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3.46/5 (sur 40 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Nouvelle , le 09/07/1955
Biographie :

Rachel Leclerc obtient un baccalauréat et une maîtrise en études littéraires de l'Université du Québec à Montréal.

Elle est reconnue comme une figure importante parmi les auteurs de sa génération. À titre de poète, elle a obtenu plusieurs récompenses, notamment les Prix Émile-Nelligan et Alain-Grandbois, ainsi que le Prix de poésie des Concours littéraires de Radio-Canada en 2007.

Son premier roman, Noces de sable, a reçu le Grand Prix Henri-Queffélec en France. Elle a fait paraître depuis deux autres romans : Ruelle Océan et Visions volées.

Elle a été écrivaine en résidence à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) en janvier 2007 et se trouve actuellement en résidence au Camp littéraire Félix à Notre-Dame-du-Portage. Son plus récent livre de poèmes, Demains, a paru au printemps dernier aux Écrits des Forges.



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Source : /www.fiptr.com/
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Bibliographie de Rachel Leclerc   (11)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Toi et moi infléchis par le temps et l’espace
nous tombons sous les parallèles de la terre
dispersés dans nos veilles
dispersés dans nos quêtes

Et nos maisons, nos rêves, nos armes
dorment sous les forêts, les villes
avec la lourdeur des choses primaires
ou inachevées, se réclamant toujours
de la poussière et du sang, au fond des océans
d’une manière ancienne de naître et de vivre.
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Le chaland quitte la rade au matin
passe entre nos mains de brume et de briques
elle est pour nous cette obstination des heures
un soleil en aumônière au-dessus du port
et toutes les quilles du fleuve percutant le ciel.

Mon amour à bout de nuits
nous avons remorqué des monuments de joie
mais désormais c’est la volonté de nos sangs
qui en échafaude à jamais la douleur
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Voici le terrestre et le connu
l’aérienne patience des montagnes
comme si lamer n’attendait pas
que l’on dresse une table
un langage peut-être
pour la réconciliation
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Après la déclinaison des étoiles
tu pourras dormir sans méfiance
mais sans désir
le cœur ensablé
on ne te reconnaîtra pas de sitôt
le droit de monter la garde
aux lieux des passages séculaires
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Imagine la joie de peindre
les entrelacs de ton amour

imagine que le bonheur est un loukoum
sur un trottoir de Paris

et puis meurs
exerce-toi chaque jour
à la suffocation des roses.
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La vérité se cache derrière ceux-là
qui ne se retournent pas pour la regarder
porte close sur les vivants la vérité
s’ouvre à ceux qui plongent et avancent
à grandes foulées contre des oriflammes
jusqu’à la pierre de leur naissance
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On a cru que ça ne s’arrêterait jamais, que le ciel était crevé. Heureusement, il y avait la mer pour prendre toute cette eau qui dévalait les collines et les montagnes et courait jusqu’au bord des falaises. Mais la terre a quand même été vite saturée, gorgée des pluies diluviennes du printemps.
Le sol n’était plus qu’un lac de boue, et on mettait des heures à rassembler son courage pour sortir chercher un bout de lard ou un quart de mélasse qu’on faisait marquer au magasin de la Compagnie. La pêche ayant cessé depuis des semaines, c’était congé pour une centaine de familles. Les femmes, en passant devant le miroir suspendu près de la porte du magasin et voyant le grand bienfait de toute cette humidité sur leur teint ordinairement malmené par le soleil et le vent salé de la mer, se disaient en elles-mêmes qu’elles seraient bientôt aussi belles de peau que des Anglaises.
On avait commencé la pêche en mai. Ça tirait sur la ligne de chanvre durant tout le jour, et le poisson se donnait comme jamais. Mais dès le début de juin, la mer s’est soulevée, presque jusqu’à toucher les nuages, et a rejeté toutes les barges à voile qui s’y aventuraient. Il a fallu rentrer la morue qu’on venait de mettre à sécher sur les vignots. On a fini par croire que la saison était perdue, et la peur de la faim a donné mal au ventre à quelques-uns des hommes qui, ayant eu une mauvaise pêche l’année dernière et étant tombés en disgrâce aux yeux de la Compagnie, ne bénéficient pas cette année d’un crédit suffisant pour nourrir une famille.
Une langue de terre s’avance dans la baie et longe la côte sur presque deux kilomètres, c’est le banc. L’une des plus importantes compagnies de commerce de poisson d’Amérique du Nord y a son quartier général depuis quelques dizaines d’années, la Richard Thomas & Co. Chantier naval, entrepôts, magasin, forge, maisons des engagés. Cette langue de terre forme un bassin, le barachois, à l’entrée duquel peuvent s’avancer les navires, ceux qui repartent chaque automne, remplis à craquer de marchandises recueillies auprès des pêcheurs, poisson, huile, fourrures. Chaque hiver, ce barachois entre dans ses glaces ; on peut alors enlever la longue et fragile passerelle de bois qui relie le banc à la côte pour la saison de pêche et qui permet à chacun de circuler à sa guise.
Ici, ce n’est pas l’océan avec ses hauts rideaux de vagues, ses plages de farine et son horizon qui donne un sens noble et excessif à l’idée de profondeur. Non, ici c’est une véritable baie. Conciliante, imparfaite, presque humaine. Mais tout le long de la côte, à l’est comme à l’ouest, même si parfois le regard est arrêté par une courbe du littoral ou par le bras de la province voisine, on dit la mer. On le dit comme une faveur à soi-même. Et à tout prendre c’est bien elle, la mer, qui vous monte au cœur dans le silence du matin ou au crépuscule, quand vous marchez vers elle avec la fatigue d’un guerrier vaincu qui réclame ses miroirs.
On gruge lentement son avenir alors que le passé n’est pas encore remboursé. La chair de cette année est déjà donnée avant d’être prise, servant à effacer les dettes des mois d’hiver. Quand la chair se refuse, entre les mains restent les dettes et la frustration.
Et l’on sent monter en soi le désir fou d’anéantir les hommes de Jersey dont le nom règne depuis cinquante ans sur ce village et sur une bonne partie de la péninsule.
On a vu un homme, une femme, un enfant sorti tout à coup de l’enfance qui restaient de longs moments sous l’averse pour une prière, ou peut-être une litanie d’injures. On a vu des ombres qui se tenaient dans le brouillard, immobiles et perplexes, et le brouillard est devenu si dense autour d’elles qu’on ne savait même plus si c’étaient des ombres de riches ou des ombres de pauvres. Mais on ne voulait pas savoir, ulcéré de confondre des êtres dont la différence était criante en pleine lumière. On a compris sans l’admettre que chez tous, riches et pauvres, l’impuissance est la même et qu’elle a le temps de devenir colère quand elle remonte des mains vides jusqu’aux yeux incrédules.
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(à propos de l'écriture d'un livre)
Le plus dur, c'est la couvaison. Bien que malaisé, sortir un oeuf n'est pas une tâche impossible. C'est après que ça se corse, quand il faut le reconnaître comme sien et vivre avec, quand il faut l'aimer, le bichonner, le rouler jusqu'aux sommets où trône l'éditeur et ensuite, lorsqu'il est enfin prêt à faire sa vie, le jeter dans la fosse aux critiques. Tout cela demande davantage d'inconscience que de talent. [...] La capacité de lancer un livre ordinaire aux côtés de chefs-d'oeuvre - qui sont tout de même rares - dépend de la dose d'humilité qui vous habite, autrement dit de votre façon de brider le narcissisme. Une fois qu'on a vraiment, mais vraiment tout donné, il faut fermer les yeux sur les défauts de fabrication et être content.
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Ce que je trouve terrible dans la mort, c'est de perdre la mémoire. Un jour, on est là avec toute une vie derrière soi. L'instant d'après, c'est comme si on n'avait jamais existé, il ne reste plus rien dans notre tête, même pas un carnet de souvenirs qu'on pourrait feuilleter quand on en a besoin. Parce qu'on n'a plus de tête! Être mort, c'est oublier soi-même qu'on a vécu.
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Atteignant l’extrême sud de la ville où j’apercevais des gens solitaires assis devant leur téléviseur en train de regarder la guerre dans un pays lointain, et interrogeant tout cela pour en tirer une parcelle de sens, je me disais que mon père et moi n’étions pas faits pour durer, que tout ce que nous avions construit et construisions encore s’effondrait à mesure, tout n’était que surface avec du vide en dessous. Nous n’étions pas meilleurs ni pires que les autres, nous n’avions pas le sens du temps, de sa continuité, encore moins de sa profondeur; nous allions mourir et c’était très bien, il n’y aurait plus qu’à devenir poussière d’or, humus, qu’à nourrir la terre, et ainsi nous serions plus utiles morts que vivants.

Un père et sa fille vivent dans le Montréal des laissés-pour-compte, tentant d’accéder à la liberté, mais chacun à sa manière et en dépit du passé trouble qui les lie.
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