Excerpt: Artist Talk | "In That Case: Anthony Discenza and Peter Straub"
A la lumière qui flamboyait au bord du rideau je sus que la journée allait être chaude.
Nous allions avoir un de ces insupportables étés new-yorkais où les crottes de chien fument comme des beignets sur les trottoirs.
"Ceci est un cours de réalité. Tout acte sexuel est un viol, pur et simple. Je mets ma queue dans votre chatte. J’ai connu des femmes que ça rendait folles de plaisir, mais c’était quand même un viol… (Il s’enfonça d’un centimètre.) Et vous savez pourquoi ? Parce que quand c’était fini, elles m’appartenaient. C’est ça, le secret."
Il se détestait lui-même, ça je le savais. Les gens qui se détestent eux-mêmes, qui ne supportent pas ce qu'ils croient être, sont capables de tout, vous savez.
- C'est exact, dit Pa. Vous êtes trop jeunes pour savoir ce que c'est que le sexe, les enfants, mais il n'est jamais trop tôt pour apprendre quelques faits. Le sexe est une activité que partagent les hommes et les femmes, sauf qu'on y prend plus de plaisir qu'elles.
- Je ne fais pas d'excès de boisson, déclara Alan Brookner. Je bois exactement la quantité dont j'ai envie.
C'est différent. Les ivrognes, eux, boivent trop.
- Je suis écrivain. Kohle s'est présenté comme un fan. Il m'a apporté quelques exemplaires à dédicacer. Du même roman qu'il a déchiré et sur lequel il a pissé.
Simultanément, Borca déclara :
- J'imagine qu'il n'a pas tellement apprécié votre style. (...
Maggie demanda :
- Il y a beaucoup de dégâts ? demanda-t-elle.
- C'est surtout un peu gênant répondit Tim.
- Ah on le sent bien, oui, constata Borca. En fait, ça pue carrément.
- On dirait de la pisse de tigre, dit Beck.
L'écrivain les précéda dans le couloir.
- Je me rappelle avoir senti ça au zoo, quand j'étais petit, ajouta Beck, marchant de profil pour éviter de se cogner aux portemanteaux.
L'odeur avait macéré durant les dernières minutes. À présent, elle était si intense qu'elle piquait les yeux.
Maggie poussait un petit cri en voyant les dégâts.
" Vingt jours. Tu ne sais pas ce que c'est là-bas, hein, Miteux ?"
Pirate cracha par terre un épais jet de salive jaunâtre.
" C'est comme quarante jours en enfer. En enfer, tu es déjà mort, dans la jungle, tout le monde essaie de te tuer. ça veut dire que tu ne dors jamais vraiment. Que tu VOIS des choses."
Pirate ricana et lança sur le plateau un autre cadavre.
" C'est foutrement vrai".
- Tu vois ta petite amie s'envoyer un connard, tu vois tes copains se faire bousiller, tu vois les arbres bouger, tu vois des trucs qui ne sont jamais arrivés et qui n'arriveront jamais, mon vieux.
- Sauf ici, dit Pirate.
- Vingt jours", répéta Ratman.
Une rangée de crânes servait de presse-livres et de décoration sur une longue étagère du salon. On les avait méticuleusement nettoyés et peints avec une laque grise qui leur donnait un air artificiel, comme des masques de Halloween. (Les livres entre les crânes étaient surtout des livres de cuisine et des manuels de savoir-vivre ayant appartenu à Florence Dragonette.)
Et la chose se reproduisit. Il était ailleurs. Pour la première fois, il comprit qu'il voyait, ce qui allait se passer. Il faisait nuit et un peu plus frais que dans la réalité. Les bruits de la querelle s'étaient évanouis comme s'était évanouie la maison. Tabby le savait sans avoir besoin de se retourner. De grands arbres tout autour : devant lui, le croisement de deux routes. Les lumières des grandes maisons à travers les arbres. Il sut qu'il se trouvait dans le Nord, en un lieu qu'il avait jadis connu. Il était arrivé quelque chose d'affreux. Les phares d'une voiture arrivèrent sur lui, l'éblouirent.
"Ça y est ? Nous avons surmonté notre joie ? Nous nous sommes habituée à l’enthousiasmante réapparition de notre vieil ami ? Nous sommes bien convaincue que toute manifestation bruyante aura pour résultat une opération artisanale de la trachée artère ?"