AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sarah Koskievic (42)


Une plume fine et sensible comme je les aime qui met en lumière les tourments de Hazel et Romain, deux êtres vivant avec leurs tripes le désenchantement de leur époque. Sombre mais jubilatoire !
Commenter  J’apprécie          21
- Tu ne trouves pas que c'est le meilleur entraînement pour la vie qui nous attend, l'endurance?
C'est con de faire courir des gamins en rond pendant une heure et, en même temps, y a rien de plus logique, quand on y pense. Quand on aura quitté le lycée, ça sera notre quotidien. On va passer de stage en job, de la LMDE à la Sécurité sociale, on devra déclarer nos impôts et, pire, les payer.
On va prendre le métro, pointer au boulot, s'en plaindre, demander une rupture conventionnelle sans l'obtenir avant de démissionner, jouer aux chômeurs, prétendre aimer ce temps pour nous, faire la queue à la pharmacie, se battre contre les pesticides, le glyphosate et toutes les merdes qu'on ingère. Puis, on mourra.
Commenter  J’apprécie          10
La mort la poursuit, la pauvre chérie, et tôt ou tard, elle l'a rattrapera. Pour le moment, elles jouent à cache-cache mais viendra le moment où l'une libérera l'autre.
Commenter  J’apprécie          10
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain? D'erreur une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.
Commenter  J’apprécie          20
Ian avait tenté sa chance de designer free-lance, ça n’avait pas fonctionné. Depuis qu’on vit la start-up nation, tout le monde essaie, tout le monde se plante. On nous vend que les CDI, c’est has been, que nous, on doit être de jeunes entrepreneurs, que le monde est à nous, pour peu qu’on ait des idées. Tu parles. Le monde est à personne. On avale des couleuvres et on doit s’en rengorger. La start-up nation. Banale histoire de la France macroniste.
Commenter  J’apprécie          00
Sarah Koskievic
Comment supporter d'être la cible préférée, de la moitié du genre humain, D'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien du tout, à la fois objet de désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent. Tout n'est que violence. p46
Commenter  J’apprécie          10
Victoria se passionne pour la littérature. Je ne sais pas quand elle a le temps de lire. Elle l'aime autant que moi et quand elle hurle elle jette des livres autour de la pièce. vole l'amant, vole Bonjour Tristesse, vole Circé, vole passion simple ! La nôtre est compliquée. p119
Commenter  J’apprécie          20
Je n’avais jamais rencontré une fille comme Hazel. Elle avait dans le fond de son regard un minuscule éclat jaune, qui laissait transparaître sa folie. Elle était de celles qui ne reculent devant rien. Elle ne disait jamais non, trop contente de prouver qu'elle pouvait relever n'importe quel défi. Elle voyait la vie comme une succession de moments chiants et longs, un fléau dont elle voulait désespérément s’échapper sans bien savoir comment faire. Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs. p. 160
Commenter  J’apprécie          90
(Les premières pages du livre)
Romain
« Sympathy For The Devil »
J’ai replacé le voile sur ses cheveux. Finalement ça lui allait bien ce blanc virginal, comme quoi on peut grimer une putain en ange. Hazel a glissé son bras sous le mien et nous avons remonté l’allée doucement. J’ai senti ses muscles se raidir sous les miens, j’entendais même ses dents grincer. Me lâche pas, a-t-elle murmuré, me laisse pas faire ça et je me suis retenu d’exploser de rire et d’interrompre cette mascarade.
J’avais de la gueule dans mon smoking Yves Saint Laurent et elle aussi avait mis les petits plats dans les grands : c’est elle qui habillait la robe et non l’inverse. Elle arborait fièrement le blanc, la traîne, le voile et ses cicatrices.
Devant l’autel, j’ai frôlé ses lèvres pour la première fois, elles avaient un goût de sel, de peur et de défiance. Plus vite que je ne l’aurais voulu, j’ai dû me résoudre à la donner à quelqu’un d’autre.
Je l’ai laissée partir avec une pointe dans le cœur.
Si on m’avait dit qu’un jour je serais le témoin du mariage d’Hazel, je n’y aurais jamais cru.
Jamais.
Mais elle était là, dans cette église protestante, et je m’attendais à la voir se consumer par le feu à tout moment. Elle ne croit même pas en Dieu.
À la place de la marche nuptiale, « Sympathy For The Devil » a retenti et les gens se sont levés. Y a pas à dire, Hazel avait réussi un coup de maître.

2
Romain
« Heal Tomorrow »
Je l’attends au comptoir comme je l’ai toujours fait et elle est en retard. J’aime les choses linéaires et immuables.
Propres. Stables. Précises.
C’est pour ça que je me refuse à décaler ce dîner au vendredi ou à l’avancer au mercredi. Impossible aussi de changer de resto. On va chez Sam le jeudi, c’est une adresse qu’on ne partage pas, on se la refile sous le manteau, rue du Faubourg-Saint-Denis. On a commencé à venir quand on était au lycée et qu’on n’avait pas les moyens de se payer autre chose que le plat du jour, c’est normal qu’on perpétue la tradition.
On a trente ans, on est architectes et on gagne du fric. Beaucoup trop aux yeux de certains. Bien sûr, j’en gagne plus qu’Hazel, je suis un homme. Quinze pour cent de plus, pour être exact. Elle n’a pas l’air de m’en vouloir.

Au fil des années, Sam a apporté quelques améliorations. Les murs en crépi couleur rouille ont été repeints, les tables en Formica ont été remplacées par du vieux chêne à l’aspect faussement abîmé et les prix ont doublé. Sam a son bouclard au milieu des Turcs, des Indiens qui tiennent les manucures du passage Brady, des putes chinoises et des souteneurs du boulevard Saint-Denis, de la mafia sri-lankaise qui règne en haut, côté gare de l’Est.
Dans le bas de la rue, on trouve encore quelques réminiscences des Turcs qui ont investi le quartier au milieu des années 1980. Le Lahmacun a été rebaptisé Street Food et la Pizza Grill Istanbul a dû adapter sa carte au flot incessant de nouveaux clients qui se bousculent dans le coin.
Le patron a investi son argent pour se payer un webmaster. Il lui a fait un joli petit site qui promet des pizzas à la viande hachée et des grillades aussi bien adaptées à un déjeuner sur le pouce qu’à un dîner d’affaires. Comme si les pontes des grandes banques allaient asseoir leur cul en argent massif dans un resto oublié des services d’hygiène. Reste qu’il a quatre étoiles sur Google, que les affaires tournent mieux que jamais et que maintenant au Pizza Grill, on voit tous ces jeunes couples pleins d’avenir qui se lâchent le jour de leur cheat meal.

La junk food, c’est chic qu’une fois par semaine, faut pas charrier.
Plus loin, sur le même trottoir, le PNY ne désemplit pas. Pour les riverains, l’ouverture de ce resto a été le signal : le quartier va enfin prendre de la valeur. Pour Sam, la concurrence fait rage et les affaires vivotent depuis que 5 Pailles a ouvert à droite de son troquet. On y bouffe bio et vegan.
Des graines, des pousses, le tout dans des bols en bambou recyclables, pas l’ombre d’un Coca, mais du thé matcha verdâtre infâme. La faune d’instagrammeuses se bouscule pour le boire, un peu et le prendre en photo, beaucoup. Impossible de croire qu’à une rue près, les rabatteurs de Château-d’Eau attendent la cliente pour la traîner vers un salon de coiffure afro. Les tresses, les extensions, les ongles… Ils suivent les femmes jusqu’à l’usure, jusqu’à ce qu’elles acceptent enfin. Devant le Lidl du boulevard de Strasbourg, les daronnes africaines côtoient les petites vieilles historiques du quartier, armées de leurs caddies et de leurs cannes. Dans les rayons, les nouvelles habitantes de Strasbourg-Saint-Denis, Stan Smith aux pieds dans leur jean 7/8 juste au-dessus des chevilles viennent acheter une centrifugeuse Silvercrest pour presser les fruits qui accompagnent leur morning routine. Les moins connes téléchargent le catalogue sur leur iPhone avant de se déplacer et se retrouvent en file indienne devant la vitre du magasin le jour de la promo. Chéri, ce soir on bouffe des pâtes aux truffes, c’est semaine italienne chez Lidl.
Avant de rencontrer Hazel, je n’avais jamais bu un verre « juste comme ça » avec une meuf. Une amie. Le terme me filait la gerbe. Chez moi, on est des hommes. Des bonshommes, des mecs, des vrais, on fait régner la loi, on n’a pas d’« amies ».
On a des plans cul, des rencards, des meufs à ne plus savoir qu’en faire, mais pas une nana avec qui on partage réellement quoi que ce soit, et sûrement pas tout.
La première fois que j’ai vu Hazel, c’était en terminale. Elle venait d’intégrer le lycée en milieu d’année après s’être fait virer de son bahut précédent, on ne sait pourquoi. Elle a échoué sur la chaise à côté de moi, la seule de libre. Elle ressemblait à Keira Knightley avec son ossature frêle, ses pommettes saillantes, ses cheveux longs et noirs.
Ses yeux sans expression qui lui donnaient un air fantomatique. Quand elle a sorti ses stylos et les a alignés sur le bord de la table, j’ai compris qu’elle était flinguée. J’ai prié pour la détester, j’ai tout fait pour ça, mais quand personne ne la regardait, elle esquissait un drôle de sourire de morte qui me plaisait beaucoup trop.
Commenter  J’apprécie          00
Alors, il chasse ses souvenirs dans l’obscurité d’endroits qu’elle adore, elle dit que la nuit la vie palpite, elle peut s’y éteindre discrètement.
Commenter  J’apprécie          30
J’ai toujours dit à Jacques que tenir un bistrot ouvert la nuit, c'est un peu comme être sociologue c'est pas parce qu'on sert des tripes et des rognons qu'on peut pas comprendre les gens.
Commenter  J’apprécie          30
Hazel se détache de moi sans que j'aie le temps d'humer une dernière fois l'odeur de son huile à la vanille, elle s'écroule sur le canapé à la même place qu'avant. J'espère qu'elle a conscience de la fin funeste qui l'attend. Je récupère mes clopes et mes clés et je jette un dernier coup d'œil au bordel dans le salon. Le jour se couche et je contemple les nuages à ses pieds, quand le ciel enfin se tait.
Je n'oser pas dire à Hazel que la fuite ne sert à rien, les problèmes s'invitent dans les valises.
Commenter  J’apprécie          40
Baiser est l'acte féministe le plus sous-côté du monde.
Le corps comme arme de destruction massive, ouvrir ses jambes pour ne pas avoir à fermer sa gueule.
Commenter  J’apprécie          00
Les filles comme quoi ? J'avais envie de hurler que je faisais ce que je pouvais, que je suis comme ça et pas comme d'autres. Que n'importe quelle autre meuf à ma place se serait déjà tiré une balle mais que moi je ne peux pas parce que je sais que c'est trop compliqué de se foutre en l'air.
Commenter  J’apprécie          00
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain ? D'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, il veulent, ils prennent, ils jettent.

Tout n'est que violence.
Commenter  J’apprécie          50
…Mais avec moi, elle laisse entrevoir son vrai visage. Impétueuse, insolente, irrévérencieuse, profondément dépressive, elle peut enfin déverser le flot d’émotions qu’elle retient depuis toujours.
Commenter  J’apprécie          50
On rentre quand le soleil se lève et que l’eau se réveille.
Sur le pont des Arts, mon cœur vacille. Entre deux eaux, l’air est si bon. Cet air si pur, je le respire. Nos reflets perchés sur ce pont.
Commenter  J’apprécie          10
Aux fêlées, aux cassées, aux déchues, aux maudites, aux damnées, à toutes celles qui peinent à trouver leur place dans ce monde.
Commenter  J’apprécie          10
Il savait reconnaître les damnés des miraculés, les déchus des bienheureux, il voyait en Hazel la fille abîmée qui venait brûler le peu de sacré qui restait en elle.
Commenter  J’apprécie          20
C'est ça être un vieux couple. Limiter les efforts, ne pas avoir peur que l'autre vous voie tel que vous êtes vraiment. Plus besoin de se dissimuler derrière un masque, de prétendre être quelqu'un d'autre. Fini l'esbroufe, nique le strass et les paillettes. Vérité nue, lumière crue.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sarah Koskievic (113)Voir plus

Quiz Voir plus

Start-crossed lovers

Comment s'appelle les personnages principals ?

Clara,Guillaume
Carla,Guillem
Carole,Gérar

16 questions
64 lecteurs ont répondu
Thème : Star-crossed lovers de Mikaël OllivierCréer un quiz sur cet auteur

{* *}