AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Paraf (81)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Feu - Carnets de guerre

Henri Barbusse s'est engagé dans la Première Guerre Mondiale. Ce Français d'une quarantaine d'années à l'époque a vécu de l'intérieur ce qu'était que la vie des Poilus. Ce carnet, merveilleusement rédigé, est une pépite bien loin des clichés que d'autres livres ou des films peuvent montrer. Lui l'a vécu. Il n'imagine pas. Il se souvient. Il utilise les notes qu'il a prises. C'est un témoignage, pas un roman. C'est la guerre, c'est dur, mais il maîtrise tellement bien la beauté des mots de cette jolie langue qu'est la Français que les horreurs vécues, il arrive à nous les transcrire sans qu'on referme le livre d'horreur. Pourtant ce devait être horrible. Un magnifique témoignage. Je ne comprends pas que ces textes ne soient pas étudiés à l'école.
Lien : https://joy369.unblog.fr/
Commenter  J’apprécie          70
Le Feu - Carnets de guerre

Henri Barbusse, engagé dans les tranchées en 1914, décrit objectivement dans ce livre la vie de son escouade.

Il raconte la vision des bombardements, la fatigue surhumaine qu'engendrent les corvées, l'attente dans les tranchées, la lutte contre la pluie et la boue et la grande fresque tragique des assauts.

Cet ouvrage qui met la guerre à nue, devient le plus formidable réquisitoire contre la guerre.

Prix Goncourt 1914, ce cri de vérité, d'un grand courage, n'a pas vieilli, il est l'oeuvre d'un grand auteur pacifiste et moderne.
Commenter  J’apprécie          470
Le Feu - Carnets de guerre

C'est un livre qui m'a fortement touché. J'aime l'histoire en général et lire des livres historiques. Celui ci est particulièrement fort !

L'auteur utilise des mots simples mais qui vous touchent au plus profond de votre être. S'imaginer, de par les descriptions et les dialogues, la rude et inimaginable ( dans un sens ) vie des Poilus est difficile. Mais Henri Barbusse nous le transcrit à merveille.

Je ne ferai pas de longue critique. Je vous invite simplement à lire se livre qui nous plonge dans la vie d'un soldat en 1915.
Commenter  J’apprécie          120
Le Feu - Carnets de guerre

Roman avec de nombreux personnages, un univers narratif glaçant, des drames et un style magnifique, Le feu méritait largement de remporter le prix Goncourt. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas seulement un récit sur la Grande Guerre, mais aussi une œuvre littéraire qui résonne encore aujourd’hui.

En 1914, Henri Barbusse a 41 ans et a pris des positions pacifistes. Malgré cela et malgré des problèmes pulmonaires, il s’engage volontairement. Pendant l’année 1915, il tient un journal qui lui servira pour écrire Le Feu alors qu’il est convalescent en 1916. Il obtient le prix Goncourt la même année. Il est réformé en 1917.

Le livre est composé de courts récits, les chapitres, qui décrivent le quotidien des poilus.

D’abord, ils attendent, mal-logés et mal nourris, dans le froid et la saleté, obéissent à des ordres sans les comprendre, mais c’est la guerre non ?

Ils regardent ce qui se passe au loin, pas loin de ressembler à un feu d’artifice, mais oh combien mortel !

Et puis c’est l’épreuve du feu et la mort des camarades

J’aimerais croire que c’est du passé


Lien : https://dequoilire.com/le-fe..
Commenter  J’apprécie          511
Le Feu - Carnets de guerre

En peine de décrire l'inconcevable, la plupart se sont tus.



Henri Barbusse a su trouver les mots. Il a su leur donner un sens pour exprimer ce qu'aucune imagination n'aurait pu concevoir.



Il a su écrire l'horreur des tranchées : la boue, le froid, la vermine, les odeurs nauséabondes, la peur qui glaçait le sang quand le cri du gradé commandait de monter à l'assaut.



Il a su nous parler de ces hommes fauchés par la mitraille, agonisant sans secours, des survivants qui entendaient leurs plaintes s'éteindre dans la nuit, des corps déchiquetés qui n'étaient déjà plus rien, plus que chair pourrissante, à rendre l'atmosphère irrespirable.



Il a su dire l'incompréhension de ces humbles, extirpés de leur atelier, de leur ferme, pour aller en affronter d'autres, aussi mal lotis. Il a su dire l'attente angoissée des épouses, la terreur de voir le maire du village s'arrêter devant la porte, revêtu de son costume sombre et de son écharpe tricolore.



Henri Barbusse a su écrire tout cela. Avant même que cela ne cesse. Avant même que l'abattoir officiel n'arrête sa funeste entreprise, sous couvert de patriotisme. Avant même que la folie collective ne s'éteigne. Et que renaisse l'espoir. Enfin.



La première guerre mondiale est un événement qui me fascine d'horreur. Mon imagination est dépassée par la dimension inconcevable de pareil mépris de la personne humaine.



Henri Barbusse n'a pas eu besoin d'artifice pour décrire l'horreur. Les mots de tous les jours ont suffi. Car l'horreur était le quotidien des tranchées.



Le feu. Un ouvrage qui vous prend aux tripes.



Commenter  J’apprécie          513
Le Feu - Carnets de guerre

Langue d'une incroyable modernité ! Assurément, un des très grands romans sur la Grande Guerre. L'intimité d'une tranchée. Ses errements. Passionnant. Barbusse dépeint toutes nos failles. Tous nos courages, aussi. Un beau message humaniste d'un homme qui a vécu la guerre.
Commenter  J’apprécie          10
Le Feu - Carnets de guerre

Un conflit, des hommes et des attentes, des marches et le froid s'accompagnant de la peur de l'inquiétude.



Les uns se regardent, les autres attendent guettent on ne sait plus trop pourquoi, d'ailleurs.



et, elle se rappelle à tout le monde, d'un coup. Dans sa brutalité, sa soudaineté, cette guerre.



Petite troupe d'hommes noyés dans un marasme sans fin.

Les tirs sifflent, la terre s'envole et le silence revient, plus rien.



Juste ces hommes dans cette escouade prise dans le feu d'une guerre qui n'en finit pas.



Les pages se tournent, les chapitres se succèdent et le conflit s'enlise.



Magnifique texte sur une des pires périodes que le vingtième siècle ait connu.
Commenter  J’apprécie          140
Le Feu - Carnets de guerre

Commenter  J’apprécie          10
Le Feu - Carnets de guerre

Après avoir vu les émissions spéciales, les films d'époque montés en séries et présentés à la télévision à l'occasion du centenaire de la guerre de 1914-18, j'ai eu besoin de prendre le temps de lire des livres de témoignages écrits par ceux qui ont vécu cette épreuve, non pas des livres de combats, mais des livres sur la vie au quotidien de ces poilus.



Ces poilus, ces "hommes , des bonshommes quelconques arrachés brusquement à la vie. Comme des hommes quelconques pris dans la masse, ils sont ignorants, peu emballés, à la vue bornée, pleins d'un gros bon sens, qui parfois déraille; enclins à se laisser conduire et à faire ce qu'on leur dit de faire, résistants à la peine, capables de souffrir longtemps".(P.59)



Un livre qui nous fait vivre, ce qu'aucun documentaire nous montrera, l'oisiveté et l'ennui dans les tranchées, les bagarres entre poilus pour des futilités, les bobards et fausses nouvelles, les civils qui exploitent les poilus quand ils se reposent à l'arrière après être montés en première ligne, les profiteurs et "embusqués" de l'arrière, les corvées, la faim, l'arrivée du courrier, la recherche d'allumettes ou de tabac pour la pipe, les permissions dans un pays *_"séparé en deux pays étrangers : l'avant, tout là-bas, où il y'a trop de malheureux; et l'arrière, ici où il y'a trop d'heureux"(P. 348)..._*



Bien sur les scènes de combat, les morts, les blessés, les gueules cassées, la souffrance, le froid, la boue qui pénètre tout, la perte des camarades sont toujours présents, mais ce livre n'est absolument un livre qui glorifie la guerre mais un livre contre la guerre, un livre pacifiste et antimilitariste. "On parle de la sale face boche. Les hommes de troupe, j'sais pas si c'est vrai ou si on nous monte le coup la dessus aussi, et si, au fond, ce ne sont pas de hommes à peu près comme nous."(P.44).



Il complète très bien les documentaires que nous seront appelés à voir en cette année anniversaire, car il nous donne les impressions des poilus, il nous retranscrit leurs souffrances, leur vie.



Une violence qui fait douter de l'existence de Dieu : *_"Je ne crois pas en Dieu, je sais qu'il n'existe pas - à cause de la souffrance. On pourra nous raconter les boniments qu'on voudra, et ajuster la dessus tous les mots qu'on trouvera, et qu'on inventera : toute cette souffrance innocente qui sortirait d'un Dieu parfait, c'est un sacré bourrage de crâne"(P. 329)_*



Henri Barbusse, qui fut l'un de ces poilus, a publié ce livre en pleine guerre en décembre 1916, un livre indispensable pour comprendre la chance que nous avons de vivre en paix.

Commenter  J’apprécie          131
Le Feu - Carnets de guerre

Plus qu’un simple témoignage, plus qu’un carnet guerre, plus qu’un écrit historique.



Henri Barbusse hisse au rang de littérature le jargon des poilus parce que tous leurs dialogues sont simples, justes, pures et épurés. Le feu saisit avec justesse les atrocités et l’absurdité de la guerre : combien de morts pour la paix ? pourquoi la guerre ? Pour qui ? Contre qui ? Contre des soldats allemands qui vivent dans les mêmes tranchées, emportés dans les mêmes torrents de boue. Cette boue efface la couleur des uniformes et comment alors reconnaître l’ami de l’ennemi ?



Ces pistes de réflexion sur la guerre menée par l’écrivain sont poignantes et tous les dialogues des personnages sont beaux.



Ce livre est une véritable prouesse, il dépasse le réel de la première guerre mondiale, Henri Barbusse transcende son propre carnet d’escouade pour nous amener à lire une poésie des tranchées.
Commenter  J’apprécie          10
Le Feu - Carnets de guerre

Quand la Grande Guerre éclate en 1914, Henri Barbusse a 41 ans et s'engage volontairement, malgré une santé fragile. Il fait donc partie de ces "vieux" poilus qui ont déjà connu la vie et la guerre.

En plus de se battre pour son pays, Henri Barbusse va tenir un journal pendant les 22 mois de sa mobilisation, il va y raconter sa vie de soldat et nous faire découvrir son escouade (Paradis, Volpatte,...) entre première ligne sous le feu et cantonnements oisifs.



Outre l'horreur des combats et la dureté de la vie sur le front ce qui frappe c'est la diversité des hommes qui composent l'armée française. Age, origine, richesse, ... chacun apprend à cohabiter avec l'autre, à se rassurer mutuellement et à trouver ensemble un peu de réconfort dans les maigres diversions qu'offrent ces paysages désolés. On finit par s'attacher à tous ces personnages, rendus vivants par le style "oral" de l'écriture de Barbusse, et les pages filent sous les doigts.



Il y a certes une qualité d'écriture et de narration, mais c'est il me semble, le travail de journaliste (métier d'origine de Barbusse) qu'il faut souligner et qui lui a d'ailleurs valu le prix Goncourt en 1916, car pour une fois quelqu'un racontait véritablement ce qu'il se passait sur le front.



Un des meilleurs livres sur la période et un bon prix Goncourt.
Commenter  J’apprécie          91
Le Feu - Carnets de guerre

C'est très curieux de savoir que le roman historique, le Feu d'Henri Barbusse n'a jamais été officiellement adapté sur le grand et petit écran. Pourtant le feu est un vieux roman datant de sa première apparition en 1917. Henri Barbusse ancien journaliste à bien connu La Première Guerre mondiale, il avait 41 ans quand il s'engagea comme simple soldat. Qui est le héros ? Contrairement à tous les auteurs et témoins de la der des ders, la plus meurtrière de Roland Dorgelès (Les Croix de Bois) en passant par Maurice Genevoix (Ceux de 14) jusqu'en Allemagne avec Erich Maria Remarke (À l'ouest rien de nouveau) ont tous un point en commun, chacun à son héros, le fil conducteur de chaque auteur. Pourtant celui de Barbusse, il n'existe pas de héros, mais des hommes. Certains disent que le Feu est un roman exagéré, c'est possible pour certains détails, mais d'autres ont bien existé, Henri Barbusse les mentionne toutes ; la violence des canons, les obus qu'ils n'arrêtent pas de tomber sur les soldats, la crasse, le sexe, les poux, les chevaux pour tirer les canons… etc.

C'est roman d'une dureté entre la camaraderie et le gore, car la Première Guerre mondiale est une boucherie… Barbusse voyait ses amis mourir à côté de lui, certain de la maladie ou de la faim.

C'est un livre d'une extrême violence, une analyse naturaliste.

Commenter  J’apprécie          52
Le Feu - Carnets de guerre

Henri Barbusse commence sa carrière littéraire en écrivant des poèmes et des nouvelles. Il fait paraître deux romans, avant de s'engager, en 1914, à plus de quarante ans. Il découvre alors « ces choses épouvantables faites par trente millions d'hommes qui ne le veulent pas ».

En 1916, il rédige « le Feu », tiré de son expérience personnelle du front et de ses carnets de guerre où il a noté ce qu'il a vécu durant 22 mois, publié tout d'abord sous forme de feuilleton dans un quotidien. Il y évoque la vie des tranchées et l'horreur des combats dans un récit au souffle épique qui constitue une violente dénonciation de la guerre. Outre les assauts inutiles et les massacres effroyables, Henri Barbusse trace des tableaux tragiques de la misère quotidienne dans la boue des tranchées.

Le roman édité intégralement aux éditions Flammarion fait scandale mais obtient le prix Goncourt en 1916 et reste de nos jours un témoignage précieux.

Commenter  J’apprécie          501
Le Feu - Carnets de guerre

Le feu à pour cadre un groupe de soldats français prit dans la tourmente de la première guerre mondiale. On y trouve de la camaraderie, des relations avec les supérieurs, du dégoût pour les planqués de l'arrière et pour les généraux qui envoie tant de monde à la boucherie. Barbusse dénonce la guerre et le militarisme. Il serat récompensé par le prix goncourt.
Commenter  J’apprécie          30
Le Feu - Carnets de guerre

Ce livre permet de donner la parole à ces soldats, frères d'armes , pour ne surtout pas les oubliés. Ils sont les sacrifiés de ce début de XX siècle , mort pour rien, défendant des terres désolés qui mettront des siècles à les digérer.

Barbarie inimaginable comme souvent la barbarie se révèle au monde. Henry Barbusse nous livre ici, une carte postale de l'horreur, avec son quotidien, cette camaraderie, ces temps d'attente de l'attaque , l'enfer de celle-ci... Par des descriptions criantes et remuantes , il écrit tout le respect porté à ces hommes naufragés de guerre, perdus dans l'enfer des tranchés.
Commenter  J’apprécie          223
Le Feu - Carnets de guerre

J'ai très apprécié ce livre qui immerge dans des scènes de vie au coeur de l'infanterie de la première guerre mondiale. Roman historique très intéressant écrit par Henri Barbusse, intellectuel écrivain connu avant la guerre, qui s'est engagé volontairement aux premières lignes du front. Ces 24 chapitres permet de se rendre compte de moments particuliers communs aux poilus qui ne sont pas décrits dans les livres d'histoire, de se plonger dans leur vie quotidienne d'ennui, d'horreur, de souffrance dans les tranchées pleines de boue. Certains passages sont écrits en langage familier des combattants qui entouraient l'auteur. La prise de conscience de cette période douloureuse est totale et je sors de cette lecture bouleversée mais satisfaite d'avoir lu ce grand témoignage.

Mes lectures m'amènent souvent vers d'autres et celle-ci me dirige vers un autre célèbre roman sur la première guerre mondiale, celui de Erich Maria Remarque, A l'Ouest, rien de nouveau.
Commenter  J’apprécie          100
Le Feu - Carnets de guerre

Le Feu /Henri Barbusse

Prix Goncourt 1916, ce témoignage fut vécu dans les tranchées en première ligne des troupes françaises en 1915 dans l’Artois. Barbusse en rédigea le texte final à l’hôpital de Chartres après avoir été blessé au combat. Antimilitariste militant et pacifiste de toujours, il resta néanmoins patriote et quoique réformé pour raison de santé, il s’engagea et fut volontaire pour aller en premières lignes.

Au début du récit, l’auteur, dans un style magnifique, puissant et imagé, décrit le réveil des soldats au petit matin dans une aube grise et humide, et nous fait part de son espoir : « La plaine qui ruisselle, striée de longs canaux parallèles, creusée de trous d’eau, est immense, et ces naufragés qui cherchent à se déterrer d’elle sont une multitude…Mais les trente millions d’esclaves jetés les uns sur les autres par le crime et l’erreur, dans la guerre de la boue, lèvent leurs faces humaines où germe enfin une volonté. L’avenir est dans les mains des esclaves, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l’alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis. » Son idéalisme serait bien déçu de voir où nous en sommes de nos jours.

Des hommes de tous les métiers, venus de tous les horizons, de cultures différentes, citadins et campagnards, de tous les âges se retrouvent dans les tranchées, boyaux boueux et quasi sépulture pour bon nombre d’entre eux. Victimes du froid, de la faim, de la soif, de toutes les privations, ils vont vivre l’enfer face à l’armée allemande et Barbusse miraculeusement va en réchapper.

Et puis le cri de Bertrand compagnon d’armes de Barbusse : « Honte à la gloire militaire, hontes aux armées, honte au métier de soldat, qui change les hommes tour à tour en stupides victimes et en ignobles bourreaux. »

Un témoignage unique, éblouissant et terrible de réalisme sur une guerre que l’oubli guette au fil des 11 novembre qui se succèdent. Neuf millions de morts tout de même ! Pour la patrie !

Ce récit est considéré comme un chef d’œuvre de la littérature mondiale de guerre.

Commenter  J’apprécie          70
Le Feu - Carnets de guerre

J'ai débuté la lecture de ce roman directement après avoir refermé À l'ouest rien de nouveau qui m'avait littéralement époustouflée. Je m'attendais à revivre quelque peu ce qu'Erich Maria Remarque avait fait naître, mais du côté français, cette fois.



J'ai été à la fois comblée et déçue. Comblée car oui, Henri Barbusse fut un témoin lucide de la Grande Guerre : pas qu'un témoin, mieux qu'un témoin, un acteur. Il sait parfaitement ce qu'est le front, l'arrière, tout. Il sait tout ça et il veut en témoigner. Entendons-nous bien, l'opinion que je vais émettre ne concerne absolument pas la valeur ou l'utilité du témoignage, qui tous deux, selon moi, sont indiscutables et indispensables.



Ce que je questionne, c'est la pertinence du format choisi. En effet, il n'est jamais très clair dans le Feu si l'on a affaire à un roman ou à un reportage journalistique ; on navigue constamment dans ce no-man's land inconfortable et pas trop bien maîtrisé d'après moi.



Il y a un côté Zola chez Barbusse, un côté exhaustif, un côté « je vais tout vous montrer et vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. » En 1916, en plein conflit, ça se comprend, c'est défendable et même plus que souhaitable, mais c'est du ressort du journaliste, pas du romancier.



Ce qu'il nous explique très bien, c'est qu'à l'époque des faits, les journalistes étaient largement investis dans une mission de propagande et donc, seul le roman pouvait avoir les coudées franches pour accomplir le véritable travail d'information du public.



Soit. Je suis pleinement consciente des contraintes qui pesaient sur le romancier. Ajoutons-y la contrainte ô combien lourde et pressante du temps, l'impératif du témoignage RAPIDE. Je sais tout ça, le comprends et l'excuse amplement.



Toutefois, pour les lecteurs du XXIème siècle et de tous les siècles à venir, seul demeure le roman car le contexte et son urgence ont disparu. Et là, je ne puis m'empêcher de tiquer sur des problèmes inhérents à la construction romanesque et qui amoindrissent et la satisfaction du lecteur, et le pouvoir de conviction de l'oeuvre.



C'est l'écueil dans lequel ne tombe pas Erich Maria Remarque : il a bâti un vrai roman, avec tous les codes et les impératifs propres au roman, d'où son incroyable pouvoir de conviction. Henri Barbusse, lui, dit tout, absolument tout, si bien qu'il dilue son histoire.



Remarque se focalise sur un nombre volontairement limité de personnages, qui tous quittent la scène les uns après les autres pour cause de décès ou de blessure affligeante ; toujours dans un but romanesque précis qui fait mouche à chaque fois. En gros, Remarque a opéré un tri, fait une synthèse de son expérience du conflit là où Barbusse nous fait un reportage à chaud, sans trop avoir hiérarchisé ses informations.



Autre différence notable, Remarque utilise un narrateur qui a une identité, qui parle avec des mots simples de soldat, qui souffre et qui ressent la guerre. Barbusse, lui, se cache derrière une espèce d'ectoplasme qui est lui sans jamais être clairement assumé comme étant bien lui, qui porte un regard distancié sur ce qu'il vit et qui, du coup, nous distancie également. Si bien que j'ai ressenti, moi lectrice du XXIème s., beaucoup moins d'intensité chez Barbusse que chez Remarque, alors même que la violence et l'horreur décrites sont rigoureusement les mêmes.



Quand Remarque fait mourir un soldat, il a pris le soin au préalable de nous le faire connaître, de nous y attacher, de nous faire compatir à l'atrocité quotidienne qu'il subit. Barbusse, lui, nous décrit vraiment beaucoup de personnages, souvent à peine esquissés, une bande de rouspéteurs pour lesquels on ne ressent pas forcément grand-chose, en tout cas, vis-à-vis desquels on n'est pas très attaché.



Étonnamment, le seul moment où Barbusse parvient à nous prendre aux tripes, à nous faire crever de chagrin, c'est lorsqu'il aborde le cas de la jeune femme, Eudoxie, pour laquelle Lamuse en pince, et que ce même Lamuse découvre quelques semaines plus tard, à moitié décomposée en creusant une tranchée. Ici, Barbusse obéit aux codes romanesques et c'est exceptionnellement bon, puissant comme jamais. La scène du soldat noyé parce qu'il n'arrive pas à sortir d'un trou d'obus à cause de la boue, vers la fin du roman est presque aussi intense et pour les mêmes raisons : on a eu le temps de s'attacher au personnage.



En revanche, quand il fait son Zola bas de gamme, à décrire avec un souci du terme poétique les bombardements, les bourbiers, les blessures, je trouve que le décalage entre l'horreur vécue et les termes pour l'exprimer est préjudiciable.



Le décalage, encore lui, est si grand entre ce pseudo lyrisme et l'authenticité des dialogues de poilus qui eux sentent le vécu à plein nez et qui jouent justes quasiment tout le temps est, d'après moi, mal senti. J'écris que les dialogues jouent juste quasiment tout le temps car il est manifeste que dans le dernier chapitre, intitulé L'Aube, les dialogues ne masquent que très grossièrement et très imparfaitement l'expression des convictions de l'auteur et cela sonne faux, malheureusement.



Balzac reprochait exactement cela à Hugo (à propos de ces dialogues) dans sa critique restée fameuse sur la Chartreuse de Parme de Stendhal (oui, je sais, c'est un peu compliqué, la critique concernait Stendhal mais il parle aussi un peu de Hugo et de quelques autres) ; le fait de mettre les paroles de l'auteur dans la bouche des personnages au lieu de s'oublier et de se mettre lui, l'auteur, dans la peau du personnage. (Hugo en tiendra d'ailleurs compte bien des années plus tard en écrivant Les Misérables et son fameux passage sur Waterloo.)



Au-delà de ces problèmes de construction romanesque, l'auteur décrit admirablement l'enfer de cette guerre, et de toutes les guerres en général. Il montre, selon moi de façon assez convaincante, que l'ennemi est au moins autant si ce n'est plus le gouvernement qui envoie ses enfants se faire tuer que les pauvres bougres d'en face qui font le même sale boulot en sens inverse. Tout cela, évidemment, pour des intérêts qui dépassent largement les infortunés soldats commis d'office.



Bref, souvenons-nous de cette leçon d'atrocité que nous évoque courageusement Henri Barbusse et demandons-nous qui est le véritable ennemi : l'État qui vous dit « Allez vous battre et fermez vos gueules ! » ou les pauvres types d'en face auxquels leur propre État a intimé le même ordre ? En outre, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose à mettre sur le feu.



P. S. : Je suis allée récemment tâcher de retrouver la tombe de mon arrière-grand-père, tombé le 12 février 1915 à Souain-Perthes-lès-Hurlus lors de la fameuse et ô combien meurtrière première bataille de la Marne. Le cimetière y est parfaitement tondu et une adorable mousse recouvre le sol à beaucoup d'endroits. Pourtant, l'autre jour, rien qu'avec les fortes pluies et les rejets de terre sous forme de tortillons imputables aux vers de terre, j'avais les chaussures entièrement pleines de boues en moins de cinq minutes.



Donc, oui, j'imagine très bien la boue et le bourbier que cela pouvait être à l'époque quand rien qu'à marcher sur une pelouse bien entretenue on en a déjà plein ses bas de pantalon ! Je n'ai d'ailleurs pas réussi à retrouver la tombe de mon aïeul car les tombes sont disposées au hasard ou à peu près et j'avais l'impression de rejouer la scène du truand, à la fin du Bon, la Brute et le Truand quand il cherche une tombe précise dans un cimetière immense.



Mais j'ai été moins courageuse que lui, j'ai abandonné quand j'ai eu deux kilos de terre à chaque pied et que mon manteau a été entièrement transpercé par la fine pluie qui tombait alors sans discontinuer… On n'a pas tous la fibre héroïque, pardon, très cher aïeul (je reviendrai par temps sec).
Commenter  J’apprécie          1495
Le Feu - Carnets de guerre

Ces écrivains qui ont vécu l'horreur de la guerre de 14-18 nous subjuguent: M.Genevoix, B.Cendrars, J.Giono, et ici H.Barbusse. Leur livres ne sont pas des romans, mais des témoignages poignants de la réalité: les terribles souffrances imposées à des jeunes hommes au cours d'une guerre faite de combats stupides, menés par un commandement incompétent, sans souci du nombre de vie humaines perdues. Ces jeunes hommes n'étaient que des munitions comme les autres.

H.Barbusse ajoute un angle de vision touchant: les dialogues de ces soldats, gens simples, sympathiques, généreux, dont la plupart vont tomber car ils sont en première ligne, mais qui vivent entre eux une camaraderie, une solidarité à toute épreuve, et ne se plaignent pas, nous sont offerts dans leur grande vérité et dans leur simplicité.

Ces dialogues constituent un apport décisif et très riche à la connaissance que nous devons avoir de notre Histoire, mais aussi à notre littérature.

A noter que ce livre a été écrit dès 1915: il nous parle de l'horreur, qui était là, déjà. Mais on a su ensuite qu'elle n'en était qu'à son début.

J'ai lu des critiques sévères de cet auteur en raison des errements politiques qui ont été les siens dans la seconde partie de sa vie. Ces errements sont condamnables, bien entendu, mais me paraissent n'avoir aucun lien avec la richesse et l'intérêt du témoignage de jeunesse que constitue "Le Feu".
Commenter  J’apprécie          80
Le Feu - Carnets de guerre

J'ai enfin mis un style sur le nom d'Henri Barbusse qui m'évoquait jusque-là plutôt des noms de rues ou d'écoles.

Il est assez impressionnant. Il faut dire que "Le feu, journal d'une escouade" récompensé par le prix Goncourt en 1916 (dont cette édition est suivie du Carnet de guerre), est un témoignage sur la boucherie vécue au front par les poilus durant la première guerre mondiale. C'est un roman assez bouleversant très proche du reportage de guerre.

En vingt-quatre chapitres, Henri Barbusse nous plonge dans l'enfer des tranchées de l'Artois. On voit les entrailles et viscères sur les champs de bataille, les soldats brisés face à l'enfer de la mitraille et à la mort omniprésente.

Mais ce qui est remarquable, c'est le style de l'écrivain qui trouve l'occasion d'évoquer son engagement politique contre l'absurdité de la guerre et son humanisme.

Il utilise le langage parlé des poilus de l'escouade avec lesquels il a vécu de longues journées, entre l'attente et les atrocités dont ils sont témoins. D'ailleurs, Barbusse dédie ce livre "A la mémoire des camarades tombés à côté de moi à Crouy et sur la cote 119". Bel hommage.





Challenge Entre-deux 2023

Challenge Multi-défis 2023

Challenge XXème siècle 2023

Challenge Goncourt illimité

Commenter  J’apprécie          220




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Paraf (1577)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Bibliothécaire Babelio

Comment s’appellent les membres ayant des droits spécifiques

A la Franzen : Les corrections
A la Musil : Les bibliothécaires
A la Coelho : Les alchimistes
A la Werber : Les fourmis

9 questions
535 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}