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4.24/5 (sur 70 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Angers , le 30/09/1940
Biographie :

Pierre Briant est un historien français de l’antiquité.

Il a été, de 1999 à 2012, titulaire de la Chaire Histoire et civilisation du monde Achéménide et de l’empire d’Alexandre au Collège de France.

Pierre Briant est l'auteur de nombreux ouvrages sur l’antiquité perse et grecque.

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Entretien avec Pierre Briant : L'histoire méconnue des achéménides .
Pierre Briant est professeur honoraire, il a occupé la Chaire d'Histoire et civilisation du monde achéménide et de l'empire d'Alexandre Pour plus d'information et de contenus connectez-vous sur le site internet du Collège de France : http://www.college-de-france.fr/site/pierre-briant/


Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La mauvaise réputation de Xerxès chez les Grecs.

Qui plus est, la vision hellénocentrique a envahi les études iraniennes. A preuve l'interprétation que l'on propose habituellement de l'inscription des "daivâ". Faible, cruel, licencieux, Xerxès devient en outre le symbole même de l'intolérance religieuse : "C'est un ton nouveau, un ton propre à Xerxès, le ton d'une religiosité profonde mais intolérante." En s'appuyant sur des sources d'époque hellénistique, on affirme que Xerxès a profondément modifié la politique de ses prédécesseurs, que ce soit en Babylonie ou en Egypte : "Lorsqu'il eut réprimé la rébellion de l'Egypte, il se dépouilla du nom égyptien et traita ce pays d'ancienne culture comme une satrapie ordinaire ; par la démolition du temple de Mardouk, il frappa au coeur les prêtres babyloniens, qui avaient ouvert les portes à Cyrus." Certes l'Empire "demeura debout", mais "son érosion intérieure est seule à faire comprendre comment, aux yeux d'un monde déconcerté, toute cette magnificence s'écroula en ruines sous le poing gigantesque d'Alexandre" (M. Mayrhofer). Où l'on retrouve Platon, à travers un détour sinueux par les sources du centre, elles-mêmes revisitées par la figure d'Alexandre !

Histoire et décadence. Si de telles reconstructions ont pu être proposées, c'est que l'idée même de décadence parcourt toute la littérature occidentale sur le "despotisme asiatique". Cependant, elles ne sont pas fondées uniquement sur une aveugle confiance envers les sources grecques. Elles procèdent également d'une adéquation mécaniste de l'exposé narratif à l'inégale répartition documentaire. Car, à partir de Xerxès, les sources du centre sont incomparablement moins abondantes et diversifiées que sous Darius. Le nombre de documents babyloniens et égyptiens se réduit d'une manière drastique. Aussi bien les documents archéologiques que la plupart des tablettes du Trésor et nombre d'inscriptions royales font essentiellement référence aux travaux de construction du Grand Roi... Le fait reste donc : les sources du règne de Xerxès sont insuffisantes et lacunaires, et il est ainsi exclu de vouloir retracer une histoire narrative continue.

pp. 533-534
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L'inscription de la falaise de Behistoun.
Mais, tout compte fait, le plus nouveau dans ce monument est tout simplement que, pour la première fois, la langue perse (arya) a été écrite. Quelles que soient en effet les discussions, qui continuent, sur la signification précise du §70 et sur l'acte même de la transcription d'un texte déjà gravé en langue élamite, on s'entend aujourd'hui pour admettre qu'il s'agit là d'une innovation majeure de Darius (qui n'hésita pas à l'utiliser à Pasargades, pour capter à son profit le prestige de Cyrus). Jusqu'alors, la transmission en perse de la geste des rois s'était opérée exclusivement par le biais de récitations et de chants, et par l'intermédiaire des maîtres de la mémoire. Certes, la transmission orale est restée une constante tout au long de l'histoire du peuple perse, comme le montre le rôle notable joué, en l'affaire, par les mages. Mais une telle observation donne plus d'importance encore à la première attestation indubitable d'une écriture royale, gravée devant le roi (et portée sur argile et sur parchemin) - exemple suivi par tous les successeurs de Darius. De ce fait même, le Grand Roi entendait lui aussi, et lui d'abord, être un maître de vérité, il entendait contrôler la tradition qu'il voulait transmettre aux générations futures : la parole royale - portée sur le roc - était mise sous la protection d'Ahura-Mazda, contre tous ceux qui auraient l'intention de la détruire : c'est ainsi que le roi transmet non seulement le souvenir de ses exploits uniques, mais également sa généalogie, et qu'il prend à cet effet les mesures propres à la diffusion de sa parole dans tous les pays, après l'avoir en quelque sorte authentifiée, puisque le texte a préalablement été lu devant lui. Dans le même temps, la mémoire royale est figée. Personne, pas même ses successeurs, n'aura le droit de la remettre en cause : sur le rocher le Behistoun, l'histoire de l'historien est niée à tout jamais.

p. 139
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Jugements d'auteurs grecs sur le luxe des rois perses.

... développant leur discours favori, où se mêlaient des jugements péremptoires sur l'inéluctable effet dissolvant de la richesse et une admiration fascinée pour le luxe et la puissance du Grand Roi. Néanmoins, et en dépit de leur parti pris et de leur myopie observatrice, leurs comptes rendus témoignent aussi de la réalité de la splendeur royale, que les règlements auliques se chargeaient de mettre quotidiennement en scène. Car, aux yeux des Grands Rois eux-mêmes, le luxe des palais, la profusion des Trésors, la splendeur des fêtes ou la richesse des tapisseries et des vêtements étaient une marque de leur puissance ostentatoire. C'est bien ainsi que le comprit Héraclide du Pont dans son ouvrage Du Plaisir (Peri Hêdonês), où il s'opposait de manière provocante à la théorie dominante :

"Les tyrans et les rois, maîtres de toutes les bonnes choses de la vie, dont ils ont l'expérience, mettent leur plaisirs à la première place, car le plaisir rend la nature humaine plus noble. En tous cas, toutes les personnes qui s'adonnent au plaisir et choisissent une vie de luxe sont nobles et généreuses : ainsi les Perses et les Mèdes. Car, plus qu'aucun autre peuple dans le monde, ils s'adonnent au plaisir et au luxe, et tout en même temps pourtant ils sont les plus nobles et les plus courageux des barbares. En fait, jouir du plaisir et du luxe est la marque des hommes libres : cela délie et élève l'esprit. Au contraire, vivre une vie de travail est la marque des esclaves et des hommes de basse naissance. " (Athénée, XII, 512a-b, cf Plutarque Artaxerxès, 24.9-10).

pp. 312-313
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A qui tente de comprendre la genèse du «monde hellénistique », il apparaît rapidement que la période des diadoques a revêtu une importance exceptionnelle mais mal connue. Par sa position de « relai » entre la conquête d'Alexandre et l'épanouissement des monarchies hellénistiques, elle fut évidemment une incomparable période de créations.
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A l'été 323, lors de la répartition des satrapies à Babylone, Eumène reçut la direction d'une nouvelle et immense satrapie qui englobait non seulement la Cappadoce, de la Cilicie à Trapézonte, mais aussi toutes les régions insoumises, y compris la Paphlagonie enlevée à la Petite-Phrygie.
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... comment ont travaillé les auteurs qui, à l'époque romaine, ont évoqué Darius en traitant d'Alexandre, et comment peuvent-ils être utilisés aujourd'hui ? De manière à avoir une chance de répondre à de telles questions, il convient de prendre conscience d'une réalité première et de la redire inlassablement : les auteurs que nous étudions ne sont pas des historiens au sens où nous l'entendons ; ils ne sont pas "nos collègues" (...) Il ne suffit donc pas, à propos de tel ou tel épisode, de mener une analyse critique contradictoire des différentes versions, en postulant que le tri séparera immanquablement le bon grain de l'ivraie - pour la simple raison que le "bon grain" et l'"ivraie", ensemble, constituent le texte. Il convient plutôt de se plonger dans les processus de la création littéraire et de s'interroger sur la genèse et la circulation des images récurrentes.

pp. 129-130
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Dans ces conditions, s'il existe bien une idéologie royale, parfaitement opératoire au centre, il n'existe pas réellement d'idéologie impériale (...) En d'autres termes, il n'existe pas d'identité achéménide, qui serait susceptible de pousser les populations, dans leur diversité, à se lever pour défendre des normes communes. Dans d'autres types d'états - les états-nations - une défaite en bataille rangée ne signifie pas la fin de la communauté : celle-ci peut éventuellement organiser une guerre de résistance sur les arrières de l'adversaire. Mais une telle stratégie suppose réalisées des conditions étrangères à l'état achéménide. (...) Dès lors que les armées royales ont été vaincues, les dirigeants locaux se sont donc trouvés dans une situation assez simple, que leurs ancêtres avaient déjà connue lors des conquêtes de Cyrus : négocier avec le vainqueur le maintien de leur position dominante à l'intérieur de leur propre société, ce qui passait aussi par la reconnaissance, par le vainqueur, des attributs idéologiques de l'identité de la communauté, à savoir la puissance des sanctuaires et la perpétuation des cultes traditionnels. Concessions que non seulement Alexandre était tout prêt à reconnaître, mais qu'il sollicitait lui-même.

p. 888
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Le Darius d'Arrien est moins un personnage historique, à l'individualité bien marquée et clairement analysée, qu'un fantôme historiographique créé à l'aide de stéréotypes. Situé systématiquement en position de faire-valoir, il est destiné à rehausser encore l'éclat du jeune conquérant macédonien. Au demeurant fort sommaire, sa présentation relève moins de l'observation historienne que d'une élaboration littéraire, à la fois créatrice et porteuse de représentations gréco-romaines exclusives de tout autre regard.

p. 187
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Un empire multiculturel.
La faiblesse de l'Empire face à l'invasion macédonienne épouse exactement la force qui l'a cimenté tout au long de la période qui va de Cyrus à Darius III. Les Perses n'avaient jamais tenté de porter atteinte aux traditions reconnues de leurs sujets : multi-ethnique, l'Empire est resté multiculturel, comme en témoigne par exemple l'extraordinaire variété linguistique (e.g. Diodore §53.4) Même si l'unité politique et le brassage des populations ont permis également de remarquables processus interculturels, il n'en reste pas moins que fondamentalement, un Grec se sent grec et parle grec, un Egyptien se sent égyptien et parle égyptien, de même pour les Babyloniens et n'importe quelle autre population, y compris les Perses, qui n'ont jamais cherché à diffuser leur langue ni à imposer leur religion. (...) En d'autres termes, il n'existe pas d'identité achéménide, qui serait susceptible de pousser les populations, dans leur diversité, à se lever pour défendre des normes communes. Dans d'autres types d'Etats - les Etats-nations - une défaite en bataille rangée ne signifie pas la fin de la communauté : celle-ci peut éventuellement organiser une guerre de résistance sur les arrières de l'adversaire. Mais une telle stratégie suppose réalisées des conditions étrangères à l'Etat achéménide. Tout au contraire, les structures politico-idéologiques qui organisent et régissent les territoires et les populations abandonnaient nécessairement le destin de l'Empire au sort des armes, qui décidait rapidement les élites des pays à rallier le vainqueur et à lui transférer leur allégeance. Dès lors que les armées royales ont été vaincues, les dirigeants locaux se sont donc trouvés devant une situation assez simple, que leurs ancêtres avaient connue lors des conquêtes de Cyrus : négocier avec le vainqueur le maintien de leur position dominante à l'intérieur de leur propre société, ce qui passait par la reconnaissance, de la part du vainqueur, des attributs idéologiques de l'identité de la communauté, à savoir la puissance des sanctuaires et la perpétuation des cultes traditionnels. Concessions que non seulement Alexandre était tout prêt à reconnaître, mais qu'il sollicitait lui-même.

pp. 887-888
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Tous les témoignages rendent compte que l'histoire de la dynastie achéménide a été rapidement oubliée en Perse même après la conquête macédonienne, ou, plus exactement, qu'elle a été transmise par oral de génération en génération, sous forme de représentations mythiques. Telle était déjà l'une des fonctions des mages d'époque achéménide, chargés de l'éducation des jeunes gens de l'aristocratie perse. Comme on le voit chez Xénophon, Dinon ou encore Strabon, ces "hommes sages" étaient chargés de mémoriser les légendes royales et de les transmettre aux jeunes gens. Ces sont ces mythes fondateurs d'identité collective qui, à un moment donné, ont été codifiés sous forme de "livres des rois". C'est encore principalement sous forme orale que les "ménestrels" (gôsân), mais également plus tard, à l'époque médiévale et moderne et même ultérieurement, par l'intermédiaire des conteurs itinérants (naqqâl), dont certains (les "récitateurs des livres des rois") étaient, sous le règne de Mahmûd (le patron de Firdowsî), spécialisés dans la récitation du Shâh-Nâma. Transmis par l'écrit et par l'oral, également par des images peintes, les différents livres des rois mais aussi les romans populaires ont imprégné les mentalités et ont déterminé la conception que les Iraniens se sont longtemps faite de leur passé. Toute recherche sur un segment particulier de cette épopée ne peut donc s'abstraire de la prise en compte permanente de ces représentations collectives, qui lui donnent sens.

p. 450
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