Rachel Ward

Comment se douter qu'on puisse autant aimer un être dès l'instant où on l'aperçoit ?

Rappelle-toi mon amour. C'est tout ce qui compte.
J'ai gardé son amour. Cela, rien ni personne ne pourra me l'enlever. Même pas la mort.

" - [...] On nait, on vit, on meure. C'est tout.
Ma philosophie en trois mots "

Si vous y tenez, je peux vous dire pourquoi vous êtes là. […] Vous allez mourir. […] Et la personne à côté de vous aussi. Et celle derrière vous. Et moi. On va tous mourir. Tout le monde dans cette église, tout le monde dehors. Vous n’avez pas besoin que je vous le dise. Mais il y a autre chose. […] Vous êtes tous vivants en ce moment. Vous avez encore plein de jours à vivre. […] On sait tous qu’un jour ça s’arrêtera, pour chacun de nous, mais on ne devrait pas y penser. […] Surtout si vous avez trouvé quelqu’un qui vous aime, c’est ça le plus important. Si c’est le cas, alors vous goûterez chaque seconde en sa compagnie…

" On a trop vite fait de s'attacher aux gens, et ensuite, ils s'en vont. Au bout du compte, tout le monde finit par s'en aller."

Je pose l’enveloppe sur mes genoux, la regarde. L’écriture de maman. Sa main a tenu ce bout de papier, mais qu’est-ce qu’il reste d’elle dessus ? Je l’effleure du bout des doigts. J’ai envie de lire ce qui s’y trouve mais je sais qu’ensuite ce sera fini. Il ne me restera rien d’autre d’elle. Comme si elle me disait de nouveau au revoir.

Si tu commences à oublier mon visage, ma voix ou n'importe quoi d'autre, ne t'inquiète pas. Rapelle-toi juste mon amour. C'est tout ce qui compte.

" La vie n'est pas un film que l'on peut rejouer 10 fois. "

- Saul, je vous en prie ! Laissez Sarah et le bébé tranquilles. Je vous en supplie.
- Comme je l'ai dit, tu es jeune. Tu auras tout le temps d'en faire d'autres.
Autant que tu voudras.
J'en ai froid dans le dos.
- Arrêtez ! Dites pas ça.
- Quoi ? Voilà deux cent cinquante ans que je suis vivant.
Je sais de quoi je parle.

- Et vous en avez oublié d'être humain.
- Parce que tu sais ce que c'est qu'être humain, Adam ?
Je vais te dire, c'est d'abord une question d'intelligence.
De la supériorité sur les animaux. C'est pouvoir l'emporter sur la nature, persister.

Il a sans doute raison, d'une certaine façon. Mais il oublie le principal.
- Et l'amour, Saul ? L'échange avec les autres, le travail, la vie en commun ?
Et la famille, les voisins, les amis ?

Être hors de danger, ça n'existe pas, n'est-ce pas ? Notre vie ne tient qu'à un fil. Une chose, rien qu'une toute petite chose, et tout est fini.

...comment est-ce que j'oserais regarder en face un enfant, mon enfant, pour voir la date de sa mort avant même qu'il ait commencé à vivre ?

[Adam s'adresse à Sarah]
- Je n'ai que dix-huit ans, je me retrouve avec une copine et trois enfants à charge, un bébé en route et pas de maison, pas de nourriture. Et je sais que ça ne s'arrangera pas, mais qu'un jour ça s'arrêtera, parce que je vois la fin de tout et de tout le monde, et que je m'en serais bien passé. Et même ça, ce n'est pas sûr, ça pourrait encore changer. Ca pourrait se terminer dès demain ou après-demain, ou je ne sais quand. Tu crois que ça me fait plaisir ?

- N'aie pas peur. Je ne suis pas une méchante fée mais une gentille sorcière.

Au-dessus de la personne la plus grande, tel un arc-en-ciel, apparaissait une sorte d'inscription.
- Je crois que tu voulais écrire "maman", n'est-ce pas, Adam ?
Fronçant les sourcils, il fit non de la tête.
- Non, maîtresse. Je vous ai dit. C'est pas son nom. C'est son numéro. C'est le numéro de ma maman.

Maintenant, je commençais à saisir à quel point l'oubli pouvait parfois ressembler au paradis...

Comment sait-on que l'on devient fou ? Est-on différent, physiquement ? Peut-on le voir dans ses propres yeux ?

Derrière ma capuche, je ne l’apercevais qu’à moitié, mais quand il se dressa devant moi, je tournai instinctivement la tête et nos yeux se rencontrèrent un instant. Alors je le vis. Son numéro. 15122010. C’était l’autre raison qui me mettait mal à l’aise. Ce pauvre débile, il n’a vraiment pas de chance avec un numéro pareil!

" Vous savez ce que ça fait quand on vous dit des trucs comme ça? Quand la personne qu'on aime nous dit qu'elle nous aime aussi? Si vous ne le savez pas, j'espère que ça vous arrivera un jour."

Tout à coup, je me rends compte, comme si je ne le savez pas déjà, qu'on vit dans un monde froid et cruel, parmi des gens tout aussi froids et cruels.

On croit pouvoir s'en échapper mais c'est une illusion.
On croit pouvoir contrôler sa vie mais c'est une illusion.
On finit toujours par se faire avoir.

On se rend compte des trésors qu'on possédait que quand on les a perdus