîtres.
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Et puis, le monde était le monde et ce qu’il disait passait vite. D’ailleurs, depuis le bon père Adam, qui pouvait se targuer de n’avoir jamais regardé dans le champ du voisin ? Entre les branches des arbres, veillait le serpent immonde, plaie de l’humanité.
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Sous le soleil ou la lune, sous les constellations d'Orion ou d'Andromède, les hommes, entre l'heure de leur naissance et celle de leur mort, restaient des enfants avides de contes.
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La mémoire des hommes de bien est écrite dans les cœurs.
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Dois-je avoir peur de la mort, elle qui m’accompagne ? Construire une vie ne va pas sans elle, la mort épie les vivants, c’est bien là sa seule curiosité.
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De ces sacs entiers, si nombreux, pleins comme des outres, il ne restait rien. Ils étaient entassés dans un coin, les uns sur les autres. La dissolution des pétales avait emprunté un chemin expérimenté depuis des siècles. Le feu et l’eau, le temps aussi, le nombre exact d’heures, étaient parvenus à exhaler la rose, à la rendre éternelle.
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Les jeunes filles tissent leurs rêves aussi sûrement qu'une fleur se change en fruit [...].
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Il l’avait escaladé, ce mur, était parvenu à son sommet, assis sur sa tranche, quelques secondes, en équilibre. Ainsi se résumait sa vie, entre deux chutes possibles, ne pas reculer, jamais, sans tomber, l’habituel balancier de son existence.
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« Il est tout à fait exact que Fabiola a rompu la mélancolie de Baudouin. Cependant, cette mélancolie ne doit rien ni à la timidité ni à un caractère supposé triste du roi. Au début de son règne, Baudouin Ier s’est vu contraint de gouverner sous la coupe d’hommes politiques qui avaient largement contribué à l’abdication de son père tant aimé. L’impavidité de son visage était le seul moyen pour le jeune souverain de marquer sa réprobation. »
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Et pourtant, il y a encore autre chose, un élan, une pudeur, une pointe de tristesse de le savoir parti, de se croire oubliée. « Padre, est-ce cela, l’amour ? »
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La mort d’un souverain appelle des pensées enfuies. Alors qu’elle venait d’apprendre, en 1992, l’opération chirurgicale qu’avait subie le roi, la princesse Marie-Gabrielle de Savoie, cousine du monarque, osa confier : « Il n’est guère étonnant que le cœur de Baudouin soit fatigué ! Il a tant donné d’amour… »
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La reine blanche n’a jamais oublié, jamais abandonné les Belges, ses « neuf millions d’enfants ». Elle entend désormais se consacrer à eux seuls. Plus libre qu’elle ne l’a jamais été, débarrassée de la pesanteur de l’essentiel des contraintes protocolaires, elle agit à bas bruit – l’amour ne se vante pas. Avec son association, les Œuvres de la reine Fabiola, elle part en campagne contre la pauvreté, l’isolement des personnes âgées…
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Devenue veuve, elle ne se contente pas d’être le trait d’union entre deux règnes, d’accompagner de sa présence rayonnante les premiers pas de l’ère Albert II. Pas question davantage de jouer les statues du Commandeur, d’empêcher, en s’attardant au premier plan, le nouveau couple souverain d’imprimer sa marque à une fonction royale toujours plus attaquée, digue ultime dressée contre les dérives de séparatistes dont le cri de ralliement est « België barst ! » (« Belgique, crève ! »).
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