Jacques Soustelle, l'homme de l'intégration.
Vous comprenez, la forêt ne vous laisse pas sortir comme ça. Ce serait trop facile, alors de s’être promené là-dedans pendant des semaines, et puis de s’en aller, sans même dire au revoir. Non, il faut qu’on se rende bien compte que c’est une affaire importante, de ressortir.
Notre civilisation, qui se veut et se croit triomphante, n’en est-elle pas arrivée aujourd’hui, face aux périls que suscite sa propre maîtrise sur la nature conjuguée avec son impuissance à se dominer elle-même, à ressentir cette insécurité profonde qui rongeait, derrière le décor de la puissance et du luxe, l’âme du Mexique ancien ?
(1967)
On observe ici ce fait bien souvent constaté: que les positions extremes se rejoignent. Tandis que du côté européen des 'ultras' persistaient à refuser aux Musulmans la pleine citoyenneté sous prétexte que celle-ci aurait été incompatible avec leur 'statut personnel' islamique, du coté musulman, les extrémistes poussaient leur coreligionnaires à refuser cette même citoyenneté comme incompatible avec leur salut. D'un coté on disait: 'Pour être un bon Français il faut cesser d'être Musulman' ; de l'autre: 'Pour être un bon Musulman, il ne faut pas être ni devenir Français'. La convergence des aveuglements jouait contre l'évolution paisible et raisonnable de l'Algerie.
Que puissent être français des gens qui ont - certains d'entre eux tout au moins, car je connais plus d'un Algérien musulman qui a l'air plus "nordique" que moi - un type physique légèrement différent de la plupart des types qui composent l'ethnie métropolitaine, et surtout qui vont à la mosquée le vendredi plutôt qu'à la messe le dimanche, voilà, au fond, ce que le Général [de Gaulle] ne pouvait admettre.
La ville
L'aigle juché sur un cactus, dévorant un serpent : les armes de l'actuelle République mexicaine ne sont que la fidèle reproduction du glyphe qui désignait la cité aztèque. On retrouve ailleurs l'aigle et le cactus, mais sans serpent, avec la légende "Tenochtitlan" (le lieu du figuier de barbarie au fruit dur). (page 5)
On a préféré une petite France "pure" (ici l'anthropologue que je suis resté demande la permission de rire : la "race" française) repliée frileusement sur son hexagone, à une grande France multiculturelle et multiraciale. C'est un choix de petits bourgeois apeurés. (En ce qui concerne l'Algérie, 1962)
Personne alors en 1507 ,depuis les steppes désertiques du nord jusqu'aux jungles torrides de l'isthme ,depuis la côte du Golfe jusqu'à celle du Pacifique ,n'eût pu croire que l'énorme empire, sa culture,son art et ses dieux allaient s'effondrer quelques années plus tard ,dans un cataclysme historique auprès duquel la chute même de Constantinople apparaît comme un désastre relativement modéré.
C'est avec les Mayas qu'on se trouve pour la première fois en présence d'un peuple dont nous connaissons le nom et les caractères ethniques, dont le langage est encore parlé de nos jours et dont la civilisation était encore vivante, bien qu'en décadence, au début du XVIe siècle, quand les Européens sont entrés zn contact avec elle.
(page 49)
Mais quelle que soit la cause de la mort de telle ou telle civilisation, une chose est certaine : c’est que, jusqu’à présent, depuis cinq ou six mille ans qu’il existe des civilisations, toutes, sans exception, ont péri. Par quel miracle la nôtre échapperait-elle au sort commun ?