Citations de Rachel Caine (351)
_ Hé, à propos de tout ça: ça n'a rien de personnel. Tu sais bien. Et d'ailleurs, jolie façon de contourner l'obstacle. Il m'a dit que je ne pouvais laisser entrer aucun gardien vivant. Mourir pour la cause: voilà qui est stratégiquement délicieux. (Il inclina une bouteille vers l'arrière et avala une gorgée de bière.) Ils t'offrent un genre de prime de performance pour ça?
_ Des chèques-cadeaux et une place de parking spéciale, dis-je.
Un autre éclair embrasa l'horizon, bleu-blanc, avec un délicat liseré rose. Il explosa en plusieurs rubans, frappant quatre ou cinq cibles d'un coup. Les paroles d'un ancien gardien me revinrent: "Si tu es assez près pour le voir, tu es assez près pour te faire du souci."
Et alors l'inondation arriva en une vague couleur de nuit, s'engouffrant avec fracas dans les canyons auxquels nous faisions face. C'était une vague épaisse et boueuse, surmontée d'une crête de brume noire, grouillant des restes écrasés de maisons, de commerces et de cadavres. Démesurée, elle nettoyait le monde humain d'un coup de balai. Rien ne pouvait lui échapper. Elle s'écrasa contre la montagne sur laquelle nous nous tenions, et je sentis le monde frissonner. Un soupir froid et mouillé passa sur moi, puis la vague se sépara en deux et contourna la montagne, nous dépassant dans un vacarme assourdissant et se dirigeant vers le bas, dans les profondeurs du gouffre noir de l'infini.
— Elle m'a collé la frousse de ma vie. Mais elle va bien, non ?
— Je ne sais pas.
— Sers-toi de tes super pouvoirs alors !
— Je suis un vampire, tocard. Je n'ai pas une vision supersonique.
— Tu sers vraiment à rien. Rappelle-moi de t'échanger contre un loup-garou à l'occase. Je suis sûr qu'il serait plus efficace que toi.
— Raffiné, répéta-t-elle tout bas. Ouais… il est génial.
Et c'était le cas. Ce qui rendait d'ailleurs la situation aussi compliquée. Myrnin était génial… jusqu'à ce qu'il devienne horrible. Un peu à l'image du monde en général.
— Un conseil, mon pote : oublie tes « reste avec les filles ». Sinon, mon poing risque de finir dans ta tronche. Je suis sérieux, mec. Et je pourrais bien te casser une de ces canines étincelantes.
— Aujourd'hui ?
— Euh… sans doute pas, non.
— Alors ferme-la.
OK, petite note à moi-même : ne jamais tenir assez à quelqu’un pour devoir m’occuper de ses funérailles. Oh, et ne pas mourir
Je me demandai s'il avait envie de manger quelque chose. Je pourrais essayer de lui préparer vite fait un beau petit bagel ou quelque chose d'autre, mais je n'étais pas sûre que mes aptitudes culinaires de djinn soient en rien meilleures que celles que j'avais du temps normal où je me baladais encore sous forme humaine; à l'époque, j'étais communément reconnue comme la Lucrèce Borgia de la sauce spaghetti.
La Terre était tellement belle, frangée de bleus et de verts, de rouges et d'or, étincelante de pouvoir et d'énergie vitale. Elle était magnifique. Vivante. Douée de sensations. Je pouvais la sentir d'ici, une conscience lente et vaste qui commençait seulement à se demander si la présence des êtres humains était une Mauvaise Chose. Les tempêtes, les tremblements de terre, les incendies qui avaient harcelé la société humaine avec une férocité toujours plus grande depuis l'âge de pierre, ceux-là n'étaient rien de plus que la Terre remuant dans son sommeil, chassant d'un geste une mouche bourdonnante sans jamais en venir vraiment à se réveiller. Des frissonnements de la peau. Des éternuements involontaires visant à expulser les intrus.
Lewis et moi avions une histoire longue et embrouillée; c'était plus du désir que de l'amour. C'est l'un des plus grands préceptes de la magie: qui se ressemble s'assemble. Nous avions gravité l'un autour de l'autre comme des charges magnétiques opposées. Ou bien de la matière et le l'antimatière. S'il n'y avait David...