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Critiques de Robert Flinker (7)
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Le rêve

Une fin tragique, d'une triste beauté romantique, ou bien un rêve dans le rêve avec l'espoir ténu que cela n'arrivera pas et que la « peine » partira avec l'amour renouvelé ?



« On ne peut pas rappeler les omissions. » Quel sens donner à cette phrase dont la sonorité est quasi-aphoristique ? Un homme à qui tout semble réussir revient dans son village natal et le passé fait alors « irruption » dans sa vie. Il se sent soudain étranger. Comment va-t-il concilier ses émotions ?



Une très belle traduction pour un texte bref certes, mais d'une rare beauté littéraire.

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Le voyageur

Cette courte nouvelle est l'histoire d'une poudre magique et d'un commis-voyageur convaincu que « l'homme est maître de ses actions ». Mais l'est-il vraiment ? Entre songe et réalité, entre la tentation du beau rêve et le cauchemar, une brève réflexion sur la solitude, le poids du passé et l'espoir.

Un auteur qui mérite d'être sorti de l'oubli et une traduction élégante et sensible.
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La Voix

Sur les trois nouvelles de l'auteur déjà lues, c'est celle qui m'a le moins touchée, et aussi celle qui me semble la plus résolument kafkaïenne. En effet, sans trop divulguer une intrigue assez prévisible à mon sens, la voix est perçue comme « dangereuse » et nécessiterait donc l'intervention des autorités habilitées à assurer officiellement et efficacement la sécurité des citoyens. Mais le protagoniste se heurtera, bien entendu, à un refus (assez poli, quand même) de celles-ci. Situation absurde, métaphorique, fantastique ? À vous d'en juger.

Cela dit, si vous ne deviez lire qu'une seule des nouvelles de l'auteur déjà traduites en français, je recommande plutôt Vécu nuitamment.
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Vécu nuitamment

Nouvelle traduite avec maestria par Robin Planque dont je connais, et même très bien, l’identité, mais chut ! Je n’en dirai rien. Le mystère lui réussit, tout comme à l’auteur, dont la fin tragique serait due à un chagrin d’amour. Il avait été traduit en roumain, le moment était venu pour qu’on puisse le lire aussi en français. C’est un régal, je conseille cet auteur et je félicite, même s’il ne me lira probablement pas, le traducteur.



Une pointe d’humour et un brin de fantastique pour une brève histoire littéralement palpitante de « bonheur imminent » ou de « grand malheur » ( ? ! ) avec de « forces surnaturelles » (celles du destin ?) qui fait réfléchir à la notion de temporalité, entre autres. Méfiez-vous du titre, ou plutôt pas ; puisqu’il est dit « vécu » c’est que cela a dû vraiment arriver. Savez-vous quelle est la différence entre la vie et l’écoulement des jours ?
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Der Sturz

Le premier roman de Robert Flinker ne ressemble pas forcément au suivant, "Fegefeuer", qui doit beaucoup à Kafka. "Der Sturz", c'est la chute, mais Robert Flinker n'a rien publié de son vivant. Son frère Ernst Maria a apporté les manuscrits chez Kriterion à Bucarest une quinzaine d'années après sa mort. À l'origine, le roman devait semble-t-il s'intituler "Eulenspiegel", dont la chute n'est en effet qu'une partie de l'ouvrage. Eulenspiegel, c'est Till l'Espiègle, du nom d'un héros populaire, surtout dans les Flandres, où il a été popularisé par De Coster, en musique par Richard Strauss. L'une de ses caractéristiques est d'exécuter les ordres au premier degré à la lettre, sans chercher leur sens.

Après une enfance solitaire, Eulenspiegel occupe un poste de peu d'intérêt, qu'il quitte pour effectuer de longues marches solitaires. Au cours de l'une d'elles, il rencontre Else, une étudiante dont il est amoureux. Elle part en vacances, à la rentrée elle l'ignore et il perd son père. On le retrouve quelques temps après, avec un groupe d'amis et un nouveau président qui vient de prendre le pouvoir et prétend entraîner le pays dans une nouvelle ère. Eulenspiegel, à la faveur d'une conversion dévote rapide et d'un discours public opportuniste, devient adjoint au maire. Contre toute attente, il démissionne. Le pouvoir lui en tient évidemment rigueur...

Ici, le régime politique décrit ressemble fort bien à la réalité, le président évidemment à Hitler. Eulenspiegel est révélateur des absurdités du régime et celui qui appelle à la résistance comme son modèle. Flinker témoigne ici d'une connaissance assez subtile des mécanismes de la dictature et surtout des réactions qu'elle engendre, des croyants aux opposants en passant par les opportunistes. En filigrane, avant la chute, sa sensibilité à fleur de peau, notamment la recherche de l'amour rédempteur, tempéré par une lucidité sans fard sur son caractère éphémère et sa dilution voire sa perte dans le quotidien. C'est peut-être cette absence d'illusion qui l'a mené à sa perte, un suicide, de l'aveu de son frère, pour une banale histoire d'amour, presque une bluette.

Le roman n'en comporte pas moins d'étranges moments plus ou moins kafkaïens, car ils sont proches aussi du surréalisme : les relations avec l'oncle dans la première sont de ceux-là, parmi les pages les plus marquantes que j'aie lues, notamment lorsqu'il simule la mort dans un spectacle au collège. Autre facteur qui éloigne de l'étiquette kafkaïenne, des moments de parodie ouverte, comme quand Eulenspiegel se demande des arts décoratifs, si c'est vraiment de l'art, au moins? ou lorsqu'il flatte l'enseignant dont il cède aux charmes de la femme. Matière à admiration...
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Fegefeuer

C'est un peu réducteur, mais voici le Kafka roumain, évoqué entre autres par Claudio Magris dans « Danube ». Juif, germanophone, médecin dans un hôpital bucarestois, suicidé pour, semble-t-il, une peine de coeur, Robert Flinker a vu ses oeuvres publiées à titre posthume par son frère. Un peu oublié aujourd'hui, peut-être sera-t-il redécouvert. Il faut l'espérer.

Gregor Husum est un commerçant reconnu. Un jour, il reçoit en pleine nuit la visite d’un agent de police, Osterei, qui l’informe qu’une enquête est ouverte contre lui et lui parle de son père, qui est mort depuis 12 ans. Il se souvient alors de lui, de la peur qu’il suscitait, de sa mort, qu’il est allé le voir après plusieurs semaines seulement et qu’on lui a dit à l’hôpital qu’il avait interdit les visites. Le lendemain, il rencontre Lydia, la remplaçante de sa logeuse, qui est aussi l’infirmière qui l’avait reçu il y a 12 ans et qui lui révèle que c’est en fait l’hôpital qui prescrivait l’interdiction des visites. On apprend aussi qu’après la mort de son père, il a licencié les administratifs superflus. Il se rend au magasin qui subit une perquisition d’Osterei et de son collègue Bogus, qui trouve des lettres de son frère le suppliant de lui venir en aide et le refus cinglant de Gregor. Puis son administratif, Balkin, lui révèle qu’il a été son instituteur et qu’il est venu l’observer, car il a toujours été fasciné par son côté conformiste aux prescriptions de l’institution scolaire. Il lui avoue ne pas être déçu par son comportement vis-à-vis de l’institution sociale. Ils en arrivent à parler de sa femme Martina, qu’il a abandonnée parce qu’elle était malade et malheureuse et à qui il paye une pension alimentaire. Balkin là aussi trouve son comportement conforme à la norme sociale. Gregor le quitte et découvre que ses paiements n’ont jamais été envoyés. Il retrouve Martina au fin fond de la banlieue, elle se prostitue et ne veut plus lui parler. Elle est entretenue par le gros Biermüller. Il se perd et entre dans la première maison venue : il s’agit du tribunal de première instance où siège Huzzel, qu’il a licencié et dont la fille est tombée malade alors qu’il était dans la misère, malgré ses supplications, et en est morte. On demande à Gregor de quoi il est coupable, il dit qu’il n’en sait rien, on lui dit qu’il n’a pas accompli sa mission et on le laisse partir. Il prend une calèche qui l’emmène à une maison au lieu de chez lui, puis le fait attendre, enfin le reconduit près de la gare où il veut d’abord fuir puis, après avoir écouté l’histoire d’un serveur égyptien qui a quitté son pays, croyant avoir tué l’amant de sa bien-aimée, sans pouvoir revenir, il décide de ne pas prendre le premier train. Il croise Osterei, qui lui fait signer un papier comme quoi il ignore vraiment de quoi il est coupable. Il est censé l’attendre. Il croise Lydia, qui se trouve également à la gare : c’est elle qui lui a vendu le billet, elle est payée pour l’espionner. Quand Osterei revient, il est arrêté puis détenu. Dans sa cellule, il revoit son père qui dit être détenu depuis 12 ans et accusé d’absence d’amour. Néanmoins, sur ordre de la Haute Cour, il est relâché. Il croise encore son frère dans un restaurant, puis sa mère chez une prostituée, du moins c’est ce qu’il croit, avant de rentrer chez lui. La Haute Cour est là, le juge condamne Gregor à la peine pour absence d’amour. Le journal du lendemain nous apprend qu’il s’est suicidé.

La parenté avec Kafka est évidente, l’absurde est différent, mais comparable. Néanmoins, la morale est bien plus présente. Le roman reste tout de même mystérieux en particulier du fait de l’usage du fantastique. Confronté au châtiment, l’accusé cherche à éviter la faute, qu’il connaît néanmoins. Cela étant, le tribunal est mystérieux, occulte et assez arbitraire. Ses motifs en particulier sont peu cohérents. De toute évidence, Gregor n’est pas sans amour. Le juge de la Haute cour dit lui-même qu’il aime toujours Martina, faisant ainsi preuve de la même pauvreté morale que l’accusé. De même, les policiers sont prompts à renvoyer l’accusé, voire à lui tendre des pièges, faisant ainsi preuve du même individualisme que lui. On peut interpréter de plusieurs façons : en 1944, on ne peut uniquement se conformer à la norme sociale c’est une faute de s’y tenir. C’est également une norme sociale qui condamne Gregor, qui se conforme à la même norme. La société voire l’humanité se suicident donc par individualisme, pauvreté morale, ou avidité. On peut aussi y voir une allégorie du Juif (Flinker a dû vivre caché pendant la guerre), qui fait tout pour se conformer à la norme sociale, jusqu’à se suicider lorsqu’on lui reproche de ne pas avoir fait plus (comme en se laissant conduire sans se révolter dans un camp d’extermination ?). Il y a sans doute d’autres interprétations possibles : c’est aussi mystérieux que Kafka, avec une morale clairement exprimée, au moins en apparence, mais une réalité tout aussi complexe.
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Fegefeuer

Dans la série littérature roumaine, on a également celle de la minorité germanophone, ce qu'on appelle en allemand "rumänisch-deutsche Literatur". Dieu sait si la nationalité de Flinker est une question compliquée : il était germanophone, né dans une ville de l'empire austro-hongrois en 1906, devenue roumaine en 1918, aujourd'hui ukrainienne. Il s'est suicidé à Bucarest en 1945. Entre les deux, il a surtout travaillé en Roumanie, mais aussi séjourné en Suisse, Autriche et Allemagne. Juif, il s'est caché pendant la guerre. Il n'a rien publié de son vivant, son frère s'en est chargé après sa mort. Si sa biographie a un certain nombre de points communs avec celle de Kafka, tel est également le cas de son roman, qui rappelle "Le Procès". En plus d'un maître de l'absurde, Flinker est également un moraliste : là où le héros kafkaïen ignore sa faute et cherche désespérément à comprendre ce qui lui arrive, Husum est conscient de sa culpabilité et cherche à l'éluder. Au fond, le roman autorise autant d'interprétations que ceux de Kafka et conserve évidemment une large part de mystère.
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