AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Rouja Lazarova (33)


Une note de tendresse perce dans la voix de Jean. Ils sont bien tous les deux, partageant une vie calme, sans grande surprise mais pleine de complicité et d'affection.
Commenter  J’apprécie          30
- Camarade, pourriez-vous la poster? C'est rien de politique, c'est juste pour la famille, pour dire que tout va bien.
Commenter  J’apprécie          40
On aurait pu décrire le cancer en commençant par l'hôpital, parce qu'une partie de l'existence du cancéreux s'y déroulait. L'énorme tourniquet en verre du hall d'accueil transformait le monde en un demi-tour : l'extérieur demeurait plein de couleurs, d'odeurs, d'envies; à l'intérieur, l'odeur s'industrialisait, les couleurs pâlissaient, la lumière gommait les reliefs et les ombres - seule demeurait l'envie de la vie.
C'était un labyrinthe de longs couloirs aboutissant à des virages, des ascenseurs ou des impasses. Ils possédaient leur propre signalétique, des marquages au sol, des panneaux à chaque croisement, indiquant par une flèche la direction des différents services. A partir de ces panneaux-là, un nouveau langage commençait. Il apportait la science, mais désincarner la maladie. Il la nettoyait de la souffrance et, une fois aseptisée, il la nommait. Il l'intégrait dans une classification complexe, apportait des réponses et des traitements aux appellations obscures. Les panneaux orientaient dans l'espace mais ils plongeaient dans la confusion linguistique. A l'hôpital il fallait apprendre une langue étrangère pour survivre.
La circulation se faisait à pied ou à roulettes, debout, allongé ou assis. La vitesse variait. Les virages étaient parfois difficiles à prendre pour les lits médicalisés. Le corps médical se déplaçait rapidement, il semblait toujours en retard. Le corps malade était lent, on le bousculait parfois. [...]
Ce qui me frappa d'emblée, ce furent les portes ouvertes des chambres des malades. Elles laissaient entrevoir un bout de corps immobilisé sous une couverture, un écran de télévision. Ces chambres béantes m'indisposaient parce qu'elles violaient l'intimité du patient, au nom de sa sécurité. Cela me répugnai, je ne voulais pas regarder - à l'hôpital, je marchais en fixant le sol. p.118
Commenter  J’apprécie          00
On pourrait aussi décrire le cancer comme une successions d'examens qui prenaient la journée, nécessitaient parfois une hospitalisation, des interventions chirurgicales ; des examens qui prenaient l'allure de soins. On pourrait tenter de saisir la complexité et les phases de l'attente des résultats, de décrire la large palette émotive que traversait le cancéreux : du gris de la peur aux couleurs de l'optimisme, en passant par la teinte instable des émotions des proches, que le malade vivait par ricochet. p.117
Commenter  J’apprécie          00
Je me tus de nouveau, l'apprentissage de la parole était si laborieux. Je cherchais des questions faciles à poser. p.107
Commenter  J’apprécie          00
Honteux de l'incongruité de mes sentiments, j'ai été insipide comme une limonade, privé de fantaisie et d'humour, bête comme un écolier amoureux de sa prof de latin. Je n'ai rien vue de l'exposition. p.79
Commenter  J’apprécie          00
Je reconnus brusquement sur une couverture la photo du psychiatre. Sorti de son contexte, accessible à tous, son visage m'intimidait. p.59
Commenter  J’apprécie          00
La mémoire était un travail à temps plein, une existence parallèle. Il fallait s'en occuper, la nourrir, elle avait sa propre cuisine dont j'ignorais encore les recettes. En lisant je compris qu'il fallait continuer à extirper les souvenirs un à un, avec la racine, car certains, comme les mauvaises herbes, empêchaient d'autres souvenirs de pousser. La mémoire était un état de veille permanent. p.60
Commenter  J’apprécie          10
Le grand amour sublimé de ma vie, ce sont les anorexiques. Les psychanalystes diraient qu'elles me rappellent les jeunes filles de mon adolescence dans le camp, ils ont peut-être raison. Moi, je suis fasciné par leur courage à braver les contingences sociales et les lois de la nature, par leur aspiration à une liberté absolue. Elles y parviennent parfois, quand elles ne meurent pas. Ce sont parmi les personnes les plus libres que je connaisse, mais elles sont aussi incroyablement dépendantes. J'aime leurs contrastes : leur sensibilité exacerbée et leur froideur, leur volonté de fer et leur extrême fragilité. p.38
Commenter  J’apprécie          10
Je ne compris jamais pourquoi la sexualité menaçait l'état socialiste, pour qu'il l'étouffât d'un silence si épais.
Commenter  J’apprécie          00
Pendant la course, je découvris que la féminité pouvait coûter la liberté : la fille dont j'entendais la respiration dans le dos avait de gros seins; les miliciens la rattrapèrent.
Commenter  J’apprécie          00
J'aimais cette robe : elle avait des couleurs, et les couleurs étaient subversives. La matière faisait parcourir sur ma peau le frisson de liberté.
Commenter  J’apprécie          10
Au nom de la féminité, il fallait baisser la tête.
Commenter  J’apprécie          00
Il y avait deux sortes de vie, l'une pouvait s'apparenter à un fruit au noyau gigantesque possédant peu de chair. C'est à dire aucun plaisir, une vie faite de difficultés permanentes et l'autre celle des membres du parti qui avaient tout le nécessaire pour vivre aisément sans difficulté mais ce qui représentait un fruit sans noyau.
Ce vide se remplissait de remords alors que le petit noyau était le reflet de la résistance persistant au fond.
Commenter  J’apprécie          00
cette qualité précieuse des synapses, qui permettaient à l'homme d'apprendre, le rendait vulnérable à la manipulation. C'était tragique.
Commenter  J’apprécie          00
Elle m'a surnommé Rino. Elle dit que je suis insensible, que j'ai l'armure d'un rhinocéros, c'est pour ça qu'elle a choisi ce sobriquet, pas à cause de la corne, hélas ! Si elle avait feuilleté le dictionnaire, cette petite paresseuse, elle aurait appris que la peau du rhinocéros est extrêmement fine et sensible, et qu'il se roule toute la journée dans la boue pour se protéger des moustiques. Son armure, c'est une croûte de boue sèche, c'est tout...
Commenter  J’apprécie          140
Si elle démarrait par un état physique de détente, d'abandon, l'écriture devenait très vite tension. Elle affluait dans le corps, raidissait les muscles et gorgeait la tête de sang. Elle s'emparait du visage, tordait ses sourcils, sa bouche, le faisait grimacer. Elle le transformait en visage de clown sans public.
L'écriture remuait le corps parce qu'elle laissait s'échapper le désir.
Commenter  J’apprécie          90
– pourrir dans un cimetière de banlieue, entouré de youpins bourgeois, jamais ! Vous m'entendez,
jamais ! Je veux cramer dans le four d'un cimetière parisien, comme il se doit.
Commenter  J’apprécie          00
Au début, le seul résultat visible du cancer fut une force de travail décuplée.
Commenter  J’apprécie          00
– Qui aimeras tu quand je ne serai plus là, en veuve joyeuse ?
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Rouja Lazarova (60)Voir plus

Quiz Voir plus

Citations et maximes

Qui a écrit: « Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage »

Molière
Jules Romains
Jean Racine

12 questions
212 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}