Citations de Rachel Carson (89)
La nature cède la place, autour de nous, à un monde artificiel bourré d’agents chimiques et physiques capables d’agir dans le domaine biologique.
L’emploi de procédés thérapeutiques de plus en plus puissants et la fabrication de substances chimiques étrangères à l’expérience biologique font que les barrières normales qui empêchaient les agents mutagènes de pénétrer jusqu’aux organes internes, sont franchies de plus en plus souvent.
Sir Macfarlane Brunet.
Quelle est la place des pesticides dans l’ensemble de la crise environnementale ? Nous les avons vus contaminer le sol, les eaux et les aliments, priver de poissons les rivières, d’oiseaux les jardins et les campagnes désormais silencieuses. L’homme, ne lui en déplaise, appartient lui aussi à la nature. Comment pourrait-il échapper à une pollution si complète du monde entier ?
Nous sommes à l’âge du poison ; le premier venu peut acheter sans explications à tous les coins de rue des substances beaucoup plus dangereuses que les produits pour lesquels le pharmacien exige une ordonnance médicale.
Chaque dose nouvelle, si faible soit-elle, contribue à l’amoncellement de substances chimiques dans les tissus du corps, et donc à une intoxication progressive.
La contamination de notre monde n’est pas seulement une affaire de pulvérisation massive. Les innombrables petites expositions, quotidiennes et permanentes, peuvent s’avérer plus dangereuses encore.
Mais les voies de la nature ne sont plus celles du monde moderne ; nous sommes noyés sous les produits chimiques, qui détruisent non seulement les insectes, mais leurs principaux ennemis, les oiseaux.
En approuvant un acte capable de causer de telles souffrances à des créatures vivantes, ne sommes-nous pas tous diminués dans notre humanité ?
Ces plantes ne sont de « mauvaises herbes » que pour ceux qui font argent des herbicides chimiques.
A une époque où l’homme a oublié ses origines et s’est même rendu aveugle aux facteurs les plus essentiels de sa survie, l’eau comme bien d’autres ressources est devenue victime de son indifférence.
Comme le dit Jean Rostand, « l’obligation de subir nous donne le droit de savoir ».
Il ne s’agit pas de dire que les insectes ne posent aucun problème et qu’il est inutile de lutter contre eux. Je pense simplement que, d’une part, la lutte doit être menée en fonction des réalités et non d’estimations fantaisistes, et que, d’autre part, les méthodes employées ne doivent pas nous détruire en même temps que les insectes.
L’homme a perdu l’aptitude à prévoir et à prévenir. Il finira par détruire la Terre.
Albert Schweitzer.
Les produits chimiques générateurs de cancers sont implantés autour de nous pour deux raisons: parce que nous les y avons mis en cherchant à nous rendre la vie plus agréable et plus facile - et parce que leur fabrication, leur vente et leur application sont rentrées dans nos moeurs. (p.229)
La contamination de notre monde n'est pas seulement une affaire de pulvérisation massive. Les innombrables petites expositions, quotidiennes et permanentes, peuvent s'avérer plus dangereuses encore. Comme l'inlassable filet d'eau qui ronge peu à peu la pierre la plus dure, ces contacts continuels avec de dangereux produits chimiques, de la naissance à la mort, peuvent se révéler désastreux.
(...) Personne ne peut plus éviter les contacts dangereux, à moins de vivre dans le plus complet isolement. Le citoyen moyen, abusé par la propagande commerciale, et par la facilité avec laquelle on acquiert les pesticides, s'entoure de substances mortelles sans bien s'en rendre compte, ou même s'en douter. (p.173)
Sur des portions de plus en plus nombreuses du territoire américain, le retour des oiseaux n'annonce plus le printemps, et le lever du soleil, naguère empli de la beauté de leur chant, est étrangement silencieux. (p.113)
Nous pourrions éliminer bien des végétaux indésirables en faisant appel à des insectes bien choisis. Les experts de l'aménagement des terres ont ignoré cette possibilité, bien que les insectes soient peut-être les mangeurs les plus particularistes du monde, et que l'extreme monotonie de leur regime alimentaire puisse être tournée à l'avantage de l'homme. (p.98)
S’il y a de la poésie dans mon livre sur la mer, ce n’est point parce que je l’y ai délibérément mise, mais parce que personne ne peut décrire fidèlement la mer en omettant la poésie.
Lors de la réception du National Book Award, pour "Cette mer qui nous entoure"
Nous sommes à l'âge du poison ; le premier venu peut acheter sans explications à tous les coins de rue des substances beaucoup plus dangereuses que les produits pour lesquels le pharmacien exige une ordonnance médicale. Il suffit de cinq minutes de promenade dans un supermarché pour effrayer le client le plus intrépide, lorsqu'il connaît un peu la nature des produits chimiques offerts à son choix.
Dans tous ces cas, la même question monte aux lèvres : qui a pris la responsabilité de déclencher ces empoisonnements en chaîne, de lancer cette onde mortelle qui progresse en s'élargissant comme les rides créées à la surface d'un étang par la chute d'une pierre ? Qui a placé dans un plateaux de la balance les feuillages que le scarabée aurait volés pour se nourrir, et dans l'autre, les pitoyables amoncellements de plumes multicolores, les dépouilles des oiseaux victimes de l'aveugle furie des poisons insecticides ? Qui a décrété, qui à le droit de décréter (au nom de légions de personnes que l'on n'a point consultées) que le bien suprême est un monde sans insectes, même s'il doit être aussi un monde stérile que ne réjouira plus la grâce d'une aile en plein vol ?