Citations de Séverine Gauthier (103)
La petite fille ne le regardait plus
Et elle souriait à cet autre garçon.
Sans comprendre vraiment ce soudain abandon,
Il sut qu'il l'attendrait, mais qu'elle ne viendrait plus.
Mais il n'y pouvait rien. S'il n'avait pas compris,
C'est que jamais personne ne lui avait dit
Comment sourire aux gens ou comment leur parler,
Ni comment les comprendre ou comment les aimer.
À dix ans seulement, il avançait voûté, sous le poids d'un coeur vide bien trop lourd à porter.
Ce fut un coup de foudre, elle aima tout de lui:
Ses rides sur son front, ses yeux tristes et sans vie.
Elle fut envahie d'une étrange douceur,
Sentit ses joues rosir et ses genoux trembler,
Tandis que doucement des frissons de chaleur
Parcouraient sa peau claire, elle n'osait bouger.
Ce que je veux, c'est que quelqu'un s'occupe de toi quand je ne serai plus là.
« Elle ouvrit sa poitrine et en sortit son cœur
et tandis qu'il battait dans le creux de sa main,
Elle fut étonnée de n'avoir pas plus peur
Au moment de l'offrir pour toujours à quelqu'un. »
Ils commencèrent ainsi à coller un par un
Les morceaux de feuilles sur son coeur affaibli.
Elle sentit alors dans le creux de ses mains
Son petit coeur brisé revenir à la vie.
Pourquoi les moutons peuvent-ils voler ?
Parce que leur bêtise les rend légers, légers...
N'oublie pas Aliénor. Tu la connais, elle ne résiste jamais à la flatterie.
N'hésite pas non plus à me dénigrer. ça lui plaira?
...T'es sûr ?
Oui, enfin, n'en fais pas trop quand même. Il faut rester crédible
Ecoute, je porte sur mon dos, les montagnes du monde, et mon front s'est creusé de tous les sentiers sur lesquels j'ai marché. Tu peux entendre dans ma voix les grondements de la terre, tu peux voir dans mes yeux l'eau de toutes les mers...
Il venait aujourd'hui pour lui rendre son coeur. Elle l'avait brisé en l'offrant trop de fois à ce garçon étrange qui n'en voulait pas et qui ne savait pas quelle était sa valeur.
- Mais, Grand-père, pourquoi voyager si tu ne m'emmènes pas avec toi ?
- Je ne peux pas t'emmener cette fois, mon enfant. C'est mon dernier voyage.
Elle ouvrit sa poitrine et en sortit son cœur.
Et tandis qu'il battait dans le creux de sa main,
Elle fut étonnée de n'avoir pas plus peur
Au moment de l'offrir pour toujours à quelqu'un.
- On ne va quand même pas manger des vers ?!!
- Les cochons ne sont pas omnivores ?
- Te fout pas de moi ! Tu sais très bien qu'on a besoin d'aliments plus nourrissants. Nous, les porcs nous dépensons notre énergie deux fois plus vite que les dragons !
- Ouais, c'est sans doutes pour ça que tu as bouffé en deux jours nos rations pour la semaine.
- Qu'est-ce-que tu insinue là ?
- Rien, laisse tomber !
Elle savait qu'à seize heures, tous les vendredis,
Il passait par le parc, devant l'arbre aux baisers.
Elle attendit des heures à ne penser qu'à lui
Et à tous les bisous qu'ils pourraient échanger.
Mais quand il arriva, elle fut bien déçue
Et rien ne se passa comme elle avait prévu.
Il ne l'embrassa pas devant l'arbre aux baisers.
Il déchira son coeur avant de s'en aller.
Parce que mon plus beau voyage, c'est toi.
Mais il n'y pouvait rien. S'il n'avait pas compris, c'est que jamais personne ne lui avait dit comment sourire aux gens ou comment leur parler, ni comment les comprendre ou comment les aimer.
"Alors l'enfant est parti. Il a voyagé seul, il a voyagé loin, et longtemps. Et c'était dangereux, un peu, et difficile, parfois. Mais il entendait dans sa tête les mots de son grand-père...
"Grand-père comment es-tu toujours si sûr qu'on se retrouvera ?"
"Parce que mon plus beau voyage, c'est toi".
Son père ne dit rien et se mit à pleurer
Et à pleurer encore, sans pouvoir s'arrêter.
Sa mère se laissa sombrer dans la folie
Cloitrée dans sa maison, délirant jour et nuit.
Et tout à leur chagrin, les parents oublièrent
qu'ils avaient un enfant, qu'ils étaient père et mère.
Dans le sombre jardin, laissé à l'abandon,
Ils pleuraient donc la mort de leur petit garçon
Et moi, je crois que tout ce qui a été perdu peut etre retrouvé.
Et si on ne veut pas le retrouver?
Sornette! Pourquoi ne voudrait-on pas retrouver quelque chose qu'on a perdu?
Si on l'a perdu pour une bonne raison.
On leur dit que leur fils ne sourirait jamais, qu'il n'aimerait personne et serait allergique à tous les sentiments que les autres éprouvaient ; qu'il serait tous les jours de très méchante humeur ; qu'il avait une pierre à la place du cœur.