Cédric, lit "La chemin le moins fréquenté" de Scott Peck (Éditions J'ai Lu, 2004)
Dans le cadre de "A vous de lire !" © Des auteurs aux lecteurs, 2010
Ceux qui sont tout à fait conscients de leurs dépressions, de leurs doutes, de leurs moments de confusion et de désespoir, sont peut-être infiniment plus sains que ceux qui sont généralement sûrs d'eux-mêmes, suffisants et satisfaits. En vérité, la dénégation de la souffrance est un meilleur indice de maladie que son acceptation.
Une personne mauvaise renie le fardeau de sa culpabilité, de son péché, de sa médiocrité et son imperfection; elle cherche à transmettre sa peine à autrui par la projection ou en faisant de lui son bouc émissaire. Elle ne souffre pas, mais son entourage, si. Elle cause la souffrance. L'individu mauvais crée autour de lui le royaume miniature d'une société malade.
Par crainte de la douleur, nous essayons presque tous, à des niveaux différents, d'éviter les problèmes. Nous temporisons en espérant qu'ils disparaîtront. Nous refusons de les voir, prétendons qu'ils n'existent pas, ou nous les oublions. Nous avons tendance à les contourner plutôt qu'à leur faire face, essayons d'y échapper plutôt que d'affronter la souffrance qu'ils nous imposent.
«Il est impossible d’écouter quelqu’un attentivement en faisant autre chose en même temps.»
[ Morgan Scott Peck ]
La plupart des gens qui vont voir un psychiatre souffrent soit de névrose, soit de troubles du caractère, deux manières opposées d'aborder le monde et ses problèmes. Les uns assument trop de responsabilités ; les autres pas assez.
Aucun mariage ne peut être considéré comme réussi si le mari et la femme ne sont pas l'un pour l'autre le meilleur critique.
Consacrer sa vie à la vérité, c'est accepter de la remettre en question.

La dépendance passive prend sa source dans le manque d'amour. Le sentiment de vide intérieur dont souffre les passifs-dépendants est la conséquence directe de l'incapacité manifestée par leurs parents à assouvir leurs besoins d'affection et d'attention pendant l'enfance. (…) les enfants aimés et choyés avec constance entrent dans l'âge adulte avec le sentiment d'avoir de la valeur et d'être dignes d'amour. Cela leur vaudra d'être aimés tant qu'ils resteront honnêtes avec eux-mêmes. Tandis que les enfants qui grandissent dans une famille où l'amour et l'attention sont rares ou totalement absents deviennent des adultes manquant de sécurité intérieure : ils ne sont pas sûrs d'eux, doutent de leur valeur, ils ont le sentiment de ne jamais avoir assez, que le monde est imprévisible et peu généreux. Rien d'étonnant à ce qu'ils se précipitent pour grappiller un peu d'amour et d'attention partout où ils peuvent en trouver. Ils s'y accrochent alors avec désespoir et manifestent un comportement peu affectueux, manipulateur, machiavélique, détruisant le lien qu'ils cherchaient à préserver.

Parce que l'amour implique une extension du moi, il nécessite une grande énergie ; or, qu'on le veuille ou non nos réserves d'énergie sont aussi limitées que le nombre d'heures dans une journée. On ne peut tout simplement pas aimer tout le monde. C'est vrai, on peut avoir des sentiments d'amour pour l'humanité, et ce sentiment peut nous donner assez d'énergie pour aimer véritablement quelques individus, mais pas plus. Essayer de dépasser les limites de son énergie, c'est offrir plus que l'on ne peut donner, et il y a un point de non-retour au-delà duquel une tentative d'aimer tous ceux qui se présentent devient malhonnête et néfaste pour ceux-là mêmes qu'on désire aider. En conséquence, si on a la chance d'être mis dans une position où plusieurs personnes demandent de l'attention, il faut choisir qui on veut aimer véritablement. Ce choix n'est pas facile ; il peut être extrêmement douloureux, comme l'est l'exercice du pouvoir divin, mais il est indispensable.
Nous avons tendance à tenir pour vrai ce que les gens qui nous entourent nous disent de la nature du monde pendant nos années de formation.
Deux personnes ne s'aiment vraiment que lorsqu'elles sont capables de vivre l'une sans l'autre mais choisissent de vivre ensemble.