Citations de Sébastien Brégeon (36)
Insensiblement, le lieu s’obscurcit. Des nappes de brouillard sombres s’accumulent au ras du sol.
Viviane aperçoit du coin de l’œil le brouillard onduler, elle tourne la tête et le mouvement s’arrête.
Elle frissonne. Tais-toi ou il va paniquer
La demi-douzaine de bras à portée de main du crapaud réagit, et se jette vers le cadavre frais. Les membres voraces se disputent à coups de poing et de griffes pour s’en emparer, tels une meute de chiens affamés.
– Je ne me ferai jamais aux bruits de la forêt, dit-il. Ces claquements bizarres, qui surgissent de nulle part, et qui s’arrêtent sans prévenir. Cela me fait toujours un petit pincement au cœur.
La nature engourdie peine à se réveiller. Les premiers rayons de soleil se fraient un chemin.
La cime dégarnie d’une forêt émerge, un oiseau noir s’extrait de la grisaille.
Un grand corbeau à la sinistre robe tournoie, s’élève en suivant les volutes invisibles. Il scrute la forêt. Son regard se fixe, pointe au milieu de l’étendue un endroit encaissé, plus sombre.
Une vapeur noire s'élève des nouveaux arrivants, et rejoint la masse sombre
Si j'avais su ce matin que j'allais vivre la pire journée de ma vie, celle où j'apprendrais ma mort, je serais restée couchée
Un chien hurle à la mort. La cime dégarnie d’une forêt émerge, un grand corbeau noir scrute la forêt. De sombres nappes de brouillard enveloppent le lieu. Elles réagissent à l’arrivée de l’intrus. Un chuchotement confus de voix apeurées s’en élève. Les masses informes, contrariées, s’agitent. Les voix marmonnent une plainte presque inintelligible. Alerte… danger…
Je pensais également au moment où j'allais devoir retirer le scotch. J'allais avoir droit à une épilation gratuite. J'avais toujours gardé mon duvet pour pas qu'il repousse dur. Ce salaud allait me laisser un souvenir de cet instant.
Je me suis vue tomber pendant que je réfléchissais à la vitesse de la lumière. Et dire que mon fils dit que j'en suis pas une.
Si j'avais su ce matin que j'allais vivre la pire journée de ma vie, celle où j'apprendrais ma mort, je serais restée couchée."
_Tu peux m’expliquer pourquoi personne ne se promène en forêt le soir ?
_ Parce qu’ils sont faits de la même trempe que toi. Pas de l’acier trempé, mais de la poule mouillée.
Les larmes coulent le long de ses joues, une goutte tombe, nourrissant la mer de son chagrin.
Au milieu de l'agitation, seule une vieille femme au chapeau large reste paisiblement assise. Elle porte ses lèvres à la paille de son cocktail et en aspire doucement le liquide coloré.
-Il y a une tête sous l'eau, maman.
Machinalement, les gens se tournent vers le bassin.
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es sous le choc.
-Mais, j'ai vu une tête sous l'eau, elle voulait m'aspirer. C'est la sorcière qui...
-Arrête, arrête de dire des bêtises.
La foule amassée se met soudain en mouvement, se désintéressant rapidement de la scène.
Une pluie fine lui arrive en pleine figure. Le contact de l'eau sur sa peau encore brûlante est apaisant, pourtant il n'arrive pas à se détendre. Le hurlement horrifié résonne encore dans sa tête, persiste comme le ferait un bourdonnement entendu trop longtemps. Il est mal à l'aise, et les méduses phosphorescentes, étrangement plus nombreuses à chaque instant, remontant en surface, éclosant par centaines, ne font que confirmer son sentiment de mal-être.
Le crapaud se rétablit et prend position sur le haut de la pierre recouverte de mousse. Il s'assoit, inexpressif. A peine installé, que ses yeux s'agrandissent brusquement.
Profitant de sa vue à 180 degrés, il dirige ses yeux en arrière, sans bouger le corps, jusqu'à faire face à deux gros yeux ronds exorbités. Deux orbites incrustées dans la pierre. Deux yeux de chair, à apparence humaine.
Pat ne ronfle plus. Il n'a pas bougé, mais a les yeux grands ouverts ; il les fixe.
Derrière la vitre de la porte, un homme se tient bien droit, immobile, le visage blême. Robbie, parcouru par un frisson, hausse légèrement les épaules.
Son air satisfait disparaît. Il vient de poser le pied sur une substance molle, encore chaude. Sa chaussure fume. De la vapeur remonte de sa semelle.
– Et merde !
Si je tenais les salopiauds qui font ça, crie-t-il en serrant les poings et les dents.
Certainement les jeunes qui restent tard le soir à boire et à fumer. Mais, je ne comprends pas l'intérêt de ce vandalisme.
– C'est le principe du vandalisme, détruire par pur plaisir.