Citations de Sergi Pàmies (17)
En matière d'hommes ses goûts était accumulatifs plus qu'éclectiques. Elle* aimait Humphrey Bogart, Jean Gabin, Robert Taylor, Albert Camus, Montgomery Clift, Lino Ventura, Yves Montand, Jorge Semprun, Samy Frey, Alain Delon, Georges Sanders et, surtout Gérard Philippe. J'ai mis la moitié d'une vie à me rendre compte que le seul dénominateur commun entre tous ces hommes était qu'ils savaient porter l'imperméable avec une élégance incontestable.
*Sa mère.
Si l’enfance est l’époque des évidences vécues sur un monde fantasmatique, l’adolescence, généralement démystifie ce que nous avons surestimé.
"Parfois, il est bon de changer et, même si on s'est fixé des objectifs, de les transgresser pour se sentir plus vivant."
Je commandai un autre whisky. Le garçon ne m’entendit pas. Il était pétrifié d’admiration devant une fille qui venait d’entrer. Une mulâtresse. Jupe courte et un corps d’abri atomique où passer toutes les saisons de l’année à commettre le péché à bâtons rompus. Elle portait un corsage très ajusté sur lequel était dessiné un nègre jouant du saxo. Elle s’assit sur un tabouret au comptoir et exhiba des jambes mémorables. Les garçons étaient nerveux. Ils lui offraient du tabac, du feu, l’heure, du sirop d’orgeat, des boissons glacées, la conversation en trois langues et un plan de la ville. Elle souriait. Elle voulait un café irlandais et savoir où se trouvaient les toilettes. Le plus grand des serveurs l’accompagna. Quand il revint, les autres lui demandèrent s’il se l’était faite et il répondit qu’il ne baisait jamais pendant le service.
Les enfants sont comme une douzaine d'oeufs que nous transportons pendant toute notre vie,nous efforçant de ne pas les casser,adaptant tous nos mouvements à leur fragilité,les protégeant des chocs et des secousses jusqu'à ce qu'un beau jour un oeuf se brise et qu'il en sorte une bestiole capable de voler toute seule.
"Comme l-histoire, le climat aussi a ses périodes d'apogée, de décadence et de renaissance."
les livres ne sont pas comme les trains... on peut les laisser partir et les reprendre (ou non) plus tard
un vieil homme qui utilise la mémoire comme un miroir où se retrouver face à face avec ce qu’il a été
Cela fait des années que j'essaie d'écrire une histoire d'amour entre l'amour partagé et l'amour non partagé. Jusqu'à présent je ne m'en suis pas sorti parce que les protagonistes ne permettent pas à la relation de progresser. "Si son amour est aussi partagé qu'il le dit, le premier trouvera la façon de séduire le second", me répétais-je pour m'encourager. Mais la réalité s'imposait quand le second empêchait que son amour soit partagé. Au début, j'imaginais l'amour partagé comme une femme attirante et distinguée et l'amour non partagé comme un homme trapu et torturé. C'était une transposition trop évidente de ma situation.
En quelques secondes,l'homme active sa facette positive et finit par accepter que tomber amoureux,c'est comme faire de la bicyclette.Quand on s'y remet après une longue période sans pratiquer,on hésite pendant les premiers mètres mais après quelques secondes on retrouve le rythme,la position,le coup de pédale.
Si personne n'est prêt à payer ce que je considère que je vaux,est-ce que cela veut dire que je suis un raté?
Lorsqu'elle naît, la goutte d'eau ne sait pas encore que d'ici deux secondes, elle s'écrasera au fond de l'évier de la cuisine. Pleine d'enthousiasme, elle glisse sur la dernière courbe de la tuyauterie et passe la tête par l'orifice du robinet. La lumière des néons l'éblouit. Elle se sent comme la passagère d'un train qui, après avoir concentré son regard sous un long tunnel, ressort finalement à l'air libre.
"Peut-être", pense-t-il,et le fait d'avoir prononcé mentalement le mot "peut-être" lui semble déjà le premier barreau d'une échelle qui le forcera à se détourner de ce qui lui plairait et à se risquer à ce qu'il convient qu'il fasse.
L'indétermination prit les dimensions d'une dette non soldée
quand on vous dit qu'une histoire est finie, il est important de ne pas insister, de ne pas se battre et d'y mettre, de la façon la plus digne et la plus rapide possible, un point final
toutes les petites fissures ouvertes dans le marbre de la vérité laissaient passer une hémorragie irrémédiable
Le mal du pays,dit Roland,est une maladie.Elle s'accroche aux parois du coeur,épaissit le sang et les idées.On peut la combattre de bien des façons,mais la plus efficace est de rentrer chez soi.