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Critiques de Roberto Ferrucci (11)
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Venise est lagune

Colère et larmes d’encre contre les paquebots qui saccagent Venise.



«Venise n’est pas une ville de mer. Venise est lagune.»



Paru en 2015 et traduit en juin 2016 par Jérôme Nicolas pour les éditions de La Contre Allée, «Venise est lagune» est un texte court et percutant, un coup de colère contre les paquebots, ces montagnes d’acier titanesques et absurdes qui viennent quotidiennement dévaster la lagune de Venise, contre le tourisme de masse à bord de ces énormes centres commerciaux flottants et contre ceux qui, loin de se laisser émouvoir par la beauté de pierre et d’eau de la ville, considèrent Venise uniquement comme une gigantesque machine à sous.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/06/19/note-de-lecture-venise-est-lagune-roberto-ferrucci/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ça change quoi

On peut s'amuser à classer la littérature dans certaines cases: celle destinée à divertir le lecteur, celle qui cherche à témoigner de la réalité, celle qui cherche à trouver de nouvelles façons de décrire les choses, le style avant le fond.



Ce livre est à la croisée des chemins, entre le témoignage et l'exercice de style. Tout en nous racontant ce qui s'est passé en marge du G8 à Gênes en 2001, les répressions policières des manifestations alter-mondialistes, l'auteur cherche une voix pour le raconter.

Le récit ne ressemble pas à une narration classique des faits, car l'auteur prend le parti pris du photographe, cherche à rendre les couleurs, les nuances, les flous et les nets. Quand le sens de la vue lui est masqué, les odeurs, les sons prennent le relais mais on voit l'importance qu'il donne à la réalité tangible, concrète, face à l'incrédulité de ce qui arrive, autant au début des évènements avec une ville rendue fantôme que lors des affrontements. Cette sollicitation de tous les sens nous met au cœur de l'action, nous fait ressentir le danger comme les protagonistes de l'histoire.

L'auteur n'est pas non plus que témoin, il vit ses rencontres, a vécu des amours et vit aujourd'hui dans le souvenir de ces journées de différentes époques.



Bref de la belle littérature en ce qu'elle est plusieurs plutôt qu'une et en ce qu'elle nous montre de notre temps, d'évènements que le temps médiatique a vite recouvert du drap de l'oubli et desquels seule la littérature peut réellement rendre compte de façon satisfaisante.
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Ça change quoi

«Il a du naître là-dedans, ce roman, devant ces litres de sang figé.»



De retour dans la ville plusieurs années après les faits, de sa chambre d’hôtel et avec sous les yeux les traces de ses événements qui n’ont pas cessé de l’obséder depuis Juillet 2001 (une carte de la ville, des vidéos, des photos et des documents), un journaliste revient sur ce qui s’est passé cette année-là pendant le sommet du G8 à Gênes. Le narrateur venait alors de mettre fin à son histoire d’amour avec Angela, avant de se rendre à Gênes pour couvrir les événements.



Comme le dit Antonio Tabucchi dans sa très belle préface, «ce qui s’est passé durant l’été 2001 à Gênes pendant la réunion du G8 a fait tomber le masque de la «démocratie» italienne.»



Dédoublé entre sa position de journaliste et d’acteur des événements, entre ces quelques jours de juillet 2001 et le présent, le narrateur, navigant sans cesse entre le témoignage et l’introspection, raconte ces moments de sidération où la peur a surgi, où la police, qui était selon lui censée protéger la foule, est devenue l’ennemi, avec la mort de Carlo Giulani et deux jours plus tard l’assaut prémédité d’une violence inouïe des forces de police contre l’école Diaz, où quatre-vingt-treize personnes seront blessées dont plusieurs très grièvement, événements qualifiés par Amnesty International comme la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la seconde guerre mondiale. Le lien au présent permet de souligner ce qui a été mis à bas, et une «berlusconisation» de la société italienne qui est devenue la norme.



«C'est que depuis ce jour-là même les nuages n'ont plus eu la même signification pour moi. Et le brouillard non plus. Les nuages et le brouillard, que je m'étais habitué à aimer avec Angela, allongés pour les observer de tous les endroits possibles - il y a seulement depuis l'asphalte d'un parking, un après-midi, que je lui ai dit non, là non, avec tous ces gens autour, quand même [...] Car depuis ce jour-là, les nuages et le brouillard évoquent à jamais l'odeur indescriptible des gaz lancés à Gênes.»



Journaliste et écrivain, Roberto Ferrucci était présent à Gênes en juillet 2001 et il questionne avec cette œuvre littéraire la possibilité de raconter des événements traumatiques avec simplement des faits, avec un langage journalistique devenu inopérant pour transmettre l’impensable. Alors il explore cette histoire sous les deux angles du factuel et de l’intime, avec une mémoire au fonctionnement bizarre et forcément défaillante, des thèmes chers au grand Roberto Bolaño, et qui font penser à «Amuleto» en particulier.

Un livre qui nous transforme, par ce qu’il raconte et comment il le fait.



«La rue était déserte. Rien que cette épave, là, au milieu, et je me suis rendu compte qu’en quelques heures nous nous étions déjà habitués aussi à ce genre de paysage, à cet ensemble de destruction et de vide qui risquait de se remplir à l’improviste, avec l’arrivée de quelqu’un prêt à s’en prendre à toi sans raison, même s’il était en uniforme et qu’il aurait dû te protéger, pas t’agresser.»

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Ces histoires qui arrivent

« Ces histoires qui arrivent » subrepticement, entrelacs littéraires, touchent le lecteur, comme si d’un seul coup, Lisbonne était l’encre de ses yeux. Roberto Ferrucci rend hommage à la noblesse nourricière des mots d’Antonio Tabucchi. Le périple voyageur de Roberto Ferrucci dans une Europe de puissance verbale est l’aurore naissante, une plénitude de reconnaissance pour Antonio Tabucchi. Le lecteur sait qu’il reçoit page après page, les regards tournés vers le mot qui délivre de l’injustice et cette merveille d’écriture renforce la sociologie politique de ces histoires qui arrivent en pans de lumière. Traduites avec perfectionnisme par Jérôme Nicolas, ce récit reçoit la force commune des maîtres d’une littérature de haute voltige. On se prend à vouloir tout lire d’Antonio Tabucchi, de Roberto Ferrucci et les traductions de Jérôme Nicolas. On rêve de rencontrer Tirsa, de monter dans le tramway numéro 28. « Oui, quand je me demande comment Tabucchi aurait réagi à l’attentat de Charlie Hebdo, du Bataclan, ou au Brexit, aux populismes qui traversent l’Europe, je sais que ses réponses sont dans ses livres. » Que cette collection « Fictions d’Europe » est belle ! digne et prometteuse de mots de gloire et de portée fraternelle !! Le lien fusionnel est renforcé par cette richesse commune, de ces histoires passerelles qui arrivent. Ce liant entre la littérature et la compassion pour un monde à rendre meilleur est levier. Cette envergure littéraire est matière et prouve combien les éditions « La Contre Allée » sont dans la cour des Grands. Cet écrin de beauté, ce livre passeur, au concept étudié avec art jusqu’au code barre en forme de tramway ne laisse rien au hasard, et c’est une chance pour le lecteur. Bien plus que cela, « Ces histoires qui arrivent » sont des petits pains au devenir multitude. Le lecteur est fier d’avoir reçu en héritage livresque ce récit et sait qu’en filigrane lui aussi reçoit « De ces tapes chaleureuse, précieuses. » « Ces histoires qui arrivent » sont chef-d’œuvre , elles sont l’intériorité des humanistes de ce monde, elles sont la plus délicieuse rencontre avec le paroxysme littéraire. Elles sont le respir d’une Europe formidablement palpitante. Elles sont des modèles éclairants. Ce livre devient mémoriel , majeur, indispensable. A lire d’urgence.
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Venise est lagune

Le suicidaire appât du gain illustré par le paquebot géant forcé dans la fragile lagune vénitienne.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/09/26/note-de-lecture-bis-venise-est-lagune-roberto-ferrucci/
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Venise est lagune

Un court texte pour déplier l'opposition de longue date de Roberto Ferrucci aux monstres qui défigurent Venise, et menacent tant l'écosystème de la fragile lagune que les fondations de la ville ancrée là : les gigantesques navires de croisière ayant hélas droit de passage.

Alternant le point entre sa résidence d'écrivain de Saint-Nazaire, où les paquebots sont construits et font la fierté collective de la ville, et Venise où il s'engage contre la présence et la menace de ces navires, documentant leur passage (sa vidéo du Carnivale Sunshine effectuant en 2013 un virage serré près de la riva dei Sette Martiri lui valut les foudres du comité Cruise Venice), notant tendrement la réaction des locaux, Roberto Ferrucci pose l'importance de résister aux sirènes ravageuses du tourisme de masse.



A relire à la lueur de l'actualité récente, en frémissant devant l'ombre projetée par le MSC Opera heurtant un quai et un navire fluvial, à Venise, le 02 juin 2019...
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Ces histoires qui arrivent

L’histoire poignante et poétique d’une rencontre et d’une amitié littéraires.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/12/16/note-de-lecture-ces-histoires-qui-arrivent-roberto-ferrucci/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ça change quoi

Ca change quoi – Roberto Ferrucci

Un journaliste reste hanté par les images et les moments qu’il a vécu à Gênes en juillet 2001 durant le fameux sommet du G8.

Dans ce roman, il revient bien des années plus tard, s’installe dans une chambre d’hôtel avec une immense carte de la ville et refait la cartographie de la ville à travers un chemin presque symbolique en dessinant dessus les moments clés de ces journées difficiles. On comprend rapidement que le chemin n’est pas neutre et qu’il lui est indispensable pour essayer de cerner les motifs qui ont mené l’horreur.

Car « La mémoire n’est pas neutre c’est un conflit constant », elle ne peut rien prouver.

Il refait le chemin pour affronter à nouveau l’inévitable, ces moments si terribles si décalés finalement et si soudains. Il a sans doute aussi peur également d’oublier, d’être passé à côté et il veut s’approprier cette vérité historique pour la transmettre.

Faire face, comprendre, se faire pardonner ce qu’il n’a pu faire ni voir, accepter d’être passé à côté de lieux de tortures aux moments des tortures, sans le savoir, vivre avec ces moments d’horreur et dans le silence de la communauté internationale et surtout de l’Europe qui accepte ce régime fascisant.

Une très belle introduction de Tabucchi sur le pouvoir de la fiction qui seule transmet la puissance de l’horreur, dit que cette œuvre balaye les récits doucereux sur ce qui s’est passé à Gênes.

Une écriture moderne, rythmée, douce, digne et puissante, qui place le lecteur à l’exact désarroi et place où se trouve le personnage dans ce mi-chemin entre les passés et le présent, après l’horreur, l’affrontement, dans ce no mad’s land incertain où la mémoire tente de se construire avec la vérité, se dé-signe des affects et nous ramène enfin vers nous même.

ANabelle
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Ces histoires qui arrivent

Montez à bord du tramway Lisboète. Le 28. Celui qui mène le narrateur vers la dernière demeure de son ami écrivain Antonio Tabucchi.

Laissez-vous conduire.

Faites-lui confiance.

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De cette balade, de ces souvenirs, vous découvrirez ce qu'est l'amitié, la beauté d'une relation, les engagements sociétaux de l'un. Une bulle enchanteresse, belle, émouvante dans laquelle vous serez inclus.

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Je n'attendais rien de particulier de ce livre court dont je ne connaissais pas l'auteur. Je suis sortie de cette lecture émue par les mots 💔, enchantée par cet univers teinté d'humour, de connivence. Tout est en discrétion mais tout transpire.

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Je ne vais pas chercher pourquoi j'ai eu un coup de cœur pour ces pages.

Je vais juste accueillir ce que l'auteur m'a donné.
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Sentiments subversifs

Voici un récit avec lequel j'avais rendez-vous depuis longtemps. Je l'avais acheté lors d'une soirée cinéma-conférence au Cinéma Les Lumières à Vitrolles. Draquila nous avait été projeté. A la fin du film, nous avons pu parler avec Roberto Ferrucci, journaliste (je ne sais plus si c'est au Gazzettino ou au Corriere Veneto) vénitien. Il nous a assuré, à nous Français qui aimions parfois comparer les vulgarités et sottises d'un Sarkozy à celles de Berlusconi, qu'il n'y avait pas de comparaisons et que, si c'était possible, il ferait l'échange avec nous tout de suite. Cela, il le redit dans le livre. Et sept ans de recul plus tard, droit d'inventaire inclus, il a évidemment raison.



Cf. suite de la note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Ces histoires qui arrivent

Tel un pèlerinage, Roberto Ferrucci nous guide dans les pas de l’homme qu’était Tabucchi, dans cet engagement qui l’habitait et lui a valu bien des problèmes. Entre Portugal, Italie et France, nous réalisons un véritable voyage littéraire, autant que nous découvrons l'éloge d’un écrivain fait à un autre, l'hommage vibrant au talent, le cri d’amitié. Et l’on picore ces anecdotes, ces citations extraites des écrits de Tabucchi qui deviennent petit à petit une détonation tant ces mots prononcés, ces combats menés bien des années plus tôt sont encore et toujours d’une actualité frappante.



Je ne connaissais pas Tabucchi, en tout cas je ne connais pas ses écrits (pas encore) mais le découvrir par le biais de Roberto Ferrucci fut pour moi une belle introduction à l’homme qu’il était et qui demeure à travers ses livres et le regard bienveillant d’un ami. Je ne connais pas Tabucchi mais je connais un peu Roberto Ferrucci, grâce à la magie des échanges et du numérique, grâce aussi à ses mots prononcés lors d’une rencontre littéraire, et je peux dire que ce court récit est d’une sincérité et d’une rare tendresse envers cet homme qu’il porte dans son cœur et qu’il admire. Et il serait dommage de passer à côté de ce récit qui se veut être passation culturelle et passation littéraire. Qui sont … ces histoires qui arrivent.
Lien : http://www.livresselitterair..
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