Citations de Ramón Chao (19)
Ce n’est pas le TGV ni l’Orient-Express. Au contraire, il est fait de bric et de broc par des mains inexpertes mais passionnées.
Pour un macho, de Colombie ou d’ailleurs, une femme de sept lustres est tout juste bonne pour la poubelle. Faudrait les condamner tous à lire Ovide, pour qu’ils apprennent l’art d’aimer.
Être près de vous, c’est être dans un autre monde où n’existent ni la violence ni l’envie, ni la fausseté, et chacun d’entre vous emporte un morceau de mon cœur. Vous êtes des personnes merveilleuses et, où que vous alliez, vous laisserez toujours la marque de la culture, de la persévérance, l’aventure, l’amitié, l’amour, la paix et l’amabilité.
On meurt beaucoup et très jeune ici. S’éteindre de vieillesse est un luxe.
Personne, chez le petit peuple, ne reste indifférent devant une main tendue. Ils donnent toujours l’aumône à celui qui la demande et ne disent pas, comme chez nous, que la charité avilit celui qui l’exerce autant que celui qui en bénéficie, ou que la pauvreté est un problème qui ne concerne que l’État.
L’important est de leur parler. C’est la parole, seule, sans contenu, qui attire les bêtes.
La Colombie est le paradis des juristes, avocats-plaideurs : une bouteille contient un demi-litre “environ” d’eau minérale, une boîte “approximativement” quarante allumettes, tout ceci pour éviter les procès kafkaïens ; la parole n’a aucune valeur, dévalorisée qu’elle a été par les politicards et leurs mensonges toujours renouvelés.
Les moustiques montent des rizières. Ils nous réveillent, on se barricade, duvets et couvertures en guise de fenêtres, on se rhabille, mais le jején minuscule, qui a délogé le zancudo, se faufile entre les grillages, traverse même les blue-jeans, nous harcelant de piqûres extrêmement douloureuses. On met de l’insect-écran, de l’Autan, de la citronnelle. Quelques-uns avalent de la vitamine E, à l’odeur si épouvantable qu’elle éloigne les copines et les copains, mais pas les moustiques.
Il est des voyages dont on ne commence à percevoir les apports qu'à la fin. Prenant de la hauteur, je remarque que l'exil fut essentiel pour moi. Je ne conçois plus ma vie sans lui. Il est comme ma patrie ou comme un territoire caché auquel on ne peut plus renoncer une fois qu'il a été révélé.
J'ai appris que, dans la vie, il faut prendre des décisions risquées, sinon on ne va nulle part. J'en suis le meilleur exemple.
Ils sont là pour le rêve et ses incohérences ; pour eux, ce qui importe, c’est de mener à bien une aventure impossible, de jouer devant un public vierge, de communier avec lui et basta. Qu’on ne vienne pas leur dire qu’ils sont quelque chose comme des “ambassadeurs de la culture”.
On ne peut tout de même pas empêcher les larmes de couler. Nous sommes hébétés, ahuris de constater que le pari impossible devient réalité. Notre train roule et il est superbe, à chaque courbe que dessine la voie, les têtes se penchent pour admirer l’ensemble du convoi.
Celui qui possède des richesses, ce n'est pas de les avoir qui le rend heureux, mais d'en jouir, non pas en cachette, mais au vu et au su de tous.
Le père de Manu Chao nous sert une histoire d'un homme coincé dans une cheminée. Métaphorique et délirant à la fois.
Cette paperasserie est le seul visage de l’administration pour la majorité des Colombiens qui ne connaissent de l’État que la loi del embudo, de l’entonnoir, “le côté large pour eux et l’étroit pour nous autres”.
Quand on est au fin fond, on ne peut que remonter.
Ce qui est bon, si c’est court, est deux fois bon.
On ne peut obtenir tout ce qu’on demande, alors on se débrouille comme on peut.
Il était très important de savoir qui est qui, qui fait quoi.
La neutralité politique et notre condition d’artistes, offrant de surcroît un spectacle gratuit et populaire, seraient les meilleurs garants de notre sécurité.