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Critiques de Rachel Kushner (86)
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Le Mars Club

Cela commence avec le long trajet en bus qui les amène à Central Valley, la prison pour femmes de Stanville. Parmi elles la narratrice, Romy Leslie Hall, détenue W314159, vingt-neuf ans, condamnée à deux peines de réclusions à perpétuité plus six ans.



D'emblée le récit nous installe dans la dynamique qui le portera jusqu'à sa fin, sorte de coq-à-l'âne nous emmenant alternativement entre présent et passé, oscillant entre le quotidien des détenues et les souvenirs d'enfance et de jeunesse de Romy, qui évoque ainsi le parcours où germèrent les graines de son destin.



Romy n'a "l'intention de vivre ni longtemps, ni brièvement", elle accueille la perspective de ses années de réclusion avec une certaine passivité, tranquillisée par le fait que son fils de six ans a été recueilli par sa mère. Elle n'a plus de projet, seulement des regrets : celui d'avoir travaillé au Mars Club, et d'y avoir rencontré "Kennedy le Pervers"...



Ses souvenirs nous emmènent à San Francisco. Loin du mythe bohème de la Beat Generation et des drapeaux arc-en-ciels, la ville qu'elle décrit est celle du brouillard, des pubs irlandais et des bagarres de la Saint-Patrick, des rues où se succèdent les magasins d'alcool. Rues où dès l'âge de dix-onze ans, elle a traîné avec une faune dont elle était partie intégrante, celle d'enfants et de jeunes adolescents livrés à eux-mêmes, à la tentation de la drogue et des petits larcins entraînant de plus grandes transgressions... Romy a connu plus que son lot de gâteaux fourrés en guise de dîners pendant que sa mère s'enfermait dans sa chambre avec son mec du moment, qui changeait souvent. Ne pensant qu'à la défonce, elle a fini strip-teaseuse au Mars Club, "le plus notoirement infâme, miteux et bordélique de la ville".



Elle était quasiment condamnée à ce nihilisme qui rend les gens comme elle incapables de faire des études, de s'insérer dans la société, de décrocher un vrai boulot, de croire tout simplement en l'avenir, ... et qui, quand ils se retrouvent devant la justice, héritent d'un avocat commis d'office et de l'absence de la moindre chance de s'en tirer à bon compte. Elle est en même temps consciente d'avoir souvent fait les mauvais choix, et de n'avoir pas dirigé sa colère sur les bonnes personnes.



Celles qui partagent son quotidien à Central Valley sont souvent, comme elles, des femmes malmenées par la vie, qui n'ont pas eu l'occasion d'apprendre les codes d'insertion dans une société qui fabrique elle-même ses exclus, et reporte ensuite sur eux leur opprobre, les érigeant en symbole d'une violence sans doute censée faire oublier celle qu'elle leur a elle-même infligée.



Pour autant, la solidarité pénitentiaire est une denrée rare, qui peine à trouver sa place entre la violence des unes et le repli protecteur des autres. La vie en prison est une vie de solitude, l'isolement de Central Valley empêche les visites des proches, pour celles qui en ont encore. Et il faut encore subir la haine des surveillants et le ravalement au seul statut de criminelle, qui annihile tous les autres : derrière les barreaux, vous n'êtes plus ni femme, ni mère. L'incarcération se réduit à s'efforcer de survivre à l'absurdité et à la détresse, par exemple en se recréant un ersatz de cellule familiale.



Rachel Kushner dépeint cet univers carcéral sans angélisme mais avec humanité, nous attachant à ses héroïnes cabossées. La structure de son récit, en multipliant les fils conducteurs, peut dérouter, mais elle a l'avantage de donner de l'amplitude à son intrigue.


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Le Mars Club

Romy Hall, 29 ans est incarcérée à la prison de Stanville, en californie pour y purger deux peines à perpétuité plus six ans pour le meurtre d’un homme qui la harcelait. L’auteure dresse un tableau sans concession d’un système pénal et carcéral terrible et caractéristique ce ce pays champion de l’incarcération. Ce récit nous parle de la condition des femmes et nous interroge sur le déterminisme social irrigant la société américaine. L’inhumanité et l’inéluctabilité de ce qui advient à cette femme sont illustrés de façon magistrale dans ce récit. 
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Le Mars Club

Qu'elle déception.

j'attendais d'être "embarquée" au vu des critiques mais en vain.

Je reconnais que l'univers carcéral est très bien décrit , l'univers de ces laissés pour compte de la société américaine féroce et injuste ; mais Romy Hall et son histoire tragique ne m'ont pas touchée , j'ai eu peu d'émotion malgré le sujet et suis restée simple lectrice de ce roman .
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Le Mars Club

Un livre que je n'aurais sans doute pas lu s'il n'avait reçu le prix Médicis étranger. La vie dans une prison féminine n'est pas ma tasse de thé et le milieu de la violence, de la prostitution, de la drogue ne m'attire pas beaucoup. Mais quelle force dans ce récit!

La vie au jour-le-jour en prison est rythmée par des retours en arrière grâce auxquels on comprend progressivement les raisons de l'incarcération et la vie de la jeune Romy. Les nombreux personnages qui l'entourent ont souvent un lourd passé. Ce ne sont pas des innocentes qui sont là, certaines sont dans le couloir de la mort. Mais pourquoi en sont-elles arrivées là? La dureté des structures sociales américaines pour les pauvres n'y est pas étrangère et n'engendre que violence.

Rachel Kushner semble s'être très bien documentée sur le système carcéral américain et décrypte de façon sérieuse la société américaine des laissés pour compte. Il n'y a pas de pathos, la majorité ne se plaint pas mais il y a peu d'espoir dans ce récit. Personne ne va attendre les prisonnières quand elles sortiront.Les personnages sont néanmoins attachants et leur solitude émouvante.

Romy n'a que son amour de mère pour l'aider à survivre et l'espoir de retrouver son fils, un petit garçon dont elle ne sait plus rien.

Au final un beau roman malgré la dureté du thème.

#LeMarsClub #NetGalleyFrance






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Le Mars Club

La littérature américaine n’en finit pas de détricoter le rêve américain, accumulant au fil des pages les figures cabossées des laissé(e)s pour compte, des oublié(e)s. Il ne doit pas rester grand monde sur cette route du succès, tant les bas-côté sont surpeuplés par celles et ceux laissé(e)s là et qui ont perdu, si tant est qu’ils/elles en aient déjà eu, leur espoir de s’en sortir.



Au fond de la fosse où se dissout l’American Dream se trouve la population subissant la privation de liberté. Les prisonniers, oui. Il n’est pas question dans le livre (ni ici d’ailleurs) de savoir si ces personnages méritent ou non l’enfermement, encore moins de débattre de l’utilité des prisons. En bonne américaine, l’auteure semble défendre une forme d’auto-défense toute yankee, mais ce n’est pas non plus le cœur du livre.



Ces femmes, puisqu’il s’agit d’une prison de femmes, sont là, emprisonnées, chacune résultant d’une succession de mauvais choix, de mauvaises rencontres, aboutissement de trajectoires chaotiques. Rachel Kushner nous détaille leur quotidien de violence, de désespoir, d’abandon et de vin « fait maison ».



Romy, principale narratrice, est au centre du récit et devient bien vite le symbole des violences faites aux femmes par les hommes, par la société et par cette machine sans âme qu’est l’administration judiciaire.



De sa jeunesse au déroulement des jours sans fin de la prison, passant par toutes les évènements qui l’ont conduit ici, nous suivons cette jeune femme contre qui les dieux semblent avoir une dent. Sa détermination à retrouver son fils se cogne aux murs de l’administration, comme un papillon de nuit à un lampadaire, avec obstination et inutilité.



Le système judiciaire, arbitraire et inhumain, est passé au crible sous la plume de l’auteure, la quasi inexistence des femmes, encore plus lorsqu’elles sont précaires, dénoncée avec force.



Construit très habilement, ce roman se dévore sans que l’on s’en rende compte. Les personnages que l’on croise, même furtivement, participent au déroulement des jours, s’étirant lentement, poisseux comme une nappe de pétrole.



Flic ripoux ou prof attentif, codétenues ou surveillants, ils et elles peuplent ce récit tragique où les valeurs semblent parfois renversées.



Un roman âpre et bouleversant, à l’écriture habitée par ce sentiment d’enfermement et de tragique, rendant inéluctable ce qu’il advient.



Une tragédie, dont la première scène vous happera aussitôt, pour ne plus vous lâcher.



C’est beau et terrible.
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Le Mars Club

Rommy Hall, 29 ans, une ancienne strip-teaseuse du mars club, est condamnée à perpétuité pour avoir tué l’homme qui la harcelait. Incarcérée en prison en Californie, elle purge sa peine.

Le roman nous montre la vie âpre de ses femmes emprisonnées, maltraitées par la prison mais aussi par la vie. On y suit les vies de plusieurs personnages : la narratrice qui revient sur son passé à San Francisco ; Doc, un flic véreux ; Gordon, un prof qui donne des cours aux prisonnières ; Kurt Kennedy, son harceleur… Malgré l’alternance de points de vue, le roman se lit très bien. On ne s’ennuie pas, les liens entre les personnages sont très bien ficelés.

C’est un roman dur et très noir dans lequel la drogue, la prostitution le crime sont monnaie courante. Mais on ressent une certaine humanité et solidarité dans la vie carcérale de ces femmes coupables, mais malgré tout souvent victimes de leur condition sociale et des circonstances. A travers ses personnages, l’auteur dissèque l’Amérique des laissés-pour-compte et l’absurdité du système carcéral et pénal. Une très belle écriture, poétique bien que souvent crue.
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Le Mars Club

"Mars Club" est une lecture laborieuse et enrichissante.

Plongés dans une prison pour femme avec comme personnage principal Romy Hall, une ancienne prostituée qui est condamnée à perpétuité, nous découvrons la vie de ces femmes incarcérées.



Étant une fan de la série "Orange Is The New Black", le concept des prisons pour femme ne m'est pas totalement inconnu mais j'étais contente de lire un roman qui traite du sujet (car il n'y en a pas beaucoup).



Romy Hall est donc la personnage principale, même si nous suivons les vies de plusieurs autres personnes qui sont plus ou moins reliées à elle. L'auteur a décidé de ne pas tout dévoiler de l'ancienne vie de Romy, donc quand on commence le roman, on sait qu'elle est transférée vers une nouvelle prison, mais on ne sait pas pourquoi elle est emprisonnée et on ne le sera que beaucoup plus tard dans l'histoire. J'imagine que c'est une "stratégie" pour garder le lecteur dans l'intrigue, car dans une prison il ne se passe globalement pas grand chose.



Ce n'est pas une lecture ennuyeuse, mais le rythme est assez lent et les actions sont peu nombreuses. Cependant, les personnages sont tous attachants et on veut en savoir plus sur chacun d'eux, ce qui nous donne envie de continuer le livre jusqu'à la fin.



La fin est assez surprenante, ce que j'ai apprécié. Pour le coup, je ne m'attendais pas à un retournement de situation, mais j'ai été surprise par cette fin et du coup j'ai terminé le roman sur une bonne note.



On sent que l'auteur a fait de nombreuses recherches sur le sujet des prisons pour femmes (et hommes aussi) et cela est visible dans la trame de l'histoire et les descriptions.



Ce n'est pas le meilleur roman de cette rentrée littéraire, cependant "Mars Club" reste une lecture très intéressante qui envoie un message plus grand que juste de raconter une histoire.
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Le Mars Club

Lauréat du Prix Médicis étranger en 2018, ce roman a pour trame littéraire le parcours d’une détenue, Romy Hall, dans une prison où elle purge une double peine à perpétuité.



La vie peut elle subitement basculer dans l’enfer de la réclusion à perpétuité?



Le Mars Club, c’est avant tout le récit d’une mère, d’une femme comme il en existe tant aux Etats-Unis. Celle qu’on croise souvent au supermarché, mal fagotée, fatiguée, et qui semble chercher le sens de sa vie. Son décor ? La somme de ses choix. Et les conséquences de ceux des autres sur sa propre vie.



Après avoir suivi et aimé la série Orange is the New Black, j’avais hâte de lire une autre histoire issue de l’univers carcéral. J’avais déjà approché cette thématique à plusieurs reprise avec Iboga et En ce lieu enchanté, mais jamais un roman ou la femme était au centre de l’histoire.



C’est un roman qui doit être lu. Non pas parce qu’il a été lauréat d’un prix, mais parce que l’histoire de Romy Hall est criante de simplicité et à la fois tellement injuste.

Et puis non en fait, il est juste si l’on en croit les règles. Mais malgré tout il existe après la lecture une forme de compréhension de la sentence. On y découvre aussi les lacunes et les absurdités de la justice américaine.



Au départ, Romy Hall est très digne. Forte. Elle tient à ses principes, et ne s’accorde aucune faiblesse. La douleur et les craintes qu’elle éprouve à l’égard de son fils Jackson sont ses seuls points de repères. Après tout, qu’aurait-elle pu faire d’autre que ce geste qui l’a conduite au pénitencier de Stanville?



Lire la suite ...
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Le Mars Club

Une lecture passionnante, addictive, mais terrible. On découvre le monde sans pitié des prisons américaines et celui de la vie de pauvres gens à San Francisco dans les années 80.

Un portrait sans concessions des travers du système judiciaire des États-Unis à cette époque-là
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Le Mars Club

Le récit débute par une scène crépusculaire lorsque des détenues sont transportées dans un bus dont on ignore la destination. Le ton est donné dès le début : Une des femmes – une jeune fille d’une quinzaine d’années – enceinte, est transportée dans une cage pour un motif inconnu.

C’est dans cet univers très noir que le lecteur fait la connaissance de Romy, 29 ans, incarcérée pour un meurtre dont les circonstances seront révélées au fil du récit. Romy a été condamnée à deux peines consécutives, perpétuité puis 6 ans.

Et pourtant, Romy résiste à la violence carcérale car son fils, Jackson , sa raison de vivre et de résister est dehors élevé par sa mère. Lorsque Romy apprend le décès sa mère, son incarcération devient alors insurmontable.

C’est un roman très noir centré autour du parcours de Romy. Romy est originaire de San Francisco où elle évoluait au milieu des trafics, de la prostitution, de la drogue, l’envers noir d’une ville prétendument idyllique. Romy a vécu dans « une beauté qu’il lui est interdit de voir », ternie par les regards et les mains des hommes dans la boite de striptease Le Mars Club où elle évoluait soir après soir.

D’autres personnages entrent en scène dont Doc, ancien flic pourri et ex-amant d’une détenue du couloir de la mort. Et surtout Gordon, qui pense que l’instruction peut ouvrir au monde et dispense des cours dans la prison, se prenant d’amitié pour Romy.

Miraculeusement, de ce décor sordide, il se dégage une certaine poésie. La force et la détermination de Romy sont impressionnantes. C’est infiniment triste et beau à la fois.

A la lecture de ce roman, je me suis vraiment questionnée : de tels lieux de détention existent-ils dans ce grand pays, berceau de l’American Dream ?

En effet, la prison est dégradante. Les règlements de compte qui ponctuent le récit renforcent l’absurdité et l’inutilité de ces incarcérations/humiliations. Toutes ces femmes souffrent, les mères, leurs enfants, les transsexuels dont le sort est cruel. Peu de « blanches » parmi les détenues, des mexicaines, des femmes de couleur. C’est l’Amérique des exclus, des sacrifiés, de ceux à qui il n’a jamais été donné de chance de vivre dignement.

J’ai vraiment été très touchée par ce récit terrible, puissant et tellement humain. L’écriture est superbe, alterne phrasé cru, violent et fulgurances poétiques.

Un grand roman de la rentrée littéraire à découvrir très vite, qui ne laisse pas indifférent, découvert grâce à #netgalleyfrance » et aux Editions Stock.
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Le Mars Club

Romy Hall est incarcérée au pénitencier pour femmes de Stanville pour avoir tué Kurt Kennedy, l’homme qui la harcelait alors qu’elle travaillait comme stripteaseuse au Mars Club. Doublement condamnée à perpétuité, Romy va devoir apprendre à vivre sans son fils Jackson qu’elle a confié à sa mère. Elle va devoir aussi apprendre les codes de la prison, gérer les relations avec les autres détenues et les matons, vivre malgré tout. Mais un jour, elle apprend que sa mère est morte dans un accident de voiture et, déchue de ses droits parentaux, elle n’a plus aucune nouvelle de son fils…

Le roman aurait du s’appeler Stanville car à l’instar de la série Orange is the new black, l’auteure s’attache à décrire le quotidien d’une prison pour femmes, les amitiés, les rivalités, les matons, les professeurs… C’est un donc un roman bien documenté mais à l’intrigue passionnante portée par plusieurs personnages bien campés : Gordon Hauser le professeur altruiste, Doc le policier pourri, et surtout Romy qui a gâché sa vie sur un coup de tête. Un must-have pour tout amateur de récits se passant en prison.

Merci à NetGalley pour le partenariat.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Les lance-flammes

Reno a terminé ses études en Beaux-Arts- spécialité vidéo- dans une université du Nevada, et part pour New York sur sa moto Valera, une autre de ses passions.

A la fin des années 70, New-York palpite de son marché de l’art florissant, bercé par les effluves toujours palpables de la Factory, et les artistes conceptuels et minimalistes. Reno, assez ingénue pour rester candide tout en ayant une réelle ambition, est « choisie » par Sandro Valera, fils du richissime constructeur de motos italien, lui-même célèbre représentant du Minimal Art. En rupture avec sa famille qui a traversé sans encombre la seconde guerre mondiale, nous suivrons, en parallèle de l’histoire de Reno, le destin du patriarche Valera et de ses descendants, du futurisme italien aux Brigades Rouges.



Avis

C’est bel et bien un roman “d’apprentissage” que nous livre ici Rachel Kushner. Férue de moto et d’art, comme Reno, on se demande tout au long du livre quelle est la part d’inspiration autobiographique, l’enjeu qui aurait lancé son envie d’écrire ce roman. Quel dommage qu’elle n’est pas été plus présente dans les échanges pendant le Festival America!!! Je n’ai même pas pu la rencontrer…



Peu importe.



S’il est intéressant d’écrire une chronique “à chaud”, laisser passer un peu temps permet parfois de mieux rendre justice à l’auteur. Je suis sortie de ce livre en me disant, “beau projet dommage que ses relecteurs ne lui aient pas conseillé de couper un certain nombre de passages, bien trop bavards. Dommage que ses proches ne lui aient pas fait comprendre que certaines ficelles narratives soient si visibles qu’elles rendent fastidieux ce qu’elle voudrait passionnant”. Ce qui fait que j’ai abrégé par moi-même quelques chapitres. Pourtant, même si les logorrhées de quelques personnages ou le jeu stylistique des répétitions peuvent frôler la complaisance formelle, ces “défauts” d’un deuxième roman ont aussi un avantage: nous plonger dans un certain endroit de vide (par ces artistes contemporains amoureux de leur propre voix) et de disponibilité (par Reno, celle qui les écoute, ouverte à toutes les expériences). Encore indéterminée amoureusement et artistiquement, elle se promène, ainsi que ces petits derniers de contes de fée, réceptive à ce qui arrive et nous permet de suivre avec elle une galerie de personnages nuancés et attachants, le portrait d’une époque, somme toute. Dans tous les cas, elle grandit, et la vacuité qui semble caractériser ce moment de sa vie, la forme sans doute à tout jamais: discussion, trahison, déception, espoir, attente, doute… Un passage à l’âge adulte baigné par le doux regard de la jeune femme.

De plus, Rashel Kushner nous permet d’embrasser tout le 20è siècle, entre Italie et Etats-Unis, le début de l’art moderne et l’avènement de l’art contemporain. A lire sans aucun doute, fort des défauts et des qualités de l’ouvrage.
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Les lance-flammes

Les Lance flammes me laisse perplexe.



Face à ces quelques 500 pages, j'ai tout d'abord été un peu perdue car la narration alterne entre deux époques : le New York des années 70 dans lequel on suit Reno, jeune femme aspirant à devenir artiste ; la fin de la Première Guerre mondiale, en Italie, à laquelle participe Valera au sein d'un escadron motorisé. Le lien entre les deux époques et ces personnages n'apparaît pas immédiatement. On comprendra par la suite que le Valera de ce début du XXe siècle n'est autre que le père du petit ami de Reno dont on va suivre le parcours à travers les décennies durant lesquelles il construira un empire industriel basé sur la fabrication de motos et de pneus.



Le deuxième aspect qui ne m'a pas convaincue tient au fait que la grande majorité des personnages que croise Reno lorsqu'elle vit à Soho est tout simplement insupportable : qu'ils aient déjà acquis une reconnaissance dans le milieu artistique ou qu'ils cherchent à s'y faire une réputation, ils sont imbus de leur personne et aiment s'entendre discourir. Nous avons donc droit à de multiples divagations à propos de sujets divers qui pour ma part m'ont généralement laissée de marbre. Il en est de même lorsque Reno part en Italie et y rencontre la famille de Sandro Valera, la palme d'or du personnage haïssable revenant sans conteste à la mère !



Enfin, le dernier point négatif (et non des moindres) tient au personnage de Reno lui-même. Jeune femme ayant quitté son Nevada natal pour un haut lieu artistique de New-York, elle souhaite y percer grâce à la vidéo. Or, si elle a de vagues projets, elle ne réalise finalement pas grand chose à ce niveau. D'autre part, sa relation aux hommes (en particulier Sandro), toujours plus âgés qu'elle, m'a agacée. Elle semble se laisser conduire, porter par les faits et les gens, passivement. Le seul trait de caractère positif qu'on peut lui reconnaitre est le fait qu'elle s'adapte rapidement à des milieux sociaux radicalement différents.



Si je m'arrêtais là, on pourrait croire que j'ai détesté ce roman de bout en bout. Or, ce n'est pas le cas. Et c'est bien pour ça que je ne sais pas quoi en penser. Car au milieu de tout ce qui m'est apparu comme des aspects négatifs, certains passages et personnages sont de franches réussites. Par exemple, la description de la participation de Reno à une course de vitesse, la Speed Week, à Bonneville, sur une immense plaine de sel. Ou encore les scènes de pillages lors d'une coupure d'électricité à New York. Le récit d'un soulèvement populaire au cours d'une manifestation en Italie est également excellent. Le personnage de Burdmoore, ancien membre des Motherfuckers, un gang armé révolutionnaire ayant sévi au milieu des années 60, nous raconte les hauts faits de ce groupe marginal et c'est un plaisir ! Enfin, le récit du parcours du père de Sandro, notamment les manières de procéder en Amérique du Sud afin de récolter le caoutchouc au moindre coût en réduisant en esclavage les indiens autochtones, est franchement intéressant. La qualité et l'originalité de l'écriture sert à merveille la description de scènes hors normes.

Voilà pourquoi ce roman me laisse un sentiment extrêmement mitigé. A découvrir afin de se faire son propre point de vue.



Il m'a été donné de lire ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique, je remercie donc grandement Babelio ainsi que les éditions Stock.
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Les lance-flammes



Reno aime la vitesse. La photographie. Le land art*.



Cette ancienne championne de ski a délaissé les pistes enneigées pour les routes de l'Utah, qu'elle parcourt à moto à destination de la plaine de Bonneville.

Cette vaste étendue de sel est chaque année le théâtre d'un concours de vitesse auquel elle a l'intention de participer pour la première fois, et d'y mêler ses trois passions, en filmant les traces que laissera son engin lancé à toute vitesse pour en faire une oeuvre d'art.







Au gré d'une chronologie parfois bouleversée -mais jamais déstabilisante, le fil de l'intrigue étant parfaitement maîtrisé-, nous la suivons de Bonneville à Manhattan, des Etats-Unis à l'Italie. Cette jeune étudiante a en effet quitté son Nevada natal -qui lui a valu son surnom- pour la frénésie New-new-yorkaise, et la possibilité d'approcher le monde de l'art. Nous sommes dans les années 70, les jeunes artistes occupent des loft au loyer modique dans le quartier de Soho. Rompant avec les valeurs et le mode de vie de pères riches et puissants, une partie de la jeune génération se plait à mener une existence bohème, et à afficher ses sympathies gauchistes.

La narratrice porte sur cet univers qu'elle découvre un regard à la fois curieux et ouvert, donne le sentiment qu'elle essaie de capter une énergie par laquelle elle pourra se laisser porter.

Mais dans ce milieu qui cultive l'ironie et le second degré permanent, où la plupart des individus semblent se mettre en scène, rares sont les relations sincères et profondes...







Il n'empêche que "Les lance-flammes" est un roman foisonnant, en mouvement permanent, dont l'auteure, à l'image de son héroïne, aime prendre des risques, en multipliant les perspectives. Aussi, elle mène son lecteur d'une époque à l'autre, entrecoupant le récit de l'éducation amoureuse, artistique et intellectuelle de Reno d'épisodes où elle met en scène l’aïeul Valera, du cœur du premier conflit mondial à la jungle sud-américaine où, quelques années plus tard, il supervise la récolte du caoutchouc pour le compte de son empire naissant...

Elle n'hésite pas, de même, à nous faire franchir les frontières culturelles et sociales, tantôt assistant à la dernière exposition de quelque nouveau talent dans une galerie new-yorkaise avant-gardiste, et tantôt plongés au sein des affrontements opposant les forces de l'ordre aux jeunes romains en colère, dans l'Italie des années de plomb.



Reno est le fil conducteur qui, au gré des événements et de ses impulsions, nous entraîne dans un tourbillon dont Rachel Kushner contrôle parfaitement la dynamique.



C'est dense et passionnant...c'est A LIRE !
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Les lance-flammes

Ce livre est indéniablement un des romans américains contemporains à lire cette année : une grande histoire, des protagonistes inoubliables et une écriture unique !



Si je n'ai pas lu le premier livre de cette auteure qui avait déjà été finaliste du National Book Award, je ne pouvais passer à côté de ce second dont je n'avais entendu que le plus grand bien. Le gros point fort de ce livre c'est de nous faire voyager dans l'espace et dans le temps : vous verrez l'Italie fasciste, les USA des 70's... Rachel Kushner réussit le défi de nous raconter tant d'histoires différentes, tant de sensations divergentes et cela sans pour autant que le lecteur se perde.



J'ai vraiment aimé le personnage de Reno, une femme pleine de répartie, de ressources, parfois naïve et parfois énigmatique. Au travers d'elle il nous est permis de découvrir tout le monde de l'art new-yorkais : un portrait réaliste, sincère, critique d'un monde si sûr de lui et qui semble si parfait. Le plus impressionnant c'est le contraste entre ce protagoniste débarquant du Nevada, jeune motarde encore pleine d'espoir et cet univers rempli de personnes sophistiqués et superficiels.



Une rencontre va tout chambouler, un être va tout changer : Sandro un italien. Le lien est ainsi fait entre les deux pays et le lecteur apprend constamment, s'envole d'un paysage à un autre. Tout cela du fait d'une écriture travaillée, sublime et parfois plus forte que le récit. Ainsi la forme prend le pas sur le fond.



J'ai beaucoup aimé ce livre mais il y a deux points qui m'empêchent d'avoir le coup de cœur : d'une part j'étais plus intéressée sur l'univers américain qu'italien -même si j'ai beaucoup appris et que c'est un point fort indéniable dans une lecture- et d'autre part je trouvais que certains passages étaient trop longs, trop lents, comme si l'auteure voulait absolument nous montrer de quoi elle était capable, que son style relevait du virtuose.



En définitive, une excellente lecture à mettre dans toutes les bibliothèques des amoureux de la littérature américaine !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Les lance-flammes

On perçoit quelque chose de Proust parmi le scintillement d'images que recèle Les lance-flammes. L'auteure nous livre une œuvre d'art moderne composite - matières et lumières teintées des émotions de personnages aux vies croisées qui s'articulent autour d'une structure implacable.
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Télex de Cuba

La couverture de ce roman n’est vraiment pas terrible !

Je l’ai associé immédiatement – trop rapidement sans doute – avec ses palmiers et son reflet du cocotier dans la piscine, aux histoires sirupeuses des telenovelas, desquelles ne décollent pas les autochtones des Amériques Sud et Centrale !

Passez cette impression erronée, s’écoule bien une centaine de pages, avant que ne soit installé tangiblement le décor et que « Télex de Cuba » harponne son lecteur.

Puis, enfin, il y a rupture ce qui permet au livre de se dérouler selon un bon rythme de croisière : les personnages se font de plus en plus familiers tout en présentant une réelle complexité, le cadre historique émerge progressivement et se dissous savamment dans les petits et grands drames de ces colons nord américains contraints à quitter leur paradis tropical.

Rachel Kushner a su, c’est certain, rendre crédible cette ambiance si particulière de la vie à Cuba fin des années 50. Cependant, sa vraie réussite dans cette fresque romanesque, est ce qu’elle laisse à penser, à ressentir et à exprimer de l’après Cuba aux personnages ayant survécu!

Alors là chapeau !

Chacun à sa manière, révèlera sa nostalgie des années vécues dans le giron de la société "United fruits", comme aucun ne se risquera à nier que ces années les ont façonnés en les marquant du sceau de l’indélébilité.

Rien que pour le traitement de cette partie du récit, le temps consacré à la lecture ne sera pas du temps perdu !

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Télex de Cuba

Cuba dans les années 1950, le quotidien à Preston, ville "réservée" aux Américains qui travaillent à Unifruitco, compagnie sucrière qui exploite les terres de pratiquement toute la région de l'Oriente. Le décor est idyllique lorsqu'on habite La Avenina, l'avenue où résident les cadres de l'entreprise. Ils ont reconstitué une Amérique améliorée, l'argent coule à flot, et les domestiques vous procurent un confort sans pareil. Rachel Kushner fait intervenir plusieurs narrateurs dans son récit. L'un d'eux, K.C Stites, le fils du directeur de la compagnie, n'est qu'un enfant au début de l'histoire.

L'auteur a l'intelligence de ne pas lui prêter une pensée plus critique qu'il n'est possible à son âge. Il vit, heureux, comme un coq en pâte, et le sort réservé aux ouvriers, leurs habitats misérables, la discrimination ostentatoire, rien ne le choque. Le monde est ainsi et lui aime son existence, paradis exotique où l'argent rend tout facile.

Peu à peu , d'autres narrateurs prennent le relais, une autre enfant Everly Leveler dont le père vient d'être nommé cadre dans une usine de nickel , proche de Preston. Venant des USA, son regard est une peu différent de celui de KC. Tout ne semble pas lui aller de soi.

Vient ensuite Maurel, Français au passé et au présent très trouble, agitateur, marchand d'armes, homme extrêmement complexe qui contemple avec cynisme la montée en puissance des frères Castro et la perte d'influence des Américains.

Pendant la lecture de ce roman, le lecteur oublie qu'il est en 2014, il est plongé dans le Cuba d'avant l'ère castriste et se délecte des multiples personnages dépeints par l'auteur, des paysages des Tropiques, du monde que Rachel Kushner reconstitue avec une incroyable maestria !

A la fin du roman, KC reprend la parole et murmure à notre oreille sa nostalgie de son paradis perdu, une très belle conclusion.
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Le Mars Club

Ouf terminé!

J’ai grand mérite a n’avoir pas abandonné et je m’interroge sur ce prix Médicis étranger



Un roman «quelque chose encore de dégueulasse» dans le genre «ah c’est la merde de partout » C’est vrai quand une fillette de 12 ans ( chut je n’en dirait pas plus pour vous laisser le plaisir de le lire) à minuit propose du valium à des adultes on sait ce qui va suivre dans le roman et donc on n'est pas loin de la nausée. c’est l’overdose du «grand MAL» (non je ricane car c’est mesquin) narrée innocemment par Kushner Rachel

Mais quel intérêt de faire des resucées de livre crados et mal écrits (encore, si il avait le style mais même pas!)

Devenir une grande écrivaine maudite à remuer les remugles de la société américaine le fameux « way of life » à l’instar des grands maîtres certifiés d’autrefois? Un manque d’imagination? On plagie sans se douter que cela a été déjà écrit et lu cent fois.

Et puis des livres si sombres, si décadents (non là aussi je rigole) si pleurnichards ! Si on peut pleurer sur Cosette ou plus proche de nous sur Luca et Lydia dans « American Dirt » de Cummins Jeanine, peut-on le faire décemment sur cette brave taularde décérébrée ?



C’est vrai que ce livre primé par un Médicis en 2018 vient juste après celui de Cognetti Après la beauté cristalline des « huit Montagnes» Les jurés en ont eu assez de respirer le bon air et on fait une rechute dans la gadoue! C’est plus facile de se rouler dans la fange que d’élever les esprits!

Bref je m’égare.



Au sortir de mes lectures de «Chelsea Girls» de Eileen Myles où se succédait alcool, drogue et sexe du début à la fin, au sortir de «Jayne Mansfield 1967» de Simon Liberati où cette fois c’était sexe, médocs et alcool sans parler des «détectives sauvages» de Roberto Bolaño (moins excessif quand même) ou se côtoyaient sexe, alcools, vomis et drogues on peut se demander si ces écrivailleurs ont bien vocation à écrire et à s’appeler écrivains.



On se retrouve devant les même alcools, à croire qu’ils (les auteurs) participent à un sponsoring, devant les même drogues et la bonbonne de protoxyde d’azote, les mêmes scènes de cul, la même déchéance humaine, la même absence d’idéal, les même personnages maudits (chez Eileen Myles), ici Anton LaVey, les mêmes références morbides ici encore le satanisme (itou pour Eileen Myles), la même crasse, la même farniente insipide, les mêmes boulots crétins, les mêmes individus dégénérés, la même pollution de l’air, de l’eau etc.



Et on glisse par ci par là de la littérature haut de gamme mais à peine un zeste, Dostoïevski, Thoreau (un comble) pour montrer que tout n’est pas perdu et du pouvoir rédempteur de la littérature. Celle de prison est d’ailleurs parfaitement adaptée « Une fille facile » (histoires d’ivrognes)« Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage » (pour aérer l’ incarcérée) « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » (idéal pour une meurtrière) « Factotum » Charles Bukowski (sans commentaire) Jesus’ Son (drogue)

Quelques problèmes de genre avec des trans pour être de son temps et corser le problème, quelques rapports avec le prof l’un «amoureux» et elle manipulatrice, quelques remarques déplacées de ces salopes de gardiennes, quelques histoires avec d’autres personnages dont le fiston bien évanescent quand même car il faut bien étoffer le récit, quelques souvenirs et voilà tout



Un énième nanar sur le grand mal de la société occidentale avec son personnage qui nous est présenté pour être sympathique car broyé par l’implacable administration pénitentiaire qui manque sérieusement d’empathie pour ses pensionnaires

Et avec ça il faudrait être compréhensif et surtout compatissant. Franchement!
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Le Mars Club

De la difficulté à se séparer de l’image qui rassemble deux oeuvres ayant le même sujet mais dont les intentions sont différentes. Quoique j’en sais rien, c’est juste ce que je me suis efforcé de faire pendant toute ma lecture.



Parce que oui, Le Mars Club pourrait servir de terreau à une dixième saison d’Orange is the New Black, sauf que la protagoniste n’est pas issue du même milieu que Piper Chapman/Piper Kerman. L’une étant issue d’un milieu aisé et qui se retrouve en prison après un délit moins grave que celui d’avoir commis un homicide comme l’a fait Romy Hall.



Romy doit son prénom à Romy Schneider, mais à l’instar de son modèle nominatif, Romy Hall est un grain de sable dans la marée humaine de San Francisco, de ceux qu’on voudrait retirer de sa godasse parce que ça gêne et dont la vie ne nous intéresse pas, une invisible qui cherche à subsister aux besoins de son enfant en étant stripeuse. Jusqu’à ce qu’elle bute le sale type qui la harcelait constamment, même après avoir tenté de lui échapper, le meurtre étant la dernière solution à sa détresse, tuer pour être libre.



Le Mars Club ne s’arrête pas à ce que vit Romy au sein de cette prison pour femmes, ni à l’injustice ressentie face à la double peine à perpétuité dont elle a écopé pour son crime. Il évoque aussi l’histoire d’un intervenant extérieur érudit et fan de Thoreau et de l'Unabomber, des codétenues de Romy, des vies des gardiens qu’on haït de base pour ce qu’ils représentent, des histoires qu’on se raconte pour que la vie carcérale soit plus supportable alors que de notre point de vue plus que confortable, il aurait été beaucoup plus facile de baisser les bras.



La couverture m’avait évoqué une photo de Nan Goldin et j’avais fait mouche. C’est bien une photo de cette artiste et je trouve qu’elle colle parfaitement à ce qu’on ressent à la lecture du Mars Club -si tant est qu’on connait l’histoire de Goldin (les violences conjugales, les 3 autres quart d’heure de glaires américaines qu’on vit le restant de sa vie en espérant qu’arrive enfin le quart d’heure de gloire pour lequel on s’illusionne).



J’ai adoré. Parce qu’il enlace OITNB comme il sait aussi s’en éloigner avec un génie particulier, c’est une violence anesthésiée, des cris étouffés par le pouvoir, le patriarcat et l’administration, l’invisibilsation de personnes qui se lèvent chaque jour en attendant avec courage qu’il se termine. Rachel Kushner plante des graines aléatoires qui prennent forme, dont certaines crèvent mais tant pis y’a rien d’autre à faire que d’en replanter.



C’était éprouvant, mais pfiou. C’était nécessaire pour les mises à niveau qu’on ne voit même plus.
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