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Citations de Rouja Lazarova (33)


Ce matin, j'ai appris que je mourrai plutôt est autrement que prévu.
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– Je hais les psychiatres.
C'est ainsi que tout commença.
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« Tu avalais les mots, alors, tu t'es mise à vomir la nourriture. »
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Le socialisme avait développé chez l'homme un muscle du silence parce que les mots, une fois prononcés, pouvaient se retourner contre lui. Situé au niveau du diaphragme, ce muscle les happait et les enfermait. C'était l'organe de protection de l'espèce.
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Je ne voulais plus mentir sur mon passé, je voulais le ressusciter, aussi mortifère fût-il, mais je n'avais pas de souvenirs. De ma mémoire soufflait le vent sec du désert, qui me brûlait. Ne pas se souvenir était une torture.
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Je me leurrais terriblement. La mort était un mot dont on n'apprenait vraiment le sens que quand elle advenait.
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"Nourriture". Quand on répétait obstinément un mot, il devenait mot-clé et ouvrait les cadenas de l'oubli. Il aidait la navigation dans la mémoire, il accélérait les recherches.
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Qu'est-ce que le passé sinon un vaste champ de bouses, que la mémoire a recouvert de pâquerettes pour étouffer l'odeur et embellir la vue ?
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- Rien de grave, maman, j'ai dû prendre froid.
Maman écarquilla les yeux.
- Qu'est-ce que tu as pris ?
Je pris conscience du malentendu. J'avais utilisé une expression française, la traduisant littéralement en ma langue où, naturellement, *prendre froid* ne voulait rien dire.
(...)
Que s'était-il passé ? J'éprouvais la sensation pénible d'avoir perdu ma langue maternelle. Cette idée provoqua une douleur lancinante. Amputée d'un organe vital, invalide à vie. Au cours de mon exil à l'étranger, ma vigilance endormie avait permis à l'oubli d’œuvrer.

p. 127-128
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Pourquoi choisir *tomber*, ce mouvement descendant qui rabaisse et écrase, pour une femme qui *devient* enceinte ? Ne peut-on pas exprimer les débuts de la grossesse par un verbe approprié, *enceindre*, par exemple ? Quelle étrange option pour exprimer la conception d'un enfant ! Pourtant, la procréation semble vénérée comme l'accomplissement final de l'homme. Le langage, lui, en révèle l'angoisse intrinsèque.
Tomber enceinte, tomber amoureux, tomber malade, on y lit la même fatalité, la même impuissance accablante devant les faits. Il est étonnant de constater la fréquence du verbe *tomber* dans les locutions françaises. La langue veut-elle abattre les serfs qui osent la parler ? Ou bien, fait-elle juste preuve, en recourant si souvent au fatalisme inhérent à ce verbe, de résignation devant le destin ?
(...)
*S'envoyer en l'air* pour *tomber enceinte*, je ne pus m'empêcher de sourire malgré le tragique de la situation. Quelle drôle de langue, qui nous projette vite des espaces célestes des rapports amoureux aux responsabilités terrestres d'une grossesse.

p106/107
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Je suis une jeune fille mal rangée, et s'il le faut, j'écrirai mes mémoires pour chanter le desordre.
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Dans mon pays, j'avais voulu étudier les lettres françaises. On m'immergea donc dans Le Roman de la Rose et, pendant trois années d'académisme austère, je ne pus en ressortir la tête. Tout bien pensé, la littérature médiévale avait l'avantage d'être politiquement très correcte et de ne pas déranger le régime communiste. Un jour, pourtant, un professeur français vint dans notre université pour y dispenser un cours de littérature moderne. De littérature quoi ? Moderne, ai-je bien dit. Il repartit, laissant derrière lui une traînée lumineuse de références introuvables dans les bibliothèques locales et, en moi, une durable impression d'amertume.
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Raconter ces histoires trace une frontière avec le passé, l’éloigne comme une rive d’embarquement…Mais ça reste. Cet arrière goût que laissent des événements anodins. Des flashs du communisme aveuglants. Des piqûres de rappel.
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