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Citations de Pierre Kropotkine (170)


Il faudra toutes les sordides alliances et manigances du gouvernement Thiers pour mettre fin à l’expérience fédéraliste communarde. Il leur faudra s’allier avec l’occupant afin de tuer leur propre peuple. Mais les tortionnaires des Communards ne s’arrêtent pas là ; ils vont plus loin, ils font le ménage, et massacrent, déportent, humilient, construisent (c’est quand même fort) le Sacré Cœur pour (tenez vous bien) expier les crimes des Communards. ( Extrait de la préface des éditions de Londres )
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Mais les avancées de la Commune frappent avant tout par leur foisonnement et leur modernité. Ainsi, un énorme travail social est produit : autogestion, encadrement par les salariés, interdiction des retenues sur salaires, indication de salaire minimum… Les avancées féministes sont elles aussi nombreuses : la Commune reconnaît l’union libre, demande l’égalité des salaires… Et les avancées laïques : le 2 Avril, la Commune réclame la séparation de l’Eglise et de l’Etat. ( Extrait de la préface des éditions de Londres )
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Bien avant 1789, la France présentait déjà une situation révolutionnaire. Mais l'esprit de révolte n'avait pas encore suffisamment mûri pour que la Révolution éclatât. C'est donc sur le développement de cet esprit d'insubordination, d'audace, de haine contre l'ordre social, que se dirigèrent les efforts des révolutionnaires. Tandis que les révolutionnaires de la bourgeoisie dirigeaient leurs attaques contre le gouvernement, les révolutionnaires populaires, - ceux dont l'histoire ne nous a même pas conservé les noms, - les hommes du peuple préparaient leur soulèvement, leur Révolution, par des actes de révolte dirigés contre les seigneurs, les agents du fisc et les exploiteurs de tout acabit.
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L'essentiel, c'était que le peuple s'habituât à descendre dans la rue, à manifester ses opinions sur la place publique, qu'il s'habituât à braver la police, la troupe, la cavalerie.
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Pendre ou écarteler en effigie, c'était un usage très répandu au siècle passé. Aussi était-ce un des moyens d'agitation les plus populaires.
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Quant soudain progrès industriel qui s'est produit pendant notre siècle, et que l'on attribue généralement au triomphe de l'individualisme et de la concurrence, il a une origine beaucoup plus profonde. Les grandes découvertes du XVe siècle, particulièrement celle de la pression atmosphérique, ainsi qu'une série d'autres, ainsi qu'une série d'autres découvertes en physique et en astronomie, furent faites sous le régime de la cité du Moyen Âge. Mais une fois ces découvertes faites, l'invention du moteur à vapeur et toute la révolution qu'impliquait la conquête de cette nouvelle force motrice devaient suivre nécessairement. Si les cités du Moyen Âge avaient duré pour mener leurs découvertes jusqu'à ce point, les conséquences éthiques de la révolution effectué par la vapeur auraient pu être différentes ; mais la même révolution dans l'industrie et dans les sciences auraient eu lieu inévitablement. On peut même se demander si la décadences générale des industries, qui suivit la ruine des cités libres et qui fut si frappante dans la première partie du XVIIIe siècle, ne retarda pas considérablement l'apparition de la machine à vapeur, ainsi que la révolution industrielle qui en fut la conséquence. Lorsque nous considérons la rapidité étonnante du progrès industriel du XIIIe au XVe siècle dans le tissage des étoffes ; le travail des métaux, l'architecture et la navigation – et que nous songeons aux découvertes scientifiques auxquelles mena ce progrès industriel à la fin du XVe siècle, nous sommes amenés à nous demander si l'humanité ne fut pas retardée dans la possession de tous les avantages de ces conquêtes par la dépression générale des arts et des industries en Europe qui suivit la décadence des cités médiévales. La disparition de l'ouvrier artiste, la ruine des grandes cités et la cessation de leurs relations ne pouvaient certainement pas favoriser la révolution industrielle. Nous savons, en effet, que James Watt perdit vingt ans ou plus de sa vie à rendre son invention utilisable, parce qu'il ne pouvait trouver au XVIIIe siècle ce qu'il aurait trouvé si facilement dans la Florence ou la Bruges du Moyen Âge – des artisans capables de comprendre ses indications, de les exécuter en métal et de leur donner le fini artistique et la précision que demande la machine à vapeur.
Attribuer le progrès industriel de notre siècle à cette lutte de chacun contre tous qu'il a proclamée, c'est raisonner comme un homme qui, ne sachant pas les causes de la pluie, l'attribue à la victime qu'il a immolée devant son idole d’argile. Pour le progrès industriel comme pour toute autre conquête sur la nature, l'entraide et les bons rapports entre les hommes sont certainement, comme ils l'ont toujours été, beaucoup plus avantageux que la lutte réciproque.
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D'un côté l'extermination par l'homme, de l'autre les maladies contagieuses, voilà les principaux obstacles qui entravent le développement d'une espèce – et non pas la lutte pour les moyens d'existence, qui peut ne pas exister du tout.
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La seule tradition qui puisse y être en commun devrait créée par la littérature ; mais une littérature qui corresponde aux récits villageois existe à peine. Le clergé est si anxieux de prouver que tout le bien dans l'homme a une origine surnaturelle, qu'il passe le plus souvent sous silence les faits qui ne peuvent être cités comme exemples d'une inspiration divine ou de la grâce venant d'en haut. Et quand aux écrivains laïques, leur attention est principalement dirigée vers une seule sorte d'héroïsme, l'héroïsme qui exalte l'idée de l'État. C'est pourquoi ils admirent les héros romain ou le soldat dans la bataille, tandis qu'ils passent devant l’héroïsme du pêcheur, sans presque y faire attention. Le poète et le peintre pourraient naturellement être émus par la beauté du cœur humain en lui-même ; mais ils connaissent rarement la vie des classes pauvres ; et tandis qu'ils peuvent chanter ou peindre le héros romain ou le héros militaire dans un décor conventionnel, ils ne peuvent peindre ni chanter d'une manière touchante le héros qui agit dans ces modestes milieux qu'ils ignorent. S'ils se risquent à le faire, ils ne réussissent à produire qu'une page de rhétorique.
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Florence au XVe siècle est le type de ce changement. Auparavant une révolution populaire était le signal d'un nouvel essor. Maintenant, quand le peuple poussé au désespoir s'insurge, il n'a plus d'idées constructives ; nulle idée nouvelle ne se fait jour. Un millier de représentants entrent au conseil communal au lieu de quatre cents ; cent hommes entrent à la Signoria au lieu de quatre-vingts. Mais une révolution en chiffre ne veut rien dire. Le mécontentement du peuple s'accroît et de nouvelles révoltes s'élèvent. Alors on fait appel à un sauveur – au « tyran ». Il massacrera les rebelles, mais la désintégration du corps communal continue, pire que jamais. Et quand, après une nouvelle révolte, le peuple de Florence s'adresse à l'homme le plus populaire de la cité, Jérôme Savonarole, le moine répond : « Oh mon peuple, tu sais bien que je ne peux m'occuper des affaires de l’État..., purifie ton âme, et si dans cette disposition d'esprit, tu réformes ta cité, alors, peuple de Florence, tu auras inauguré la réforme de toute l'Italie ! » Les masques et les mauvais livres sont brûlés, on fait passer une loi de charité, une contre les usuriers – et la démocratie de Florence reste ce qu'elle était. L'esprit de l'ancien temps est mort. Pour avoir eu trop de confiance en eux-mêmes ; ils sont incapables de trouver de nouvelles voies. L'État n'a plus qu'à intervenir et à écraser les dernières libertés.
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Une différence entre maître et apprenti ou entre maître et ouvrier (compagne, Geselle) existait depuis l'origine dans les cités du Moyen Âge ; mais ce fut d'abord une simple différence d'âge et d'habilité, non de richesse et de pouvoir. Après un apprentissage de sept années, et après avoir prouvé son savoir et ses capacités par une œuvre d'art, l'apprenti devenait lui-même un maître. Ce fut seulement beaucoup plus tard, au XVIe siècle, après que le pouvoir royal eut détruit la commune et l'organisation des métiers, qu'il fut possible de devenir un maître en vertu d'un simple héritage ou par richesse. Mais ce fut aussi une époque de décadence générale dans les industries et les arts du Moyen Âge.
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« Faire ouvertement ce que l'on doit accomplir, comme un homme qui ne craint ni ennemis, ni démons, ni la Destiné... être libre et hardi en toutes ses actions ; être sévère et menaçant envers ses ennemis [ceux qui sont sous la loi du talion] mais, même envers eux, accomplir tous les devoirs obligatoires... Ne pas rompre un armistice, ne pas médire, ne pas calomnier. Ne rien dire contre un homme que l'on n'oserait lui répéter en face. Ne jamais repousser un homme qui cherche un abri ou de la nourriture, fût-il même un ennemi. »

(citation prise de E. Nys, Les Études de droit international et de droit politique, 1896)
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Ce n'est pas l'amour de mon voisin – que souvent je ne connais pas du tout – qui me pousse à saisir un sceau d'eau et à l'élancer vers sa demeure en flamme ; c'est un sentiment bien plus large, quoique plus vague : un instinct de solidarité et de sociabilité humaine.
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"Tout ce qu'il y avait de bon, de grand, de généreux, d'indépendant chez l'homme, s'émousse peu à peu, se rouille comme un couteau resté sans usage. Le mensonge devient vertu; la platitude, un devoir. S'enrichir, jouir du moment, épuiser son intelligence, son ardeur, son énergie, n'importe comment, devient le mot d'ordre des classes aisées, aussi bien que de la multitude des pauvres gens dont l'idéal est de paraître bourgeois. Alors la dépravation des gouvernants - du juge, du clergé et des classes plus ou moins aisées - devient si révoltante que l'autre oscillation du pendule commence.
La jeunesse s'affranchit peu à peu, elle jette les préjugés par dessus bord, la critique revient. La pensée se réveille, chez quelques-uns d'abord; mais insensiblement le réveil gagne le grand nombre. La poussée se fait, la révolution surgit".
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« Le tien » et « le mien » est beaucoup moins strict parmi les pauvres que parmi les riches.
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C’est le fond de la psychologie humaine. A moins que les hommes soient affolés sur le champ de bataille, ils « ne peuvent pas y tenir », d’entendre appeler au secours et de ne pas répondre. Le héros s’élance ; et ce que fait le héros, tous sentent qu’ils auraient dû le faire aussi. Les sophismes du cerveau ne peuvent résister au sentiment d’entraide, parce que ce sentiment a été nourri par des milliers d’années de vie humaine sociale et des centaines de milliers d’années de vie pré-humaine en sociétés.
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L’absorption de toutes les fonctions par l’État favorisa nécessairement le développement d’un individualisme effréné, et borné à la fois dans ses vues. A mesure que le nombre des obligations envers l’État allait croissant, les citoyens se sentaient dispensés de leurs obligations les uns envers les autres. Dans la guilde — et, au moyen âge, chacun appartenait à quelque guilde ou fraternité — deux « frères » étaient obligés de veiller chacun à leur tour un frère qui était tombé malade ; aujourd’hui on considère comme suffisant de donner à son voisin l’adresse de l’hôpital public le plus proche. Dans la société barbare, le seul fait d’assister à un combat entre deux hommes, survenu à la suite d’une querelle, et de ne pas empêcher qu’il ait une issue fatale, exposait à des poursuites comme meurtrier ; mais avec la théorie de l’État protecteur de tous, le spectateur n’a pas besoin de s’en mêler : c’est à l’agent de police d’intervenir, ou non. Et tandis qu’en pays sauvage, chez les Hottentots par exemple, il serait scandaleux de manger sans avoir appelé à haute voix trois fois pour demander s’il n’y a personne qui désire partager votre nourriture, tout ce qu’un citoyen respectable doit faire aujourd’hui est de payer l’impôt et de laisser les affamés s’arranger comme ils peuvent. Aussi la théorie, selon laquelle les hommes peuvent et doivent chercher leur propre bonheur dans le mépris des besoins des autres, triomphe-t-elle aujourd’hui sur toute la ligne — en droit, en science, en religion.
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Il y a plus encore ; non seulement beaucoup des aspirations de nos radicaux modernes étaient déjà réalisées au moyen âge, mais des idées que l’on traite maintenant d’utopies étaient acceptées alors comme d’indiscutables réalités. Ainsi, on rit de nous lorsque nous disons que le travail doit être agréable, mais « chacun doit se plaire à son travail », dit une ordonnance de Kuttenberg au moyen âge, « et personne ne pourra, tout en ne faisant rien, s’approprier ce que les autres ont produit par leur application et leur travail, puisque les lois doivent protéger l’application et le travail ». En présence des discussions actuelles sur la journée de huit heures, il sera bon aussi de rappeler une ordonnance de Ferdinand Ier relative aux mines impériales de charbon, qui réglait la journée du mineur à huit heures, « comme c’était la coutume autrefois », et il était défendu de travailler l’après-midi du samedi.
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Lorsque nos savants occidentaux se trouvent en présence de ces faits, ils ne peuvent les comprendre. Cela leur paraît inconciliable avec un haut développement de la moralité dans la tribu, et ils préfèrent jeter un doute sur l’exactitude d’observations dignes de foi, au lieu d’essayer d’expliquer l’existence parallèle de deux séries de faits : à savoir une haute moralité dans la tribu, en même temps que l’abandon des parents et l’infanticide. Mais si ces mêmes Européens avaient à dire à un sauvage que des gens, extrêmement aimables, aimant tendrement leurs enfants, et si impressionnables qu’ils pleurent lorsqu’ils voient une infortune simulée sur la scène, vivent en Europe à quelques pas de taudis où des enfants meurent littéralement de faim, le sauvage à son tour ne les comprendrait pas.
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Je veux encore ajouter que, lorsque Veniaminoff écrivait (en 1840), il n’avait été commis qu’un seul meurtre depuis le siècle dernier dans une population de 60.000 habitants, et que parmi 1.800 Aléoutes pas une seule violation de droit commun n’avait été relatée depuis quarante ans. Ceci ne paraîtra pas étrange si nous remarquons que les reproches, le mépris et l’usage de mots grossiers sont absolument inconnus dans la vie aléoute. Les enfants mêmes ne se battent jamais et ne se disent jamais de paroles injurieuses. Tout ce qu’ils peuvent dire est : « Ta mère ne sait pas coudre », ou « ton père est borgne ».
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Quand nos récoltes sont rentrées et qu’il reste peu à butiner dans nos prairies et nos champs, les abeilles voleuses se rencontrent plus fréquemment ; d’autre part, autour des plantations de cannes à sucre des Indes occidentales et des raffineries d’Europe le vol, la paresse et très souvent l’ivrognerie deviennent tout à fait habituels chez les abeilles. Nous voyons ainsi que les instincts anti-sociaux existent parmi les mellifères ; mais la sélection naturelle doit constamment les éliminer, car à la longue la pratique de la solidarité se montre bien plus avantageuse pour l’espèce que le développement des individus doués d’instincts de pillage. « Les plus rusés et les plus malins » sont éliminés en faveur de ceux qui comprennent les avantages de la vie sociale et du soutien mutuel.
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