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Invité : Roger-Pol Droit - Écrivain & philosophe
le pouvoir destructeur des mots
Réseaux sociaux : la calomnie démultipliée
Alerte sur les conséquences du cyberharcèlement

Attention à ce que vous mangez ! Cinq fruits et légumes par jour, bien sûr, mais aussi du bio, du -light, du local, du frais, de l'authentique, du vitaminé, sans oublier des fibres. Pas de gras, de lourd ni d'indigeste. Jamais -d'alcool, pas de drogue. Attention à bien bouger ! Minimum 10 000 pas, quelques escaliers, du Vélib', du fitness, des pompes - ne négligez ni bouteille d'eau ni baies de goji. Attention à bien penser ! Positif, forcément positif. Méditation, pleine conscience, yoga, au minimum. Détox et déstress plutôt qu'intox et détresse, toujours. Sans relâche. Sans faille. Votre bien-être est à ce prix.
Chacun aura reconnu, à défaut de sa vie personnelle, les ritournelles de l'époque, devenues planétaires. Deux enseignants de business schools suédoises dénoncent les méfaits de cette idéologie tyrannique en décortiquant " le syndrome du bien-être ". Ils sont bien placés pour en constater les ravages sur les étudiants, qui se voient désormais proposer par quantité de campus à travers le monde des " chartes de bonne santé ", intégrant repas sains, excursions saines, loisirs sains. Leur critique ne porte évidemment pas sur le caractère infondé de ces conseils, mais sur la coercition obsessionnelle qu'ils créent. Quand équilibre et sveltesse deviennent obligations morales, normes auxquelles nul ne peut ni ne doit déroger, il y a du totalitarisme dans l'air, même s'il est aimablement grimé en prescription médicale.
On vit petitement si l'on pense petitement. On vit librement si l'on pense librement. La pensée n'est jamais sans conséquence sur notre existence, personnelle ou collective.
[ La philosophie expliquée à ma fille ]

13 - Tout déconnecter
Fermez le portable. Débranchez la box. Rangez les télécommandes.
Posez les écouteurs. Eteignez tous les écrans.
Et observez. (...) pour éprouver ce que ça change. En notant ce qui se passe, ce qui vous manque. Et ce qui vient en plus. Ou différemment.
Par exemple : êtes-vous sûr(e), déconnecté(e), de manger de la même façon ?
De parler, lire, respirer, penser, chanter ou danser de façon identique ?
Qu'est-ce qui a changé ? Pourquoi, à votre avis ?
Si tant de silence vous angoisse, quelle en est donc la cause ?
Que colmatent les réseaux, les mails, les textos ?
Diriez-vous, comme Pascal, que tout le malheur de l'homme vient de ne pas savoir rester seul dans une chambre ?
Rien ne vous oblige non plus à trouver l'expérience déplaisante.
Peut-être allez-vous prendre un vif plaisir à cette découverte, ou cette redécouverte, d'une seule chose faite à la fois, et faite entièrement, au lieu de jongler toujours avec plusieurs en même temps, en parallèle, en diagonale ou en travers.
Goûter un plat, une friandise, un fruit, mais sans rien faire d'autre.
Lire un moment, mais ne faire que ça.
Ecouter une musique, mais elle toute seule. (...)
Peu importe le geste, la sensation, l'activité, mais, au moins pour un moment, une seule chose à la fois. S'immerger dans ce qu'on fait, ce qu'on ressent, totalement. Juste pour voir.
La raison nous permettait de mettre de l'ordre dans le tohu-bohu du monde. Elle pouvait arrêter bon nombre de guerres inutiles, peut-être aurait-elle pu oeuvrer à les éviter toutes. Les uns croyaient indispensable d'entrer dans le temple du pied droit, les autres ne juraient que par le pied gauche. Ils commençaient à s'entre-tuer. Zadig, raisonnable et juste, proposait d'y entrer à pieds joints, en attendant que chacun comprît que Dieu se moquait bien de ces détails infimes, de ces règles grotesques.
- Aujourd’hui, combien de personnes croient à chacune de ces religions ?
- Il faut se méfier des chiffres. En effet, que va- t-on compter ? Les gens qui pratiquent intensément une religion ? Ceux qui pratiquent un peu ? Ceux qui se disent croyants mais ne pratiquent pas du tout ? Ceux qui vivent dans un pays où la civilisation est imprégnée de telle ou telle religion ? C’est un casse- tête ! Ça change tout le temps. Et ce n’est pas vraiment intéressant, à mon avis. Parce que ces chiffres risquent de servir à de curieuses compétitions. On va se demander qui sont les plus nombreux, qui « gagne » ou qui « perd ». Ce n’est pas le bon point de vue.
Tous (penseurs) conçoivent la connaissance rationnelle comme une marche qui progresse en direction de la vérité, et l'atteint si elle se garde de faire un faux pas.
On croit souvent que [la philosophie] consiste, avant tout, en affirmations générales. [Elle] parlerait de l’« homme », et pas d’Arnold Schwarzenegger ou de Marilyn Monroe. Elle ne serait à l’aise, vraiment elle-même, que dans les énoncés universels et les notions globales. Erreur ! Je suis convaincu que la philosophie n’existe au contraire que dans le détail, les singularités infimes, les tout petits faits. La place du chocolat dans un opéra de Mozart, les prières pour guérir les otites, la taille comparée des icebergs et de la Belgique, voilà qui donne à penser.
Commode, le bâton. Quand on chemine des jours entiers, il scande le pas. Il soulage quand le chemin grimpe, permet de s'appuyer quand la route descend. Et puis, il tient compagnie, porte la besace, chasse les intrus, impressionne les malintentionnés.
Diogène aime son bâton. Il ne s'en séparerait pour rien au monde. C'est drôle. Lui qui a tout quitté, qui a tranché tous les liens, défait les attachements, largué les conventions, les propriétés, les habitudes, il s'appuie sur ce bâton pour avancer dans la vie...
"si je marche en philosophe", je vais garder en tête cette extraordinaire profondeur de champ qui englobe l'histoire de la terre, de la vie, de l'espèce humaine. En marchant, je m'inscris, même pour quelques pas minuscules, dans cette histoire vertigineuse. C'est en marchant que l'espèce humaine a peuplé peu à peu toute la planète, parcourant pas à pas des distances gigantesques.
Deux craintes majeures empoisonnent donc la vie des humains: celle des dieux et celle de la mort. Chacune de ces erreurs doit être dissipée par cette connaissance juste de la réalité que représente la philosophie. ( Epicure)