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Critiques de Rich Larson (89)
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Ymir

J'aime beaucoup les romans de SF qui en plus de proposer une vraie évasion, offre également une critique assez virulente de la société.

Avec Ymir on est en plein dedans et ce livre a été un coup de coeur.



Ymir est une planète à l'hiver éternel sur laquelle Yorick s'était pourtant juré de ne jamais revenir. Mais soumis aux ordres de la Compagnie, il doit accepter sa mission et partir à la chasse au Grendel, un monstre biotechnologique, qui sème la pagaille dans les mines d'extraction de minéraux et cause des pertes financières à la compagnie. Il doit également tout mettre en place pour faire échouer le début de rébellion qui agite autant les souterrains de la planète que les hauts dirigeants de la compagnie.



Yorick est donc obligé de retourner sur son ancienne planète, 20 ans après l'avoir quittée en fuite et à moitié démembré. Il doit jouer serré car il est considéré comme un traître parmi son peuple. Accusé d'avoir assassiné des centaines de personnes pour le compte de la Compagnie, il sait qu'au moindre faux pas, il sera reconnu et dénoncé.

Yorick est est un personnage atypique. Physiquement d'abord puisqu'il n'est pas humain. Son apparence différente n'a été qu'un détail pour moi puisque son fonctionnement et son mode de pensée restent proche de celui d'un être humain. Sa mandibule inférieure, arrachée par son jeune frère et qui a précipité sa fuite loin de sa planète, le rend difforme et lui pose de nombreux problèmes.

Alors Yorick se drogue. Il oublie la douleur physique et le souvenir de ce frère qui l'a mutilé. Pendant ses errements dans le coton trompeur de la drogue, Yorick se souvient.

D'avant la compagnie.

De sa mère violente, aigrie par les privations et l'abandon du père de ses enfants. Un père qu'ils n'ont jamais connu et dont on sait seulement qu'il n'était pas de cette planète. Yorick et son frère se trouvent souvent obligés de se battre pour exister, pour répondre au racisme qui les entoure, pour trouver une porte de sortie autre que finir dans les mines à creuser pour dénicher des minéraux pour le compte d'une Compagnie affamée.

Yorick se souvient. De son frère et de la tendre relation qu'ils entretenaient. Lui le grand frère courageux et bagarreur, l'autre, le petit qu'il fallait protéger et dont il ne comprenait pas l'innocence.

Et puis Yorick, de nouveau dans le présent, s'enfonce dans la mine, à la recherche du grendel et d'informations à rapporter à la Compagnie. Entre plongées souterraines, hébétitude hallucinée et verres descendus au bar, le profil de Yorick se dessine plus nettement. Son passé également.

Les sources de la haine entre les deux frères prennent forme et on se surprend plus d'une fois à espérer une fin heureuse pour ces deux personnages que le colonialisme a détruit.

Le roman joue beaucoup avec le concept de mémoire et comment celle-ci peut nous trahir.



Un livre sombre, une sale histoire

Un world building étonnant

Une one-shot très réussi.
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Ymir

J'ai acheté ce livre en grande partie pour sa couverture, que je trouve sublime. Malheureusement, ma lecture n'a pas été autant plaisante. Dans l'ensemble, c'est pas mauvais. L'histoire et l'univers sont assez sombre (comme j'aime) mais j'ai pas réussi à accrocher. Les personnages m'ont particulièrement ennuyés, les descriptions à rallonge et bien trop fréquente ont aussi été un frein pour moi dans ce livre. Et l'utilisation de beaucoup de vocabulaire que je ne comprenais pas forcément. Pourtant, Damasio ne m'a pas dérangé, ici je n'y suis pas arrivé.

Je suis tout de même allé jusqu'à la fin, voir comment ça se terminait. Donc je ne peux pas dire que ça m'a déplu totalement. J'aurai abandonné sinon. Je pense que c'est le style qui ne m'a pas plu finalement !

Au vu des bonnes critiques de ce livre, je pense donc juste que c'est une question de goût. Ici, je n'ai pas aimé.
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Ymir

Je me suis procuré ce livre aux dernières Utopiales mais ça n’a malheureusement pas été une grande réussite pour moi puisque cette lecture s’est soldée par un abandon.



Après 20 ans d’absence, Yorick est renvoyé sur sa planète natale pour une mission : éradiquer un grendel. Mais ce retour sur Ymir s’avère plus compliqué que prévu pour Yorick qui est encore hanté par les souvenirs de ce qui s’est passé la dernière fois qu’il y a mis les pieds.



Je suis pas mal embêté par ce livre parce que, dans l’absolu, j’ai apprécié ce que j’ai découvert de l’histoire. L’univers est sombre et violent mais très prenant. La société dépeinte est pleine de disparités et on rencontre une multitude d’espèces qui semblent toutes très intéressantes.



Le souci c’est que je n’ai pas réussi à accrocher à la narration, et notamment au style de l’auteur que j’ai trouvé extrêmement froid. Les chapitres sont courts, ce que j’apprécie d’habitude, mais là où ça permet généralement de dynamiser le récit, j’ai trouvé ici que ça rendait le tout très saccadé et pas franchement agréable. C’est évidemment une question de ressenti (d’autant que je suis dans une période où j’ai du mal à apprécier mes lectures, indépendamment de la qualité des livres) mais ça ne l’a vraiment pas fait pour moi et j’en suis le premier déçu.



Un autre point qui m’a gêné, c’est le résumé que je trouve très spoilant. Je me suis arrêté à la moitié du livre et au stade où j’en étais, je découvrais tout juste un point mentionné dans le résumé de l’éditeur. Il y avait quelques indices depuis le début, évidemment, mais c’était loin d’être explicite et je trouve dommage que le résumé donne cette information aussi tôt. Si vous pouvez, je vous conseille donc de ne pas lire l’intégralité du résumé avant de vous lancer dans cette lecture.
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Ymir

Ce n’était pas le moment pour moi de lire ce roman. « Ymir » est un roman exigeant, qui demande une implication, un investissement particulier au lecteur. Ce que j’étais incapable de faire actuellement. Je traverse une mauvaise passe, des problèmes familiaux importants, qui m’empêchent de me concentrer sur une lecture comme celle du roman de Rich Larson. Et puis, de toute façon « Ymir » est trop cyber-punk pour moi. Ce n’était pas le moment de lire ce roman, ce n’était même pas un roman pour moi pensais-je. Pourtant, je ressors de cette lecture complètement sonnée. Dire que j’ai adoré « Ymir » ne serait pas le terme juste. C’est au-delà de ça. Ce roman m’a remuée intimement comme jamais un roman ne l’avait fait. Je ne peux même pas dire que j’ai tout compris, j’ai ressenti.



Le style et la narration du roman sont vraiment particuliers. N’ayant pas pu y consacrer l’entièreté de mon cerveau, plein de choses me sont restées hors de portée, je n’ai pas tout compris. Et pourtant, il me semble que personne ne pourrait aimer ce roman plus que moi. Certains y verront un récit de SF d’action, ce qu’il est, certains y verront un roman à tendance cyber punk marquée, ce qu’il est, mais pour moi, il est avant tout un magnifique drame familial qui m’a bouleversée, faisant écho d’une façon plus ou moins proche à ce que je traverse actuellement. « Ymir » c’est donc une sublime histoire de famille où il est question de pardon, un thème qui est au cœur de mes préoccupations actuelles. Et ce roman m’a aidée à me mettre sur le chemin. Je ne suis pas encore parvenue au terme de ce voyage intérieur, c’est une véritable quête intime que j’entame mais « Ymir » a dégagé ce qui me cachait la route que je devais emprunter, il m’a mise sur la voie. J’aimerais tant pouvoir dire à Rich Larson combien je lui suis reconnaissante pour ça, le remercier. Je n’en aurai jamais l’occasion mais voilà, si quelqu’un lit ce modeste billet, pas très inspiré, je suis trop bouleversée pour être pertinente, si quelqu’un qui aurait la possibilité de le faire lit cette bafouille, qu’il lui dise que son roman m’a empêchée de sombrer, m’a donnée un élan, qu’il m’a, d’une certaine façon, sauvée. Merci Monsieur Larson.

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Ymir

Prends un café et assis toi, je vais te parler d'une planète au bord de l'implosion...



Nous faisons la connaissance de Yorick qui est sorti de stase par la Compagnie. Celle-ci veut l'envoyer sur Ymir, planète qu'il a juré de ne jamais revoir, afin de chasser un Grendel qui sème la mort.

Arrivé là-bas il sent que quelque chose ne tourne pas rond et pas seulement à cause de la bête, non quelque chose de plus familier, de plus proche.

Sur cette planète de glace les souvenirs refont surface et ce n'est pas bon signe.



Alors je préviens tout de suite, j'ai abandonné ma lecture à un peu plus de la moitié et c'est la première fois que ça m'arrive. Je n'ai pas réussi à m'installer confortablement sur cette planète. La faute à une intrigue noyée sous des longueurs et des descriptions à n'en plus finir. C'est dommage car l'intrigue m'avait beaucoup plu, la planète était intéressante avec son exploitation dans les mines, ses mineurs qui se rebiffent.

L'inclusivité de la plume ne m'a pas du tout dérangé bien au contraire, le fait d'humaniser la créature rends le truc un peu plus réaliste.

Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, surtout à Yorick qui est un homme à vif. Il se drogue et se perds dans ses souvenirs. Ce côté ci a un côté dramatique mais pas touchant. Et bien sûr tout le monde sur cette planète veut sa peau.

Les autres personnages ne sont pas accueillants, limite froid et distants.

Non franchement je suis plutôt déçue de cette lecture.
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Ymir

YmirRich Larsontous les livres sur Babelio.com

Rich Larson. Ymir. Ed. Le Belial. 380 pages. 5 étoiles.

Tout d’abord, merci à Babelio pour l’opération Masse Critique auquel il m’ a été permis de participer.

Ymir…Je vous fiche mon billet que cet ouvrage sera salué dans 10-20 ans comme un grand classique du « roman SF Cyberpunk alliant humour noir et aventure.

Ma critique se compose de plusieurs points :

Quelques mots (pas plus) sur l’auteur et son style littéraire, le cadre, et les personnages principaux. Des « conseils de lecture » et… un LEXIQUE des mots de vocabulaire technologique inventés et récurrents (comme je les ai compris)…Le tout pour vous permettre d’accrocher à la lecture.

Enfin les points positifs et négatifs de la critique et la conclusion.

L’AUTEUR ET SON STYLE

Rich Larson est d’origine canadienne, né au Niger et ayant vécu en Europe.

Il a écrit plus de 200 nouvelles.

Son recueil de nouvelles La Fabrique des lendemains a reçu le grand Prix de l’imaginaire 2021.

Ymir est son premier roman « adulte ». Un job confié à Yorick, sur une planète inhospitalière mais riche en minerais…

Les descriptifs sont incisifs, imagés. Les dialogues au couteau, d’une violence larvée. L’action est fluide, sans incohérence notable. Le tout est bien servi par la traduction de P-P Durastanti qui permet l’immersion profonde. Après 100 pages, pour moi, le momentum est TOTAL (je me serais cru dans un film SF).

Belle couverture de Pascal Blanché. Le marque page Ymir reprenant la partie centrale du dessin de la couverture est un petit plus….

Un style original : qualité/complexité des émotions, états d’âme, bien équilibrés avec l’humour, l’action,…

Exemple : Dam GAUSTA (la compagnie) et YORICK (personnage principal) p.16. « Yorick ne distingue pas les traits de dam Gausta mais il reconnaît les angles prédateurs de son corps » : cette phrase fixe en quelques mots la nature de la relation entre eux.

S’il fallait trouver à R. Larson un lien de famille éloigné avec un autre auteur, je dirais : Richard Morgan (série des Takeshi Kovacs). Pour le genre cyber, l’humour et la qualité de l’action. Mais la qualité du récit est du côté de Ymir.



L’auteur est bien documenté « technologiquement ». Et il aura probablement consulté ce qui suit.

Pour les bases d’un développement techno-bio-numérique : jetez un œil sur le rapport « la grande réinitialisation » https://www.babelio.com/livres/Schwab-COVID-19--La-grande-reinitialisation/1262548 : sous format pdf aussi (googler pdf – free).

Concernant l’utilisation des drogues au quotidien, regarder le documentaire « Hitler, Blitskrieg et drogue » dont voici le pitch : https://www.youtube.com/watch?v=Szp2-UcXUNA. La drogue produite en quantité astronomique par l’industrie pharmaceutique est consommée journellement par les soldats…des 2 camps.

Dans Ymir, j’ai adoré l’utilisation de la drogue appelée « hyène » (en fin de roman).

On évolue aussi dans le genre « anticipation » aussi puisque la toile de fond de ce roman n’est que le développement techno-socioéconomique du mode de gouvernement mondial oligarchique (Forum Economique Mondial / Groupe Bilderberg / ONU) qui tente de se mettre en place dans nos vies depuis 2020. Le résultat ? Un humain marchandisé, « génémodé », calibré,…dopé. Mais Yorick n’en a rien à fiche et nous dit de temps en temps : « J’ai tant d’amour à donner » 😊



CONSEILS DE LECTURE

Les chapitres 4 à 8 (p. 28 à 43) sont désopilants et montrent toute l’humanité qui exsude du surréalisme noir et désabusé de Yorick.

Ensuite, nous entrons dans le vif avec l’arrivée de Yorick à l’hôtel de la compagnie et le traitement d’une sorte de gueule de bois technologique si je puis dire…dont profite l’auteur pour installer le cadre, les personnages principaux, l’objet de la mission (qui se révèlera peut-être secondaire par rapport aux développements ultérieurs…).

Là on commence à sourire…Et on est capturé par le livre. Si vous accrochez aux 100 premières pages, rien ne vous empêchera de le terminer car vous serez complètement immergés, vous aurez eu tous les codes, et les événements vont s’enchaîner avec une précision…karmique 😊 (les « comptes de la souffrance universelle » doivent être équilibrés: nul n’échappe à son destin).

Vers la fin, comme si l’auteur était touché par le dysfonctionnement mental de son héros, la numérotation des chapitres présente quelques bugs de numérotation …Et certains chapitres ont comme référence des caractères spéciaux 😉…



ET…LE LEXIQUE qui aide à l’immersion rapide…

p. 11. à 19 Protocole de décryonisation, technicien de dégel,…

p. 16. Camo : camouflage

p. 16. Génémodé : amélioré génétiquement aux conditions de travail

p. 18. Avatar numérique capable de répondre à vos questions (comme l’original) grâce à son algorithme

p. 19. Production de vêtement courant

p. 19. Calibrage de la chimie interne

p. 27. Phédrine : éphédrine améliorée – décongestionnant – psychotrope

p. 28. Empreinte faciale, baguette de scan, tablette.

p. 28. « Peler » les yeux : rendre plus performants dans l’obscurité

p. 29. Structures bio-organiques : les bâtiments ressemblent à des polypes coralliens

p. 29. Description de la nature de l’air respiré dans la ville (L’Entaille) la plus proche du complexe minier.

P. 29. Un véhicule dont le logiciel réagit à l’environnement (boucle comportementale) qui pose problème. On y sera bientôt… 😊

p. 30. Dipneuste : existe : regarder sur wikipedia ce poisson étonnant.

p. 30. Les vidanges de bouteille ne sont pas en verre.

p. 20. Un sac à dos qui obéit…au doigt.

p. 20. Un injecteur couramment employé au quotidien

p. 22. Dépresseur

p. 22. Ansible : moyen de communiquer instantanément avec un autre point de la galaxie (et d’imprimer des objets ». Imaginé en 1966 par Ursula le Guin et développée depuis par plusieurs auteurs. Ici, il semble qu’on puisse transférer de la matière (les chiens de feu))

p. 33. Génempreinte : empreinte génétique

p. 36. Moussequette : moquette en mousse

p. 37. Gel chair : un emplâtre biotechnologique qui devient chair au contact avec de la chair (sert aussi en urgence à refermer des blessures ouvertes)

p. 39. Géophage : un organisme vivant modifié pour nettoyer « à sec » en urgence.

p. 44. Holofresque : fresque diffusant un hologramme

p. 47. Décorporé : un humain que la compagnie a handicapé physiquement (en guise de peine après jugement), les parties du corps manquant ont été remplacées par un ensemble bio-mécanique adapté au job.

p. 46. Une serveuse de bar vraiment atypique😊

p. 60. Holomasque de communication : un masque que votre interlocuteur met et qui affiche numériquement le visage en temps réel d’une autre personne qui souhaite vous parler sans pouvoir/vouloir être présente.

p. 69. Fabricateur de combinaison thermique pour mineur

p. 76. Verre intelligent : un grand écran numérique capable d’input (scan,…) et d’output : (parler, noter les commandes,…), sorte de smartphone du futur.

81. Biomod : modification biologique, Moléculié : lié à l’échelle moléculaire

96. Annihimés : dessins animés générés par IA

99. Bioplastique : plastique transparent qui a la même fonction que la chair.

100. Un selkie : un sang-froid (il me semble) : personne née de la lignée des colons les plus anciens.

101. Grendel : organisme alien bio-mécanique très ancien. Obket de la mission de Yorick.

123. Dolovore. Un antalgique puissant



LE CADRE

Quelques éléments généraux et des changements de cadre (paginés ci-dessous).

La « compagnie » (appréciez ce détail : pas de majuscule) exerce les fonctions d’autorité et de fournisseur d’emploi (principalement extraction minière). Elle a la mainmise sur l’emploi, la santé (drogues de toutes sortes,…), les équipements (ansible, biotechnologie, numérique,…), le contrôle social partout sur la planète.

Le puissant algorithme prédictif socio-économico de la compagnie (qui voit / prévoit « tout ») a décidé de renvoyer Yorick sur Ymir, chasseur de grendel. Or, celui-ci s’était juré de ne jamais y remettre les pieds…Les ordres lui parviennent par l’entremise de dam Gausta.

Ymir est une planète glacée et relativement inhospitalière, sans relief, sans étoile visible,.. Quelques animaux aliens…chassés (comme d’hab. 😊) pour leur graisse.

p. 11 : arrivée de Yorick par « vaisseau-bocal » sur Ymir.

p. 29 : description de l’ambiance de la ville (l’Entaille) à proximité du complexe minier, comme si on y était.

p. 32 :😊 « A peine a-t-il pris pied sur le trottoir que la voiture émet un bêlement électronique et se réengage dans le trafic. ». (…) « On glapit derrière lui. Il se retourne pour voir son sac se colleter avec une enfant (…) Elle incarne l’autre génempreinte des colons d’Ymir : une rouge ».

p. 64 : Yorick arrive à la mine afin d’examiner les lieux.

p. 81 : on apprend avec plus de précision ce que les mineurs reprochent à Yorick

p. 135 : Yorick démarre sa mission dans le complexe minier, « la Gueule ». La tension dramatique et l’action vont croître rapidement.

p. 170 : complexité des enjeux ! Les tensions entre personnages sont à leur comble.



QUELQUES PERSONNAGES en scène

Les personnages principaux sont complexes, avec des enjeux cachés que l’auteur nous fait découvrir au fur et à mesure.

Le début du roman ? Une sortie de cryogénisation inoubliable pour le lecteur ! Emaillées d’un humour (noir bien entendu vu les souffrances bien réelles de Yorick).

dam GAUDA. p.16. « Elle a moins vieilli que lui en 2 fois plus d’années, toujours aussi parfaite et terrible grâce aux télomères génémodés dont bénéficient les cadres sup de la compagnie. »

Scène avec YORICK et THELLO son frère et la mère des enfants qui joue un rôle effacé mais primordial dans la construction mentale des frères. p.24.: « Leur mère vient les toiser. - Et d’où ça vient ça ? Sa colère est une zone de basse pression. La cage de Yorick se contracte., ses oreilles bourdonnent. » (…) La main libre jaillit. Il y a le bruit de choc contre la chair puis l’empreinte écarlate sur la figure de Thello. Yorick sent la gifle fantôme sur sa joue, son cœur battant la chamade. Leur mère tremble. Tout peut déraper en une seconde. - C’est moi qui l’ai prise dit-il – un mensonge »

A l’arrivée à l’hôtel de la compagnie. Un personnage à part entière 😊 : Le MEMORIAL URBAIN SUD. « Bonsoir, dit une voix synthétisée. (…) D’un pas étouffé, un droïde sort de l’ombre, quadrupède de la taille d’un chat : un châssis avec un holoprojecteur en guise de tête et un unique manipulateur au bout d’une tige fixée sur son épine dorsale. (…). - Les Comptes de la souffrance universelle sont toujours équilibrés au Mémorial Urbain Sud. »

FEN : p. 64. « Si tu veux ta branlée tu le dis tout de suite. Déclare la géante. Sinon ferme te gueule fallacieuse et rentre chez toi, bordel. »

p. 65. « Fallacieuse marmonne Wickam . C’est quoi ce mot à la con ? »

NOCTI : Un musicien transhumanisé « (génémodé)



EN RESUME, j’ai adoré.

Un récit d’aventure sur une planète gelée qui fait la part belle aux sentiments et aux émotions humaines.

Novlangue techno accessible.

On observe à travers le « fonctionnement » de Yorick comment l’homme transhumanisé, marchandisé, adapté pour pouvoir bosser mieux/plus sera de plus en plus dépendant des techniques, donc :

- des sociétés qui vendent le matériel (électronique bio-technologique, numérique,…) or on vit au quotidien ce qu’il en est da la qualité des remises à jour logicielle « obligatoires / imposées », des bugs en cours de fonctionnement « normal » .

Il y a 2 niveaux de lecture dans ce livre : le plus évident, celui de Yorick, né sur Ysmir qui essaie de réaliser sa mission et vit son destin et ses aventures.

Mais il y a aussi la vie du quotidien de cet agent de la « compagnie », un parmi tant d’autres. On a l’impression, vu la densité et la précision du récit que Larson a pu jeter un œil dans le futur de notre civilisation technologique.

Vers la page 170, j’ai senti que le récit allait passer un cap : soit se planter, comme cela arrive régulièrement avec des auteurs modernes (que je n’ai pas envie de citer ici) de par les difficultés à maintenir la cohérence du récit (science fiction = science), à gérer « logiquement » les relations passé-présent des personnages et leurs interactions au présent, à les faire évoluer en fonction de leurs enjeux personnels,… et finalement, à éviter de faire retomber l’intensité pour une fin inoubliable,…

Je vous laisse deviner, mais sachez que l’intégration passé-présent est très bien exécutée.

Personnellement, à partir de la page 80, et sa rencontre avec la géante Fen (dont Yorick a…peur ?! Et pour cause…), j’ai mis toutes les tâches ordinaires en stand-by et je n’ai plus lâché le roman jusqu’à la fin.

Un petit point négatif, j’ai trouvé qu’il y avait un petit peu trop de chapitres flash-back, quelque fois peu intéressants. Ils auraient pu être regroupés dans moitié moins de chapitres par exemple pour maintenir le momentum d’émotions et réellement nous empêcher de respirer… 😊.

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Ymir

Je ressors mitigé de cette lecture. Disons que l'auteur est fort dans le micro et moins dans le macro :



- Dans le style, il est très bon dans l'écriture, les phrases, les paragraphes. Mais beaucoup moins sur l'ensemble de l'histoire car on s'ennuie parfois un peu, le rythme est tranquille, mais je crois aussi que le personnage est aussi un peu en cause.



- Dans l'univers puisque l'auteur est bon pour introduire tout plein d'inventions avec leurs néologismes. L'imagerie SF est très présente. En revanche, l'univers me semble est assez classique. Il ressemble à celui de Laurent Genefort.



D'ailleurs, si l'univers est genefortien, le personnage ressemble beaucoup à ceux que décrit Thierry Di Rollo dans ses romans et nouvelles.



Ca peut paraitre un peu sévère mais ce n'est qu'un premier roman et je pense que l'auteur va très vite s'améliorer. Mais ça reste un roman plutôt sympa.
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Ymir

Tout d'abord merci aux éditions le Bélial est à babelio pour cette masse critique.



Je dois dire que je suis assez peiné. Quand j'ai reçu la réponse de babelio qui me disait avoir été choisis pour Ymir j'étais super-hype. Il faut dire que la couverture m'a directement vendu du rêve (comme souvent avec cet éditeur d'ailleurs) ainsi que le résumé et j'avais impatience de commencer ma lecture.



Seulement voilà. Je n'ai pas accroché du tout. Mais vraiment pas.

Les premiers chapitres ne sont pas forcément évident à appréhender mais j'ai déjà lu bien plus compliqué et le problème ne venait pas de la.

En fait, j'ai vraiment eu du mal a rentrer dans l'histoire et à m'intéresser au personnages. le style aussi a pas mal joué sur ma déception. Je n'ai pas accroché. Les gouts et les couleurs...

Mais c'est l'écriture inclusive qui m'a malheureusement fait refermer le livre avant la fin.
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Ymir

Si Ymir, est une planète froide et hostile, j’ai tout de même passé un très bon moment. La plume de Rich Larson est toujours aussi agréable. Le livre est rythmé et très fluide à lire. On retrouve un monde sombre et désespéré, avec des éléments de cyberpunk et de biopunk qui me font adorer le travail de Larson. Bref, une lecture plus que recommandable tant pour les amateurs de SF que pour ceux qui aiment le travail de l’auteur.
Lien : https://blogconstellations.h..
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La fabrique des lendemains

L’avènement du Transhumanisme, ou L’Humain désincarné



Voici un recueil de 28 nouvelles de SF très contemporaines. Futur proche ultra-technologique, rempli de nanomachines, de modifications corporelles, de drogues qui vous envoient dans des dimensions parallèles. Le transhumanisme fait maintenant partie intégrante de la vie de l’Homme.



Pour les puristes, nous ne sommes pas dans de la hard-science mais dans du Cyberpunk, tendance Ted Chiang/Ken Liu plutôt que Greg Egan.

Ce jeune auteur visionnaire, proche du mouvement LGBT, n’est pas un scientifique ; c’est un littéraire et cela se sent. Ses histoires parlent des gens. De l’empathie.

Le recueil serait à rapprocher de la série d’animation Netflixienne produite en autre par David Fincher «Love, Death + Robots» dont un des épisodes est d’ailleurs une adaptation d’une des nouvelles de Rich Larson.



De la prospective survitaminée et moderne, c’est rare. Il est vrai, un peu brouillonne, beaucoup d’histoires inachevées, ou à moitié écrites. Mais les idées fourmillent.

Le renouveau du genre est là. Un «sens du merveilleux» enfin de retour.



Grand Prix de l’Imaginaire 2021 (Nouvelles).
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Ymir

Révélé en France par La Fabrique des lendemains (son premier recueil de nouvelles couronné par le Grand Prix de l’Imaginaire, rien que ça), le Canadien Rich Larson revient cette fois dans la forme longue pour la première fois avec Ymir. Toujours chez Le Bélial’, toujours illustré par l’excellent Pascal Blanché et bien sûr toujours traduit par l’impeccable Pierre-Paul Durastanti. Débarquons dès à présent sur une planète de glace en compagnie d’un certain agent de la Compagnie…



Ymir est un pur roman de science-fiction. Un planet-opera même.

Et à ce titre, il nous emmène sur une lointaine planète dans un univers complètement étranger. Rich Larson n’est pas du genre à expliquer dans quoi on s’embarque et c’est avec un mystérieux « vaisseau bocal » que la descente s’opère. À l’intérieur, Yorick s’éveille de la mort. Littéralement.

Mis en stase dans un bassin de torpeur pendant des années dans l’attente d’une nouvelle affectation, d’une nouvelle chasse.

Revenir sur Ymir, sa planète natale, n’a rien d’une bonne nouvelle pour Yorick. Mauvais souvenir. Sombres fantômes.

Bien des années plus tôt, la Soumission a mis les habitants d’Ymir au pas.

La Compagnie, suite à la découverte de richesses importantes dans le sous-sol de la planète, s’est décidée à exploiter cet enfer de glace inhospitalier colonisé par les sang-froids et les rouges, des humains génétiquement modifiés pour résister au climat terrible qui règne à la surface.

Dans l’Entaille, principale cité souterraine du Nord, les hommes, les femmes et les nons vivent sous un ciel artificiel et s’épuisent dans les mines. La Compagnie, elle, a imposé son joug et son autorité.

Et si elle a réussi, c’est notamment grâce à Yorick, devenu traître aux siens et rejeté par son propre frère, Thello, qui lui a arraché la mandibule d’un tir de pistolet aiguille par la même occasion.

Alors revenir sur Ymir…même vingt ans plus tard, c’est prendre un risque certain pour le demi-sang, fils d’une selkie et d’un outremondain.

Malgré tout, Gausta a besoin des compétences de Yorick. Dans une des mines du Nord, un grendel s’est éveillé, un esprit machinique abandonné par les Anciens qui peuplaient autrefois la galaxie. Chasseur de grendels reconnu et aguerri, Yorick doit donc se mettre en chasse alors que les braises de la révolte se réchauffent et qu’elles menacent de nouveau la planète de glace d’un incendie populaire incontrôlable…

Rich Larson nous fait pénétrer pas à pas dans l’univers d’Ymir, et le début du récit n’est pas une mince affaire pour le lecteur.

Petit à petit, court chapitre par court chapitre, le lecteur va pourtant de mieux en mieux cerner la complexe situation socio-politique de cette planète multiculturelle où la violence s’avère omniprésente.

On admire d'emblée la description minutieuse de ce système d’oppression très cyberpunk dans l’esprit et mis en place par la Compagnie. Cette entité tentaculaire qui semble régner sur une bonne partie de la galaxie, impose sa loi mécanique aux hommes, gouvernant les planètes par des choix algorithmiques inhumains et n’hésitant jamais à sacrifier le nécessaire pour garder la situation sous contrôle.

Rich Larson compose non seulement une société presque dystopique avec cette Compagnie mais également un univers dans lequel les technologies sont à la fois numériques et biologiques. On peut ainsi se recoller une mandibule perdue à coup de gel chair ou découper en tranches des prisonniers pour les décorporer et les mettre dans des bioréservoirs.

Que de place supplémentaire dans les cellules de la Compagnie…



Si l’univers semble à la fois très riche et très noire, Rich Larson s’attache avant tout à décrire la relation complexe qui unit Yorick à son frère Thello.

Le Canadien dresse le portrait de deux hommes aux tempéraments opposés, l’un rongé par la violence, l’autre qui ne la supporte pas.

Dès lors, les chemins se mettent à diverger très tôt et la peur puis la rancœur s’installent. Au centre du récit, la rédemption de Yorick passe par la compréhension de son propre passé, l’acceptation de ses crimes et, surtout la revisite de ses souvenirs. Rich Larson explore le labyrinthe de la mémoire, ou comment l’on s’arrange avec nos traumatismes pour leur donner un sens ou, au contraire, pour éviter d’en affronter les conséquences terribles.

Alternant avec l’histoire principale de Yorick, les flash-backs et les rêves/cauchemars vont mettre en lumière les racines du mal, ou comment deux frères qui s’aiment ont pu s’éloigner autant avec les années.

Roman mémoriel, Ymir investit l’intime pour dire la violence et l’influence de l’environnement sur la personne. Non seulement les rudes conditions de la surface glacée de la planète et les problèmes raciaux qui y règnent entre natifs et colons, mais aussi l’éducation maternelle, la main levée qui finit par transformer l’enfant en un être froid et tranchant comme une lame de rasoir. L’inné et l’acquis. Toujours.

Dans cette plongée presque psychanalytique, Ymir dissémine ses références mythologiques. Prenant le nom du père des Jötnars de la mythologie nordique, la planète laisse apparaître les vestiges disparus d’une civilisation éteinte, les Anciens. Un BDO (Big Dump Object) marque leur présence comme un fossile d’une taille écrasante : l’Ansible.

Vient alors le temps du grendel, cousin éloigné de l’adversaire de Beowulf, vestige-prédateur au comportement étrange et incompréhensible, qui marque et illustre la fable racontée par Yorick, ce qui est mort doit rester mort. Et tant pis si, pour cela, il faut tuer ou anéantir en se droguer à coup de Doxe ou de Hyène.



Enfin, et c’est peut-être le plus important, Ymir est un roman de notre temps, de notre époque. Il illustre à merveille que la science-fiction, loin d’être un genre abstrait déconnecté du réel, le retranscrit au contraire parfaitement. Dans le roman de Rich Larson, on retrouve cette peur du contrôle par les multinationales, de la colonisation et de l’asservissement, de la privation de liberté jusqu’à la privation du corps lui-même.

La dépossession de soi, de ses sensations, de ses souvenirs.

Le contrôle devient un enjeu, même sous le vent glacé de la surface.

C’est aussi un certain avertissement sur les possibilités de la technologie qui déshumanise autant qu’elle guérit, qui piège autant qu’elle libère.

Pour se confronter au gouffre qui nous sépare de cette époque ultra-technologique, Rich Larson investit le sentiment humain, celui de la culpabilité et de l’amour fraternel. Il rassemble au lieu de diviser.

Il aime au lieu d’haïr. Comme un mantra thérapeutique.

Ymir est bien un roman pour aujourd’hui et pour demain, définitivement.



Roman dense et passionnant, Ymir s’offre la plus belle science-fiction pour explorer nos culpabilités et nos révoltes. Sur la planète de glace couve le feu de la révolte contre l’oppression et les souvenirs bouillonnent pour nous rappeler au réel et au fondamental : l’amour entre les frères humains.

Rich Larson signe un premier roman aussi maîtrisé que noir où politique et science-fiction se marient à merveille sans jamais s’étouffer mutuellement.
Lien : https://justaword.fr/ymir-82..
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Ymir

Ymir, son soleil, ses plages... Ah non, c'est plutôt un enfer froid.

Pour sa première incursion dans le format long (pour adultes), Rich Larson signe un récit nerveux, brutal et froid comme la planète qui accueille son histoire.



Yorick, gueule cassée au service d'une Compagnie intergalactique omnipotente - il n'est jamais question d'une quelconque autorité locale -, revient malgré lui sur sa planète natale. Avec une mission taillée pour lui : chasser un grendel.

Problème : son départ ne s'est pas fait en douceur.

Qu'à cela ne tienne, Yorick, tel un bœuf belliqueux, n'est pas du genre à faire profil bas.



Dans une ambiance poisseuse, un brin hard-boiled, où drogues et alcools ne sont jamais loin, Rich Larson peint une fresque âpre où la crapulerie est produite en série.

Les corps sont malmenés, tant par Ymir que par l'auteur. Ça gicle et ça charcle à plus d'une reprise.

Les chapitres sont très courts et se déploient au présent, ce qui accentue la nervosité de l'histoire et la tension qui écrase Yorick. La narration n'a rien de révolutionnaire mais est efficace et maîtrisée.



La traduction est fort plaisante et le livre réserve son lot de trouvailles lexicales. Le decorum SF fait son office et donne un cadre solide et cohérent.



Un roman qui tâche, riche en créativité, qui raconte un retour impossible, sur une planète extrême ; des fantômes familiaux et des comptes à régler ; une chasse au monstre pleine de surprises.

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Ymir

Yorick revient sur Ymir contre sa volonté. On le sort de stase pour une mission dans ses cordes : retrouver et liquider un grendel, une bestiole machinique, aux capacités particulières, qui nécessitent un professionnel dans son genre. Mais Yorick est né sur Ymir et, vu comment il a quitté ce monde, il espérait ne pas y remettre les pieds. Le passé va lui éclater à la gueule. Et ça va gicler sur tout le monde.



Âmes sensibles, passez votre chemin ! Rich Larson aime les fluides, les corps déchiquetés, triturés, maltraités. Le parcours de Yorick est un chemin de croix sanglant. En particulier pour lui. Sa rédemption (s’il y parvient : je ne vais quand même pas divulgâcher dès le début !) doit être douloureuse ou elle ne sera pas. Dès son réveil, on sent que rien ne sera facile. Réveil comateux. Et surtout, difficulté à installer sa nouvelle mâchoire. Car Yorick, on comprendra comment plus tard, a eu la mâchoire arrachée sur Ymir. Il doit donc s’en installer une nouvelle, artificielle. Heureusement, en cette époque, la technologie et la médecine ont fait d’énormes progrès. Sans cela, d’ailleurs, plus d’histoire, vu le nombre de blessures récoltées par les personnages. La gelchair (une parenthèse pour féliciter le traducteur, Pierre-Paul Durastanti, qui n’a pas dû avoir la partie facile avec ce style très heurté et violent par moments ; et bravo pour certains néologismes qui passent très bien.) comble les plaies et permet de cicatriser rapidement. Pas de miracle, mais une grande efficacité malgré tout.



Yorick se retrouve donc, presque entier, sur la planète qui l’a vu naitre. Et grandir dans la douleur. Un père outremondain qui les a abandonnés ; une mère violente et taiseuse ; un petit frère à protéger. Et le roman va nous donner les clefs de ce passé, page après page, entre les moments de chasse au grendel, de beuverie dans les bars. Car Yorick est un personnage totalement fracassé. Dès qu’il le peut, il se drogue : alcool ou drogue dure. Il se cache derrière ces substances pour parvenir à se supporter et à supporter l’existence. Mais surtout, à supporter la possible rencontre avec son jeune frère, qui, lui, est resté sur Ymir. Et a pris fait et cause pour la résistance. Alors que Yorick a choisi d’abandonner sa planète natale, trop dure avec lui, et a pactisé avec le diable, l’ennemi : il est parti sur un vaisseau de la compagnie. La compagnie, c’est le monstre tentaculaire venu d’une autre planète et qui impose son ordre et son profit aux aux autres. Utilisant les armes et les I.A., elle mate les résistances, par la persuasion, mais surtout par la force et la dissuasion. Et malheur à ceux qui résistent ! Ils sont torturés pour obtenir des renseignements. Puis découpés et décorporés. Efficace. Cela rappelle bien évidemment les méga sociétés de William Gibson (Comte Zéro, Périphériques ou Agency), puis de Richard Morgan (Thin Air). D’ailleurs, l’inspiration de Rich Larson pioche largement dans ce terreau : avec ses êtres augmentés, trafiqués, changés jusque dans leur chair même, dans leur intégrité physique ; avec l’importance des puissances électroniques et les I.A. multiples et variées. Mais il brasse tous ces éléments pour les mixer à sa sauce. Saignante.



Décidément, j’ai actuellement une tendance à trouver des récits utilisant les mêmes prénoms. On trouve une Orca ici, comme dans Superluminal de Vonda N. McIntyre. Elles ont en commun le côté non-humain, car cette Orca est une rouge, tandis que celle de l’Américaine est une plongeuse (une humaine modifiée pour s’adapter à l’eau). Et leur caractère entier. Mais la Orca de Rich Larson est plus mutique, plus massive, plus inquiétante. Comme tous les personnages de ce roman, elle est un bloc fracturé, dangereux et en même temps fragile sous certains angles. Mais ses angles sont aigus, tranchants, rugueux. Tout sauf doux.



Pourtant, on trouve de la douceur, voire de la poésie dans Ymir. À travers certaines descriptions du ciel, de certains moments passés, d’échanges de regards. Mais cela ne dure pas. Tout comme la gigue, cette danse mortelle inventée pour se distraire. Les combats illégaux, dans des cages, devant des dizaines, voire des centaines de spectateurs déchainés, sur Ymir, ressemblent à une danse. Les combattants sont équipés de chaussures aux pointes effilées et tranchantes, ou crochetées pour agripper l’adversaire. Et ils dansent l’un autour de l’autre, l’un avec l’autre, l’un contre l’autre. Grâce de ces moments récoltés au prix de la sueur et, surtout, du sang. Car si certains duels s’arrêtent à la première goutte versée, d’autres doivent aller jusqu’à l’ultime don. Celui de la vie d’un des danseurs. Même la beauté est mortelle sur Ymir.



Ymir, un roman coup de poing. Ymir, une claque bardée de lames dans une face déjà abimée par le froid et la glace. Ymir, une histoire de famille et d’amour, de haine et de pardon. Ymir, un roman à lire.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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La fabrique des lendemains

Le moins qu'on puisse dire, c'est que les lendemains en question ne chantent pas. Les corps humains s'y branchent, surfent et téléchargent comme la dernière tablette à la mode, et c'est rarement pour leur bien. L'hyperconnection n'est que le prétexte à de nouveaux esclavages, de nouvelles addictions, de nouvelles inégalités, et les possibilités offertes flirtent en permanence avec le sordide, l'inquiétant, le révoltant. Le décor évolue entre métropoles cyberpunks faites de béton, bitume, néons et fibres optiques, et paysages de déserts abrasifs rongés par les guerres et le climat déréglé. La société, peuplée d'IA et d'humains augmentés, est violente, concurrentielle, excessive, kitsch... On se prend à espérer un éclat de lumière et il arrive, parfois, émanant des personnages, des anonymes qui surnagent dans leur environnement désespérant. Quand on ne s'y attend pas, on découvre une empathie inattendue, un peu d'amour, de compassion. Les exploités arrachent des victoires que l'on devine ponctuelles à ces lendemains cauchemardesques.

Pas de place pour la beauté ou la poésie, mais un festival de trouvailles et une écriture de haut vol.

Équivalent littéraire de ce que Black Mirror offre au format série, La Fabrique extrapole un futur glaçant à partir des dérives et des indignités d'aujourd'hui. Les personnages empêchent ici et là le recueil de s'enfoncer dans une déprime totale, mais l'ensemble reste sombre. Les nouvelles qui semblent les plus avancées dans le temps ne laissent d'ailleurs pas grande place aux illusions.

En bref : virtuose et très inventif, mais très amer. Le but est probablement atteint, puisqu'on referme le recueil l'imagination stimulée, et en espérant des lendemains plus riants !
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La fabrique des lendemains

Beau recueil d'une vingtaine de nouvelles.

Peu à peu dans la lecture, on croise des thématiques semblables, des lieux et technologies similaires voire même des personnages. Tant et si bien qu'au bout d'un moment j'ai fini par rentrer dans un univers via différentes petites histoires comme différentes fenêtres ouvertes.



J'ai aussi bien aimé le rythme des nouvelles : l'éditeur alterne les nouvelles longues avec plusieurs "chapitres", des nouvelles de taille moyenne et d'autres, très courtes, de quelques pages.



Il faut cependant bien aimer la SF très pop et décomplexée des limites technologiques. C'était parfois un peu trop fantasmé, voire fantastique pour moi et certaines nouvelles m'ont déplus sur ce point.
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Rêves de drones et autres entropies

Moi qui avais tant aimé La Fabrique des Lendemains, dans lequel j'avais passé de longs et merveilleux mois, c'est une aubaine d'avoir de nouvelles nouvelles à lire de mon cher Rich Larson.

Ici, la traduction apporte une touche exotique à l'écriture : la traductrice étant québécoise, les expressions fleuries de chez eux se glissent dans ces lignes, leur donnant une fraicheur nouvelle et qui m'ont franchement beaucoup plu!

On aura donc le plaisir de lire des textes déjà publiés dans La Fabrique des Lendemains, mais dans une nouvelle traduction, ainsi que de nombreux inédits très réussis comme 'Ecorché' ("Je capote!"), une de mes préférées, 'Salissure' (mais où est-il allé chercher ça?! Nouvelle incroyable!) ou 'Atrophie' qui frôle avec le weird.

Je ne me lasse pas de revenir de temps en temps à ce recueil pour relire la plus courte - mais qui est pour moi une des plus évocatrice et percutante et montre bien tout le talent de nouvelliste de Rich Larson - : 'Echec de la mise à jour', qui me rappelle des discussions eues avec des amis sur ce sujet : et si nous vivions dans une simulation, et qu'un défaut apparaissait à l'un d'entre nous? Ici, à travers le regard d'une fillette qui a les yeux un peu trop attirés par la beauté du ciel au goût des adultes, on assiste à une anomalie des plus délicieuse.



Encore une fois, on aura le plaisir de plonger dans les univers singuliers et hyperconnectés de l'auteur, dans son verbe faussement sec car si riches de 'sense of wonder' dont on raffole tant. Un bon recueil pour patienter avant l'arrivée tant attendue du roman Yvir à paraitre au Bélial'!



(Petit bémol selon moi : le prix assez élevé et la couverture que je trouve très peu adaptée au contenu...)
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La fabrique des lendemains

Le Bélial nous propose de découvrir un jeune nouvelliste de science-fiction, Rick Larson, grâce à ce recueil de courtes nouvelles : 28 textes entre 2 et 30 pages. Il serait fastidieux et peu intéressant d’en faire une recension détaillée, même si aucune ne se ressemble (ce qui est un très bon point).



Dans des univers tantôt d’anticipation mais avec une touche de dystopie, tantôt postapocalyptiques, tantôt sur des planètes inconnues avec un worldbuiding épatant, nous assistons au hasard des lectures à des tranches de vie ou des destins parfois émouvants, parfois sombres, parfois perturbants.



Des robots, des IA (sans verser dans la hard-SF), des êtres d’une autre espèce dont les descriptions sont fascinantes, des « mondes d’après », des criminels aux corps transformés, des implants cérébraux : l’imagination de l’auteur s’épanouit au travers d’une plume au service d’univers étranges et par moment effrayants quant aux dérives technologiques. Le traducteur n’a pas eu un travail évident : la prose peut être exigeante, et je doute que ce recueil plaise aux lecteurs qui souhaitent des lectures « faciles ».



Les nouvelles sont souvent denses : ce recueil ne se lit pas d’une traite, d’autant plus que certains textes sont d’un abord moins aisé. Variations sur le transhumanisme ou le posthumaniste, avenirs peu réjouissants, récits postapocalyptiques désespérés, ambiances âpres ou poétiques, planètes imaginaires aux sociétés radicalement différentes : la multitude de thèmes sert une réflexion sur l’humanité, et la plupart des nouvelles explorent les relations entre les êtres (je ne peux pas dire humains, puisque certains protagonistes sont des aliens).



Même si je suis passée à côté de quelques rares nouvelles, l’ensemble permet de faire la connaissance d’un auteur à idées, qui expose des ambiances et des univers avec talent et dont la diversité des inspirations est remarquable.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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La fabrique des lendemains

Ma bonne résolution lecture de cette année, c’est de lire davantage de littérature de l’imaginaire, et pour cela, rien de tel que de la SF, qui reste mon genre de prédilection dans ce domaine. C’est en tout cas pleine de cette bonne résolution que j’ai décidé d’emprunter ce recueil de nouvelles à la médiathèque, notamment aussi parce que j’en avais lu quelques bons échos de ci de là.



Au rythme d’une nouvelle par jour, j’ai donc été accompagnée, pendant presque un mois, par Rich Larson, par sa capacité à pousser tous les travers de nos sociétés, de notre humanité, dans leurs retranchements, parfois les plus ridicules, le plus souvent les plus graves, afin de mettre en évidence, de dénoncer plus ou moins subtilement, selon les nouvelles, tous ces travers. Ainsi de l’importance donnée au virtuel ou à l’intelligence artificielle, de la non prise en compte suffisante du réchauffement climatique, pour ne citer que quelques exemples.



Rien de neuf finalement quant aux thématiques présentes, assez récurrentes en SF, mais j’ai trouvé qu’en contrepartie la plume de l’auteur apportait quelque chose de neuf, en ce qu’il arrivait à jouer facilement avec les tons, les registres, parfois dans une même nouvelle, et surtout qu’il parvenait, en quelques lignes, à nous transporter de plain-pied dans un univers potentiel, comme si cet univers prenait littéralement vie sous nos yeux, même dans les nouvelles très brèves. Où comment ce qui n’est que fiction nous paraît encore plus vraisemblable…



Je vais donc poursuivre ma découverte des œuvres de Rich Larson, ayant beaucoup apprécié cette première lecture.

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La fabrique des lendemains

Il y a un peu plus d'un an et demi, sortait au Bélial dans la collection Quarante-Deux, le recueil d'un auteur "inconnu" en France : Rich Larson. Né au Niger, il a vécu aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne avant de s'établir à Prague. En une dizaine d'années il a publié un roman et plus de deux cents nouvelles. Ce jeune auteur (d'à peine trente ans), très prolifique, est considéré comme le nouveau prodige de la Science-Fiction anglo-saxone. On le compare souvent à Greg Egan dont il serait le digne héritier mais également à Ken Liu ou à Peter Watts (tous publiés dans cette même collection).



La Fabrique des Lendemains, le recueil dont il est question aujourd'hui, regroupe vingt-huit textes de l'auteur, des récits relativement courts, qui dépassent rarement la trentaine de pages et qui pour certains ne comprennent que deux ou trois feuillets.



Rich Larson est un pur auteur de Science Fiction, probablement un peu moins Hard-SF que Greg Egan. Il est le digne héritier du cyberpunk, nombre de ses récits sont ancrés dans un futur proche où la technologie omniprésente malmène les hommes. Transhumanisme et posthumanisme sont au cœur de la majorité des nouvelles du recueil, les Intelligences Artificielles ne sont jamais loin, avec souvent en trame de fond le post-apocalyptique. Ces textes sont très accessibles, malgré un verbiage technologique parfois abscons (encore une fois un grand bravo à Pierre-Paul Durastanti pour la traduction fluide et agréable !) mais l'écriture visuelle de l'auteur permet de s'immerger dans ce futur pas si éloigné du nôtre.



Entre ces textes très technologiques s'insèrent quelques pastiches d'humour, des textes complétement décalés comme Tu peux surveiller mes affaires ou En cas de désastre. L'auteur fait aussi preuve de beaucoup de poésie, c'est en cela qu'il se rapproche de Ken Liu avec comme par exemple Rentrer par tes propres moyens une nouvelle humaniste et mélancolique ou Il y avait des oliviers, un récit d'apprentissage post-apocalyptique de toute beauté.



Sur les vingt-huit textes sélectionnés, un petit tiers ne m'a pas convaincu soit je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, soit je suis complétement passé à côté. Les autres textes sont à minima très bons, voire excellents. Je citerai Circuits où une IA fait preuve de solitude, De viande, de sel et d'étincelles, quand une chimpanzé a subi une augmentation de son intelligence se retrouve isolée de son espèce : bouleversant. Six mois d'océan traite de la dépossession (par location) de son corps et la récupération de celui-ci après l'usage qui en a été fait par un.e autre. Sans être novateur, ce récit est assez dérangeant. En règle générale, l'auteur est plus percutant dès qu'il y a des implants neur(on)aux et des transferts de personnalités, il fait mouche à chaque texte, maîtrisant son sujet et diversifiant les réflexions.



Pour conclure, La Fabrique des Lendemains permet de découvrir Rich Larson, un jeune auteur talentueux qui nous dépeint un avenir sombre où même les IA peuvent s'ennuyer, où les technologies sont omniprésentes pour le meilleur mais souvent pour le pire et où le concept d'humanité prend un sens bien différent.






Lien : https://les-lectures-du-maki..
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La fabrique des lendemains

Parfois, on n'a pas les mots pour décrire exactement en quoi une œuvre vous a touché·e.

La Fabrique des Lendemains est de celles-là pour moi. C'est brillant à tous les égards, du contenu des textes à leur traduction en passant par leur agencement éditorial. C'est juste si bon que ça ; alors on le dit, et on espère que la fièvre fera le travail rhétorique à notre place.
Lien : https://syndromequickson.com..
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