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Citations de Pierre Charras (94)


Le train ne roule plus. Toutes les lumières se sont éteintes. Un silence minéral recouvre le fracas.
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Il pense a Benoît. A Benoît qui lui a dit un jour, il y a longtemps, bien avant la maladie : "j'aime quand tu as envie, même si ce n'est pas de moi."
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Emmanuel apprécie les hommes qui aiment se montrer avant qu'on les touche. Qui restent un peu à distance, les traits boudeurs, indifférents, au-dessus de leur corps tendu. Il accepte ce jeu-la. Cette expectative. Il aime sentir l'impatience puiser en lui devant cet autre qui n'autorise encore rien. Qui continuera peut-être à se refuser.
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C'est maintenant que Sandrine sait. Ce qu'ils ont perdu, ce n'est pas l'amour. Elle aime Gabriel, elle a encore toute une réserve d'amour pour lui. Même si, phénomènes de longévité, ils passaient encore un siècle ensembles, son stock d'amour ne s'épuiserait pas. Et elle pourrait jurer que lui aussi l'aime. Qu'il l'aimera. Alors non, l'amour, ils ne l'ont jamais perdu. Ce qu'ils ont laisse filer, c'est l'enfance. Il faut qu'ils se retrouvent. Ils n'ont rien à pardonner, rien à se faire pardonner. Il faut juste qu'ils se retrouvent. Qu'ils recommencent. Qu'ils retrouvent le début. Qu'ils recommencent au début.
Au lieu de reprendre là où ils en étaient, au lieu de continuer, ils vont devoir se lancer dans une autre vie. Il ne suffira pas de repeindre les murs et de changer les rideaux, ils devront emménager dans de nouveaux cœurs.
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Je décidai, avec un petit frisson de gourmandise, de redoubler désormais D'IMprudence.
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Emmanuel est très tolèrent. Il est même réputé pour son ouverture d'esprit. Mais il se demande parfois si ce n'est pas chez lui une attitude un peu forcée. Comme s'il désirait qu'on le trouve exemplaire. Est-il sur, dans le fond, de ne pas être un peu raciste ? Un brun misogyne ? Et, s'il n'est décidément, ni l'un ni l'autre, ne faudrait-il pas considérer cette lacune comme pathologique ? il sent chez lui, parfois, une carence en haine. Car c'est reposant, la haine, c'est naturel, c'est la plus grande pente. Comment expliquer sinon qu'elle soit si rependue ? Emmanuel ne hait personne. Cela ne veut pas dire qu'il a de la sympathie pour tout le monde, mais enfin, il y a de quoi s'inquiéter. Même les cons, qui sont pourtant légion et qui, en se groupant, pourraient aisément se défendre, il ne parvient pas à les haïr. Il les plaint. Ou plus exactement, il les ignore. Ca le console : les ignorer, personne ne peut nier que c'est en quelque sorte les mépriser. Et le mépris, n'est-ce pas la haine du sage ?
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Emmanuel est très tolèrent. Il est même réputé pour son ouverture d'esprit. Mais il se demande parfois si ce n'est pas chez lui une attitude un peu forcée. Comme s'il désirait qu'on le trouve exemplaire. Est-il sur, dans le fond, de ne pas être un peu raciste ? Un brun misogyne ? Et, s'il n'est décidément, ni l'un ni l'autre, ne faudrait-il pas considérer cette lacune comme pathologique ? il sent chez lui, parfois, une carence en haine. Car c'est reposant, la haine, c'est naturel, c'est la plus grande pente. Comment expliquer sinon qu'elle soit si rependue ? Emmanuel ne hait personne. Cela ne veut pas dire qu'il a de la sympathie pour tout le monde, mais enfin, il y a de quoi s'inquiéter. Même les cons, qui sont pourtant légion et qui, en se groupant, pourraient aisément se défendre, il ne parvient pas à les haïr. Il les plaint. Ou plus exactement, il les ignore. Ca le console : les ignorer, personne ne peut nier que c'est en quelque sorte les mépriser. Et le mépris, n'est-ce pas la haine du sage ?
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Il a beaucoup de mal à classer les adolescents avec précision entre quatorze et dix-neuf ans. Comme si, au sortir de l’enfance, ils basculaient tous d’un bloc dans un âge commun. C’est à cause de cette dureté qu’ils ont aujourd’hui, indépendamment de leur milieu social, de l’entente de leurs parents, de leurs expériences intimes. Pendant quelque temps, après qu’ils ont quitté les rêves des premières années et qu’ils échappent encore au illusions auxquelles les adultes sont bien obligés de se raccrocher pour survivre, ils sont durs, tout droits, héroïques, pourrait-on dire. Ils font bravement face à un avenir menaçant, désespérant, désespéré. Emmanuel les trouve admirables. Surtout les filles. Avec leur brutalité, leur intransigeance. Dans tout ce qui, chez elles, irrite la plupart des gens, il sent de la force, de la liberté, la possibilité qu’un jour, peut-être, l’humanité change.
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Elle se retourne, toujours haletante : assis sur un des strapontins, contre la vitre, au fond, au-delà d'un dos bordeaux, un type un peu chauve à lunettes lui renvoie gentiment son rire. Sans arrière-pensée, on dirait. Pas le genre à reluquer les filles. Il a dans le regard une douceur lasse d'instituteur, de curé, de médecin. Non, plutôt le genre qui a vu tant de misères qu'il a fini par se persuader que le mieux, pour respirer un peu, c'est encore d'aimer les gens. […] il partagent quelque chose qui plait bien à Sophie, et qui n'est pas si fréquent entre les jeunes filles et les types qui ont des poils dans les oreilles : quelque chose de tout propre.
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Des le début, il s’y est mal pris avec D’abord elle le laissait faire .Elle attendait un peu que les caresses, les baisers produisent leur effet,.Mais rien, jamais, ne venait voiler sa conscience Alors, avant que le désir lui même ne s’atomise, elle se mettait en route .C’est au fond d’elle même qu’elle allait chercher sa jouissance Elle la ramenait patiemment ,toute seule ,la glissait entre eux Pour faire semblant de la recevoir .Plus tard, dans l’obscurité de la chambre, Elle se serrait contre lui .Il dormait. Elle n'était pas vraiment frustrée, puisque du plaisir, finalement, elle en avait eu, mais plutôt étonnée de n'avoir rien perdu, rien dépensée. De n'avoir rien partagée, surtout. D'être restée intacte, comme vierge.
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Nous n'aurions pas à escalader les pentes abruptes de la deuxième chance.
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Que demain soit moins beau qu'hier, elle l'accepte. Ce qu'elle refuse, c'est qu'avec Gabriel demain soit moins beau qu'hier.
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Descendre du train, elle n'en a jamais eu l'intention. Son seul but était de voir cet instant. De vivre cet instant. D'être là. Et elle a été là. Elle a été présente au moment de son absence. Cette vieille envie de lire sa propre chronique nécrologique dans les journaux.
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On n'est pas stupide provisoirement. La bêtise n'est pas précaire, elle est mutante.
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Parce que moi, je vais toujours à un rendez-vous. De toute ma vie, je n'en ai pas raté un seul. J'aime découvrir la personne qui m'attend ou que j'attends. Sa légère inquiétude qui s'évapore à la seconde où je parais. Pour rien au monde je ne manquerai l'évaporation d'une inquiétude.
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La dernière fois que j'ai vu Sandrine, je ne l'ai pas vue. A peine ai-je eu l'impression fugitive d'apercevoir son visage. Il ne faisait encore que s'esquisser derrière la vitre de la rame quand une épaule jaune l'a mangé. Il s'est dissous. Comme un fantôme, déjà.
C'était un rendez-vous de désamour. Un coup de foudre à l'envers. Un adieu, peut-être.
Mais nous voulions rester légers, éviter la posture du drame. Alors nous avions imaginé un jeu. Sans doute pensions-nous que si nous nous comportions comme des enfants, nous nous en tiendrions, pour les blessures, aux genoux couronnés et aux bosses sur le front. Et puis, nous nous aimions encore, je crois, et cela nous rassurait. Nous gardions les yeux ouverts sur nos impatiences, nos désillusions, nos tiédeurs. Il n'y avait pas d'urgence, ce n'était pas un cataclysme qui menaçait, même pas un orage, mais plutôt un brouillard, un crachin. Nous en étions au crépuscule de nous-mêmes, mais de tels soirs peuvent s'éterniser. Pour dire la vérité, nous n'avions pas irrévocablement décidé de rompre. Il revenait à Sandrine seule de refermer la porte que nous avions ouverte entre nous vingt-cinq ans plus tôt. Elle seule pouvait partir ou ne pas partir. Je me plierais à son verdict. Je m'en remettais entièrement à elle, par amour ou par courtoisie. Par respect, sans doute. Par lâcheté aussi, un peu, qui sait?
Nous étions d'accord sur bien des choses, y compris sur le pire. Parce que nous avions connu, l'un et l'autre, d'autres histoires, d'autres fins d'histoire, nous avions perçu presque ensemble le grattement, dans l'ombre, des bêtes affamées résolues à nous dévorer vivants. C'est de cette agonie que nous avions voulu faire l'économie. Alors nous avions opté pour le sabordage, l'euthanasie. Nous nous trouvions dans la situation ambiguë du condamné à mort qui se suicide pour échapper au supplice.
Il m'avait fallu une nuit entière d'insomnie pour programmer la minutieuse démolition à laquelle nous allions nous atteler. Dans l'obscurité de la chambre, couchés sur le dos, nous nous tenions la main par-dessus la couverture. Moi, les yeux grands ouverts, à déchiffrer les festons de dentelle que projetaient au plafond les lampadaires de la rue ; elle, les paupières closes, les lèvres disjointes, à respirer profondément pour me laisser croire qu'elle dormait.
— Voici comment nous pourrions procéder, ai-je dit, dans la cuisine, le lendemain matin.
Nous étions également stupéfaits. D'être encore là. Si calmes. J'ai levé les yeux vers elle avant de poursuivre. Je n'aurais pas dû. Elle était jolie, Sandrine, le matin. Presque autant que le soir. J'ai eu envie d'aller à elle, de la prendre contre moi et de lui proposer de continuer, de recommencer. Je suis souvent enclin à ce genre de bouffées de malhonnêteté. Je me suis senti prêt à proférer n'importe quel mensonge pour ne plus avoir à parler. Mais ça n'a pas duré. J'ai réussi à détourner la tête. Mon regard s'est accroché aux aimants multicolores plaqués sur le réfrigérateur. On aurait dit des médailles militaires. J'ai songé à des batailles, des massacres, des cadavres aux yeux étonnés.
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Il atteint un âge où, si on ne les provoque pas, les rencontres n'ont jamais lieu.
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... nous avions dérivé sans nous apercevoir de l'amour au raisonnable.
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"Papa, lui, ne sauvait pas les apparences, non. Il enfilait le pantalon tout ciré de sang accroché à un clou, à droite de la double porte de bois peint qui ouvrait sur le hangar barré d'une rampe de crocs métalliques. Au centre pendaient la poulie et sa grosse chaîne grise pour hisser par les pattes arrière les bêtes tout juste tuées afin de leur couper délicatement la tête et leur arracher savamment la peau. Après quoi, il y aurait l'incision verticale tout au long de l'abdomen bleuté et l'apparition, le surgissement des entrailles bronze, luisantes, compliquées, luxueuses. Comme une riche draperie qui dégringolerait d'une étagère. C'était beau. Francis commençait à revivre. Il oubliait ce qui s'était passé avant: l'égorgement, le sang qui pissait dans le seau, les pattes qui se mettaient à trembler, l'effondrement sur les genoux, l'effroi encore, dans les yeux, comme si la bête avait tout compris, depuis le départ, et puis, à la fin, avant que le flot ne s'épuise, la main de l'oncle Régis qui passait dessous, tenant le verre tout taché, presque opaque, qui se remplissait d'une bière rouge à mousse rose. 'Tiens, petit, ça te donnera des forces.' "
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"Maman ne savait pas découper la viande. D'ailleurs, dans cette villégiature, elle ne savait plus rien faire. On aurait dit qu'elle était devenue quelqu'un d'autre. En moins bien. Une doublure. On l'avait mise à la balance, à la caisse. Mais elle se trompait une fois sur deux. Alors, elle restait la plupart du temps dans la cuisine, à éplucher les pommes de terre, à surveiller la cuisson des pâtés, à effiler les haricots pour toute la famille. Elle n'avait accès à la boucherie que pour répandre de la belle sciure pâle sur le carrelage. Pour l'occasion, elle revêtait une blouse blanche, brevet trompeur d'obscures compétences. "
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