Citations de Pierre Caron (67)
Le froid mord bien un peu la peau du visage, et parfois même beaucoup; il suffit de la protéger avec un bon cache-nez. Mais, à l’intérieur, on est toujours entre chaud et froid. La chaleur des âtres fuyant par les cheminées, on se chauffe d’un côté en s’approchant des flammes pendant qu’on gèle de l’autre à cause de la température de la pièce.
… il vous faut toujours de grandes aventures, l’occasion de vous illustrer de manière éclatante. Mais personne ne vous en demande tant! Au lieu de bouder dans ton coin – excuse-moi, papa… –, tu aurais pu faire bénéficier les autres de tes belles qualités, user de tes compétences.
Les grandes personnes étaient décidément imprévisibles, elles vivaient dans un monde à part dont elles ne faisaient parfois que semblant de sortir.
On tuait le mal par le mal, la douleur par la souffrance, et souvent le membre gangrené amputé se vengeait par l’infection.
Soigner, c’est aussi pardonner…
La reddition de Québec les condamnait presque à crever de faim, car les soldats anglais ne toléraient pas leur présence et les chassaient aussitôt qu’ils se mettaient à mendier. Aussi s’étaient-ils aisément ralliés à l’idée d’un complot visant à expulser ces occupants. Si leur entreprise réussissait, ils retrouveraient leurs moyens de subsistance et gagneraient, peut-être, l’estime de la population de Québec qu’ils auraient ainsi libérée.
On ne dure pas parce qu’on endure mais parce qu’on lutte, même contre son destin.
Les guerres ne se décident pas sur les champs de bataille. Elles ne s’y dénouent pas non plus.
Nous sommes en guerre: c’est un mal qui dépasse le mouvement des armées. Tant que la France et l’Angleterre ne décideront pas de notre sort, nous serons une colonie en sursis. Quand bien même tout tremblerait en même temps, les Hauteurs, les armées, nos sentiments, cela n’ébranlera pas l’Histoire qui suivra son cours jusqu’à ce qu’on la sanctionne d’un pacte, d’une capitulation, d’un traité, je ne sais trop.
L’habitude d’ainsi communiquer avec l’animal qu’il allait chevaucher pour la première fois lui venait de sa mère, qui laissait ensuite glisser ses doigts le long de la tête vers les naseaux qu’elle flattait doucement. C’était une manière de dire: «Tout doux, mon beau, nous allons nous promener ensemble…» Elle savait qu’ensuite elle pouvait calmement se hisser sur la bête
Notre mission est de prodiguer des soins à tous ceux qui en ont besoin. Qu’ils soient amis ou ennemis, les blessés se confondent dans la souffrance.
Qu’Émilienne parlât anglais avait quelque chose de déplacé: c’était comme si les sœurs découvraient soudain une étrangère parmi elles. Durant toutes ces années où elle avait assidûment fréquenté le monastère des ursulines, avec sa mère d’abord lorsqu’elle était enfant, et par la suite, jamais on n’avait su qu’elle connaissait la langue anglaise.
Les Anglais… Des gens qui ne parlent pas notre langue et ne partagent pas l’amour de notre pays ni la foi en notre Dieu. Ils ne sont même pas baptisés…
La guerre est l’affaire des hommes et la paix, le souci des femmes.
On parle ici un très bon français. Un français de marins, cependant. J’entends dire «changer de bord» pour «changer de côté», «bordées de neige» pour «tempêtes»
Si Cayenne n’est pas l’île la plus importante des Antilles, elle est cependant la seule qui soit exempte des ouragans et, en conséquence, son port est le plus sûr. Aussi le trafic y est-il très important. Tellement, en fait, que le ministre l’a soustraite à la responsabilité du gouverneur des Antilles qui est en poste à la Martinique.
Quand viendra le temps de nous entretuer, nous saurons faire face au destin, lui rétorqua François. Mais d’ici là, nous pourrions quand même profiter de la vie, apprécier chaque instant vécu loin des champs de bataille, goûter à la tranquillité de nos foyers, quoi! Ce pays est en paix et nos esprits, eux, sont en guerre.
Contrairement à ce qu’on veut croire, bien des femmes n’aiment pas les militaires. Elles croient que l’esprit guerrier qui les anime est la manifestation de ce qu’il y a de plus mauvais chez l’homme.
Il aimait cette enfant, sans réserve. Il existait entre eux une complicité telle que souvent les mots devenaient inutiles: un regard suffisait pour qu’ils se comprennent.
Le destin est imprévisible. Qui eût dit que les circonstances de la naissance de ma petite-fille, Marie, allaient donner l’occasion de perpétuer la paix entre les deux peuples de la Nouvelle-France? Voilà donc une enfant qui, à six mois seulement, a déjà participé à notre Histoire.