Citations de Régis de Sa Moreira (180)
- Auriez-vous un livre avec deux femmes, quatre hommes, et trois enfants ?...
- Auriez-vous un livre où tout se passe dans un bois ?...
- Auriez-vous un livre dans lequel une princesse croit trouver la mort... et se rend compte ensuite qu'en fait, elle a trouvé l'amour ?
- Auriez-vous un livre dont l'héroïne s'appelle Teresa ? ...
- Auriez-vous un livre qui contienne à plusieurs reprises le mot : mansuétude ?...
- Auriez-vous un livre avec Gary Cooper ?
- Auriez-vous un livre sans aucun appareil électroménager ?...
- Voyons, voyons... dis le libraire. Même pas un frigidaire ?
- Surtout pas un frigidaire.
Bonjour Constance, dit le libraire en l'entendant.
Salut...
Que deviens-tu ?
Constance traîna des pieds, s'assit par terre face au bureau du libraire, et sourit.
Ce que je suis, répondit-elle.
Le libraire la regarda avec admiration
Non. Toi, tu as compris. Tu n'as pas supporté. Car c'est ce qu'ils font tous là-bas, tu le sais, ils supportent, ils tolèrent, ils acceptent. Toi, tu as refusé.
Les clients préférés du libraire ne savaient pas ce qu'ils cherchaient. C'était pour ça qu'ils étaient ses préférés.Ils étaient si timides que lorsqu"ils s'adressaient au libraire c'était la plupart du temps à travers des questions qui n'avaient pas grand chose à voir avec le fait qu'il était libraire.
- Pensez-vous qu'il va pleuvoir ?
- Y a t-il un cinéma dans le coin ?
- Pourrais-je passer un coup de téléphone ?
Le libraire qui n'avait pas toujours les réponses à leurs questions, encore moins le téléphone, s'arrangeait alors pour essayer de comprendre quels livres se cachaient derrière ces questions. (...) Mais les requêtes des clients préférés, au fur et à mesure qu'ils lisaient et que le temps passait, se précisaient et s'affinaient. Leur timidité se transformait peu à peu en exigence, tout en gardant l'innocence que le libraire aimait chez eux et qui mettait souvent au défi son orgueil de libraire. C'était aussi pour ça qu'ils étaient ses préférés.
- Auriez-vous un livre avec deux femmes, quatre hommes, et trois enfants? ...
- Auriez-vous un livre où tout se passe dans un bois ?...
- Auriez-vous un livre dans lequel une princesse croit trouver la mort... et se rend compte ensuite qu'en fait, elle a trouvé l'amour ?...
- Auriez-vous un livre dont l'héroïne s'appelle Teresa ?...
- Auriez-vous un livre qui contienne à plusieurs reprises le mot : mansuétude ?...
- Auriez-vous un livre avec Gary Cooper ?
- Auriez-vous un livre sans aucun appareil électroménager ?...
- Voyons, voyons... dit le libraire. Même pas un frigidaire ?
- Surtout pas un frigidaire.
Et un libraire capable de tabasser un client pour ne pas lui vendre un livre était, aux yeux de ce client-là, une perle rare. (p.114)
" Il ne voulait pas se retrouver une fois mort avec une vie qu'il n'aimait pas, simplement parce qu'il ne s'était pas donné la peine ou la joie d'y penser. D'imaginer. D'y passer du temps avec sérieux. Avec confiance aussi. "
- Vous l’avez lu?
- Oui, dit le libraire.
- Moi aussi, répondit le jeune homme.
Le libraire lui sourit. Le jeune homme prit confiance :
- Mais je l’ai offert à quelqu’un… à qui je n’aurais pas dû l’offrir.
- C’est difficile d’être sûr de ces choses-là, répondit le libraire.
- Oui, dit le jeune homme.
- Ne désespérez pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement…
Tu as beau lui dire que votre dernière année ressemblait sans plus au calme plat qu'à la tempête, elle persiste à t'expliquer que le mariage est un bateau dont il est idiot de sauter une fois qu'on est en mer, et qu'il est encore plus idiot de couler alors qu'on est à bord.
« L’idée d’un client à la recherche désespérée d’un livre se retrouvant devant une porte fermée l’angoissait. »
« Il aimait l’idée que les livres existent sans lui.
Il se demandait s’il n’aimait pas aussi l’idée de ne pas exister. »
« À des milliers de kilomètres de l’endroit où vous vous trouvez, dans un pays, dans une ville, une librairie parmi tant d’autres, un libraire ouvrit les yeux.
Il venait d’entendre le poudoupoudoupoudou de la porte d’entrée de la librairie.
Il rangea un peu son bureau puis il attendit. »
En bon gardien, le libraire suivait la vie de ses livres, saluait ceux qui partaient et accueillait les nouveaux venus. Il veillait sur leur sommeil, sur leur propreté et vers midi, le libraire allait jusqu'à nourrir ses livres, c'est à dire qu'il en prenait quelques-uns au hasard et en lisait des passages aux autres, à voix haute, en marchant dans les allées.