Rachel Van Dyken

Ce n’est peut-être pas dans la perfection que les choses prennent leur sens, mais dans le chaos.

- Tu es exactement là où l'univers veut que tu sois.
- Dans ton lit ? le taquinai-je
- Non, fit-il en posant les lèvres sur ma bouche. Dans mes bras.

- Où que je sois, quoique je fasse, vivant ou mort, jeune ou vieux, mon cœur sera toujours avec le tien. Chacun des battements que tu sens au bout de tes doigts (...) c'est moi qui t'appelle. C'est toi qui réponds. C'est nous qui parlons, qui communiquons, qui nous lions, qui partageons. Qui vivons, Kiersten, nous qui vivons.
(...) Alors il n'y aura jamais de raison de craindre que nous manquions de temps, car nous garderons notre rythme.

P.211

Elle rampa lentement jusqu'au trou où arrivait l'échelle et faillit tomber de la cabane en se prenant les pieds dans les barreaux.

- Tu es sûre que tu n'as pas bu ? demanda Travis en riant.

Elle le toisa et continua de descendre. Arrivée au dernier barreau, son pied glissa dans l'échelle, et la corde s'enroula autour de sa cheville, la faisant tomber à terre.
Accueillant ce moment, elle posa la tête sur l'herbe et ferma les yeux en croisant les mains dernière sa tête.

- Bien installée ? dit Travis au-dessus d'elle.
- Parfaitement bien. Je l'ai fait exprès, bien sur.
- C'était fait avec tant de grâce que ça ne pouvait être que volontaire.

— Qu'est-ce que tu aimes le plus ? taquina-t-elle. Mes cheveux ou mon cœur ?
— Pourquoi ne me donner que deux choix ? N'omets pas tes jambes, ton rire, la façon dont tu te mords la lèvre lorsque tu réfléchis, la sensation de ton souffle sur mon visage, le son de ta voix le matin, la façon dont tu goûtes, les trois tâches de rousseur sur ton nez, la répartition de tes cils, l'esprit de compassion, l'âme déterminée... Alors pourquoi s'arrêter à tes cheveux ou ton cœur ? Comment veux-tu que je choisisse ? Quand ce que j'aime le plus chez toi, c'est toi.

Parfois, quand la vie est trop dure, quand on est en colère ou qu'on a peur, la meilleure chose à faire est de rire. Rire au nez de la peur, de tout ce qui t'effraie le plus. C'est la seule façon de traverser les épreuves qui te donnent envie de pleurer.

- Il faut que je m’explique.
- En effet.
Kacey essaya de se dégager, mais il maintint ses bras verrouillés autour d’elle.
- J’avais peur…
- Pourquoi fais-je peur à tous les hommes ? le coupa-t-elle, blessée et interloquée.
- Laisse-moi terminer.
Il sourit, et elle s’agaça plus encore en sentant son ventre se serrer à ce spectacle.
- Te tenir dans mes bras, t’embrasser, te faire l’amour… C’était tout ce dont je rêvais, et, d’un coup, je me suis senti comme un idiot parce que je me suis perdu dans tout ça sans te dire ce que j’ai toujours voulu te dire ma vie entière.
- C’est-à-dire ?
- Que je t’aime, répondit-il d’une voix tremblante. Toi, rien que toi. Je t’aime tellement que j’en ai le souffle coupé.
- Tu respires, pourtant, là, maintenant, l’aiguillonna-t-elle, essayant de rester en colère tandis que son cœur tambourinait dans sa poitrine.
- Uniquement parce que je respire ton souffle. Parce que tu es dans mes bras. Kacey, je ne veux plus jamais te quitter.

- Merde, merde, merde !
- Kace, qu'est-ce qu'il y a ?
- U-une araignée géante ! Sur ton cul !
-ENLEVE-LA ! hurlat-t-il d'une voix peu masculine.
Kacey s'écarta lentement de lui.
- Je ne peux pas ! Tu sais bien que j'ai peur des araignées ! Et si elle me saute dessus ?
- Je préfère qu'elle te saute dessus plutôt qu'elle me mange un bout de fesse ! Fais-lui peur, bon Dieu !
- Si je lui fais peur, elle va te manger et je ne veux pas avoir ça sur la conscience.
Les yeux de Kacey s'écarquillèrent.
- Oh mon Dieu, elle bouge ! Elle est vraiment horrible ! Tu ne peux pas serrer ou bouger les fesses pour voir ?

P. 209

- Elle est venue à mon secours ; elle m'a dit qu'elle serait toujours là pour moi, qu'elle s'occuperait de moi. C'est pour ça que ça m'a paru vraiment bizarre quand elle a cessé de m'écrire, le mois dernier. Et puis, Jake est arrivé avec cette horrible histoire, selon laquelle elle était malade, mourante... Alors, j'ai accepté de venir, même si ça impliquait de berner tout le monde au passage.

- Je comprends.

De son pouce, Travis effaça une larme échappée sur la joue de Kacey. Elle retint son souffle. Ses yeux se posèrent sur les lèvres de Travis, puis leurs regards se croisèrent.

- Kace...

Il baissa lentement la tête malgré l'urgence qui agitait son coeur et son corps.

- Maintenant, je vais t'embrasse.
- D'accord.

Guérir, c’était se lever chaque jour alors qu’on aurait préféré rester au lit ; guérir, c’était sourire au lieu de pleurer ; guérir, c’était garder la tête haute malgré les démons qui essayaient de vous faire baisser les yeux. Et la vie en regorgeait, de ces occasions de fuir au lieu de rester à affronter l’orage. On ne vous apprend jamais ça, à l’école. On ne vous apprend jamais que les poissons qui survivent, ce sont ceux qui nagent à contre-courant.

Le problème, quand les gens vous révèlent leur douleur, c'est que, la plupart du temps, cette peine devient la votre.
Et j'étais dévastée.

Ce n'est peut-être pas dans la perfection que les choses prennent leur sens, mais dans le chaos.

Un condamné n'avait-il pas droit à un dernier vœu ? Même les prisonniers du couloir de la mort avaient droit à un dernier repas. Kiersten était le mien.

Il déposa un baiser sur son front et tendit une main vers le plateau de chocolat.
- Tiens. Le chocolat arrange tout.

Kacey hocha la tête.
- Maintenant...
Nadine ajusta sa veste cintrée.
-... moi, j'ai un rencard.
- Mamie, il est neuf heures du matin.
- Et alors? Qui a dit que les rencards devaient avoir lieu le soir?
Elle sortit un tube de rouge à lèvres et arrondit les lèvres pour les recouvrir.
- Moi, ce que je dis...
Elle pinça les lèvres pour étaler le rouge.
-... c'est que, si on a un rencard le matin, ça laisse la journée pour s'amuser.

- Tu vas souffrir. Tu en es consciente, au moins ?
Kacey soupira.
- Je souffrirai d'une manière ou d'une autre, Travis. J'ignore seulement auquel des deux frères je donnerai l'occasion de me faire du mal, tu ne vois pas ?
Il resta muet.

- Tu es encore plus loyale que mon chien, et il est aveugle, ce qui veut dire qu'il dépend de moi pour tout, même pour aller pisser.

- Bon, prête à voir les macaques ?
- Tu ne m'avais pas dit que Jake était là ! répliqua-t-elle en lui donnant une petite tape dans le dos.
- Oh, il y en a toute une cage ! Suis-moi, tu vas voir !
Travis la prit par la main et l'emmena voir les singes.
Dès qu'ils s'arrêtèrent devant leur emplacement, un singe commença à déféquer au pied d'un arbre, un autre se gratta les fesses et un troisième se mit à lécher une partie de corps très privée.
Travis soupira.
- Ah ! Ca me donne l'impression de revoir Jake grandir.
Il posa une main sur son coeur en poussant des soupirs émus.

Je vais te donner un premier baiser tellement inoubliable que plus jamais tu ne voudras être embrassée par un autre. Quand l’homme dont tu tomberas amoureuse t’embrassera, il aura tout intérêt à te faire oublier ce fameux baiser, autrement cela signifiera qu’il n’est pas le bon. Car de mon côté, je vais faire ça bien, et je veux que celui qui gagnera ton cœur, qui le tiendra dans la paume de sa main… Je veux que cet homme soit capable de te faire ressentir ce que moi je vais t’inoculer maintenant. Est-ce que tu comprends, Kiersten ? (...) Je veux que la terre tremble.

L'amour ne se soucie ni du temps ni des règles.