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Citations de Pierre Veltz (13)


Nombreux sont ceux qui croient que nous nous dirigeons vers une société « immatérielle », où l'industrie et la production physique des objets ne joueraient plus qu'un rôle secondaire. C'est une vision totalement fausse.

L'industrialisation du monde - p. 11
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Dans l'immense majorité des sites industriels modernes, la "productivité des machines" a un impact économique plus important que la "productivité du travail". Elle créé des écarts considérables, non-linéaires, de performance entre sites. Et elle dépend au premier chef de la qualité relationnelle (ceci expliquant au passage pourquoi des sites à coûts de main-d'oeuvre plus élevés ont souvent de meilleurs résultats, y compris en terme de coût de production).
Or ce qui vaut pour un site productif vaut aussi, sous d'autres formes, pour la firme dans son ensemble, pour les réseaux de firmes, les filières, les tissus industriels, les territoires. Contrairement à une transaction financière, les échanges entre acteurs d'une filière productive ont besoin de durée, de mémoire, d'expériences partagées, construisant des formes d'assurance mutuelle et de confiance qui accélèrent les apprentissages et créent progressivement une performance collective.
Ceci explique largement le rôle croissant des tissus territoriaux, dès lors qu'ils mettent en jeu de véritables tissus de relations et d'intelligence partagée, et pas seulement une proximité passive. Cela explique aussi, à d'autres échelles, le rôle croissant des diasporas ethniques, religieuses, culturelles, techniques dans l'économie productive contemporaine, autrement dit toutes les formes sociales génératrices de confiance. L'industrie connectée en réseau ne fonctionnera que si la qualité relationnelle s'ajoute à la rigueur transactionnelle.
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La question qui vient naturellement à l'esprit est la suivante : ses avancées technologiques sont-elles vraiment proportionnées à l'augmentation des services rendus , à l'amélioration effective de notre qualité de vie ? Bien sûr, on ne sait pas mesurer cette dernière. Mais chacun ressent intuitivement qu'elle n'a pas augmenté au rythme de l'énorme croissance de dépenses et énergétique et matériel. Avec nos 600 esclaves, vivons-nous 6 fois mieux qu'à l'époque où nous en avions que 100 ? Dès la fin des années 1950, Bertrand De Jouvenel, un des pionniers oubliés de la pensée écologique, en faisait la remarque : n'importe quelle mesure du progrès dans le niveau de vie de l'individu, donne un coefficient de progrès incomparablement plus faible que le progrès dans la quantité d'énergie dépensé par habitant. Il avait perçu l'essentiel, parce qu'il avait l'oeil fixé sur la demande et la qualité de vie, et pas seulement, comme la majorité des économistes d'hier et d'aujourd'hui, sur la productivité de l'offre.
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Dans une comparaison provocatrice , Jancovici affirme que notre situation est équivalente à celle d'une personne qui aurait en permanence 600 esclaves à sa disposition . À quoi nous servent ces esclaves , et où sont-ils cachés ? En réalité , nous ne consommons pas directement l'énergie. Notre consommation est celle des innombrables machines qui travaillent pour nous, sans que nous en ayons conscience.
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Bien sûr, réduire les passoires thermiques est une politique indispensable. Mais, outre le fait que la rénovation des enveloppes est particulièrement sensible à l’effet rebond (on monte le thermostat et tout le gain est perdu), cette obsession des enveloppes du bâtiment laisse de côté d’autres enjeux, de magnitude équivalente : le carbone gris des matériaux de construction, les équipements électriques et électroniques du logement, le mode de production de la chaleur et du froid. Elle oublie surtout que la localisation est le premier facteur d’émissions. Une bouteille thermos dans un lotissement inaccessible est moins écologique qu’un logement à peu près isolé mais relié aux transports publics.
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Les cœurs de ville représentent 2% des émissions, les échanges internes aux couronnes urbaines 73% et les échanges entre cœur et couronne 25%. Oublions donc les coeurs urbains, leurs voies sur berges et leurs pistes cyclables. Les médias ne parlent que de cela, mais les enjeux sont ailleurs. Le problème est celui des nappes suburbaines, proches ou lointaines, et des zones rurales peu denses. Les choses seraient très différentes si l’on avait su concentrer la croissance le long d’axes de transports collectifs.
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Nous voyons nos économies comme de grands paquebots dont il faudrait changer la motorisation, l’aménagement des ponts, le menu du restaurant. Mais il faudrait aussi interroger leur parcours et leurs destinations. (…) Chacun reconnaît qu’il faut verdir l’industrie automobile et aéronautique. Certes. Mais ce dont nous avons vraiment besoin, c’est une nouvelle industrie de la mobilité.
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« … ciment, acier, papier, aluminium, plastique. Ces cinq matériaux à eux seuls sont responsables de 55% des émissions de CO2 de l’industrie. Leur demande a quintuplé depuis 1960 et elle est toujours en forte croissance. Certains chiffres sont à peine croyables : pour ses villes et ses infrastructures, la Chine a utilisé en trois ans (2011-2013) près d’une fois et demie plus de ciment que les Etats-Unis durant tout le XXe siècle. (…) Le numérique, ce sont des cables sous-marins, posés en continu par de gigantesques bateaux. Ce sont des satellites-relais et, maintenant, des constellations de micro-satellites pour absorber la croissance explosive du streaming. Ce sont de gigantesques fermes de serveurs, pour abriter le cloud (…) »
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Car le constat est qu'il existe des marges considérables en termes d'efficacité pour la réduction des émissions carbonées et pour les consommation de matières, mais que ces gains sont systématiquement menacés, voire inversés, par l'explosion des consommations. De ce fait, il n'existe aucune autre solution que la sobriété, la transformation de nos modes de consommation, mais aussi de nos organisations et de la conception même de nos biens et des services, devenus souvent inutilement sophistiqués.
p12
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La seule révolution nécessaire est mentale : comprendre enfin que la santé, l'éducation, la culture, mais aussi la mobilité, l'habitat, secteurs fortement socialisés dans notre pays pour de multiples raisons historiques, ne sont pas des charges pesant sur l'économie dite productive, mais qu'ils doivent être reconnus comme les moteurs essentiels de la création de valeur dans le monde de demain -y compris de valeur industrielle ou hyper-industrielle « exportable ».
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(…) il est crucial de retrouver une perspective positive, de construire un récit d'une économie désirable. En dehors de la vision profondément anxiogène du désastre écologique, vision renforcée par la pandémie, le seul récit positif dont nous disposons aujourd'hui, est celui de la révolution numérique. Or, il faut bien reconnaître que la digitalisation du monde et plus généralement les progrès des sciences et technologies, dont les promesses restent excitantes pour beaucoup d'entre-nous, ont échoué à dessiner une perspective mobilisatrice largement partagée.
(…) Quel peut être le récit positif, dès lors ? On touche ici à un angle mort de la pensée écologiste, dominée par la question du « comment produire ? » (de manière plus sobre, avec moins de ressources, en polluant moins) plutôt que par la question du « quoi produire ? » (quels secteurs faut il développer ? Quelles activités ? Quels types d'emplois ? Etc.)
P10
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Le grand paradoxe est que le recherche et l'innovation, mobilisant les ressources apparemment les plus fluides (information, connaissance), sont en réalité les activités les plus concentrées spatialement. Les dix premières grandes régions du monde, qui regroupement 40% du PIB mondial, concentrent 75 à 80% des dépenses de R&D.
(...)
Le fait que l'ubiquité de l'Internet n'ait pas entamé cette polarisation peut sembler surprenant. En réalité, dans la science et dans la technologie, les relations de face-à-face restent essentielles. Internet est très efficace pour approfondir des relations existantes dans des univers disciplinaires donnés, mais peu efficace pour sortir de ces univers, amorcer des liens entre des disciplines et des cultures différentes.
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Lorsqu'un emploi sédentaire est détruit, il est plus ou moins reconstitué à proximité, car il correspond à une demande locale et ne peut pas être produit loin du client. (...). L'emploi nomade (potentiellement nomade) est lié au contraire à une demande extra-locale. Si un fabricant d'un joint spécial pour telle ou telle machine-outil à marché mondial disparaît, ou une firme de programmation travaillant pour le marché international, rien ne garantit que les emplois seront recréés sur place.
Le constat de base est que les emplois nomades sont en général mieux payés, plus qualifiés, parce que plus "productifs" et soumis à une concurrence plus sévère que les emplois sédentaires. L'enjeu pour un pays donné n'est donc pas, comme on l'entend souvent, de multiplier les emplois non-délocalisables, mais au contraire d'attirer et de fixer le plus possible d'emplois potentiellement délocalisables.
(...) Ces emplois sont loin d'être tous dans la haute technologie ou les industries très extraverties des marques et du luxe, qui ne représentent que 12% de l'emploi industriel français. Le défi de la fixation d'emplois nomades ne peut donc en aucun cas se limiter aux secteurs dits de pointe. Il concerne aussi et surtout les secteurs industriels dits "traditionnels", ainsi que les services internationalement exposés.
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