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Citations de Salman Rushdie (668)


C'est le temps que nous avons passé ensemble dans le seul moment d'intimité que nous partagerons jamais. Une intimité d'étrangers. C'est une expression qu'il m'est arrivé d'employer pour définir le moment joyeux qui se produit dans l'acte de lire, l'union heureuse de la vie intérieure de l'auteur avec celle du lecteur.
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Ils ne savaient pas si j’allais survivre et si oui, dans quel état. Tout cela se lisait sur leurs visages mais ils étaient flous. Dans mon état de semi-conscience anesthésiée, j’étais simplement content qu’ils soient là.
(Pendant plusieurs semaines, Eliza a refusé de me laisser me regarder dans un miroir. Je ne savais donc absolument pas à quel point j’étais affreux. Médecins et infirmières venaient me voir et déclaraient : « Vous avez bien meilleure mine », et je croyais leurs mensonges parce que je voulais y croire. Au plus profond de la nuit, dans le service de traumatologie de l’UPMC Hamot où les agonisants poussaient des cris nocturnes dans les chambres voisines, la question la plus importante, la vie ou la mort, restait en suspens et on ne pouvait y répondre clairement.)
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Pour le reste, je me contente d’être jugé sur les livres que j’ai écrits et la vie que j’ai vécue. Permettez-moi de le dire franchement : je suis fier du travail que j’ai accompli et cela inclut bien évidemment « Les versets sataniques ». Si quelqu’un s’attend à ce que j’exprime des remords, il peut arrêter immédiatement de me lire. Mes romans peuvent se débrouiller seuls. Un des avantages du passage du temps c’est qu’à présent, de nombreux jeunes lecteurs peuvent découvrir Les versets sataniques comme un bon vieux roman ordinaire et non pas une patate chaude idéologique. Certains l’aiment, d’autres pas, c’est cela la vie ordinaire d’un livre.
Rectificatif : cette approche purement littéraire n’était possible que jusqu’à ce jour d’août. L’un des aspects agaçants de ce qui est arrivé à Chautauqua c’est que, au moins pour un certain temps ou peut-être pour toujours, « ce » roman a été replacé dans une histoire de scandale.
Mais je n’ai aucune envie de vivre plus longtemps dans cette histoire.
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Je ne veux pas évoquer son nom dans ce récit. Mon agresseur, mon aspirant assassin, l’Imbécile qui s’est imaginé des choses sur mon compte et avec qui j’ai eu un Rendez-vous quasi mortel, je me suis surpris à penser à lui, et on peut le comprendre, sous l’aspect d’un âne. Quoi qu’il en soit, dans le cadre de ce texte, je l’évoquerai sous un nom plus formel : « le A. ». Quant aux noms que je lui donne pour mon usage personnel, cela ne regarde que moi.
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Les victimes de violence traversent une crise dans leur compréhension de la réalité. (...)
La violence fait voler en éclat(...) soudain ils ne savent plus quelles sont les règles, ce qu'il faut dire, comment se comporter, quel choix faire. Ils ne connaissent plus la forme des choses. La réalité se dissout et est remplacée par l'incompréhensible. La peur, la panique, la paralysie l'emporte sur la pensée rationnelle. Il devient impossible de “penser juste” parce qu'en présence de la violence, les gens ne savent plus ce que pourrait vouloir dire “penser juste”. Ils sont, nous sommes, déstabiliser et même rendu fou point notre esprit ne sait plus comment fonctionner.
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J'allais répondre à la violence par l'art.
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Et nous n'avons pas besoin, disons plus modestement, je n'ai pas besoin de commandements de papes, ou de serviteurs de dieu d'aucune sorte pour me communiquer des principes moraux. J'ai mon propre sens de l'éthique, merci bien. Dieu ne nous a pas transmis la morale. Nous avons créé Dieu pour incarner nos instincts moraux.
(page 238)
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Sans l'art, notre capacité à réfléchir, à avoir une vision neuve des choses, et à renouveler notre monde dépérirait et serait condamnée à mourir. L'art n'est pas un luxe. C'est l'essence même de notre humanité et il n'exige aucune protection particulière si ce n'est le droit d'exister. Il peut être mis en cause, critiqué et même rejeté. Il n'accepte pas la violence.
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L'oeil... est une absence dont la présence est d'une puissance énorme.
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Le voyage qui permet de franchir la frontière entre Poésieland et Proseville semble souvent passer par le Mémoiristan.
(page 53)
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Lu une cinquantaine de pages. Athéisme agressif, verbeux, libidineux.
Littérature racoleuse, clinquante, bassement provocatrice et finalement assez conventionnelle (du cul, de l'or, des célébrités en carton).
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Je suis devenu un drôle d'oiseau, célèbre non pas tant pour mes livres que pour les tribulations de mon existence. La bonne réponse à la question « en quoi cela va-t-il affecter votre écriture ? » est : cela va effectuer la façon dont mon écriture est lue. Ou pas lue. Ou les deux à la fois. [..]
Si le destin m'a transformé en Rushdie icône de la Liberté d'Expression, une sorte de poupée Barbie vertueuse amoureuse de la liberté, alors j'assumerai ce sort. C'est peut-être cela que signifie pour moi « tourner la page » : accepter la réalité et continuer à aller de l'avant à travers cette réalité.
(p.259)
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« J'avais l'air de quelqu'un d'autre », lui dis-je. Commençons par là.
Le plus terrible dans cette attaque c'est qu'elle a fait de moi la personne que j'ai essayé de toutes mes forces de ne pas être. Pendant plus de trente ans, j'ai refusé de me laisser définir par la fatwa et j'ai insisté pour que l'on me considère comme l'auteur de mes livres, cinq avant la fatwa et seize après. Je venais tout juste d'y arriver. Quand j'ai publié mes derniers livres, les gens ont finalement cessé de m'interroger à propos des attaques contre Les versets sataniques et contre leur auteur. Et à présent me revoilà, tiré en arrière et renvoyé à cette problématique indésirable. Je pense à présent que je n'y échapperai jamais. Quels que soient les livres que j'ai écrits ou que je pourrais aujourd'hui écrire, je serai toujours le type qui s'est fait poignarder. Le couteau me définit. Je vais me battre contre cela mais je pense que je vais perdre. Ma victoire, c'était de vivre, mais le sens que le couteau a donné à ma vie était ma défaite.[..]
J'ai rarement apprécié le moment même de la parution d'un livre. C'est comme se déshabiller en public, ce qui permet aux gens de pointer du doigt et de rire. Dans un monde idéal, quand un de mes livres paraît, j'aimerais pouvoir me cacher derrière les meubles pendant quelques semaines. Mais ce n'est pas possible dans le monde réel. Et puis je venais de me cacher derrière les meubles pendant six mois. En ce mois de février, le moment était venu de montrer mon visage.
(p.178)
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Si j'avais vu combien j'avais l'air mal en point, si j'avais connu la gravité de mes blessures, j'aurais eu du mal à mobiliser la force nécessaire pour tenir le coup.
Les images défilaient. Mon œil globuleux comme un œuf dur pendant de manière improbable sur mon visage, l’iris perché sur le blanc enflé, formant un angle impossible. La longue entaille horizontale sur mon cou enflé et noirci, les plaies tout autour, les estafilades sur mon visage. C'était difficile à regarder. Le cerveau refusait de comprendre. Mais tout était là, sur l'écran, et insistait pour être vu.
Je découvris que ma réaction à ce spectacle était inattendue. Oui c'était choquant, mais à ma grande surprise, je sentis que je devenais très calme, à mesure que je regardais, j'étais capable d'observer tout cela avec détachement.
(p.176)
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Tant que je n'aurais pas affronté l'attaque, je ne pourrais rien écrire d'autre. Je compris qu'il fallait que j'écrive le livre que vous êtes en train de lire avant de pouvoir passer à autre chose. Écrire serait pour moi une façon de m'approprier cette histoire, de la prendre en charge, de la faire mienne, refusant d'être une simple victime. J'allais répondre à la violence par l’art.
Je n'aime pas l'idée que l'écriture soit une thérapie, l'écriture, c'est l'écriture, la thérapie, c'est la thérapie, mais il y avait de bonnes chances qu'écrire cette histoire de mon point de vue, m'aide à me sentir mieux.
(p.174)
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Au cours de cette dernière soirée d'innocence, la nuit du 11 août, je me tenais tout seul devant la résidence et je contemplais la pleine lune qui brillait de tout son éclat au-dessus du lac. Seul, enveloppé dans la nuit, rien que la lune et moi, ensemble. […] Pour finir, je me suis également souvenu du voyage dans la lune de Georges Méliès, un film muet de quatorze minutes, le classique des débuts du cinéma, datant de 1902, sur les premiers hommes à atteindre la Lune, en voyageant dans une capsule en forme d'obus tirée par un canon aux proportions immenses. Ils portent des chapeaux hauts de forme, des redingotes et tiennent des parapluies. La scène la plus fameuse du film est celle de l'alunissage.
Je ne me doutais pas en repensant à l'image du vaisseau spatial blessant l'œil droit de la Lune de ce que la matinée suivante réserverait à mon propre œil droit.
(p.21-22)
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Citation du roman "ma vie pour la tienne" de Jodi Picoult " Quand vous rencontrez une personne solitaire, ce n'est pas, quoi qu'elle vous raconte, par goût de la solitude. C'est que, ayant tenté de s'intégrer au monde, le monde continue de la décevoir"
Cité par Salman Rushdie.
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La rareté crée la demande et pour les pauvres, majoritaires dans le monde, une chambre à soi, en particulier pour les femmes, est toujours une chose ardemment désirée.
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J’ai toujours voulu écrire sur le bonheur, en grande partie parce que c’est extrêmement difficile. L’écrivain français Henry de Montherlant est l’auteur de cette formule célèbre : « Le bonheur écrit à l’encre blanche sur des pages blanches. » En d’autres termes, on ne peut pas le faire apparaître sur la page. Il est invisible. Il ne se montre pas.
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Quand les croyants estiment que leurs croyances doivent être imposées à ceux qui ne les partagent pas, ou quand ils pensent qu’il faudrait empêcher les non-croyants d’exprimer avec vigueur ou avec humour leur incroyance, il y a un problème.
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