Jahveh diffère d’El-Schaddai Elohim non parce qu’il est une âme, mais parce qu’en lui le numineux l’emporte sur le rationnel et le familier, tandis qu’en Elohim c’est le côté rationnel et numineux qui domine.
Le mysticisme […] est toujours dans son essence l’exaltation poussée à l’extrême des éléments non-rationnels de la religion […].
Comment pourrons-nous arriver à faire nous aussi l'expérience qui consiste à découvrir , dans la personne du Christ, la manifestation du sacré ?
De toute évidence, ce ne sera pas par la voie de la démonstration, au moyen de preuves, d'après une règle ou suivant des concepts. Nous ne pouvons indiquer ici de caractères conceptuels qui se prêteraient à cette forme de raisonnement : "Quand les éléments x + y sont présents, il y a révélation." C'est précisément pour cette raison que nous parlons de divination et d'appréhension intuitive. Ce ne sera que par la voie de la contemplation dans laquelle notre âme s'ouvre et s'abandonne à la pure impression de l'objet.
Avec la vénérable religion de Moïse commence […] le processus de la moralisation et, d’une façon générale, de la rationalisation du numineux qui, dans son plein contenu, devient le « sacré » au sens complet du mot. Ce processus s’achève dans la prédication des prophètes et dans l’Evangile.
Au-dessus et au-delà de notre être rationnel, il y a, caché au fond de notre nature, un élément dernier et suprême qui ne trouve pas satisfaction dans l’assouvissement et l’apaisement des besoins répondant aux tendances et aux exigences de notre vie physique, psychique et spirituelle.
Le naturalisme scientifique considère le monde comme s’expliquant par des causes ; la religion au contraire implique le sentiment du mystère de l’univers. M. Otto s’efforce de montrer que ces deux conceptions, loin de s’exclure, se complètent.
-Préface-
Nous invitons le lecteur à fixer son attention sur un moment où il a ressenti une émotion religieuse profonde et, autant qu’il est possible, exclusivement religieuse. S’il en est incapable ou s’il ne connaît même pas de tels moments, nous le prions d’arrêter ici sa lecture.
Le « vide », comme le « néant », est en réalité un idéogramme numineux du « tout autre ».
[L’intuition] rattache le monde du savoir à celui de la raison […] [,] saisit l’éternel dans le temporel, l’infini dans le fini.
Si l’intuition ne nous fait pas comprendre les choses qu’elle saisit, c’est que comprendre est affaire d’intellect, de concept, et que l’intuition est le sentiment considéré comme moyen de connaissance.
-Préface-
Parce que ce savoir est en l’homme, ou plutôt parce que l’homme est capable de l’avoir et de le former, il est en état de reconnaître la beauté lorsqu’il se trouve en présence d’un objet donné qui est beau et de sentir que cet objet correspond au critère caché que l’homme possède en soi-même. C’est précisément cela qui est « l’impression ».