Jean Orizet rend hommage à Pierre Drachline
Le Joujou rouge films
Nous avons l'après-midi devant nous.
Il n'est pas de plus grande richesse que d'avoir le loisir de dilapider des heures.
Tout temps flambé est de la vie gagnée.
La voix du vieil homme me hante. Impossible de m'en défaire. La prégnance des chants tziganes. Rires et larmes sous l'archet du violon.
Elle n'avait pas la peau de son âge. Le temps lui avait fait la grâce de ne pas honorer son corps. Celui-ci semblait avoir été greffé sur son visage où la lassitude avait installé ses quartiers de détresse.
Mes voisins me considèrent de loin. Pour les uns, je suis un demeuré social; pour les autres, un misanthrope atrabilaire. La majorité évite de passer sur le trottoir. Craignent-ils que les livres soient des bombes à retardement ? Des attentats contre les certitudes. (p.12)
Raoul Vaneigem ( dans sa préface du livre ) : Pierre n'était pas de ceux pour qui tirer des salves de boulets rouges contre l'oppression est un feu d'artifice , il avait l'innocence de penser qu'un coeur meurtri a les meilleures raison de dynamiter le vieux monde ; que le fulminate de la violence créatrice est paradoxalement le mieux à même de guérir nos plaies existentielles , par la raison que les armes de la vie sont les seules qui ne tuent pas .
Il surprit dans son regard une sorte de voile. La cataracte ou le chagrin, comment savoir ? Il comprit alors qu'il ressemblait à son géniteur. Deux emmurés. Et les murs ne se parlent pas. Au mieux, ils se font face en attendant que l'un deux s'effondre sous la charge des ans. Le poids des fissures.
Il m'arrive encore de refuser de serrer une main, mais c'est plus par hygiène que par conviction.
Les vieux amants résident en enfance parce qu'il ne saurait être ailleurs.
La terre étant infestée d'adultes, il leur faut construire des iles artificielles où les marées viennent à reculons pour mettre les cœurs à l'heure.
La Singulière m'embarque parfois plus loin vers des rivages incertains.
Je la suis par peur de me perdre.
Borinka repart tête en arrière. quel homme étrange ! Je ne sais plus que penser de lui. Une innocence en acier. De quelles blessures est-il la progéniture ? Je le connaîtrai mieux en découvrant sa bibliothèque. Un individu est la somme de ses lectures. aussi et surtout.(p.47)
J'en ai plein l'épididyme et je vous en Jérusalem.
Achille Chavée - œuvres