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Citations de Roger-Pol Droit (353)


Il y a cependant des situations très banales, des gestes quotidiens, des actions que nous accomplissons sans cesse et qui peuvent devenir autant de points de départ pour l'étonnement dont naît la philosophie. Si l'on veut bien admettre que celle-ci n'est pas théorie pure, si l'on accepte qu'elle prenne source dans des postures singulières envers l'existence, dans les aventures insolites des philosophes parmi les sentiments, les perceptions, les images, les croyances, les pouvoirs et les idées, alors il n'est pas impossible d'imaginer des expériences à vivre qui sont autant de dispositifs d'incitation. Le jeu consiste à provoquer des déclics infimes. Inventer quelque chose à faire, à dire, à rêver qui fasse éprouver un étonnement, percevoir le trouble d'une question. Il s'agit de fabriquer de microscopiques événements déclencheurs, des impulsions minimales. Au ras des choses, en jouant.
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Il s’agit d’une simple consommation imaginaire d’avenir, dépourvue de tout impact sur la réalité. Le geste ne consiste jamais à se prendre vraiment en charge, ni à s’exercer réellement. Il réside tout entier dans l’évocation de ce qu’on sera... lorsqu’on aura réussi cette opération qu’en fait on n’accomplit jamais !
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Marcel Staline ne serait donc qu’un perroquet de plus de la « sagesse des nations », nullement l’indice d’une nouvelle barbarie. Ce coach et ses semblables ne feraient que répéter des maximes millénaires : accepter ce qu’on est au lieu de rêver à des paradis illusoires, être calme et serein plutôt qu’agité et inquiet, voir les choses du bon côté, prendre soin de son organisme, vivre pleinement sa sexualité... Beaucoup de vieux bon sens, rien de vraiment faux, a fortiori rien de dangereux.
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J’ai donc composé cette farce pour mettre en lumière les méfaits de certains charlatans. Toute ressemblance entre la « méthode totale » et des méthodes existantes n’est absolument pas fortuite. Et les personnages cités pourraient tous exister.
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On vous donne à présent des conseils pour tout. Plus un seul aspect de l’existence ne demeure sans experts, gourous et autres coachs, tous prêts à prendre en main votre vie.

Situation ridicule : la vie n’a pas besoin, pour se développer, de tant d’artifices et de boniments.

Situation dangereuse : beaucoup risquent d’y perdre leur autonomie.
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Nous avons oublié, également qu'Apollonius fut considéré, plusieurs générations durant, comme un concurrent notable du Christ. L'un était grec, l'autre juif. Mais tous les deux faisaient des miracles, avaient des disciples, passaient pour des hommes divins. Et transgressaient volontiers les frontières.
De la longue marche d'Apollonius, un trait essentiel à retenir nous concerne toujours : il est allé marcher vers les autres, s'est mis en quête de l'Orient, de l'Inde, des sages d'Asie. Non par goût d'exotisme et de dépaysement, mais par souci d'universalité. Nous qui cloisonnons, qui ne voulons marcher que sur des chemins balisés, dans des circuits définis, le long d'allées bien tracées, ce mélange des genres nous trouble;
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L'idée centrale est que le sacré possède un pouvoir terrible. Le sacré est considéré comme quelque chose de merveilleux, de sublime, et en même temps de redoutable, d'effrayant. Du point de vue religieux, le sacré peut être destructeur pour les êtres humains s'ils n'observent pas les règles.
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Plus les barbares disparaissent, comme figures réelles, comme danger effectif émergeant des lointains, plus les barbares intérieurs, porteurs de diverses manifestations de l'inhumanité, surgissent et se manifestent au-dedans. (p.245).
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Il ne serait pas impossible qu'en scrutant les autres avec tant de patience, d'attention, de science et d’ingéniosité, l'Occident montre qu'il a pratiqué , plus que tout autre culture, le doute sur lui-même, l'hésitation par rapport à ce qu'il est. (p.204-205).
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Les civilisations sont profondément dépendantes des représentations qu'elles forgent. Selon la teneur de ces représentations, selon la façon dont elles les transforment et les perpétuent, leurs rapports à elles-mêmes et aux autres se définissent différemment. (p.196-197).
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Il y a de la bête sauvage en chacun. Le sage, qui parvient à vivre selon la raison, a vaincu le tyran ou le fauve, qui était en loi-même. (p.157)
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Il n'y a pas en occident un ethnocentrisme monolithique.[...] Une des caractéristiques constantes des textes occidentaux est de procéder à intervalles réguliers, et de multiples manières, à l'étude des autres, à l'observation minutieuse de leurs mœurs et de leurs croyances, ce qu'aucune culture n'a fait avec autant d'ampleur, de constance et d'opiniâtreté. Parallèlement, à ce souci des autres, l'Occident s'est adonné perpétuellement à son auto-dévalorisation. (p.118-119)..
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L amour délie chacun de lui-même, pour le lier a l'autre, constitutivement, il reste possible de respirer seul, de manger à l écart, de dormir sans personne, pas d aimer, c est toujours en soi et hors de soi, l autre d abord, l amour est une énigme qui inverse tout, c est l'inverse du doute, de l'ignorance, de la raison, qui aime est dans l évidence ...
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50 - Penser au cosmos

Accaparé, harassé, harcelé, ça va trop vite.
Avec trop de tâches, de soucis, d'exigences.
Nez dans le guidon, plus de regard pour rien ni de pensée pour tout.
Examens, révisions, promotions, chômage, enfants, provisions (...)

Solution : les protubérances solaires, les aurores boréales, le trajet des galaxies ! Retrouvez les anneaux de Saturne, la Voie lactée.
Sans oublier la galaxie d'Andromède, Alpha du Centaure, les vertiges des photos de Hubble, les trous noirs et notre vieille voisine la lune.

Levez le nez, rien qu'un instant.
Vagabondez à quelques milliards d'années-lumière d'ici, même cinq minutes.

Vous ne verrez plus du même œil vos appréhensions du matin et vos fatigues du soir.

De temps à autre, de jour ou de nuit, un coup d'œil en haut, ailleurs, au loin.
Histoire de se souvenir fugitivement qu'il existe un univers immense (...)
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Or ce n'est rien d'autre que cela, l'éternité. Un instant sans fin, jamais, nulle part. un hors-temps intégral. Ce n'est pas ce qui dure pour toujours, mais bien plutôt ce qui demeure hors de la durée.
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Ce qu'on ne sait pas, il n'y a pas à se le demander. les silence est bien, ici, un jeûne thérapeuthique. En se taisant (...), le médecin-Bouddha prescrit, par son mutisme, l'abstinence du tourment métaphysique...
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Le Bouddha (...) a beaucoup parlé, il a prêché plus de quarante années, parcourant en tous sens le bassin moyen du Gange, s'adressant à des interlocuteurs innombrables et divers(...)
Pourtant, le Bouddha s'est beaucoup tu. L'un de ses surnoms et Cakyamuni, l'ascète silencieux (muni) du clan des Cakya. Cependant, son silence ne se réduit pas au mutisme de celui qui est absorbé par la méditation. C'est fréquemment une "réponse" à des questions. Ce silence est essentiel à son enseignement.
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La vie: « une entreprise qui ne couvre pas ses frais »

Il est actuel d’avoir une présence insistante, incisive, caustique, voire désespérante, des métaphores marchandes, économiques, financières, et comptables dans son œuvre. Il est rare de trouver autant sous la plume des philosophes de l’époque ou des contemporains, à l’exception de Freud. Pourtant, l’utilisation du calcul en philosophie n’est pas nouvelle (voir la parenthèse Platon, Leibniz). Mais ce calcul aboutissait à l’apologie du rationalisme et/ou du théisme, en mettant en évidence l’ordre du monde. Les calculs de Schopenhauer signifient leur défaite commune. Voilà le paradoxe schopenhauerien : le calcul de la valeur de la vie ne peut plus revendiquer les privilèges de la rationalité dogmatique. Depuis quand se pose le problème de la valeur, puisque la connaissance des choses en soi, susceptible de fonder la hiérarchie des biens véritables, n’est plus possible : la valeur « objective » a disparu. Voyons comment je peux mesurer cette valeur, avant que Nietzsche nous propose aux hommes de devenir les évaluateurs…
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Il y a chez Schopenhauer la résurgence d’un thème presque oublié dans la philosophie occidentale depuis Spinoza, sinon depuis Plotin, celui de l’enracinement de l’ego individuel dans un jeu supra-personnel qui l’englobe sans le nier ou, en termes scolastiques, qui le contient non « formellement » mais « éminemment ». Ce thème serait très visible s’il n’était pas occulté ou éclipsé par un autre, omniprésent chez Schopenhauer, et qui peut se formuler ainsi : « La nature ne s’intéresse qu’à la pérennité des espèces, non à la survie des individus. » Or, ceci ne vaut que pour le vivant en général. Pour l’homme, la possibilité s’ouvre de comprendre la réversibilité de ce rapport individu-espèces : à savoir qu’il existe une dimension du jeu selon laquelle il se donne comme unique, insécable, démultiplié de manière seulement illusoire par les cadres spatio-temporels de la représentation. Métaphysiquement, « je » suis non pas semblable mais bien concrètement identique à la masse des êtres vivants d’aujourd’hui et c’est le fondement de la « pitié » mais aussi d’hier et de demain, à l’infini. Toute la force philosophique de Schopenhauer consiste ici à jouer sur les deux tableaux, c’est-à-dire à souligner d’une part l’intégration du phénomène humain dans la loi universelle du maintien des espèces, et des formes naturelles en général, à travers l’incessant renouvellement des individus, et à faire appel d’autre part au pouvoir proprement humain de la réflexion, afin que la sourde résignation de l’animal à son destin soit élevée au niveau de la conscience de soi, et par là même transmuée en consentement joyeux, voire extatique.
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Rappelons les grandes lignes de la description schopenhauerienne de la souffrance : la souffrance est constitutive de la conscience elle-même, mieux : elle est « l’essence de la vie ». Cette souffrance comporte plusieurs aspects, liés à la structure même du désir.

L’insatisfaction en est l’aspect principal ; la souffrance est la qualité vécue par un désir défini essentiellement comme manque. De là découle la convoitise, l’envie, la jalousie, l’égoïsme, l’inquiétude, qui sont toutes les douleurs du manque vécu par un désir qui n’est rien d’autre que le vouloir-vivre et le mouvement de la vitalité.

Le second aspect est la perpétuité de cette souffrance : « le désir ne saurait être satisfait car il manque d’une fin dernière. » Aucun bien ne saurait combler durablement le manque ; aussi l’homme vit-il « dans un état de perpétuelle douleur ».
Le troisième aspect de la souffrance est son absurdité. Pour une expression du vouloir-vivre cosmique et universel, la souffrance est comme lui, dénuée de toute raison et finalité, est livrée à la nécessité : à la fois aveugle, nécessaire et absurde. Le quatrième aspect de la souffrance est son rapport à la mort. Celle-ci étant inéluctable et absurde, elle projette son absurdité sur toute l’existence d’un homme et accroît d’autant la souffrance du désir, qui voit toutes ses entreprises destinées à l’annulation brutale. Enfin, la souffrance exprime l’inévitable dialectique de la satiété et de l’ennui, dialectique qui, selon Schopenhauer, serait caractéristique du désir. L’homme serait nécessairement ballotté entre l’ennui, issu de l’arrêt du désir par la satisfaction, et la souffrance, issue du manque de l’objet corrélatif du désir. C’est de cette conception de la souffrance, à la fois inéluctable et absurde, que découle le pessimisme de Schopenhauer : la vie humaine, considérée telle qu’elle est, ne serait peut-être que douleur et échec. Mais ajoute-t-il, elle n’est telle que pour tous ceux qui restent au plan empirique du vouloir-vivre, c’est-à-dire du désir. Si au contraire, on vise philosophiquement la mort métaphysique et réelle de l’humanité (sans réincarnation) et cela grâce à la mort du désir par la sagesse et la contemplation (c’est-à-dire l’art et la philosophie spiritualiste), alors une « délivrance » et un « salut » peuvent être atteints.
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