Toi et moi infléchis par le temps et l’espace
nous tombons sous les parallèles de la terre
dispersés dans nos veilles
dispersés dans nos quêtes
Et nos maisons, nos rêves, nos armes
dorment sous les forêts, les villes
avec la lourdeur des choses primaires
ou inachevées, se réclamant toujours
de la poussière et du sang, au fond des océans
d’une manière ancienne de naître et de vivre.
Le chaland quitte la rade au matin
passe entre nos mains de brume et de briques
elle est pour nous cette obstination des heures
un soleil en aumônière au-dessus du port
et toutes les quilles du fleuve percutant le ciel.
Mon amour à bout de nuits
nous avons remorqué des monuments de joie
mais désormais c’est la volonté de nos sangs
qui en échafaude à jamais la douleur
Imagine la joie de peindre
les entrelacs de ton amour
imagine que le bonheur est un loukoum
sur un trottoir de Paris
et puis meurs
exerce-toi chaque jour
à la suffocation des roses.