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Critiques de Salomon de Izarra (41)
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Demain, le jour

La couverture attire par ses couleurs, ce ciel violet intense surplombant la montagne enveloppée d’un dégradé de rouge, couleurs quelque peu inquiétantes cependant, irréelles, comme saturées…Le livre est en réalité sombre, auréolé d’une pâle lumière osseuse, outretombesque. Un huis-clos polyphonique aux accents gothiques dans lequel le fantastique est prétexte pour décortiquer au scalpel l’âme humaine et analyser les effets de l’enfermement. Une écriture hors-norme qui force l’admiration et une structure narrative excellente. Un livre qui secoue, bouscule, met mal à l’aise, envoute. Clairement, il donne à réfléchir. Un coup de cœur totalement inattendu !





Ce livre, éloigné de mes lectures habituelles, est venu à moi aux détours de hasards bienvenus. Un nouvel abonné, une liste riche sur sa page au titre inquiétant « Lectures cauchemardesques pour l’automne : frisson et horreur garantis ! », me voici à la dérouler par pure curiosité ne lisant jamais ce genre de livre, et là cette couverture qui attire le regard. Un clic sur l’auteur, Salomon de Izarra, pour apprendre qu’il prépare une thèse de doctorat sur l’enfermement (d’où son autre livre intitulé « La camisole »).

Et une histoire particulièrement énigmatique, voyez plutôt : A la veille d’une nouvelle guerre, en 1936, un train traverse les Vosges mais n’arrivera jamais à destination. Il déraille et de la carcasse encore fumante, alors que la nuit tombe, trois survivants trouvent refuge dans un petit village abandonné en pleine forêt au milieu de nulle part, dans lequel le silence est palpable et particulièrement lourd. Accueillis par le Maire, harcelés par des créatures mystérieuses, « ces choses » comme ils les appellent, ils sont pris au piège, enfermés tous les quatre dans la mairie sans possibilité de fuite. Il faut dire que ces montagnes, avec ses vastes forêts, ses hameaux isolés, sa rigueur climatique, offre un cadre parfait pour basculer dans le fantastique saupoudré d’une petite pointe d’horreur. Juste ce qu’il faut pour nous tenir en haleine même si l’essentiel n’est pas là.



Le roman est choral, chaque chapitre donnant la parole alternativement à quatre protagonistes, qui par le biais d’un journal intime, qui par des lettres écrites à une meilleure amie, qui via un enregistrement audio, qui par les simples pensées. Des moyens de communication qui ont chacun leurs codes, leurs particularités, leurs figures de style.

Ce temps de l’enfermement est temps d’introspection, de remontée des souvenirs, aussi bien ceux des douces réminiscences que ceux des glaçantes résurgences. C’est un temps pour raconter sa vie alors que nous réalisons que la fin est peut-être proche. L’enfermement est le temps de la sincérité et de la mise à nue.

L’auteur nous donne à voir des personnalités complexes, très marquées. Il y a tout d’abord Paul, cynique et malsain à souhait, le pur « salaud » revendiqué comme tel, et de fait il semble incarner le mal absolu. Il y a Suzanne, la jeune journaliste indépendante et libre, figure de l’innocence, et Armand complètement traumatisé par les combats dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale ainsi que par son incarcération, figure de l’amoureux éconduit. Enfin, il y a un certain Eugène marqué par une éducation trop corsetée et une mère castratrice, peintre, dont on ne comprend pas le lien avec les autres protagonistes dans un premier temps. Ce fameux lien, nous allons le comprendre peu à peu et c'est glaçant.

L’enfermement est également le moment de la confrontation de ces personnalités très différentes, celui de la promiscuité et des compromis.



« Nul ne pouvait juger sa vie. Tout comme personne ne pouvait juger la mienne sans en connaitre les ramifications et les errements ».



Des trajectoires de vie comportant des zones d’ombres et de lumières, des fractures, des bassesses et des moments de gloire. Chacun raconte à sa manière ce qu’il est en train de vivre, c’est confondant de finesse, de subtilité, d’intimité révélée.

Je dois avouer avoir craint au début une écriture caricaturale, la voix de Paul par laquelle démarre le livre m’ayant paru dans un premier temps un peu exagérée tant son caractère est marqué. Mais non, pas du tout, c’est même au final selon moi le personnage le plus captivant.

Peu à peu les portraits psychologiques de chacun s’affinent, prennent vie, je suis réellement admirative de la façon qu’à Salomon de Izarra de décrire ainsi la psychologie humaine. Cette lecture immersive nous plonge littéralement dans ces vies, par des moyens différents, le journal intime ayant par exemple une sincérité que les lettres n’expriment pas de la même manière, pour découvrir les raisons profondes de leur présence en ces lieux.



L’enfermement est un nouveau traumatisme pour ces personnes qui autorise alors, malgré des circonstances différentes, aux anciens traumatismes de refaire surface, aux mêmes conséquences d’advenir, aux mêmes cauchemars de revenir, poison insidieux qui « se glisse sous notre peau comme une aiguille quelques microsecondes avant que le derme soit suffisamment épais pour empêcher la pointe d’atteindre la profondeur des chaires ».





D’une lucidité et d’une clairvoyance radicale, ce livre exprime en aplats de nuances, les errances et les délitements de l’âme humaine. Au gré des histoires de vie racontée, c’est une époque qui se dessine, celle de l’entre-deux guerres, de la folie des combats, de l’absurdité des diktats, ce sont les traumatismes de l’enfance que nous portons ensuite toute notre vie qui surgissent, ce sont les manipulations et influences du jeu de la comédie humaine qui se profilent d'un ton caustique et acide. Un kaléidoscope des sentiments humains et des codes sociaux. Le fantastique dans ce livre apporte une touche d’étrangeté, une ambiance envoutante et luciférienne, mais n’est au final qu’un prétexte pour créer un cadre oppressant à l’enfermement, véritable sujet du livre. Un livre surprenant de maîtrise avec lequel je me suis tout simplement régalée !



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Transfusion

J'ai trouvé ce recueil de nouvelles horriques multi-auteurs plutôt bien écrit. J'ai été à chaque fois curieuse de poursuivre mes lectures. Néanmoins, certaines fins m'ont déçues.

Ma préférée restera Douce Julia d'Alexandre Ratel et heureusement car à la base, ce recueil m'a intéressée uniquement pour la participation de Ratel.

Douce Julia : une maman cherche de la compagnie pour sa fille qui vient de perdre sa soeur dans un monde apocalyptique. Elles vont acheter une fillette zombie à un éleveur...

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Nous sommes tous morts

Nous sommes tous morts est un court récit horrifique, dans la digne lignée de Lovecraft et de Stevenson.

Nathaniel Nordnight est le second du vaisseau Providence. Dans son journal, il décrit comment le navire, en mission dans les eaux glacées du Nord, se trouve pris dans la glace. Coincé, sans moyen d’avancer ou reculer, l’équipage va peu à peu s’effondrer sous le poids de la folie qui corrompt leur âme aussi sûrement que la brume opaque qui s’étend autour d’eux.

Le roman bénéficie d’une narration efficace dans le crescendo de la tension.

Les chapitres, aux en-têtes marquants, sont courts et distillent l’horreur à juste dose.

La glace, le froid et la brume deviennent eux-mêmes des personnages centraux. Ils rampent et emprisonnent le navire. Les tentatives de l’équipage pour stopper leur progression sont bien décrites ainsi que le désespoir qui accompagne leurs échecs. Peu à peu, la raison s’effondre et commence alors la véritable horreur, celle qui naît des actes des hommes poussés dans leurs derniers retranchements.

J’ai beaucoup apprécié la description psychologique de certains passages dans lesquels l’auteur déploie beaucoup de talent pour nous montrer comment certains tabous sociétaux peuvent être balayés dans des conditions extrêmes.

La narration, sous forme de journal confession, participe grandement à l’ambiance de folie et d’incompréhension des évènements.

Il rend hommage à Stevenson et son roman « L’Ile aux trésors ». Ici, c’est la banquise, la nature morte qui est à l’honneur et non la végétation.

Le récit fait écho également à Lovecraft pour le côté horrifique, le froid et la glace ainsi qu’à des créatures « grandes comme des cathédrales ».



J’ai aimé ce huit-clos sur un navire en perdition où toute raison abandonne les hommes et les mène à l’errance dans le monde des morts.

Certaines scènes sont à peine soutenables et tous les trigger warning s’appliquent.
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Nous sommes tous morts

Nathaniel Nordnight, second du baleinier Providence raconte quand le cauchemar qu’a vécu les membres de l’équipier. Très vite, le bateau est pris dans une tempête et figé dans les glaces. Très vite, les hommes perdent la tête et les morts se font de plus en plus nombreux…

C’est le titre qui m’a poussé à prendre ce livre mais grosse déception, j’attendais un roman d’épouvante mais l’origine du danger reste inconnue, les scènes d’horreur ne m’ont pas donné les frissons de peur que j’espérais avoir. Une hypothèse avancée à la fin mais pas sûre d’avoir bien saisi… (à discuter ?) L'écriture est jolie parfois poétique mais j'ai grincé à l'utilisation systématique du mot vomir dans les premières pages. Dommage, j’espérais que cette aventure marine soit plus intéressante que ça.

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Camisole

♫ Accroche tes mains à ma taille, pour pas que ta raison déraille ♪ Tout ira mal et si tu peux ♪ Prie l’asile et le bon Dieu ♪



Si un jour on me demande de vérifier des comptes dans un asile perdu dans le trou du cul du coin, croyez-moi, je me fais porter malade et je démissionne après avoir offert ce roman au boss.



Edgar Griffith va découvrir des horreurs en montant les étages dans cet asile…



Huis-clos oppressant, thriller fantastique, ce roman a le don de vous mettre les nerfs à vifs.



Où commence la folie, où commence un cauchemar ? Est-ce vraiment un cauchemar ou est-ce la réalité ? Notre comptable est-il fou à lire ou sain d’esprit ?



S’il y a un indice qui donne une réponse à mes questions, je suis passée à côté et c’est donc avec effroi que je me suis rendue compte que j’étais arrivé à la fin et qu’elle était abrupte et ouverte.



Ce sera mon seul bémol car tout le roman est bourré d’intenses émotions de peurs, de frissons, de questions, de courses, d’envie de sauter par la fenêtre pour échapper à tout ça.



Oppressant, ce huis-clos dans un asile qui semble être un personnage à part entière. Une fois dedans, difficile de faire marche arrière, pas envie de le déposer, juste envie de se planquer sous un plaid pour le lire en sécurité.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Camisole

Histoire curieuse qui se passe dans un hôpital psychiatrique isolé. Court récit terrible. Edgar, comptable, y est envoyé pour vérifier les comptes. Une tempête se déclenche dans le ciel et chez les fous qui vont massacrer le personnel. Edgar fuit Monsieur Rire en montant aux étages où il va découvrir des horreurs. Des scènes de son passé lui reviennent. Et lui, dans tout cela, où est sa part de folie ? Difficile d’en avoir une opinion bien arrêtée, puisque ce n’est pas mon domaine de prédilection et j’ai trouvé la fin vite expédiée. Pour les amateurs du genre. Conseillée par une personne qui s’intéresse à la folie et qui l’a beaucoup aimé.

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Demain, le jour

Splendide, dans cette orée fantastique, résolument virile et âpre, « Demain, le jour » est une gageure d'écriture hors norme. Ce livre dépasse tous les entendements, les risques et les plaintes. Il y a la loyauté des dires envers et contre tout. C'est un livre qui bouscule et donne à réfléchir. L'entre-monde où les signaux vifs, intuitifs, dévorent une double lecture travaillée en amont avec subtilité par Salomon de Izarra. Nous sommes dans un espace de torpeur, étrange, incertain, voire dérangeant. Ce livre, entre les latitudes des réflexions est une apothéose même s'il ne laisse pas indemne.

Polyphonique, caustique et acide, le récit est ténébreux et implacable. Mais quel chef-d'oeuvre !

L'incipit donne le ton : « Curieusement, personne n'aime les salauds, mais il faut croire que les salauds aiment tout le monde. »

Paul Rudier est l'un des quatre protagonistes principaux, l'oeuvre du mal en quelque sorte. Ce dernier est machiavélique, libre, et ses actes froids, destructeurs et calculés dévorent ce roman qui vous enserre. Sur fond d'histoire, d'alertes et d'évènements les narrateurs vont s'entrechoquer. La forêt est un symbole d'enfermement, d'oppressions et d'angoisses. Qu'importe ! L'heure est consignée au cadran des tumultes. le récit enfle, crescendo, souffle noir sur les pages certifiées. Ici, vous avez nos vastes humanités, les fléaux des guerres, les mécanismes implacables, tenaces et intranquilles.

D'une haute intelligence, sombre, la trame décortique les diktats, les habitus, les folies humaines jusqu'au paroxysme. Nous sommes dans le labyrinthe parabolique des résurgences mentales. Surdoué, bien au-delà d'une littérature conventionnelle, ce livre est un hymne à la liberté d'écrire les profondeurs enfouies, ce qui se cache en chacun, cette part de mystère qui s'élève envers et contre tout. C'est un murmure, un bruit sourd, un livre macrocosme dont les degrés sont nos coexistences intérieures. Essentiel, car universel, dévorant d'humanité et sidérant de gravité. Dans une langue nouvelle, moderne, inventive, fébrile et précise, « Demain, le jour » est d'une lucidité radicale. Son premier devoir : celui d'interpeller le lecteur jusqu'à l'ensevelissement de ses peurs. Prestigieux et implacable, la traversée du miroir de nos errances et de nos erreurs dans un huis-clos où la claustrophobie est ignorée. À l'instar d'un macrocosme de notre monde dans ses plus vives terreurs, angoisses, fantasmes et manque d'air. le manichéen de notre vaste humanité en lumière.

Sachez avant tout que Salomon de Izarra a fait une thèse de doctorat sur les enfermements. Voyez cette chance de lecture !

Après, « Nous sommes tous morts » et « Camisole » parus aux éditions Rivages, ce troisième roman est un lever de voile magistral sur les délitements de l'âme humaine. Un futur classique, un livre qui sera vite remarqué. C'est un outil indispensable pour tous les étudiants (tes) en littérature tant sa construction est une merveille. Une fresque littéraire, métaphysique naviguant entre le bien et le mal, grandiose et diabolique. Publié par les majeures éditions Mu.
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Demain, le jour

Demain, le jour est un roman assez fascinant, dont la lecture est à la fois plaisante et exigeante. C'est l'histoire de trois survivants d'un accident de train, dans les Vosges. Et le récit qui s'en suit nous propose leurs trois points de vue. Bien que ce procédé n'ait rien de très original (on ne compte plus les romans de ce type), Demain le jour s'en distingue par l'originalité de son propos, de son style et son ambiance.

Les personnages sont bien travaillés, l'atmosphère globalement sombre et l'auteur nous plonge dans les errements psychologiques de ses protagonistes, leurs souvenirs, leurs ambitions. Après avoir dit tout ça, il faut rappeler que ce roman a toute sa place dans la catégorie "Imaginaire" puisque le fantastique nous suit et se révèle à mesure que l'on touche au but. Belle découverte.
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Demain, le jour

Salomon de Izarra dispose de plusieurs cordes à son arc. Il est professeur et prépare également une thèse sur l’écriture de l’enfermement, en plus d’être guitariste dans un groupe de black metal symphonique. La thématique de l’enfermement est présente dans ses écrits, en lien avec celle de la folie : Nous sommes tous morts (Rivages, 2014) et Camisole (Payot & Rivages,2016). Son nouveau roman, Demain, le jour paraîtra chez Mnémos collection Mü à la fin août et on y retrouvera ses thèmes de prédilection dans un roman fantastique.



L’histoire commence en 1936, une période trouble de l’histoire prise entre deux guerres et les terribles répercutions qu’elles ont laissées. Dans les Vosges, un train fait la liaison vers l’Allemagne mais n’arrivera jamais à destination. Un terrible accident se produit dont ne sortiront indemnes que trois personnes : 2 hommes et une femme. Ils vont parvenir à trouver refuge dans un village tout proche, perdu au milieu de la forêt et des montagnes. Mais l’endroit va vite s’avérer plus dangereux que salutaire quand le maire va leur expliquer les événements survenus dans les dernières semaines.



Le récit est raconté par les 3 survivants de l’accident de train, sous la forme de journal écrit ou enregistré. Chacun des personnages va à la fois expliquer ce qui se produit et se pencher sur son passé. Ce mode de narration permet de bien connaître chacun des protagonistes et de voir les différents points de vue, tout en essayant de lier les événements entre eux. Les trois personnages apparaissent vite très différents : Paul Rudier est un manipulateur, parti de rien mais s’avère vite central et très intéressant à suivre. Suzanne Garcin est une jeune journaliste qui essaye de se faire une place dans un monde qui ne veut pas vraiment d’elle. Armand Létoile est un homme marqué par la vie, par son passé, il amène beaucoup d’émotions dans l’histoire. Un quatrième personnage vient se greffer à l’intrigue, dont je ne dirai rien pour ne pas divulgâcher. Tous ces personnages sont très bien écrits et crédibles, on les suit avec plaisir et on a envie de savoir ce qui va leur arriver. On arrive aussi à s’identifier à eux par certains aspects de leur personnalité.



Un autre point fort du roman est l’ambiance si particulière créée par l’auteur. Les Vosges, avec leurs vastes forêts, les petits villages perdus au milieu de nulle part, offrent un cadre idéal pour cette histoire basculant dans le fantastique avec une pointe d’horreur. Les personnages sont enfermés dans ce bourg et cherchent à comprendre ce qu’il se passe et à en sortir. Le huis-clos est très bien mis en scène, la tension montant peu à peu avec des scènes très angoissantes. Salomon de Izarra tire également brillamment parti du fait d’avoir situé son récit en 1936 en intégrant parfaitement le contexte historique dans son histoire. On sent aussi dans ce roman plusieurs influences: celle de Lovecraft dans la manière de faire se raconter les personnages et dans la thématique précise d’un des protagonistes, celle de Stephen King dans la montée de la tension et de l’angoisse, mais aussi des références aux années 30.



Demain, le jour est ainsi un roman passionnant, une véritable réussite dans le domaine du fantastique. Salomon de Izarra arrive à créer un climat véritablement angoissant autour de personnages crédibles et très bien construits. La thématique de l’enfermement est traitée sous divers angles à la fois général et introspectif. Je suivrais avec grand intérêt les autres romans de cet auteur.
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Nous sommes tous morts

Lors d'un voyage en mer, un navire est soudain et inexplicablement pris par les glaces. Les marins sont victimes d'hallucinations ou d'apparitions étranges qui les rendent fous les uns après les autres. Un bon premier roman dont l'ambiance rappelle Lovecraft mais l'auteur a encore du travail avant d'égaler le maître.
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Demain, le jour

Un beau jour de 1936, dans les Vosges, Paul, Armand et Suzanne sont les seuls survivants d'un accident ferroviaire. Après avoir repris leurs esprits, ils décident de traverser la forêt qui les entoure afin de trouver du secours dans le village le plus proche, Vosges-les-Tours. Là, ils trouvent un village déserté... En apparence, car deux créatures monstrueuses errent dans les rues, à la recherche de leurs futures proies. Et il est inutile de vouloir s'échapper, une fois entré dans le village, nul ne peut en ressortir, vous êtes condamnés à y rester et à entendre le carrousel tourner la journée, et les plaintes des deux créatures la nuit....



Par le biais de confidences, que ce soit un monologue, un enregistrement phonographique ou une relation épistolaire, le narrateur nous livre le passé, les fêlures et les questionnements de ces trois personnages très travaillés, mais aussi leurs ressentis face au moment terrifiant qu'ils vivent ensemble.



Tous trois très différents, c'est grâce à ce récit polyphonique que nous les découvrons au fur et à mesure de leurs confidences et on ne peut que s'attacher à eux : le fiancé éconduit est touchant, la journaliste est mystérieuse et l'homme d'affaires est fascinant. Un quatrième personnage fait son apparition en cours de lecture et l'on se demande ce qu'il vient faire là... La fin de cette histoire nous révèle pourquoi...



Et ce fut magistral. J'ai adoré ce roman fantastique, horrifique!



Je me suis surprise à frissonner d'angoisse et il m'a été impossible de lâcher cette lecture à l'écriture exigeante, au style travaillé, au rythme soutenu et aux personnages complexes.



Une très belle découverte, que je vous conseille vivement si vous aimez frissonner!


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Nous sommes tous morts

Tout ça pour ça… Voilà ce que j’ai pensé en refermant le livre, heureusement suffisamment court pour me forcer à aller jusqu’au bout. J’ai eu une drôle impression de déjà vu à plusieurs reprises comme si l’auteur avait pioché différents ingrédients dans la littérature ou les faits divers pour construire son histoire, de Moby Dick au dramatique récit des survivants du crash d’un avion dans les Andes en 1972, contraints au cannibalisme pour survivre. J’ai consciencieusement tourné les pages, attendant la révélation, l’originalité qui donnerait un sens au récit. Malheureusement, cette étincelle n’est pas venue.

Reste donc le récit (ou est-ce plutôt une hallucination ?) d’une aventure entre horreur et surnaturel pour ces marins chasseurs de baleine, confrontés à la violence de la nature, d’abord tempête gigantesque dans laquelle ils pensent trouver la mort puis enfermement dans une cellule de glace à la fois incassable et comme vivante, se régénérant sans cesse. Rien d’étonnant donc, à ce que tout le monde bascule dans la folie, avant même que la décision de cuisiner en ragoût l’un de leur petit camarade mort de froid ne soit prise.

D’où vient que l’on a du mal à s’intéresser à l’histoire ? En tout cas, avec moi, ça n’a pas pris même si la plume n’est pas désagréable. Mais qu’importe la forme, si le fond se dérobe… l’immeuble s’écroule.

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Demain, le jour

Que voilà une chronique difficile à écrire ! J’ai généralement des avis assez tranchés sur mes lectures, y compris lorsque mon ressenti est un peu mitigé. Je referme le livre avec un sentiment global, mauvais ou bon, et je sais toujours pourquoi, ce que j’ai aimé, ce que je n’ai pas aimé. Il est assez rare qu’on me coupe la chique aussi sec que Salomon de Izarra l’a fait ! Rencontre avec un roman dont je ne sais pas vraiment quoi penser…



Nous sommes en 1936 et un train en direction de l’Allemagne déraille dans les Vosges. Trois survivants seulement, Paul Rudier, Suzanne Garcin et Armand Létoile, qui vont trouver refuge dans le petit village de Tours-les-Vosges, perdu en pleine forêt. Enfin, refuge est un bien grand mot, car deux mystérieuses créatures hantent les lieux… Piégés, ils tuent le temps en écrivant ou en enregistrant leurs mémoires.



Je l’avoue, j’ai été attirée par deux choses : la couverture, sobre mais magnifique à mon sens, ainsi que la mention à Stephen King dans les critiques, à propos de l’angoisse générée par cette histoire. Autant le dire tout de suite, pour l’angoisse et Stephen King, il faudra repasser. Ne vous jetez pas sur ce livre pour cela, vous seriez cruellement déçu. J’ai presque envie de dire que l’angoisse, et même le fantastique, ne sont pas le propos. Quel est le propos alors ? Eh bien, justement…



J’ai tout d’abord été charmée par l’écriture de Salomon de Izarra. Le vocabulaire est soigné, le style très agréable avec des phrases complexes mais bien tournées. On a à faire à des personnages cultivés, bien que d’origines sociales diverses, et bien campés. Paul se qualifie lui-même de salaud. Il a vécu la misère et appris le “tous les moyens sont bons”, ce qui n’en fait pas un personnage très sympathique. Jeune fille de bonne famille, Suzanne s’est battue toute sa vie, et se bat encore, pour exister en tant que femme. Et Armand, quant à lui, je résumerais en disant qu’il n’a vraiment pas eu de chance, le pauvre.



L’ambiance est sombre. Les souvenirs de la Première Guerre Mondiale sont encore bien présents, tandis que la Deuxième se profile déjà. Pourtant, bien que leurs histoires soient intéressantes à découvrir, avec des thématiques telles que les relations familiales toxiques, la construction de soi et l’enfermement, elles finissent par devenir longuettes parce qu’en réalité, elles constituent la quasi-totalité du roman. Le côté fantastique n’est qu’un prétexte pour réunir les personnages et les faire s’épancher. Ce qui est dommage, malgré un final assez chouette, parce que c’est ce que l’on nous vend, ce qui est mis en avant dans le quatrième de couverture.



Alors, aimé ou pas aimé ? Eh bien, les deux, mon Capitaine, même si j’ai probablement plus aimé que pas aimé. Ce roman a des qualités indéniables et j’ai passé de bons moments, mais je crois qu’il m’a manqué une vraie finalité pour être complètement séduite. L’auteur se perd en circonvolutions et laisse trop de côté l’aspect fantastique de son récit au profit de la psychologie de ses personnages, esquissée, en outre, à grands coups de serpe. Un peu déçue quand même…
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Demain, le jour

Pourquoi est-ce que je ne lis pas de feelgood ? Peut-être parce que je n’ai pas envie, pas besoin de me remonter le moral. Certains appellent ça de la lucidité, d’autres de la dépression. Pourquoi est-ce que j’ai lu Demain, le jour de Salomon de Izarra ? Pas forcément pour nourrir ma lucidité (dépression ?), mais pour faire une expérience littéraire sombre, me plonger dans d’autres psychés et voir ce que je peux y trouver.



Il y aurait beaucoup à dire de ce livre, mais le temps manque et m’attire vers d’autres romans et essais. Alors voici ce que j’y ai trouvé : de la noirceur donc, mais sans complaisance, pour raconter le destin de personnages pris à la fois par le cours de l’Histoire (nous sommes à la veille de la Seconde Guerre mondiale) et piégés par leur passé que nous découvrons par bribes. Chacun va s’exprimer à travers l’écrit ou la parole, chacun va dire pourquoi il est là, condamné à survivre dans un village vosgien où rôdent des créatures menaçantes.



Mais parfois les monstres ne sont pas où l’on croit, et leur volonté de vivre va révéler leur part de cruauté, leurs hantises mais aussi leur courage, parfois leur sens du sacrifice. Le caractère fantastique du récit n’est ici qu’un prétexte, et comme chez Lovecraft ou Poe, Salomon de Izarra nous invite à regarder droit dans l’abysse, le nôtre. Celui de notre condition humaine et de ses mesquineries, de sa violence, celui de cet enfermement en nous-même qui rend notre existence profonde incommunicable.



Désespéré et fascinant, enlevé et accrocheur, ce roman présente chaque être comme une île triste et malheureuse, flottant dans un archipel désolé. Un livre qui n’est pas « pour tout le monde », et c’est très bien comme ça.

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Demain, le jour

Dès que j’eus tourné cette couverture sobre et mystérieuse, j’ai été frappée par une belle plume, avec son vocabulaire soigné et son attention à créer des voix distinctes, et une atmosphère immersive.



C'est un roman constitué de trois voix d'abord, celles des survivants. le journal écrit de Paul Rudier, au ton gouailleur quoique cultivé, intelligent et rude, parfois cru. La prose soignée de la correspondance de Suzanne Garcin, fille de bonne famille. Les enregistrements phonographiques d'Armand Létoile, que l'on pourrait peut-être reprocher d'être trop bien écrit, de manquer d'une touche d'oralité. Puis s'ajoutent les pensées d'Armand Brémont, succession de réflexions, flux bondissant de mots, images et mots-valises.



Nous sommes en 1936. L'empreinte de la Grande Guerre est toujours là, tâchant les âmes et les souvenirs, quel qu'ait été le rôle de chacun dans cette boucherie absurde, tandis que le spectre d'Hitler et du conflit à venir – menace confuse niée par certains, redoutée ou attendue par d'autres – se profile à l'horizon.

L'ambiance est sombre, un peu poisseuse. Relents de boue, de mort et de comportements plus que douteux. Les personnages sont des survivants à plus d'un titre et leur passé est rempli de ces nuances qui fabriquent des psychologies riches et travaillées et, de là, attachantes, à commencer par Paul, l'amoureux de la littérature et pourtant salaud de première…

Même si l'on s'échappe souvent de l'histoire présente à travers les récits personnels, les passages dans le village sont oppressants comme tout bon huis-clos et les apparitions des créatures – dont l'auteur n'abuse pas – sont véritablement marquantes. Précisons que le résumé est un peu trompeur car le récit est finalement constitué de plus de flash-backs à travers les regards en arrière des personnages que de cette intrigue surnaturelle.



Cependant, deux-trois points m'ont malheureusement gênée au fil de ma lecture.



Dans un premier temps, j'ai été prise par ces histoires familiales compliquées, ces familles qui, pour certaines, cachaient sous un vernis lisse des relations parents-enfants conflictuelles, traumatisantes. Récit du poids des attentes familiales, du milieu social qui colle à la peau de certains comme la terre humide aux bottes, du mépris de classe, d'un enfermement intellectuel et des ruades furieuses pour s'en sortir, de l'identité et des rêves d'un avenir à sa mesure…

Sauf que tout vient surtout des mères : des désirs d'abandon, des humiliations, des pressions intolérables, des brimades… Tout est la faute de la mère apparemment (les pères ont beau être tout aussi défaillants, c'est uniquement à cause de leur lâcheté, leur faiblesse, leur soumission à leur femme, les pauvres…). Certes, cette belle unicité dans le passé des personnages a une raison d'être, mais j'ai fini par être agacée face aux portraits féminins en général. Car d'une manière plus générale, tout semble de la faute des femmes – mères, compagnes… – qui « ne semblent exister que pour mieux faire souffrir les hommes à grands coups d'excuses et de pitoyables justifications, dans le seul besoin d'occulter leurs propres travers. Une lâcheté effrayante qui nourrit leur perdition et leur égoïsme. »

De la même manière, Suzanne et l'amie à qui elle écrit ont subi « un abus ». Elle ne cesse d'y faire allusion à mots couverts dans sa lettre, le moment où elle en parle à Armand est comme éludé, survolé, comme si un voile de pudeur était jeté dessus alors que les hommes racontent leur vie dans les détails. J'ai surtout eu cette sensation d'un ajout « dans l'air du temps » que l'auteur ne savait pas vraiment comment traiter. D'ailleurs, je suis bien obligée de reconnaître que, parmi les quatre personnages principaux – trois hommes et une femme –, Suzanne est la seule qui m'a laissée assez indifférente car elle est, à mes yeux, moins bien campée que les hommes.



De plus, l'histoire paranormale ne semble être qu'un prétexte, une toile de fond réunissant des personnages dont l'auteur avait apparemment très envie de raconter la vie, sans forcément savoir comment la présenter. Que le cadre soit un prétexte ne me dérange pas – c'est un peu le cas dans Dans la forêt que j'avais adoré –, mais dans celui-ci, j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose d'artificiel et d'un peu lourd dont la façon dont les personnages se racontent (quoique cela colle bien avec le protagoniste égocentrique qu'est Paul).

Certains passages détonnent vraiment, allant jusqu'à me sortir de ma lecture. Tout d'abord, Suzanne retranscrivant dans une lettre le récit de la vie d'Armand à la première personne et avec moult détails et dialogues comme si elle l'avait vécue. Ensuite, Suzanne toujours qui, ayant décidé de tenter sa chance à travers la forêt, écrit : « Toutefois, il [Paul] me laisse suffisamment tranquille pour que je finisse de t'écrire. Je doute de le refaire, il faudra que j'aie tous mes sens en éveil. », puis ligne suivante : « Je suis partie en silence (…) » alors qu'elle est dans la forêt, la fin de la lettre ne laissant pas de doute, elle y est toujours. Qui écrit une lettre dans la forêt alors qu'il y a potentiellement des monstres, des mystères et qu'elle ne sait pas pour combien de temps elle en a à sortir de là, si tant est qu'elle y arrive ?

Quant à cette fin, elle me laisse très partagée. Si je la trouve plutôt marquante visuellement parlant, elle me laisse un goût de « tout ça, tout ce suspense, tous ces mystères, pour ça » (tant au niveau du « pourquoi ? » que du « comment ? ») qu'il est difficile de préciser sans divulgâcher.



Ce roman reçoit d'excellentes critiques que je ne partage pas vraiment, même si je l'ai lu sans déplaisir et sans heurt (en dépit de cette petite voix soulignant les bémols). Si je lui reconnais certaines qualités en termes d'écriture, de thématiques, de construction des personnages principaux (masculins) et de l'atmosphère, je n'ai pas été complètement emballée par l'histoire, également pénalisée par les personnages féminins et certaines lourdeurs.
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Demain, le jour

Quoi ? Demain le jour serait un récit de littérature "fantastique" ? Pour moi, Demain le jour est un cheminement entre la vie et la mort, comme La traversée de Philippe Labro. C'est une marche entre la nuit et le jour, entre hier et demain, entre le passé et l'avenir. Demain le jour est une immersion dans la folie, la mort, l'horreur, les ténèbres et les angoisses. Demain le jour est le récit (encore et toujours) de Salomon de Izarra sur l'enfermement et la dépression. Demain le jour raconte nos huis-clos intimes. Du moins, je l'ai lu comme tel.

Le livre nous embarque dans le cauchemar de trois personnages, rescapés d’un accident de train, puis piégés par d’immondes créatures dans une petite ville des Vosges. Face à la mort et l'urgence de leur survie, ces trois-là sont sans artifice.

Paul Rudier est un délinquant, assassin charismatique, un "marchand de mort qui se revendique comme un salaud".

Armand Létoile est un écrivain et éditeur sensible, brisé par sa femme, par la guerre et la prison.

Suzanne Garcin est une jeune journaliste "qui doit faire ses preuves dans un monde machiste".

Avec eux, on traverse les ténèbres de la forêt de sapins, puis on se perd dans leurs angoisses comme dans les rues de Tours-les-Vosges.

Et la folie, c'est la maladie d'Eugène Brémont, maltraité par ses parents, "peintre raté et triste demiurge".

On ne sort pas totalement indemne de cette lecture, cataloguée "fantastique".

Depuis son 1er livre Nous sommes tous morts, publié à l'âge de 24 ans, Salomon de Izarra déploie un imaginaire cauchemardesque, mais surtout tragique. Restons attentifs aux prochaines publications de ce jeune auteur qui manie la plume comme un sortilège.



Pour lire Philippe Labro https://www.babelio.com/livres/Labro-La-traversee/24061

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Demain, le jour

Demain, le jour, est un roman fantastique qui m'a bien plu. On suit trois personnes dont le train n'arrivera jamais à destination, suite à une collision. Ils survivent tous les trois à cette horreur mais pourtant l'épreuve n'est pas finie. S'ensuit trois récits à la fois dissociés mais intimement liés, où plongés dans l'angoisse de lieux habités par des créatures, les trois survivants vont être contraints de plonger dans leurs souvenirs pour comprendre ce qui leur arrive.

On est assez vite pris dans l'histoire et le récit croisé des trois survivants a le mérite de relancer sans cesse l'intérêt. L'atmosphère fantastique, très sombre, est vraiment bien rendue. Le dénouement est à la hauteur des attentes. C'est pour moi une réussite d'autant plus que le style est très agréable, à la fois fouillé, imagé et fluide. très belle plume, à suivre.
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Nous sommes tous morts

Quelle révélation! Salomon de Izarra nous offre à travers son roman un petit bijou d’horreur, de fascination morbide, de frissons. Le titre donne déjà le ton. "Nous sommes tous morts" sont les premières paroles prononcées par le narrateur Nathaniel. Ce dernier s’est embarqué sur un baleinier "La Providence". Alors que tout se déroule pour le mieux, l’équipage essuie une violente tempête. Le lendemain, au réveil, les marins se rendent compte que leur bateau est emprisonné par une mer de glace. Impossible de s’en extraire!



Comment cela est-il possible d’ailleurs? Le capitaine assure que le bateau n’a pu dériver en aussi peu de temps aussi loin vers le pôle nord. Alors chacun fait des hypothèses. Et puis, il y a cette brume à perte de vue qui ne laisse deviner que des contours, et ces marins retrouvés le matin en état catatonique, pupilles grandes ouvertes comme gorgées d’horreur. Qu’ont-ils vu? Où se trouvent-ils désormais? Dans les limbes, au purgatoire ou en enfer comme le laisse sous-entendre le pieux capitaine? Et que dire de cette glace qui semble vivante et qui grignote peu à peu le bateau?



Salomon de Izarra sème le doute chez ses personnages et chez le lecteur. Ce qui devait être une formidable expédition pleine d’aventures devient un huis-clos, angoissant, tétanisant où chaque homme devient peu à peu fou. Nathaniel et ses camarades vont devoir se sacrifier et renoncer à leur humanité jusqu’au dernier tabou…



L’auteur embarque son lecteur dans une aventure peuplée de fantômes, de ténèbres, d’angoisse. On frissonne, on se pose des questions, on se demande si les marins vivent cette réalité décalée ou la rêvent. Bref, on navigue en plein dans le fantastique. La tension monte petit à petit jusqu’à l’explosion, la révélation finale.



L’auteur a su créer une ambiance vaporeuse, faite de brume et de glace qui permet de ressentir le froid, la peur. Il joue avec les nerfs du lecteur et ceux de Nathaniel, son narrateur. Sa maîtrise du genre vaut vraiment le coup d’œil et ne laissera pas insensible quiconque osera franchir cette mer de glace…
Lien : http://carolivre.wordpress.c..
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Nous sommes tous morts

Le baleinier norvégien " la Providence" lève l'ancre, avec comme équipage le fleuron des chasseurs de baleines.

Le capitaine Eddy Sogarvans est au commande. Le journal personnel de son second, Nathaniel Nordnight raconte le récit halluciné de cette traversée.

Au quatrième jour de navigation, la tempête surprend l'équipage qui se retrouve prisonnier dans une mer de glace.

Quelles sont ces tentacules qui enserrent la coque du bateau. La folie envahit les marins. La raison n'a plus cours : suicide, meurtre, cannibalisme..un voyage en mer ou plutôt une descente en enfer.

On aborde ce roman secoués par une tempête inouïe. On se retrouve rapidement glacés d'épouvante. L'effroi se niche partout. Les corps sont torturés par le froid, la faim, la peur, la réclusion, l'isolement.

Tels des condamnés dans le couloir de la mort, ils attendent de se livrer aux fantômes . La terreur laboure leur âme. Ils sont déjà morts sans l'être vraiment, humains sans ne plus l'être tout à fait. Auraient-ils été abandonnes par Dieu ?

Accès de démence collective ou phénomène paranormal, réalité ou fantastique ?

On entre dans ce roman et très rapidement l'angoisse et la peur vous envahissent.

Ce livre, bien sûr, nous fait penser à G.Stevenson qui n'aurait sans doute pas rougi de cette paternité.

C'est le premier roman de Salomon de Izarra. Son style et sa plume feront date et sont très prometteurs de futures belles heures de lecture .
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Demain, le jour

Salomon de Izarra m'avait subjugué avec son premier roman, "Nous sommes tous morts", sorte de conte halluciné racontant les mésaventures d'un équipage à bord d'un navire pris dans les glaces.



Hélas, avec "Demain, le jour", je sors de ma lecture avec un sentiment mitigé.



S'agissant d'un roman fantastique, je m'étais préparé à en accepter les règles, et à me laisser transporter. À ce titre, l'auteur déploie son récit avec une indéniable aisance narrative. Pourtant au cours de ma lecture j'ai souvent flotté hors de l'intrigue, comme détaché, voir peu intéressé.



J'ai eu le sentiment que l'auteur n'avait pas su doser ses priorités, abordant pêle-mêle au cours de l'intrigue des thèmes aussi variés que la guerre des tranchées, le sentiment amoureux, la question de l'arrivisme social, l'univers carcéral, le banditisme, la création artistique,...

le tout enduit d'un vernis fantastique qui semble arriver comme un cheveux sur la soupe et qui en aucun cas ne m'a donné l'impression de créer du lien parmi cette avalanche de thèmes disparates.



Malgré quelques passages que j'ai trouvé délectables j'ai donc survolé le texte sans jamais vraiment y entrer.

S'il ne m'a pas emballé, je reste convaincu que le caractère original du livre saura séduire bon nombre de lecteurs.

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