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EAN : 9782738130624
98 pages
Odile Jacob (02/01/2014)
3.45/5   20 notes
Résumé :
« Si je n'avais plus qu'une heure à vivre, une heure seulement,
exactement, inéluctablement, qu'en ferais-je ? quels actes accomplir ?
que penser, éprouver, vouloir ? quelle trace laisser ? car dès lors tout devient plus intense, plus urgent et
plus dense il faut écarter les illusions, les trompe-l il, ôter le superflu, aller à l'essentiel, direct, mais il est où, l'essentiel ? »
R.-P. D.

Chacun de vous y a déjà songé au mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
De Roger-Pol Droit, j'ai souvent vivement apprécié les chroniques publiées dans le Monde, pour leur pertinence et leur vertu d'incitation à la lecture. de son oeuvre abondante, je n'ai guère lu que les 101 expériences de philosophie quotidienne, éclairantes, instructives, amusantes, excitantes.

Dans Si je n'avais plus qu'une heure à vivre, Roger-Pol Droit imagine une expérience qui, dans la réalité, ne peut-être vécue que dans deux types de situation : celle des condamnés à mort et celle des gens qui ont choisi de mettre fin à leur jours, et qui ont fixé la date et l'heure de l'événement, soit par les bonnes vieilles méthodes traditionnelles comme la pendaison à la poutre du grenier, soit sous assistance médicale dans des cliniques spécialisées de Suisse ou d'ailleurs, soit selon les diverses méthodes des kamikaze. Mais il est très rare que tous ces gens aient songé à consigner ce qu'ils avaient choisi de faire ou de penser dans l'heure qui précéda leur mort, et encore plus rare qu'ils aient songé à le faire publier. A nous autres en revanche, banals mortels, la connaissance de l'heure précise de l'heure de notre mort est refusée. Roger-Pol Droit essaie donc d'imaginer ce que seraient ses choix dans sa dernière heure de vie si le privilège de savoir le jour et l'heure de la fin de la partie lui était accordé, on ne sait par quel miracle.

Roger-Pol Droit étant un intellectuel, on se doute que l'essentiel de l'heure fatidique serait consacré à écrire et à causer. de quoi ? C'est le but de son livre que de nous renseigner à ce sujet. Disons tout de suite que, si l'auteur s'était astreint à imaginer les choses de façon "réaliste", son livre aurait été sans doute plus convaincant car, là, il faut beaucoup plus d'une heure pour arriver au bout. On n'est donc pas dans le cas de figure annoncé par le titre. Avec un peu plus d'imagination, cela aurait donné un résultat probablement baroque et grevé d'une forte dose d'invraisemblance, mais au moins on se serait amusé, ce qui n'est pas le cas dans cet ouvrage qui n'est certainement pas un des meilleurs de son auteur. Je ne connais d'ailleurs dans la littérature qu'un seul cas de réussite dans cet exercice. Roger-Pol Droit note que, tandis qu'aujourd'hui, du moins dans nos sociétés "développées", les agonies vont à leur terme le plus souvent à huis clos, derrière la porte anonyme d'une chambre d'hôpital, il n'en allait pas de même dans les temps anciens : jadis en effet, on se pressait en foule dans la chambre de l'agonisant, surtout s'il s'agissait d'une personne de quelque réputation et de quelque qualité. Dans un de ses romans (qui ne figure pas parmi ses plus fréquentés, et c'est dommage), le Curé de village, Balzac nous fait assister à l'agonie à grand spectacle de son héroïne, Véronique Graslin, qui, dans la dernière heure de sa vie, se livre à une confession publique en bonne et due forme.

On ne trouve malheureusement pas ce genre de piment dans le livre de Roger-Pol Droit, livre à peu près complètement privé de la moindre once d'imagination. Que nous sert l'auteur, en effet ? Rien d'autre que l'exposé de ses convictions personnelles, telles qu'elles se sont forgées au long d'une vie, sur diverses questions, comme le savoir et l'ignorance, l'amour et la haine, la folie des hommes. Ce n'est pas que ces considérations et professions de foi soient dépourvues d'intérêt, c'est que, verbeuses, générales et abstraites, elles manquent cruellement du piment propre à secouer le lecteur de sa torpeur, elles manquent d'une séduction proprement littéraire. Or la possibilité de cette séduction, l'auteur en disposait : l'hypothèse contenue dans le titre est en effet une pure donnée de fiction, fantastique donc littérairement intéressante. Force est de constater qu'il ne l'exploite aucunement.

Car au fond, qu'attend le lecteur d'un livre comme celui-là : qu'il l'accroche, qu'il le séduise, qu'il l'excite, qu'il se grave dans sa mémoire au lieu d'être oublié quelques jours après avoir été lu. Je partage au moins quelques unes des convictions de Roger-Pol Droit, mais je me fous de sa vie, de ses amours et de sa mort comme du tiers et du quart. Ce que j'attends d'un livre, ce n'est pas qu'il me serve, sous la forme d'une soupe assez fadasse, ce que je savais déjà plus ou moins, ce dont j'étais déjà à peu près convaincu. C'est qu'il m'offre le divertissement pour moi le plus haut qui soit : celui de l'oeuvre littéraire aboutie, dans son inimitable singularité.

Ce qu'on trouve dans ce livre, c'est la profession de foi d'un intellectuel humaniste de qualité honnête brodant sans grande imagination sur quelques thèmes d'aujourd'hui et de toujours. Ce qu'on n'y trouve pas, c'est la patte d'un écrivain. Il ne suffit pas d'être véhément pour faire partager sa véhémence, il ne suffit pas d'être passionné pour communiquer sa passion.


Roger-Pol Droit , Si je n'avais plus qu'une heure à vivre ( Odile Jacob )
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Tous les vendredis, en bas de l'avant dernière page du « Monde des livres », ne manquez pas les « Figures libres » de Roger-Pol Droit. L'éclectisme de ses courtes critiques, j'en suis sûr, vous ravira et ne manquera pas de vous ouvrir de nouveaux horizons. Cette incontestable curiosité affleure dans son dernier ouvrage titré « Si je n'avais plus qu'une heure à vivre ». L'auteur écrit : « chacun ayant intégré que la vie n'est pas recherche de vérité, laquelle n'existe pas ou nous demeure à jamais inaccessible, choisira de se promener d'une doctrine à l'autre, interminablement, comme on visite des contrées lointaines, goûte des recettes exotiques, plonge dans des eaux nouvelles ». Voilà qui sied magnifiquement à un journaliste mais incontestablement moins, à mon sens, à un authentique penseur.


Tous les vendredis donc, ne manquez pas les « Figures libres » de Roger-Pol Droit mais passez-vous de son dernier pensum (si du moins vous souhaitez conserver votre estime au critique). Visiter des contrées lointaines, goûter des recettes exotiques ne peut, je crois, dispenser de vivre quelque part, d'inventer et de défendre sa propre cuisine (surtout si on se revendique maître queux). Ce petit opuscule montre toutes les limites d'une philosophie du sensible qui tente de s'incarner dans des situations, dans des choses à faire, des sensations personnelles à découvrir. L'expérience terrible, « si je n'avais plus qu'une heure à vivre », confirme, s'il le fallait, toute l'inanité d'une telle démarche philosophique. Roger-Pol droit, disposant d'un présent et d'un passé mais privé d'avenir, décide d'écrire ce qui lui parait essentiel, de formuler ce qu'il a compris, pas compris de l'existence, de l'amour, du bonheur, du rapport aux autres, du politique (rien que cela) … en moins de cent pages d'une prose aérée et en gros caractères. Un relativisme de tous les instants, une dialectique sommaire, un trivial mode de vie de bourgeois ordinaire ne peuvent pas faire office de philosophie. Ce qui se dégage dans ce petit livre, c'est le prima de la sensiblerie sur l'intelligence et de l'égoïsme, de l'inutile impudeur (au deux sens d'immodestie et trivialité) sur la générosité et l'engagement («Si je n'avais plus qu'une heure à vivre, je hurlerais, comme ce résistant avant que les balles nazies l'atteignent : "Vive les seins des femmes !" (Sic)».


Si Roger-Pol Droit atteint son lectorat malgré la vacuité de son propos, nous devons cependant bien admettre qu'il n'est pas parvenu à une telle réussite malgré ses déficiences mais grâce à elles. C'est l'insignifiance de l'homme cultivé qui nous séduit et qui nous flatte. Couardise, égoïsme, impudeur… toutes ses dérives travaillent une partie de nos sociétés ; elles ne représentent pas la totalité de la vie sociale mais sa face noire, elles manifestent son état d'imbécillité et d'angoisse. Au fond, nous devrions être reconnaissant à cette sorte d'intellectuels qui possèdent la parole et qui la vendent, ils flattent et incarnent ce qu'il y a de pire autour de nous, en nous, mais ils nous obligent aussi à regarder la réalité en face.


Mis par lui-même en demeure de griffonner son épitaphe «qu'il voudrait digne de ses hauts faits, capable de dire la vie d'un homme qui sut frayer sa voie au milieu des hasards, jouer de son intuition, transformer les aléas en doctrine et les pépins en semence», il ne lui déplairait pas que soit inscrite cette épitaphe : «Il savait choisir les melons.» … ne doutons pas que l'opportunisme de l'auteur et sa haute connaissance des cucurbitacées lui ont permis de faire son chemin.
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On ne peut rester insensible au titre de cet ouvrage que j'ai pu lire grâce à Masse critique et les Editions Odile Jacob. le livre se lit d'une traite d'abord parce qu'il est très court, ensuite parce que l'auteur a fait le choix d'une écriture sans ponctuation, ni mise en page (déstabilisant au début mais obligeant à lire quasi d'une traite) : il a sans doute imaginé illustrer ainsi le propos en se détachant des cadres devant l'urgence de la question et de l'échéance. Cela donne un texte fluide (mais pas toujours facile à lire) et je regrette qu'il ait trop privilégié le contenant aux dépens d'un contenu parfois convenu et souvent plus futile qu'il n'y paraît. Il ne faut pas y attendre de réponses toutes faites, le propos n'est pas là. Au final, le premier intérêt de cet essai, c'est que la phrase finit par tourner en boucle dans votre tête. Mais la lecture de Marc-Aurèle apporte davantage de possibilité d'introspections et de réflexions.
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Quand philosophie rime avec mammophilie ! Roger-Pol Droit réactive un vieil exercice spirituel : méditer sur ce qu'on ferait s'il ne nous restait plus qu'une heure à vivre. L'auteur prétend qu'il écrirait dans la panique une sorte de testament philosophique ; soit, mais pour décerner quel message ? On s'attend à de profondes réflexions : de nouvelles tables de la loi, un morceau au moins de la pierre philosophale. Rien de tout ça, quelque chose à la fois de plus terrien et de plus trivial : il s'écrierait nous dit-il : « Vive les seins des femmes ! ». Là serait donc le secret de la vie (je me le demandais aussi) ! On est un peu surpris par un tel aveu digne d'un érotomane qui exclurait plus de la moitié de l'humanité. Mais ces réserves mises à part, ne boudons pas notre plaisir : en ces temps de millénarisme, il ne nous paraît pas mauvais en effet de méditer au bord du précipice (pour une fois sans filet). Libre à chacun de délivrer son propre message : personnellement, pendant mes dernières 3600 secondes je reprendrai plutôt une deuxième fois de dessert (au diable les calories). Ne nous cachons pas qu'on trouve mieux chez Marc-Aurèle et Sénèque (je vous renvoie à « de la brièveté de la vie »). Saluons donc la démarche : pour une fois où un philosophe nous pousse à nous poser de vraies questions pratiques au lieu de nous étouffer sous des concepts métaphysiques obscurs, on ne va pas se plaindre.Alain toqué du doc
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Ecrivain-philosophe, Roger-Pol Droit, à peine le titre survolé, soulève une question essentielle sur le sens de nos vies et sur la relativité de nos soucis face à l'imminence de la mort.
C'est plongée dans une intense réflexion personnelle que j'ai soulevé le voile et pénétré dans l'univers intimiste de ce qui semble être la dernière heure de vie de l'auteur …

Plaisant de par la qualité du langage, la beauté des mots choisis alignés avec soin, j'ai été déroutée par l'absence de ponctuation. Seule pause admise, la virgule, comme autant de souffles entre les idées éparses ici livrées.
Il m'a fallu un moment pour m'y faire, cherchant fébrilement les points, séparation, paragraphes … Illusions qui m'amènent enfin à comprendre la mise en scène :
Nul ne sait quand arrive la fin, chaque moment compte, les pensées s'enchaînent, s'enchevètrent en une suite aussi logique qu'éparpillées, sans vraiment pouvoir maîtriser leur flux. Comprendre, refléter ces idées sur ma propre expérience de vie, guidée par les jalons posés par l'auteur qui aborde différents thèmes de la vie, certains passages font échos en moi, me percutent, raisonnent et sonnent comme une alarme, que ferais-je si ma vie devait s'éteindre dans 3600 petites secondes ?

L'exercice est manié avec talent, j'ai apprécié les références à différents philosophes ainsi que les passages cités, qui non seulement servent le texte avec brio mais permettent aussi de pousser la réflexion au delà des propos personnels de l'auteur.

Il est évident que "si je n'avais plus qu'une heure à vivre" n'est pas un ouvrage que l'on referme et oublie, il est un recueil de pistes, de réflexions, sur l'essentiel de notre vivant, de la manière dont nous voyons les choses et de notre volonté d'y évoluer dans la perspective que tôt ou tard, cette présence terrestre aura une fin et qu'on ne sait jamais quand sera posé le point final de nos existences …

Je remercie Babelio, pour avoir réalisé mon souhait de voir cet auteur au sein de ma bibliothèque, Roger-Pol Droit pour la qualité de son travail ainsi que les éditions Odile Jacob pour la générosité de cet envoi.
Lien : http://serialreadeuz.wordpre..
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critiques presse (3)
Liberation
24 février 2014
Roger-Pol Droit imagine sa dernière heure.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaLibreBelgique
19 février 2014
L’amour de la vie dans une fiction optimiste du philosophe Roger-Pol Droit.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
29 janvier 2014
Mais pour peu que l'on se donne la peine d'entrer dans l'ouvrage, le style, la rigueur intellectuelle
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
si les humains ont un point commun, indépendant des siècles, des langues, des développements techniques, c'est ce pouvoir de fabuler, d'inventer des mondes fictifs et de parvenir à y vivre, plus ou moins complètement, plutôt que dans le réel
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L amour délie chacun de lui-même, pour le lier a l'autre, constitutivement, il reste possible de respirer seul, de manger à l écart, de dormir sans personne, pas d aimer, c est toujours en soi et hors de soi, l autre d abord, l amour est une énigme qui inverse tout, c est l'inverse du doute, de l'ignorance, de la raison, qui aime est dans l évidence ...
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Le plus déconcertant, pour qui prétend vivre sous le contrôle de la raison...? C est que l amour n a décidément rien a voir avec la raison, ni de près ni de loin, incapable de calculer, inapte aux demi-mesures, aussi profondément bête qu il est sublime, il sent, rêve, veut, imagine, projette, échafaude mais ne pense pas, du moins au sens d une activité de réflexion méthodiquement poursuivie
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Sans remplacer le savoir par le vide, sans faire l éloge de la stupidité, il est utile de combattre l arrogance des je-sais-tout, leur mégalosophie, leur hypertrophie cognitive, en ramenant l horizon dans les limites de notre humaine insuffisance
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"Finie la vie, bonjour les mystères,
Mystère de cet arrêt,
Mystère de ce qu'il y au delà,
Mystère de ce qu'il faut faire avant,
Alors tout devient plus intense, plus urgent et plus dense"
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