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Critiques de Roberto Ricci (86)
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Urban, tome 5 : Schizo robot

Tous les crimes de cet homme ont déjà été commis. Tu ne peux rien changer à tout ça.

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Ce tome fait suite à Urban, tome 4 : Enquête immobile (2017) qu’il faut avoir lu avant ; c’est le dernier tome de la pentalogie. Il faut avoir commencé par le premier tome, car il s’agit d’une histoire complète. Sa première publication date de 2021. Il a été réalisé par Luc Brunschwig pour le scénario, et par Roberto Ricci pour les dessins et les couleurs. Il compte soixante-douze pages de bande dessinée en couleurs. La série a bénéficié d’une réédition en intégrale en 2023, d’un format plus petit. Il comprend cinquante-huit pages de bande dessinée.



26 mars 2019, au siège du ministère de l’éducation, se tient une commission sénatoriale, sur un projet d’une série de dessins animés, destinée à lutter contre la violence juvénile, par cette forme de prévention. Jason O’Flaherty, conseiller à l’éducation pour le gouvernement du Massachussetts s’adresse à la créative venue présenter son projet. Il souhaite savoir pourquoi elle a fait le choix d’un héros d’origine amérindienne. Il estime que c’est un choix un peu curieux : les indiens d’Amérique ne représentent plus que 1% de la population de du pays, ça semble assez peu représentatif de la cible visée par le projet. La présentatrice demande s’il aurait peut-être préféré un héros blanc. Le conseiller indique blanc, ou afro-américain, ou même hispanique, un personnage correspondant davantage au public concerné. La demoiselle répond en exposant la logique de ce choix : il leur a semblé que l’un ou l’autre de ces choix risquait de disqualifier une des communautés citées, qui aurait pu ne pas se reconnaître dans ce héros. En revanche, toutes ces catégories admettent volontiers que l’Amérindien est le représentant parfait de toutes les violences et de toutes les injustices que des humains sont capables d’infliger à d’autres humains sur le sol américain. Un cocktail particulièrement révoltant que ressentent très fort les enfants défavorisés qu’ils veulent toucher à travers cette série de dessins animés. Faire de l’un de ces êtres malmenés et en colère un personnage qui exerce la justice plutôt que la vengeance a paru une bonne façon d’inviter tous ces gamins à davantage respecter les forces de l’ordre.



L’intervenante continue en racontant l’origine du héros. C’est un Cheyenne nommé Laughing Raccoon, son peuple lui a attribué ce nom parce qu’il est particulièrement habile de ses mains et toujours heureux de vivre. Et ce jour-là, Raccoon est plus heureux qu’il ne l’a jamais été : son premier fils vient de naître, quelques minutes à peine avant que le récit commence. Pour que sa compagne Héta puisse accoucher, ils ont dû s’arrêter en chemin alors que leur tribu poursuivait sa route vers le Sud et les terrains de chasse hivernaux. Une fois son fils venu au monde, le couple reprend sa route, Laughing Raccoon ayant facilement retrouvé les traces du passage de la tribu. Survient un détachement de soldats américains dont le commandant force Laughing Raccoon à les conduire à leur tribu, sous peine de tuer son fils. Une fois la tribu rattrapée, il s’en suit un carnage.



Dernier tome : le lecteur est partagé entre dévorer les pages pour savoir comment l’histoire se termine (Qui survit ? Qui gagne ?) et l’envie de savourer la fin de son séjour à Monplaisir. Il s’est habitué à la structure du récit et il se doute que la ligne temporelle du présent du récit, en 2059, sera entrecoupée de retours en arrière pour révéler des faits et des actions qui expliquent certains comportements bizarres (celui de Julia Buzz, la sœur de Zach), ou montrer ce qu’il advient également des personnages secondaires (comme le tueur à gages Antiochus Ebrahimi). Le scénariste comble l’horizon d’attente de son lecteur. Avec des scènes attendues par exemple une dernière partie d’Urban Interceptor, avec une proie de choix. Il va même au-delà de ses attentes du lecteur en évoquant la création du personnage de Overtime dans la série de dessins animés du même nom, ou encore en montrant comment Sikorsky a évolué au sein des Interceptors. Toutes les solutions de continuité sont levées, qu’il s’agisse du sort de la jeune femme opérée à la fin du tome trois, ou de la survie de Merenia Alicia Colton après s’être tranché la gorge dans une ruelle désaffectée : les pièces du puzzle s’assemblent parfaitement. Arrivé à la fin le lecteur se rend compte que l’histoire s’est déroulée dans une durée assez courte : du 24 juin 2059 au 04 juillet de la même année, période à laquelle s’ajoutent les retours en arrière, en 2019 et en 2049. À la rigueur, le lecteur peut trouver le laps de temps entre les années 2010 et 2059, un peu court pour que l’humanité puisse coloniser d’autres planètes. Il peut également envisager cet état de fait comme un déroulement alternatif de l’Histoire.



Dans ce tome à la pagination supérieure à celles des précédents, les moments mémorables abondent, entre scène attendue (le moment de gloire de Zachary Buzz est enfin arrivé), et celles qui ne pouvaient pas être anticipées. D’entrée de jeu, le lecteur ne s’attendait pas à assister à une conférence exposant les choix de conception d’un personnage de série de dessins animés : belle salle spacieuse équipée de rangées de tables avec des micros pour chaque participant, de beaux fauteuil, bien sûr un écran géant qui diffuse l’épisode pilote, celui-ci recourant à une palette de couleurs bien distincte (des teintes plus vives), et des formes un peu plus anguleuses que celles des scènes dans la réalité du récit, avec une magnifique reconstitution d’une demeure de riche propriétaire en 1895. La séquence suivante fonctionne également sur un plan de prise de vue et de mise en scène complexe : une scène de foule se ruant sur les pistes du port des navettes spatiales pour pouvoir évacuer Monplaisir : les quelques policiers qui tentent de contenir le mouvement de foule, la pression de la masse, les gens qui tombent par terre et qui sont piétinés, la panique faisant prendre risques inconsidérés… et l’atroce accident qui ne manque pas de survenir. Le lecteur éprouve la sensation de se retrouver un observateur impuissant, avec une suite de cases, ou d‘une suite de plan lui permettant de parfaitement comprendre ce qui se passe, tout en restant à niveau d’être humain. Autre séquence sous tension : Zachary Buzz se retrouvant sur un plateau d’enregistrement pour prononcer un discours apaisant dont le texte défile sous ses yeux, en présence de Springy Fool, d’A.L.I.C.E. et Narcisse Membertou : un espace plus réduit, moins de personnages, l’état d’esprit de Buzz fluctuant au gré de ses convictions parfaitement intelligibles au lecteur qui éprouve chacune de ses hésitations, de ses changements d’attitude.



Le lecteur savoure également à l’avance le sens du détail de l’artiste. Il sait qu’il va jouer à reconnaitre les personnages dont les vacanciers ont revêtu le costume, dimension ludique fort agréable grâce à la capacité exceptionnelle du dessin à en restituer les caractéristiques essentielles. Ça fait toujours plaisir de reconnaître des artefacts culturels, et ce n’est pas grave si on en rate un ou deux. Par exemple Thor, Black Cat, Cyclops, Deadpool, Elastigirl (Indestructible), Rorschach, Goldorak, Captain Marvel, Bane, Robocop, Link, Raphael (Tortues Ninjas). L’attention portée au détail s’étend au-delà des costumes : comme dans les tomes précédents, sans aucune baisse d’implication ou d’investissement du dessinateur, la ville de Monplaisir présente une consistance remarquable qui la rend tangible, à la fois les détails, à la fois la cohérence d’un tome à l’autre : la forme des vaisseaux spatiaux, l’uniforme des policiers, les néons innombrables aux façades de Monplaisir, le hall d’accueil du bâtiment abritant les studios d’enregistrement (et les ronds sur les joues des robots), la chambre et le matériel médical pour l’opération de Merenia Colton, l’ameublement de la chambre d’hôtel d’Antiochus Ebrahimi avec le sac de voyage posé sur le sol, le luxueux appartement en duplex de Buzz, les dernières vues de la ville alors que le nettoyage arrive à son terme, etc.



Dans les faits, le lecteur dévore les pages parce qu’il a hâte de découvrir la suite, ce qu’il advient des personnages : Zachary Buzz idéaliste, Springy Fool et son comportement obsessionnel et tyrannique, Ishrat Akhtar et son état de santé, Merenia Colton et sa colère, et même A.L.I.C.E et son raisonnement purement logique. Dans le même temps, il ralentit un peu sa lecture pour prendre un peu de recul, conscient des conséquences à moyen et à long termes, et des thèmes abordés. Il y est question de maternité, avec des circonstances très différentes, des attentes de la future mère très personnelles, des réactions du futur père aux motivations individualisées, pas toujours bienveillante, et atteignant un niveau d’égocentrisme inimaginable pour l’un d’entre eux. N’ayant pas accès aux mécanismes de fonctionnement de l’intelligence artificielle d’A.L.I.C.E., le lecteur ne peut que supputer sur la nature des raisonnements qui dictent ses actes. Le personnage d’Overtime surprend le lecteur : il ne s’attendait pas à ce que les auteurs développent la genèse de sa création, encore moins son épisode pilote. Dans le même temps, s’ils y consacrent dix pages, cela induit qu’il y a une intention : montrer comment les adultes fabriquent de tout pièce les modèles montrés aux enfants, comment un de ces enfants, animé par une vision dichotomique du bien et du mal, se conduit en cohérence avec les valeurs morales de son héros, de ce modèle. En filigrane, le lecteur retrouve également une structure politique gouvernant soit pour le profit capitaliste, soit pour son propre ego.



Ce dernier tome comble l’horizon d’attente du lecteur, et le dépasse de bien des manières. L’ensemble forme un récit de science-fiction solide et généreux, intelligent. La narration visuelle fait montre d’une rare consistance et d’une rare richesse en termes d’inventivité, de représentation et de description de ce futur. S’appuyant dessus et s’en nourrissant, l’intrigue s’inscrit à la croisée de deux genres, science-fiction et polar, avec des personnages incarnés et diversifiés, et des réflexions nourries sur le modèle donné aux enfants, la police et la justice, la société du spectacle, les vacances comme exutoire à une année de travail au service de la production marchande et capitaliste, l’intrication des intelligences artificielles dans le quotidien et dans le long terme.
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Urban, tome 4 : Enquête immobile

Dorénavant les robots devront arborer des signes qui les distinguent des humains.

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Ce tome fait suite à Urban, tome 3 : Que la lumière soit... (2014) qu’il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome, car il s’agit d’une pentalogie formant une histoire complète. Sa première publication date de 2017. Il a été réalisé par Luc Brunschwig pour le scénario, et par Roberto Ricci pour les dessins et les couleurs. Il compte cinquante-huit pages de bande dessinée. La série a bénéficié d’une réédition en intégrale en 2023, d’un format plus petit.



16 mars 2046, extrait n°21 tiré des archives de Monplaisir. Sous la pluie, de nuit, dans les ruines, Narcisse Membertou, armé d’un fusil, fouille les débris à la recherche de quelque chose de valeur. Il s’adresse à son employeur qu’il appelle patron, en train de travailler à des soudures sur un robot, à l’abri dans un conteneur maritime transformé en atelier. Il lui dit qu’il le regarde depuis ce matin et il y a une question qui lui brûle les lèvres. Le patron ne lui répond pas. L’employé tente quand même : Voilà, ça fait seize heures que le scientifique est là, à monter son robot pièce après pièce, et il se disait Comment il va faire pour monter les milliers d’autres mécas qu’il a amenés avec lui ? Il s’explique : Son patron a annoncé à toute la clique interplanétaire que son parc ouvrirait dans moins de deux cents jours. Pourtant Membertou ne voit pas trop comment l’ingénieur va arriver à monter tous ces machins, alors qu’il est le seul type compétent en robotique sur ce qui reste de cette planète. Et donc, voilà où il voulait en venir : est-ce que ça n’aurait pas été plus simple de faire assembler tous ses robots sur une chaîne de montage ? Et de les ramener sur Terre déjà prêts à l’emploi ? Le patron finit par répondre : Si Membertou pose la question, c’est qu’il ignore tout des principes de l’A.L.I.C.E. Il explicite l’acronyme : Pour Analising and Learning Intelligence Communitarian and Evolutionary. Attention, chacun des termes qu’il vient de citer est important… Et leur combinaison encore bien davantage !!! Est-ce que Membertou l’a suivi ? Ou bien, est-ce qu’il l’a perdu ? La discussion s’arrête là, et Membertou emmène son employeur sur son dos, pour qu’il ne se mouille pas les pieds, jusqu’à leur logement dans un immeuble désaffecté.



Plus tard, Le patron est allongé sur le ventre, sans parvenir à dormir, un pistolet posé sur sa table de nuit. Il entend des cris : il se lève, pistolet en main. Il arrive sans se faire voir à la pièce où réside Narcisse Membertou et il observe à la dérobée son employé en train de faire l’amour avec une femme pulpeuse. Il regarde en parfait voyeur. Une fois l’acte terminé, les amants se rhabillent et la femme repart en emportant une caisse contenant des vivres. Arès son départ, le roboticien se montre à Membertou et il lui pose de nombreuses questions sur les circonstances et le déroulement de ce rapport. Est-ce que Membertou la connaissait avant ce soir ? Réponse négative. Comment a-t-il réussi à faire ça, alors qu’ils ne savaient rien l’un de l’autre, qu’ils ne partageaient rien du tout, ni sentiments, ni origines ou goûts communs ?



En découvrant cette première archive sur la construction de la cité Monplaisir, le lecteur se rend compte qu’il est avant tout revenu pour l’intrigue. L’auteur en avait déjà dévoilé un peu dans le tome précédent, ce qui avait permis au lecteur de se rendre compte qu’il y avait d’autres éléments du passé présents dans les deux premiers tomes mais qu’il n’avait pas identifié comme tel lors de sa lecture. Le premier tome présente un monde original, une cité plaisir pour vacanciers, et un meurtre mystérieux. Tome après tome, l’intrigue acquiert de plus en plus de profondeur, à la fois quant au grand dirigeant de Monplaisir, personnage étrange toujours revêtu d’un costume de lapin, à la fois quant au mode de fonctionnement de la ville. Voilà que dans le premier chapitre du présent tome, le lecteur assiste en direct aux prémices de la construction de Monplaisir, par deux individus. Il n’entretient aucun doute quant à l’identité du roboticien ; il a la confirmation de l’importance de son homme de main Narcisse Membertou. Il se dit que cela explique qu’il occupe la position de chef de la police dans le présent du récit en 2059. Par la suite, Zachary Buzz utilise un accès illimité aux archives de la ville et il pose les questions les plus pénétrantes possibles pour un enquêteur, pour la plus grande satisfaction du lecteur.



Le lecteur se retrouve totalement impliqué dans l’intrigue, les révélations générées par la découverte du passé, et les événements survenant au temps présent du récit. Un véritable délice. Comme il aurait dû s’en douter, Monplaisir est une entreprise capitaliste, avec des ramifications politiques. Springy Fool n’a rien du doux dingue que laisse supposer le port d’un costume de lapin en permanence. Comme découvert dans le tome précédent, l’adjectif doux ne s’applique pas à lui, en revanche le qualificatif de dingue se discute. Effectivement Narcisse Membertou a une longue histoire avec Springy Fool, depuis les prémices de Monplaisir, et leur relation présente des facettes glauques, tout en étant profitables aux deux hommes. Le lecteur retrouve également Zachary Buzz qui se voit assigné à résidence après son action d’éclat à la fin du tome précédent, sa sœur Julia, Ishtar Akthar, Merenia Colton, Olif, l’enquêteur Gunnar Carl Christiansen et son épouse Pernilla Ann, Overtime le justicier du temps, ainsi que Springy Fool & A.L.I.C.E. au temps présent. Il resitue avec aisance chaque personnage, ainsi que son histoire personnelle, ses motivations et ses relations avec les autres, voyant apparaître des points de connexion entre leurs trajectoires qui se poursuivent ensuite indépendamment. Il revoit même l’administrateur Gregorescu de la Fédération galactique et l’administratrice Pichniewski, apprenant par là-même le prénom de son fils Roman, et l’agent Sikorski qui avait fait équipe avec Buzz.



Le scénariste a imaginé une savante structure pour son récit, dévoilant progressivement ce qui se trame, ce qui a mené à la situation actuelle devenue littéralement explosive, l’ampleur des enjeux, jusqu’à la Fédération galactique, l’importance très relative que peuvent avoir les choix de Zachary Buzz dans un tel imbroglio. Et pourtant… Dans le même temps, les secrets mis à jour agissent comme des révélateurs de la réalité de cette société. L’histoire personnelle de Springy Fool s’avère être celle d’un inventeur de génie, d’un entrepreneur audacieux avec une vraie vision, d’une création monstrueuse, celle la cité de Monplaisir, une créature qui menace d’échapper au contrôle de son créateur. Les relations interpersonnelles font apparaître les passions, ainsi que les contraintes sociétales systémiques. Zachary Buzz est animé par des principes et motivé par une envie d’œuvrer pour la justice : il se heurte à la nature même de la police de Monplaisir, plutôt une police privée protégeant les intérêts du propriétaire de ladite cité. Sa notion de la justice lui vient d’un personnage d’une série de dessin animé, Overtime, une forme absolue et pure, qui se heurte forcément au principe de réalité, et à la complexité des émotions humaines. Springy Fool est privé des qualités sociales qui permettent d’initier une relation avec une femme, la société ne lui offrant aucune alternative. Les dirigeants de Monplaisir manipulent la présentation des faits au travers des informations, jusqu’à imposer de prétendues vérités alternatives. Les contraintes socio-économiques poussent la roboticienne Merenia Colton à la prostitution. L’enquête met à nue les forces systémiques qui façonnent et forment la vie de chaque individu, comme un polar.



La narration visuelle donne à voir ce monde et met en scène ces personnages, avec une approche descriptive et naturaliste qui apportent les détails et les émotions pour faire vivre l’ensemble et chacun. Après trois tomes, l’horizon d’attente du lecteur est élevé en ce qui concerne les paysages, les accessoires, les vêtements. Le niveau de qualité reste identique et très élevé : les bâtiments en extérieur comme en intérieur, avec un niveau de détails qui ne baisse pas, le jeu d’acteurs et leur expressivité, entre naturalisme et quelques exagérations comiques pour Springy Fool, la mise en couleurs sophistiquée qui définit une atmosphère spécifique pour chaque scène, la densité remarquable d’informations visuelles tout en préservant la lisibilité. Le lecteur ressort de ce tome avec de nombreuses images en tête : les immeubles en ruine avec les conteneurs maritimes à leur pied, Membertou portant son patron sur dos sous la pluie, ledit patron interrogeant son employé sur son activité sexuelle avec un entrain et une candeur juvéniles, des sacs de nourriture déchargés d’un train, Merenia Colton accouchant seule dans une rue déserte, la même se tranchant la gorge, les effets d’une intoxication alimentaire de grande ampleur, etc. Sans oublier le plaisir ludique à identifier les costumes des vacanciers, comme ceux de Super-Dupond, Wonder Woman, Wolverine, Hans Solo, Princesse Leia, Kakshi Hatake.



Scénariste et dessinateur continuent d’emmener leur lecteur, loin, très loin. À la fois dans les visuels de ce futur, que ce soient les environnements urbains ou les modes de transport. À la fois dans les situations dramatiques, jusqu’à l’exécution pure et simple en public d’individus désignés comme ennemis d’état, ou dans le comportement abject de Springy Fool dans ses relations personnelles, en particulier avec les femmes. Également dans les contraintes comportementales et les entraves implicites à la liberté des individus intrinsèques au fonctionnement systémique de cette société.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Malheureusement, il ne s’agit en rien d’un accident.

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Ce tome est le troisième d’une pentalogie ; il fait suite à Urban, tome 2 : Ceux qui vont mourir (2013) qu’il faut avoir lu avant. Sa première édition date de 2014. Il a été réalisé par Luc Brunschwig pour le scénario, et par Roberto Ricci pour les dessins et les couleurs. Il compte cinquante-deux pages de bande dessinée en couleurs. La série a bénéficié d’une réédition en intégrale en 2023, d’un format plus petit.



Dans le train en aérien qui emmène les vacanciers à Monplaisir, l’impatience commence à se transformer en inquiétude : voilà une demi-heure qu’il est l’arrêt sans électricité. Sous eux, les lumières de la ville sont éteintes, même la façade avec l’enseigne de Monplaisir subit cette coupure de courant généralisée. Dans le ciel, des aéronefs voient leur réserve de carburant diminuer, et ils restent sans réponse de la tour de contrôle. Un pilote d’un vaisseau venant de Titan émet un message sans grand espoir d’être entendu, annonçant qu’il va bientôt devoir se poser sans guidage. À l’intérieur d’un bâtiment de Monplaisir, Springy Fool avance en tâtonnant dans le noir, et en appelant l’intelligence artificielle A.L.I.C.E., sans obtenir de réponse. Il finit par voir la tête robotique de l’IA, luisant faiblement dans les décombres. Il la prend dans ses mains et l’interroge : elle répond qu’elle ne sait pas ce qui s’est passé, qu’avant l’explosion elle a juste eu le temps d’enregistrer une surcharge électrique massive provenant de la centrale de la ville, qu’elle n’a pu en identifier ni la raison, ni le responsable. Elle est désolée. Les portes du studio s’ouvrent et les secours arrivent, accompagnés par un autre robot A.L.I.C.E. qui constate que Fool est légèrement blessé au front.



Dans la rue, les drones donnent des consignes aux habitants et aux vacanciers : attendre assis et ne pas bouger, ils vont procéder aux réparations nécessaires, la lumière va bientôt revenir. Les uns et les autres sont assis par terre, serrant dans leur bras un blessé qui leur est cher. Zachary Buzz tient contre lui le cadavre de Niels Colton. Il se remémore quand lui-même été enfant à la ferme, écoutant le générique de son dessin animé préféré Overtime, et chantant les paroles par cœur : Année 5739… dans un futur bien différent du monde que connu aujourd’hui. La science règne en maître et a établi sans contestation possible que Dieu n’existe pas. Pas de Paradis et encore moins d’enfer, pour accueillir l’âme des criminels et leur faire subir une éternité de tourments. Un crime impuni de notre vivant est un crime impuni à jamais !!! Cette idée a révolté les hommes. En réponse à leur émoi, un tribunal exceptionnel a été créé, chargé de réétudier tous les crimes non résolus depuis la nuit des temps. Leur bras armé : les Overtime. Un groupe de voyageurs temporels, missionnés pour identifier les coupables et les ramener dans le futur afin qu’ils subissent une longue et juste peine. Un monsieur chauve arrive derrière Niels et il lui explique pour quelle raison il a toujours trouvé le concept de cette série complètement débile.



Après la scène finale du tome deux, le lecteur a hâte de découvrir la suite de l’intrigue, c’est-à-dire les conséquences du dernier événement spectaculaire. L’auteur a choisi une forme en un unique chapitre intitulé : 28 juin 2059, quelques dizaines de minutes après l’explosion. Le lecteur se demande ce qui a provoqué cette explosion, mais aussi ce qu’il est advenu de l’assassin Antiochus Ebrahimi, de la durée de la panne de courant (peut-être même définitive), de la réaction des vacanciers, de la capacité de réaction des Urban Interceptors pour gérer cette situation de crise, du progrès de l’enquête de Gunnar Christiansen, de la possibilité pour Zachary Buzz de poursuivre l’assassin, du devenir d’Olif, et puis aussi d’en apprendre plus sur Narcisse Membertou. Or dans les planches deux et trois, le scénariste s’attache plus à Springy Fool et à A.L.I.C.E., deux personnages dont le lecteur pensait qu’ils resteraient en toile de fond sans être développés plus avant. Au cours des planches trois à huit, il revient sur l’enfance de Zachary, sur la résonnance émotionnelle que provoque en lui Overtime, le personnage de dessin animé. Il ne se rend pas forcément tout de suite compte que cette scène en révèle plus sur son interlocuteur. Puis le récit reprend le fil au temps présent de l’intrigue, introduit un nouveau personnage Merenia Alicia Colton… Les scènes ne commencent plus en haut d’une page pour finir en bas, mais peuvent s’entrecouper au sein d’une même, tissant ainsi une trame narrative très serrée, qui rend bien compte de l’intrication des différents fils, attestant d’un récit particulièrement bien construit.



Tout comme les différents éléments des séquences précédentes interagissent pour laisser deviner l’existence d’un schéma d’ensemble, les éléments visuels dessinent un monde concret et pleinement tangible. Le lecteur continue à prendre plaisir à jouer à relever les costumes des vacanciers en arrière-plan, et à identifier les personnages. Il remarque ainsi Zatanna, Kick-Ass, Wonder Woman, Jabba le Hutt, Actarus, Green Lantern, Hellboy enfant, Spider-Woman, Lamu, Juggernaut. Il retrouve avec plaisir également le cachet esthétique de la série : à commencer par cette mise en couleurs avec une palette donnant une identité particulière à la cité de Monplaisir. Le gris-vert à l’extérieur de la ville, l’éclairage intense et la profusion d’écrans à l’extérieur (une fois le courant rétabli), les couleurs plus ternes pour les intérieurs des citoyens basiques, les couleurs plus vives pour les lieux de vie de Springy Fool. L’expérience de lecture s’avérant très fluide, il faut presque un peu de temps au lecteur pour se rendre compte de la densité d’informations visuelles : la densité des immeubles autour de l’enceinte de Monplaisir, les différents éléments de la ferme des parents Buzz (étable, vaches, paille, roue de charrette, silos, éolienne, portique à l’entrée du domaine, clôture en bois, grilles métalliques), la foule hétéroclite de vacanciers patientant avec soumission que les autorités de Monplaisir prennent les choses en main, les nombreux couples en train de danser, la magnificence de la terrasse sur laquelle Springy Fool et son invitée prennent un repas, la densité de la foule dans le quartier populaire où Buzz et son coéquipier Sikorsky interviennent pour neutraliser Olif, etc.



Le lecteur a également conscience qu’il n’apprécie pas juste le sentiment de familiarité de se retrouver dans cette ville, il savoure également des visuels et des scènes mémorables. Springy Fool prenant dans ses mains la tête rétroéclairée d’A.L.I.C.E., le repas de la famille Buzz en vue subjective par les yeux de Zachary très nerveux devant la réaction de ses parents, la perte progressive de contrôle sur lui-même de Springy Fool confronté à la pression des exigences de l’administrateur Gregorescu, le sinistre cortège de corbillards flottant dans le ciel pour évacuer les cadavres des rues de Monplaisir, le passage silencieux de Buzz affligé au milieu de la salle d’entraînement des policiers, l’agression des parents Buzz par des dizaines de petits drones implacables, l’opération d’Ishtar, etc. L’artiste entretient le suspense par sa narration visuelle, bien rythmée, apportant de nombreuses informations dans les lieux, les activités des personnages, leurs postures, leurs réactions. Les dessins montrent un monde cohérent et tangible de science-fiction, prenant la peine de le représenter dans les détails, le rendant concret et plausible, une belle réussite pour ce genre.



Les différents personnages continuent d’être soumis à des épreuves, révélant des facettes de leur caractère. Le jugement du lecteur sur Zachary Buzz se trouve conforté : un jeune homme avec une vraie vocation de policier, de fortes convictions pour servir le public, et les conséquences de son implication se font sentir. Il doit prendre la responsabilité de son choix face à son père qui avait établi un projet nécessitant que son fils prenne sa suite pour exploiter la ferme familiale. Puis il se retrouve à expliquer à sa sœur qu’il ne peut pas revenir à la ferme pour aider, parce qu’il doit participer aux secours dans Monplaisir. Le lecteur est également amené à découvrir le revers de la médaille de la conscience professionnelle du lieutenant-enquêteur Gunnar Christiansen qui choisit de délaisser son épouse pour mener à bien son enquête. Il s’attendait donc moins à côtoyer Springy Fool : il découvre quel genre d’individu il est. Il observe son comportement lors d’un rendez-vous galant arrangé. Il le découvre lors d’un moment clé de la mise en œuvre du projet de construction de Monplaisir. Il peut voir comment il se conduit de manière directe pendant ces moments-là.



Le lecteur peut également voir quelles sont les conséquences des méthodes de Springy Fool, à la fois à l’exploitation de la ferme des Buzz, et de celle de leurs voisins les Munroe, à la fois dans la gestion de la localisation d’Antiochus Ebrahimi. L’auteur en révèle un peu plus sur le contexte des deux semaines de vacances que les gens viennent passer à Monplaisir et sur le mode de gestion de la cité. Le prix à payer par les personnages pour leur choix de vie devient progressivement apparent, et en parallèle il en va de même pour le fonctionnement de Monplaisir. Le lecteur n’oublie pas que le récit a commencé avec la prise de fonction de Zachary Buzz dans les rangs de la police de Monplaisir, avec l’assassinat d’un policier au milieu du premier tome. Les développements de l’histoire confirme qu’il s’agit d’un polar : un autre meurtre a été commis, les enquêtes se poursuivent, les personnages se confrontent aux réalités de la vie sous les apparences, les contraintes systémiques de cette société sont progressivement mises à nu, un vrai polar et la noirceur intrinsèque du genre découlant des bas instincts du genre humain.



Le lecteur continue d’en découvrir plus sur la personnalité des protagonistes, leur histoire personnelle, leurs motivations profondes, les vraies forces à l’œuvre dans cette société. Il comprend que les enquêtes en cours ne peuvent prendre tout leur sens qu’en prenant en compte ces éléments. Il continue d’être transporté par la narration visuelle dans cet environnement très solide de science-fiction, faisant l’expérience de moments singuliers, soit par les événements, soit par le ressenti des personnages. Une histoire prenante, fascinante, vénéneuse, malsaine.
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Il ne s’agit pas d’être laxistes Zach. Mais d’être plus dissuasifs que répressifs.

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Ce tome est le premier d’une pentalogie. Sa première édition date de 2011. Il a été réalisé par Luc Brunschwig pour le scénario, et par Roberto Ricci pour les dessins et les couleurs. Il compte quarante-huit pages de bande dessinée en couleurs. La série a bénéficié d’une réédition en intégrale en 2023, mais d’un format plus petit.



20 décembre 2058, des libellules volètent dans un rayon de lumière et Zachary Buzz se réveille, ou plutôt se lève. Il s’agit d’un solide gaillard : le jeune homme répond à une voix désincarnée constatant qu’il n’a pas dormi. Il répond à haute voix qu’il n’a pas pu, pas réussi. Alors qu’il se lève et s’étire, la voix désincarnée lui demande s’il regrette son choix. Zach répond à voix haute que non, c’est juste qu’il n’a connu que la ferme de ses parents. Ce qui va venir est autre chose, ce n’était carrément pas prévu au programme de son père ou de sa mère. Ça lui fait peur, autant que ça l’excite. Il s’apprête à montrer dans le wagon qui s’est arrêté, quand une autre voix l’interpelle : sa petite sœur Julia arrive en trombe sur un hoverboard, furieuse. Elle lui balance une figurine à l’effigie d’Overtime, un personnage de dessin animé, pour qu’il n’oublie jamais à cause de qui il a quitté la demeure familiale. Zachary prend place sur une banquette du train, tenant la figurine entre ses mains. Celle-ci lui parle comme s’il s’agissait d’un adulte assis à ses côtés, pour le détromper : sa sœur se trompe, il n’a pas besoin de cette poupée pour se rappeler à cause de qui il s’en va aujourd’hui. Alors que la destination se rapproche, une animatrice avec un décolleté ahurissant se met à parler sur les écrans : elle adresse son bonjour à ceux qui viendraient de les rejoindre à bord du tub à destination de Monplaisir.



Un humanoïde avec une tête de lapin interrompt la jeune femme. Springy Fool présente Monplaisir. Plus qu’un complexe de loisirs… Une cité tentaculaire vouée à toutes les formes de plaisir. Sur 300.000 hectares, un choix sans limites et deux niveaux d’accès. Pour ses 18 millions de visiteurs quotidiens ! Le dernier endroit où ça rigole dans la galaxie !!! Le train entre en gare, et sur le quai, Zachary Buzz est accueilli par Membertou, son coach. Celui-ci lui demande de ne pas l’appeler monsieur : il est son coach et il le sera pendant les six prochains mois. Il avait oublié à quel point Zachary est grand, et dense aussi. Dense, un mot barbare qui colle parfaitement avec son élève. Ce n’est pas un problème : la plupart des recrues ont grandi en apesanteur, leurs squelettes en sont fragilisés et leurs muscles bien moins toniques que ceux de Zach. Rien ne vaut un élevage au bon air des campagnes. Le coach le remercie d’avoir postulé à l’académie de police. Les cours commencent dans moins de 24 heures. Ça laisse un peu de temps à Zach pour prendre ses marques. Dans le même temps, les écrans diffusent un message à l’attention des vacanciers : ils sont invités à se diriger vers la costumerie. Ils pourront y échanger leurs vêtements civils contre l’un des 400.000 déguisements que leur hôte Springy Fool met gratuitement à leur disposition.



À l’évidence, la couverture annonce une série de science-fiction, vraisemblablement se déroulant dans un milieu urbain à en croire le titre. Le texte de la quatrième de couverture en dit un peu plus, un parc de loisir géré par une intelligence artificielle dénommée A.L.I.C.E., et il explicite que le terme Urban renvoie aux Urban Interceptors, les policiers de Monplaisir, unité que Zachary Buzz va intégrer en temps qu’élève. Le récit se déroule en deux temps, tout d’abord l’arrivée de Buzz dans cette ville le 20 décembre 2058, puis dans un second temps un assassinat et l’enquête qui s’en suit le 24 juin 2059, c’est-à-dire juste vers la fin de la période six mois passés avec le coach. Le lecteur est amené à suivre Zachary à ces deux moments, puis un autre jeune policier, Isham El Ghellab, qui a grandi dans l’espace, et qui doit mener à bien sa première mission, à savoir arrêter l’assassin qui a été repéré et dont la localisation au sein de Monplaisir est connue. Il croise également Ahn Loon Bangé, enquêteur, le temps de trois pages, la jeune femme Ishrat hôtesse à tout faire dans l’immeuble où loge Buzz, un enfant Niels Colton, également fan du dessin animé des Overtime, les justiciers du temps, et Antiochus Ebrahimi, l’assassin. Le titre de ce premier tome Les règles du jeu, et le début d’une série induisent que les auteurs commencent par présenter l’environnement dans lequel se déroule la série.



Au départ, le lecteur ressent comme une forme de dissonance visuelle : d’un côté, il voit des dessins descriptifs détaillés, de l’autre il éprouve parfois l’impression d’une forme d’imprécision dans certains endroits d’une case ou d’une autre. L’horizon d’attente du lecteur peut comprendre une exigence de représentation consistante des environnements dans une histoire de science-fiction. Sur ce plan-là, il est comblé, l’artiste s’investissant pour donner à voir les environnements dans lesquels évoluent les personnages. Le train sur monorail est visiblement d’un modèle futuriste, avec un profil spécifique. L’arrivée vers Monplaisir montre des bâtiments faisant penser à une nature industrielle, avec des poutrelles métalliques présentes régulièrement. L’architecture intérieure de la gare évoque plutôt la fin du dix-neuvième siècle. Certains buildings rappellent ceux de New York, début du vingtième siècle. Quelques pages plus loin, le lecteur apprécie la présence d’une statue d’une déesse à six bras évoquant Kali sur la façade d’un immeuble à la hauteur du quatrième étage. Par contraste, la salle d’entraînement des élèves policiers ressort comme étant froide et aseptisée, avec des dimensions peu communes.



Dans le même temps, le lecteur ressent comme un flou dans certains arrière-plans. Il lui faut un peu de temps pour comprendre d’où provient cette impression. L’artiste fait un usage sophistiqué de la mise en couleurs : à la fois une teinte dominante apportant une unité à chaque séquence, des jeux sur les nuances pour faire ressortir le relief et la texture de forme délimitée par un trait de contour, quelques effets spéciaux pour la décharge de 1.800 volts administrée à un voleur à la tire, pour le halo de chaque écran (et ils pullulent dans la ville et dans les appartements), pour les éclairages artificiels, etc. Parfois la couleur vient en appui des traits de contour ou de texture, s’adaptant à leur imprécision pour évoquer l’arrière-plan, sans réellement le représenter, en s’en tenant à l’impression générale qu’il peut produire sur un passant qui n’y prête pas attention. Pour autant, la densité d’informations visuelles s’avère très élevée à chaque page, montrant la ville et les locaux, en donnant pour son argent au lecteur venu pour le dépaysement concret du monde futur. Rapidement, il fait l’expérience du plaisir que prend le dessinateur à intégrer des éléments fouillés dans ses cases. L’exemple le plus flagrant réside dans les clins d’œil au travers des déguisements mis à disposition des visiteurs : Goldorak, Mickey, Pinhead, Bender Tordeur Rodriguez, Darth Vader, Wonder Woman, Homer Simpson, un schtroumpf, une tortue ninja, un Rubick’s cube, etc.



La narration visuelle transporte le lecteur dans cette cité futuriste avec ces visiteurs costumés, ces écrans partout, une véritable omniprésence, un personnage faisant même observer que seule l’intelligence artificielle A.L.I.C.E. peut les éteindre. Dans le même temps, elle emmène le lecteur grâce à son dynamisme : la première course-poursuite pour attraper le voleur à la tire, le combat entre deux élèves policiers, et le seconde course-poursuite entre l’assassin Antiochus Ebrahimi, et le policier Isham El Ghellab, des prises de vue rendant bien compte des déplacements, des coups portés, des acrobaties. Le lecteur se retrouve impliqué aux côtés du gentil Zachary Buzz, peut-être un peu naïf, dans la découverte progressive et partielle de cette cité. Le lecteur cherche à déterminer quel est le fil directeur principal de l’intrigue. Il se dit que cela doit être l’intégration de Buzz dans les Urban Interceptors, débouchant sûrement sur une enquête complexe.



Dans le même temps, le lecteur relève les différents thèmes abordés par le scénariste au travers du prisme déformant et souvent révélateur de la science-fiction. Cela commence avec les explications du coach sur le métier de policier à Monplaisir : Depuis que la police existe, les policiers se sont toujours plaints d’être constamment noyés sous un monceau d’obstacles idiots… Des centaines de délits sans intérêt qu’ils doivent traiter au jour le jour et qui les empêchent de se consacrer aux affaires réellement importantes. Mais à Monplaisir, rien de tel. En se chargeant de la broutille, A.L.I.C.E. leur permet de se concentrer enfin sur le vrai travail de policier : les meurtres, les viols, les enlèvements… Ici, être flic n’est pas un boulot ingrat, Zach. Le lecteur relève également l’omniprésence des écrans aux programmes imposés, une critique sur les programmes de masse issus de grands groupes homogénéisés, les visiteurs déguisés en costumes, c’est-à-dire une forme de société ayant dérivé vers le parc d’attraction, la société du spectacle ayant atteint son dernier stade de développement, le personnage de dessin animé comme modèle de Buzz déjà adulte, entre infantilisme et absence de modèle dans la vie réelle. La seconde course-poursuite entre un voleur et un policier est diffusée en direct sur tous les écrans, comme un spectacle, le voleur pouvant profiter en temps réel de l’évolution de la progression du policier, les visiteurs étant encouragés à parier sur l’issue de cet affrontement, etc.



Un premier tome très accrocheur qui trouve le bon dosage entre ce qui est montré et révélé, et ce qui reste caché, à découvrir par la suite. Une narration visuelle savamment dosé entre ce qui est montré dans le détail pour donner corps à ce monde futuriste, et ce qui est suggéré pour éviter de se prendre les pieds dans le tapis avec des éléments qui pourraient exiger une trop grande suspension consentie d’incrédulité, ou se contredire. Une mise à profit de la science-fiction comme reflet déformé ou exagéré, prospectif de la société d’aujourd’hui, et une solide intrigue pleine de mystères. Une belle réussite.
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Urban, tome 5 : Schizo robot

📚Contre l'avis de ses parents, Zach décide de quitter la ferme natale.Ainsi, il incorpore la police du plus grand complexe de loisirs du monde : Monplaisir. Profitant de leurs deux semaines de vacances annuelles, les visiteurs affluent dans cette cité autonome dirigée par un homme en costume de lapin, Springy Fool et A.L.I.C.E., une I.A. révolutionnaire. Zach, dont la morale de justice s'inspire de son héros de jeunesse Overtime, doit se plier à la règle majeure de Monplaisir.Tout est divertissement, même la justice !



🖊Urban de Luc Brunschwig et Roberto Ricci est une oeuvre de science-fiction majeure. Derrière cet univers acidulé aux multiples clins d'oeil se cache un récit au vitriol critiquant les dérives d'une société libérale où le divertissement, à courte durée, devient le seul moyen d'évacuer les tensions d'une vie de plus en plus injuste. Récit psychologique, thriller futuriste, Urban est bien des choses en plus d'être une histoire d'amour amenant un peu d'éclaircie à un univers froid et lugubre. Personne d'autre que Roberto Ricci ne pouvait dessiner cette folie avec un sens du détail aussi aiguisé et une narration d'une maitrise absolue. On se noie dans les pages du dessinateur comme on peut se noyer dans les excès de Monplaisir. Urban est à découvrir, d'autant plus que, pour l'occasion, Futuropolis propose un intégral à un prix abordable, donnant un merveilleux écrin à une saga d'ampleur.



🧔Chronique complète :
Lien : https://www.mtebc.fr/urban-b..
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Urban, tome 5 : Schizo robot

Magnifique série.

Pour un coup de hasard à la médiathèque, ce fut un coup de génie.

Merci aux auteur et dessinateur pour ce "merveilleux" moment de lecture. Je mets des guillemets parce que l'histoire est loin d'être merveilleuse: âmes sensibles, s'abstenir. Pour le reste, jusqu'à la dernière page, c'est parfaitement maitrisé, immersif et bousculant.

Vous trouverez plus de détails dans les critiques précédentes.

A vivement conseiller.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

La cité de Monplaisir a subit une catastrophe qui a coupé toute l’énergie de la ville et fait de nombreuses victimes… une catastrophe qui se révèle être au final un attentat rudement bien mené. Mais qui est à l’origine de cette attaque ? Et pourquoi ?…

Encore une fois, le récit est assez étrange ; le contenu est certes énigmatique mais c’est le déroulé des différentes scènes qui est assez déroutant.

Le design de la BD donne en tout cas bien le ton du récit : sombre mais dans des tons de bleu, de rouge qui me déroutent aussi visuellement ; bref, j’accroche moyennement à cette série qui avaient pourtant tout dé prometteur dans son premier tome.

J’ai conscience que cette série a un fort potentiel mais ce n’est pas mon style de récit : trop haché, trop étrange, trop sombre graphiquement. Malgré tout, c’est l’histoire du personnage principal qui me permet de m’accrocher à l’histoire car ce personnage - malgré son manque d’émotions - est attachant et mérite que l’on s’intéresse à son destin dans ce monde véritablement dystopique - Monplaisir est bien loin effectivement de la cité rêvée ; c’est de plus en plus irréfutable…
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Urban, tome 4 : Enquête immobile

Ce quatrième tome nous éclaire un peu plus sur l'origine de la cité "Monplaisir". L'enquête de l'urban interceptor Buzz se poursuit malgré son enfermement et nous en apprend beaucoup plus sur l'histoire du créateur, Springy Fool, de sa terrible invention A.L.I.C.E. et de la fameuse Madame Colson, celle dont je vous parlais dans la critique précédente.

J'ai déjà eu l'occasion de mentionner que cette série ne faisait pas dans la dentelle et ce n'est pas ce nouveau tome qui fera exception. On creuse dans le sordide... Un peu trop peut-être. J'ai parfois une impression de sur-enchêre pour frapper le lecteur là où ca fait mal...

Pour le reste, tout est maitrisé et passionant jusqu'aux dernières pages qui nous annoncent un dernier tome tendu.

A lire absolument.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Le deuxième tome avait tapé très fort et le troisième ne fait pas dans la dentelle. Il y a bien longtemps désormais que nous avons compris que "Monplaisir", cet hybrise entre cité-état et parc d'attractions présentait une face cachée bien sombre. A l'image de son mentor, complètement bipolaire, la ville respire au rythme du spectacle à n'importe quel prix.

Le prix va être très fort et notre loyal agent Buzz va avoir bien du mal à en sortir indemne. Tous les personnages principaux et secondaires sont désormais lancés ans cette course morbide et seule l'apparition d'une certaine Madame Colton laisse un semblant de micro-espoir...



Toujours aussi convaincu par la qualité et la richesse de la narration, la mise en scène et le dessin. Je n'aurais qu'une micro-réserve sur l'omniprésence du dévoué Narcisse qui joue beaucoup de rôles...
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

En 2058, Zach Buzz est un jeune homme qui s'apprête à se rendre à Monplaisir, une cité tentaculaire destiné au bonheur de tous ses visiteurs et répondre à tous leurs fantasmes. Mais Zach n'est pas un simple touriste, il s'y rend pour devenir policier. Mais Zach va vite se rendre compte que la cité de Monplaisir cache de nombreux mystères…

Malgré un style graphique qui ne me plait guère, l'univers crée autour de cette cité du plaisir est plutôt intéressant. Un monde qui flirte avec la dystopie où Zach découvre que tout le monde n'est pas heureux dans cette cité. Même son rôle de policier n'est pas ce qu'il imaginait.

L'idée est originale et il plane pas mal de mystères et surtout un monde qui est bien plus sombre que ce que le nom de la ville pourrait laisser imaginer : notamment avec ce jeu autour de l'arrestation d'un meurtrier par un jeune policier qui tourne au voyeurisme sordide !

Bref, le récit est plutôt prenant et prometteur, à voir si l'histoire prenne un peu d'épaisseur et si on avance un peu plus dans l'intrigue.

Petit point amusant dans cette cité de Monplaisir où les visiteurs doivent passer un déguisement à leur arrivée. L'occasion d'observer en arrière plan de nombreuses vignettes, des personnages connus : Tintin et Milou, Dark Vador et Leia, un légionnaire… je vous laisse chercher les autres.
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Urban, tome 1 : Les règles du jeu

Bien longtemps que je n'étais pas allé faire un tour à la médiathèque...

Cette série de BD me fait de l'oeil et je me laisse tenter sans a priori si ce n'est que le scénariste Luc Brunschwig me dit quelque chose.



Plongée dans un monde futuriste ultra-technologique, dans une méga-city, parc de loisirs, qui porte bien son nom :"monplaisir". Nous suivons l'arrivée d'un jeune homme de la campagne, récente recrue pour devenir un flic. Le personnage principal, un peu naif et perdu, est attachant et nous découvrons avec lui les règles de fonctionnement assez spéciales de cette ville: une espèce de Las Vegas sous amphétamine. Sans vouloir divulgacher, nous allons comprendre que le métier de policier de cette cité est évidemment connecté avec le spectacle. Evolution de l'histoire qui n'est pas sans nous rappeler "running man".



Dessin et Scénario tiennent la route, et nous finissons le récit assez rapidement en l'ayant appréciée. Bien maitrisé et suffisamment dense, on ne s'ennuie pas même si on ne passe quand même pas à côté de quelques clichés de ce genre de dystopie... Rien de génant, néanmoins.

Continuons !
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Urban, tome 5 : Schizo robot

La vignette sur la couverture indique "la fin d'un cycle". Schizo Robot est le dernier tome de cette saga futuriste où est dévoilé les secrets d'une ville robotisée et informatisée vouée aux plaisirs et à l'argent, une cité des phantasmes. On peut faire le parrallèle avec la série Westworld à une autre échelle. Je lance un appel aux cinéastes et réalisateurs, "Urban" pourrait faire une très belle série cinématographique. Je dis cela parce que je voudrai.s que cette oeuvre continue à vivre. Luc Brunscwig et Roberto Ricci signent une belle collaboration et 5 volumes qui méritent leur place dans ma bibliothèque. L'auteur glisse t'il un clin d'oeil à Bordage avec son général Wong ? En tout cas je laisse le plaisir aux lecteurs de lire cet ultime chapitre de l'aventure regorgeant de rebondissements.
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Urban, tome 4 : Enquête immobile

Le quatrième tome de cette superbe série éditée chez Futuropolis révèle beaucoup de mystères, on commence enfin à comprendre ce qui se passe. Celà passe par un flash back en 2046, la genèse de la cité du plaisir. Une sincity robotisée où l'enquête a du mal à faire son chemin. Ensuite, l'histoire revient en 2059; Zach, au bout du rouleau reçoit une aide inattendue.

Le dessin, la couleur, les rebondissement tiennent toujours le lecteur en haleine et la qualité ne faiblit pas.
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Le manuscrit interdit, tome 1

J'ai beaucoup aimé le premier tome de cette série et j'ai hâte de découvrir la suite. On découvre petit à petit les personnages et un pans de l'histoire qu'est l'invasion du Tibet par la Chine. J'ai trouvé que cette BD relevé d'avantage d'une romance que de l'aventure.

J'aurai aimé que le sujet du manuscrit interdit soit plus approfondie.

Concernant le graphisme, c'est le point fort de cette œuvre. Je l'ai trouvé magnifique, plein de détails et très réaliste.
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Le coeur de l'ombre

Voyage imaginaire dans le monde des légendes urbaines: voici ce qu'il vous attend!



Ici, il est question des terreurs que tous les enfants redoutent quand ils ferment les yeux.

Qui n'a jamais entendu parler du croque-mitaine, du Boogeyman...



Mais celui qui terrifie Luc, 10 ans, est l'Uomo Nero.

Ce personnage sombre, terrifiant, maléfique, sournois, se nourrissant de la peur des plus petits, tourmente depuis un moment notre jeune ami.

Un soir, il l'emmène de l'autre côté du miroir, le faisant basculer dans les ténèbres, chose que Luc, très peureux, redoutait le plus.



Un très bel album jeunesse, qui habilement, tente de dédramatiser les monstruosités de la nuit.

On oscille dans un univers fantastique où l'on va rencontrer toutes les figures emblématiques et folkloriques des différents pays.



L'univers est parfois sombre, parfois lumineux, tantôt effrayant, tantôt psychédélique.

Cet ouvrage est doux et le graphisme est magnifique.

Je recommande pour tous les âges.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Une belle série, un univers très bien dessiné par Roberto Ricci. Une planète Parc d'attraction avec son lot de criminalité, on suit Zachary Buzz, un des agents de sécurité, on a droit à des robots qui semblent se détraquer, l'I.A. centrale qui gère l'ensemble, est diabolique et en même temps on ne peut s'empêcher d'admirer son ingéniosité. C'est vertigineux et pourtant très réaliste.
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Urban, tome 3 : Que la lumière soit...

Ce troisième tome devient plus dur, plus noir. On y constate que l'état totalitaire à exploitation en circuit fermé contrôle à peu près tout sauf l'incident qui a lieu à la fin du second volume dans la cité des mille plaisirs. Les dirigeants et notre héros sont perturbés. Zach, épris de justice se pose beaucoup de questions.

Le grand format de cette bande dessinée la rend toujours agréable à lire.



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Le manuscrit interdit, tome 1

Ce tome 1 d'une série qui en compte trois est, comme bien souvent, celui d'une mise en place.

Tibet 1951, massacre des moines d'un temple par les troupes de l'armée chinoise; le professeur Egon Bauer est abonné évanoui dans la lamaserie en flamme.

L'agent Zhang Ziyi est envoyé sur place par le gouvernement chinois afin d'enquêter sur le contenu des travaux du professeur. En effet il serait sur le point de mettre à jour une nouvelle interprétation des Saintes écritures.

États Unis, Kevin Mc Bride, détective, est chargé par le frère du professeur d'accompagner au Tibet Elen, la fille de ce dernier, afin de le retrouver.

Le dessin est d'une belle maitrise, les détails nombreux et précis et la mise en couleurs très travaillée.

Même s'il y a un air d'Indiana John's mais en moins bien et que le côté politique de l'histoire (relations chine /Tibet et l'Amérique du maccartisme) manque de développement, la suite est attendue avec impatience à la fermeture de ce T1
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Urban, tome 5 : Schizo robot

Through the Looking-Glass



[Résumé] Il aura fallu près de dix années pour parachever cette série d’anticipation qui a germé il y a des lustres dans l’esprit foisonnant d’un scénariste particulièrement talentueux et qui connut un faux départ en 1999 avant de renaître sous les crayons alertes et virtuoses de l’impressionnant Roberto Ricci… Avec Schizo Robot Luc Brunschwig nous entraîne de l’autre côté du miroir pour un final aussi glaçant qu’ébouriffant qui remet en perspective les évènements qu’il nous avait contés dans les tomes précédents…



Si on quitte à regret l’univers d’Urban, c’est qu’on s’était attaché à ces personnages délicieusement complexes et remarquablement bien écrits qui n’ont cessé d’évoluer et de se densifier au fil des péripéties de façon vertigineuse et bougrement cohérente…



Somptueux graphiquement, solidement charpenté et porté par une narration impeccable, Urban s’impose d’ores et déjà comme l’une des meilleures séries d’anticipation du neuvième art… A ne manquer sous aucun prétexte ! Mais sachez que vous n’en sortirez pas indemnes et, qu’à l’instar du Pouvoir des Innocents, l’histoire vous hantera longtemps après avoir refermé l’album…


Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Urban, tome 5 : Schizo robot

Dans le gigantesque parc de loisir de Monplaisir, c'est la panique. Un deuxième attentat vient d'avoir lieu entrainant des centaines de morts. Les robots semblent impliqués et leur créateur est complétement dépassé.



L'univers déjanté de Monplaisir se transforme en scénario catastrophe. Springy Fool ne contrôle plus rien malgré qu'A.L.I.C.E, l'intelligence artificielle qui régente le parc, tente de garder un semblant de maitrise. Et Zach dans tout ça, avec sa vision idéalisé de la justice, a été bien bousculé dans ses convictions. Il tente de faire ce qui lui semble juste mais il est juste balloté par les événements.

Ce dernier tome donne l'explication finale, les implications froides et machiavéliques d'une vengeance toute maternelle. Le concepteur en informatique de génie qu'est l'asocial Springy Fool se fait prendre à son propre jeu sur son propre terrain. Triste retour de bâton pour cet homme avec un nombre incalculable de défaut mais que l'on avait appris à mieux connaitre dans le tome précédent faisant toute la nuance de ce personnage.



Une pastille rouge sur l'album nous précise FIN DE CYCLE, on peut supposer, malgré les difficultés de parution, qu'un nouveau cycle va s'ouvrir. Effectivement certain point sont clairement laissé en suspend pour plus tard.



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