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Critiques de Roland Gori (25)
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La Santé totalitaire : Essai sur la médicalisat..

Grande lectrice et passionnée par les sciences, notamment par la médecine et le corps humain, j'avoue ne pas avoir lu ce livre en entier. J'ai lu environ la moitié de l'ouvrage à grand-peine, puis j'ai un peu survolé certains passages.

Peut-être que cet ouvrage, érudit et très sérieux, aurait gagné à être mis en valeur par un travail éditorial différent ? Un essai en format un peu plus grand, un texte plus aéré, illustré ... Le propos aurait été tout aussi fort, mais plus lisible et digeste, me semble-t-il.

Un livre intéressant, mais sans doute pensé plutôt pour les professionnels de santé et de bioéthique.
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Manifeste des oeuvriers

« Manifeste des œuvriers » : Roland Gori, B Lubat, C Silvestre (Actes Sud, 75p)

Roland Gori, psychanalyste, est l’un des initiateurs de « l’Appel des appels », qui lutte contre les dérives normatives et de rentabilité absolue du travail social, éducatif, soignant, toute une politique qui se traduit par des codifications en vue d’évaluations quantitatives des tâches qu’on morcelle à l’infini… en même temps que les usagers. C’est ce qu’il reprend en partie dans ce petit texte, avec un artiste et un journaliste de « L’Humanité ». C’est donc la dénonciation de la généralisation du taylorisme déshumanisant, qui ne touche plus seulement les ouvriers de l’industrie, mais aussi les paysans, et, chose plus récente, le monde des services à la personne au sens le plus large (éducation, culture, soins…)

Les œuvriers, ce sont ceux qui font œuvre dans leur travail, et donc qui résistent avec leurs moyens individuels ou collectifs. Ceux dont l'éthique professionnelle leur impose de prendre le temps, et parfois le risque de la rencontre, ce qu'on leur refuse de plus en plus. Il y a un cri du cœur révolté, généreux et sincère dans ce petit écrit, une volonté de résistance qui touche, que je partage. Et un appel aux solidarités actives, constatées ici ou là dans des mouvements sociaux comme « « Les Nuits debout », ou à mettre en œuvre. Même si le texte fait la part belle au mythe du programme du CNR, qui a certes permis des avancées sociales, mais dont le but était surtout d’endormir et museler la classe ouvrière à la sortie de la guerre. Et si le titre fait écho à un « Manifeste des ouvriers », on lit en filigrane une sorte de « manifeste du parti communiste », pas celui de Marx en 1848, mais celui du PCF d’aujourd’hui dont les auteurs se font les porte-voix. Ce qui n’empêche pas de partager ce cri d’alarme et de révolte, tant la lucidité sur le constat de l’état des relations sociales très durement affectées par cette politique qui écrase les vrais producteurs (de biens ou de services) est difficilement contestable.

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Peut-on vraiment se passer du secret ? L'il..

C’est bien de la psychanalyse ça : tout ce qu’on arrive à en dire, de la question portée par le titre de l’ouvrage, c’est qu’en définitive, on n’en sait trop rien. Parfois le secret ça sert et parfois ça sert pas ; parfois le secret c’est bien et parfois c’est pas bien. Ce qui peut être intéressant, c’est de voir comment chacun s’en sort pour défendre sa chapelle puisque plusieurs contributeurs ont été sonnés pour tresser leur petit chapitre.





Comment que j’en suis venu à ce bouquin, moi qui n’en ait rien à foutre du secret puisque je connais déjà depuis longtemps ses bénéfices voire sa nécessité, souvent vitale en certaines conditions ? Eh bien voilà t’y pas que l’année dernière, je faisais mon stage chez Eric Dudoit et nous étions là, avec un autre stagiaire, dans son bureau, à se faire un peu chier tous ensemble parce qu’on avait plus envie d’aller écouter les malades de la Timone. Ça arrive. Pour nous occuper, il nous sort alors ce bouquin de derrière les fagots et il nous dit : Ecoutez les gosses, j’ai écrit ça au cours d’une nuit dans un état de transe, je me suis emballé et certains passages ne veulent strictement rien dire. Dites-moi, vous comprenez ça, vous ? Et il commence à nous lire le truc :





« La nature même du secret implique une solitude, qui est la pierre angulaire de la singularité de la rencontre entre médecin et patient. Cette nature du secret est la marque de l'engagement éthique d'un professionnel envers un tiers semblable et différent qu'est le patient. Cette nature est de l'ordre de la solitude, « l'ordre de la solitude » est différent de la solitude, à l'instar de « l'ordre symbolique » et du symbolique. « L'ordre de la solitude » est la condition de possibilité du secret, non en tant que non-dévoilement d'un contenu donné, mais par la fonction de cet ordre qui implique le secret en tant que mode de « discours au sujet de ». Pour éclairer cette notion, revenons là où possiblement naît un secret dans une relation, là où ça parle, à savoir dans la dimension du sacré (c’est-à-dire celle de l'inconscient). »





Etc., etc., je vous en passe des flamboyantes et des piquées du vermisseau, un truc à se la palucher pendant des heures sous l’étincelle vacillante d’une chandelle moyenâgeuse. Et on se marrait, à s’en taper la tête contre la pile de dossiers, sans doute assommés par la fatigue aussi et les vapeurs éthyliques des produits désinfectants. Quelle poésie ! On peut se laisser transporter et vaciller par le rythme ondulant d’une logorrhée qui ne fait sens qu’en état de transe.





Je conseille également l’essai de Roland Gori qui, dans une veine très foucaldienne, reproche au secret médical d’être bientôt dévasté par les technologies de surveillance virtuelles. D’ailleurs, la réforme récente sur la collecte des données ne fait que confirmer cette analyse puisque, la semaine dernière, alors que je me connectais sur facebook, on me demandait si j’acceptais leurs nouvelles dispositions. Bien sûr, le choix était plutôt restreint et mon acceptation ne fut que contrainte puisque, si je refusais, je n’avais tout simplement plus le droit de venir perdre mon temps à espionner les individus de mon entourage, espérant combler le territoire infini d’inconnaissance d’un autre à l’autre qui me séparera d’eux à tout jamais.





Vous l’aurez compris, nous ne parlons ici de secret que dans le contexte médical. Désolée si vous croyiez que c’était autre chose, il vous faudra régler vos problèmes de couple avec un autre bouquin.





A bon entendeur, salut.

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Un monde sans esprit

Voici un essai magistral qui fait appel à l’esprit de Gramsci, de Keynes, de Simone Weil, de Freud, de Marx, de Hanna Arendt et qui cite Aragon, Jaurès, Tolstoï, Camus, Sartre, Bourdieu, Bernard Maris... Ce n’est pas rien !

L’esprit de la France est convoqué et tellement présent dans ce livre qui dénonce des élites au pouvoir ayant tout fait pour évacuer cet esprit, préférant cajoler les marchés afin, en échange, d’en conserver leurs privilèges, préférant l’oubli du passé, la remise en cause de toutes les grandes conquêtes sociales, agitant la haine et répandant la peur, préparant ainsi la possible arrivée des monstres nihilistes qui se chargeraient de remplir le vide laissé béant… Le peuple n’est pas écouté mais mesuré de façon technocratique par des sondages d’opinion qui ne représentent que les sentiments du moment « faute d’entendre sa parole et de la prendre en considération ».



Roland Gori, professeur en psychopathologie a écrit de nombreux livres dont les titres donnent une idée du fil conducteur de cet auteur érudit :

• La dignité de penser : livre où il pose cette question : « est-ce qu’on voudrait priver le peuple de penser ? »

• La fabrique des imposteurs : avec cette question : est-ce qu’on chercherait à tromper les gens afin d’arriver au pouvoir ? L'imposteur est comme un poisson dans l'eau. Il fait prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité. L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre. Je pense immédiatement à des gouvernants d’hier... et d’aujourd’hui. Et l’imposteur suprême est dans l’ombre qui a bien vu le créneau possible...

• L’individu ingouvernable : individualisme développé à l’extrême depuis des décennies ?



Des citations qui on fait date dans l’histoire :

« La religion est l’esprit d’un monde sans esprit, elle est l’opium du peuple » Marx

« L’effet des consolations que la religion apporte à l’homme peut être mis en parallèle avec celui des narcotiques » Freud

« La crise c’est lorsque le vieux monde est en train de mourir et que le nouveau monde tarde à naître. Dans ce clair-obscur naissent les monstres » Gramsci

« Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’il ne nous verse pas de dividendes » John Keynes

« L’art est une forme de l’activité humaine consistant, pour un homme, à transmettre à autrui ses sentiments, consciemment et volontairement, par le moyen de certains signes extérieurs… Il est un moyen d’union entre les hommes, les rassemblant dans un même sentiment, et, par-là, indispensable pour la vie de l’humanité, et pour son progrès dans la voie du bonheur » Tolstoï



Roland Gori nous dit : ne laissons pas éteindre les étoiles. Donnons du sens collectif à ce que chacun de nous fait. La fin de cet essai est consacrée à l’art dans son sens large, englobant l’artisanat, qui avec l’éducation, la culture, « l’information non industrialisée » peut constituer une voie de sortie de crise car redonnant une symbolique. Il ajoute ne tardons pas car le temps presse… L’art fait l’homme alors que la machine seule peut avilir l’homme. La citation de Tolstoï montre que du côté de l’art (non réduit au spectacle) se trouve l’humanité si on souhaite progrès et bonheur. Mais attention les hommes peuvent par facilité se trouver des chefs charismatiques et les suivre sur les chemins nihilistes bloqués sur les traditions et la particularité supposée du clan, « fondé sur les racines géographiques, raciales et historiques ».



« Il nous faut un discours vrai, le feu sacré du politique, un récit qui enthousiasme et donne envie de se battre autant que de rêver, de s’aimer autant que de s’opposer sans se détruire. Ces catégories de l’attente nouent cette dimension du sacré que partagent la religion, la politique, le soin et l’art » Roland Gori

Notes avis bibliofeel septembre 2019, Roland Gori, Un monde sans esprit


Lien : https://clesbibliofeel.home...
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Un monde sans esprit

Il est bien rare à notre époque de voir penser l'individu par un Individu. Cela fait profondément du bien d'entendre ce que par peur d'être seuls face à un monde lobotomisé par le Dieu argent, et en manque de projet de civilisation, nous sommes trop peu à affirmer. Nous cédons à la faciliter que nous vend la société d'apparences et de spectacle c'est pour cela qu'une parole construite, cultivée et intelligente est aujourd'hui salutaire à tous:

Avant-hier, avec des idéologies politiques totalitaires, hier avec le règne d'une "religion du marché", nous voilà aujourd'hui contraints, avec les terrorismes qui se réclament de dieu, de devoir sortir du "Silence religieux" et de devoir répondre à ce besoin de spiritualité, à ce désir de fictions auxquelles nous pourrions croire et qui s'expriment bien souvent par des "formules d'émotion" qui mettent les masses en mouvements ou les soumettent au pouvoir politique.
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