vous n'avez aucune idée de jusqu'où vous pouvez aller,jusqu'au jour où vous déployez vos ailes.
Le jeune homme planta la lame directement dans l'œil gauche d'Atkinson. Qui se creva dans un joli bruit mouillé de bouteille que l'on débouche. Un liquide clair se répandit sur la face immobile du vieillard.
Les vainqueurs étaient rentrés chez eux sous les acclamations de la foule, les perdants sous l’opprobre général, mais au bout du compte ceux qui étaient morts l’étaient vraiment sans que la planète ne s’arrête pour autant de tourner. Arnold avait lu quelque part qu’on avait ensuite appelé les survivants la “génération perdue”. Ils avaient combattu jusqu’à la fin, mais la guerre leur avait pris leur âme.
Jamais. Dans le monde de Stephen King, les héros n’abandonnent jamais.
Arnold serra le livre contre son cœur. Si son propre cœur n’était plus capable de le soutenir, ce livre le remplacerait. Il n’avait plus de jambes, mais ce livre serait sa béquille. Le bout de sa langue avait disparu, mais ce livre parlerait à sa place.
Le canif planté dans l'œil mort, et maintenant crevé, d'Atkinson se mit à pencher lentement, et vint finalement se poser sur la joue décharné du vieil homme. Le globe oculaire était hideusement sorti de son orbite et semblait observer Arnold, glacé de dégoût et de terreur.
Nouveaux titres dans les journaux : sous l’emprise de la peur, un jeune garçon assassine son beau-père. Il fallait que je le fasse, explique le jeune garçon à la police, c’était Hitler.
Le regard des flics était en général capable de vous percer un trou au fond de l’âme pour y lire ensuite toutes vos pensées comme en un livre ouvert.
C’était un gros livre, comme il les aimait, presque trop lourd pour que l’on puisse les tenir d’une main. Mais rien à voir avec les énormes bouquins de King. Les bouquins de King, eux, étaient intéressants dès le début de l’histoire. Ce Mein Kampf, par contre, ne l’était pas du tout.
L’idée que les scientifiques égyptiens aient pu le disséquer le rendait malade. Monsstre n’était certes pas un génie, mais il s’était avéré être le meilleur ami dont puisse rêver un petit garçon malheureux.
L’histoire parlait d’une bande de gosses qui se bat contre un monstre incroyable qui peut prendre n’importe quelle apparence : vampire, loup-garou, Créature du Lac Noir. Même une momie, si c’est cela que vous craignez le plus. Ce qui vous fait le plus peur, voilà le monstre auquel vous avez droit. Et les gosses sont vainqueurs, enfin, au moins au début. Même quand tout leur paraît perdu, ils n’abandonnent jamais.