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Critiques de Seynabou Sonko (12)
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Djinns

Premier roman applaudi, Djinns a le mauvais côté de me renvoyer dans les ronces. Je ne veux pas être poukave, * comme la soeur de la narratrice, je ne veux pas tchiper* sur l'histoire de Pemba en hess, * d'autant que problèmes, elle en a méga plus que tout le monde. Elle se fait virer de son travail de caissière, il y a baston sur la place, Jimmy le voisin malade de la tête pète un plomb, Chico ultra beau avec ses yeux en amandes s'interpose, reste sur le bas-técô, et sa reum* alcolo gueule, bref, Jimmy termine au comico X, puis à l'hosto psy.

Qu'est-il arrivé à Jimmy ? Pas la peine d'écouter Madame la psy, qui torture ses lunettes, pour deviner qu'il a plusieurs djouns- le pluriel de djinn-. Pour elle, ça s'appelle schizophrénie.

Pour Mami grand-mère, les djouns sont des intermédiaires entre le visible et l'invisible, ce sont des souffles, génies ou démons, bons ou mauvais. Une sourate du Coran en parle. C'est que Mami est musulmane, elle croit aux esprits, et en particulier aux djinns maléfiques qui sont les ennemis des hommes ; elle s'est fait initier au Gabon, elle sait donc que l'iboga provoque la mort symbolique, et ce serait LA drogue qui plonge dans un autre état de conscience, et qui, surtout, lutterait contre l'addiction des autres drogues, aidant les malades d'esprit mieux que les médicaments, donc pourrait aider Jimmy, puisqu'elle est guérisseuse.

« Dès que la substance active de la racine atteint le cerveau, elle le met en mode off, ce que Mami a appelé la mort symbolique. le corps, il meurt, plutôt il se rigidifie, le coeur bat au ralenti, le mental est paralysé, l'esprit va pouvoir redécouvrir les étapes de son histoire tout en levant les inhibitions qui jonchent le parcours. Mami elle a comparé cet état au coma mais comme elle n'a jamais été dans le coma et moi non plus, j'avais du mal à visualiser. »

 

Alors Pemba la narratrice se rend compte qu'entre son djinn blanc, qui voudrait donc la pousser à être adoptée par ses collègues de la supérette, et l'autre qui insiste pour qu'elle soit initiée au Bwiti du Gabon, cette société secrète dont les membres graillent* de la racine d'iboga, plusieurs djouns se bataillent en elle.



Ce qui est exactement la définition de la schizophrénie.

Car Seynabou Sonko marie certaines croyances islamiques avec la pratique polythéiste du Gabon, et aussi avec le milieu pauvre de jeunes perdus entre leurs deux cultures, celle de là-bas, où ilsne sont pas acceptés, et celle d'ici, pas plus.

Sont-ils « possédés » ou malades d'esprit ?



Avec des jeux sur la langue (le comico !) du verlan à toutes les pages, un ton et une écriture à la fois de quartier, un clin d'oeil à Eluard avec un chapitre intitulé « bleu comme une orange » de vieux français, d'africanisme et d'argot, le tout parfaitement élaboré, Seynabou Sonko signe un premier roman prometteur.

Petit bémol : l'initiation au Bwiti, réservé aux hommes, dont aurait bénéficié Mami dans la forêt gabonaise, serait plutôt l'initiation au Djembé, réservé aux femmes.

Et si certains mots vous échappent, askip, * le dico est là pour ça. le comico, c'est vraiment trop drôle, ça me fait golri, je m'abstiens d'expliquer.



Allez, je suis gentille :

poukave : mot gitan signifiant cafteuse

tchiper : désapprouver en faisant un bruit de bouche

hess : volonté de nuire et dans le langage moderne: misère

reum : là, vous savez tous.

grailler : ancien français signifiant manger

askip : à ce qu'il parait

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Djinns

Autour de Penda, gravitent une cohorte de personnages qui la relient à ses origines. Au quartier, elle vit avec Mami, sa soeur Shango, son presque petit ami Chico et le bruyant Jimmy, hanté par de mauvais djinns. Pour lui venir en aide, selon le point de vue que l’on adopte, c’est soit l’hôpital psychiatrique, dont il ne pourra faire l’impasse, soit réussir à l’exorciser selon des pratiques ancestrales que Mami connaît. Mais où trouver la racine magique, à Fontainebleau ou en Afrique ?



Porté par la langue vernaculaire des quartiers, ce roman s’apparente à un récit initiatique, avec en filigrane une réflexion sur la religion, le racisme, l’acculturation et la force de l’appartenance à un groupe.



J’ai cependant éprouvé quelques difficultés, surtout dans les premiers chapitres, ne maitrisant pas complètement le lexique. Comme souvent, il suffit de se laisser porter par le récit quitte à passer sur certains expressions qui ne modifieront pas le sens général de l’histoire.



Premier roman tonique, avec une intrigue à mi chemin entre tradition et modernité.



180 pages Grasset 11 janvier 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Djinns



Djinns est un beau roman, facile à lire. On ne s'ennuie pas et on a envie de connaitre la suite à chaque chapitre. Le style est original et novateur, avec un côté oral, souple et très imagé qui permet au lecteur de voyager librement dans la narration.

Personnages attachants et écriture musicale, je conseille. Une nouvelle voix à suivre!

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Djinns

Une fois n’est pas coutume, on a fait une infidélité à nos libraires favoris, mais il faut dire qu’après sa présentation dans le Book Émissaire du dimanche soir animé par @atrapenard il n’était pas possible d’attendre jusqu’au lendemain pour dévorer Djinns. Premier roman de Seynabou Sonko, Djinns nous a emportés dans un flow puissant grâce à une écriture parlée, aussi drôle qu’imagée.

Dans ce conte initiatique, qui se déroule au quartier, Penda se construit aux côtés de divers personnages. Tous composent avec leurs djinns.

« Selon la sourate 51 du Coran, les djinns, tout comme les hommes, ont été créés par Dieu afin qu’ils l’adorent. Tout comme les hommes, certains d’entre eux sont sur le droit chemin, et les autres, les mécréants, errent sur terre en attendant le jugement dernier. Bons ou mauvais, ils peuvent prendre la forme de végétaux ou d’animaux, principalement de serpents, allant parfois jusqu’à posséder mentalement ou spirituellement un être humain ».

A travers cette allégorie du djinn, l’auteure retrace au-delà des difficultés du multiculturalisme, la dualité de l’humanité.

Dualité de chaque humain souvent pris entre deux eaux. Dualité de chaque émigré/immigré qui grandit entre deux mondes. Dualité d’un parler d’apparence si simple, qui en dit tant sur son monde. Dualité de la vie dans le quartier, enclave multiculturelle et sociale si éloignée du monde qui la jouxte. Dualité du monde occidental, si terre à terre et du monde spirituel qui habite tant de personnages de Djinns, dualité qui s’illustre de façon magistrale à travers la quête de guérison de Jimmy, ravagé par le cannabis, diagnostiqué schizophrène ou simplement doublé d’un « djinn pas content ».

Djinns nous a faits rire, nous a émus et nous a faits réfléchir. What else? A lire!



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Djinns

« Djinns » un titre qui sonne bien à mon oreille, un livre découvert dans le Bookclub d’Augustin Trapenard sur BRUT et un livre qui valide l’un des items de mon challenge littéraire. Let’s go !



L’HISTOIRE

Ce jour-là, Penda aurait préféré ne pas décrocher le téléphone et éviter les mauvaises nouvelles. Trop tard, elle apprend que son copain Jimmy est hospitalisé après une garde à vue. Sa mère est introuvable, alors le médecin cherche à contacter Mami Pirate, grand-mère de Penda et voisine bienveillante du malheureux Jimmy.

Rien ne va plus. Penda elle-même vient de se faire virer de la supérette du coin où elle était caissière depuis la fin de ses études. Elle pense à rejoindre le cabinet de guérisseuse de Mami Pirate. Pour cela, il faut que sa grand-mère l’initie au Bwiti, cérémonie traditionnelle gabonaise consistant à entrer dans un autre état de conscience, afin de se laver des maladies de l’âme et des pathologies psychiques. Dans l’espoir de sauver Jimmy, Penda se lance mais son apprentissage est compromis par un être qu’elle a la faculté de ressentir depuis l’enfance, quand d’autres ne peuvent ni le voir ni l’entendre : son djinn.

A cheval entre deux cultures et deux visions du monde, Penda s’interroge sur ses propres croyances, ainsi que sur la maladie mentale dont Jimmy est atteint.

Heureusement, au quartier, il y a les autres, Chico le dealer attachant avec lequel Penda a grandi, Shango la grande sœur protectrice, Sally l’amie dont elle s’est éloignée. Chacun à sa manière va contribuer à révéler ce qu’il y a de plus cher aux yeux de Penda, la liberté.

Sorcellerie versus psychiatrie ? Djinn blanc contre djinn noir ? Langue de la rue, langue de l’école ? Retour au pays ou cheminement vaille que vaille dans une société peu accueillante ? Dans une langue hybride et teintée d’oralité, Djinns est tissé d’élans de tendresse, de colères tues, et met au centre le pouvoir de l’imaginaire.



MON RESSENTI

Un avis assez mitigé de ma part, je n’ai pas vraiment adhéré à cette lecture. Le sujet de fond m’a bien plu mais j’ai eu du mal avec la plume, en décalage avec Moi, tout simplement. Du coup, pour moi la forme a nuît au fond et je n’ai pas réussi à entrer dans le livre, (que j’ai néanmoins lu entièrement). Ce sont des choses qui arrivent 🤷
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Djinns

Fais gaffe à ton Djinn, lecteur, il peut poukave tout ce que tu penses. Et si d'aventure, ta boss te vire le jour-même où ton meilleur pote est embarqué par les condés, y'a des chances pour que tu passes la période la plus merdique de ta vie, où la remise en question de ton identité sera au centre de tes préoccupations.



Pour son premier roman, qui, à mes yeux, est une véritable réussite, Seynabou Sonko te propose une balade originale, loufoque et déjantée, qui te mènera des cités populaires parisiennes aux villages isolés du Gabon. Entre magie noire, tradition musulmane, codes de la cité et toute puissance de la science, son héroïne, fièrement campée dans ses contradictions, est prête à tout pour aider son pote Jimmy à se débarrasser du mal qui le hante depuis toujours. Le tout est habilement habillé d'une langue délicieuse, placée à mi-chemin entre oralité, verlan, et poésie moderne, c'est si truculent que j'en ai eu la plume qu'a frétillé tout du long.



Je te conseille donc chaudement ce premier roman :

- pour sa langue, joliment malmenée,

- pour ce thème de l'identité multiple, très justement traité,

- pour sa galerie de personnages, tous plus étonnants les uns que les autres,

- et pour cette rencontre, que tu feras peut-être à la fin de ta lecture, avec ton propre djinn.



Et toi, lecteur, tu sais si y'en a, des racines d'iboga, dans la foret de Fontainebleau ?

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Et pour d'autres découvertes truculentes, rendez-vous aussi sur Instagram :
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Djinns

Avis positif pour ce premier roman au style très original, fluide et très imagé. J’ai aimé l’oralité de la plume, presque musicale qui emporte le lecteur dans un monde de dualité (double culture, schizophrénie, …) abordant au passage le thème de la religion, du communautarisme, du racisme, de l’intégration…

C’est actuel, frais, drôle et bourré de messages à qui parvient à les lire.


Lien : https://www.instagram.com/Ne..
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Djinns

Penda vit avec sa grand-mère, mami Pirate, dans le 10e arrondissement de Paris. Mami Pirate veille sur elle depuis que son père l'a abandonné et que sa mère est morte. Mami pirate est revenu du Sénégal pour s'occuper d'elle et de sa grande soeur Shango. Elle décroche le téléphone au début du bouquin et apprend par hasard que son voisin Jimmy a été arrêté par la police puis transféré dans un hôpital psychiatrique pour sa schizophrénie. Elle décide d'apprendre les talents de guérisseuse de Mami Pirate pour aider Jimmy. Des talents pour lesquels elle a une prédisposition lorsqu'elle croise son djinn, un peu comme dans une double personnalité. Ce djinn apparaissant dans des attitudes qui déstabilisent Penda mais qui lui permettent en même temps d'apprendre à se connaitre. Tout commence ensuite par sa démission du job dans la supérette dans laquelle elle travaille en bas de chez elle. Elle croise à nouveau ses proches, de Chico un dealer avec qui elle a grandi à Sally une amie à elle dont elle s'est éloignée. La langue de Seynabou Sonko est unique, c'est un mélange d'oralité, d'images marquantes, de puchlines. Elle décrit la marge, le regard stigmatisant notamment sur la maladie mentale. Le tout à travers le regard de Penda sur une situation qui n'a pas prévu de s'améliorer pour elle. Un roman à l'écriture travaillée, hâte de lire le prochain roman de cette autrice.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Djinns

Comment ça pense un schizophrène ? C'est la question que se pose la jeune Penda depuis que Madame la psy a affirmé que son voisin Jimmy était atteint de cette maladie. Cela fait des années qu'elle veille sur lui avec Mami Pirate, sa grand-mère guérisseuse d'origine sénégalaise. Après une crise qui a effrayé les plus redoutables caïds du quartier, Jimmy vient de passer sans détour du commissariat, où il était en garde à vue, à l'hôpital psychiatrique. Mais Mami Pirate se méfie de la médecine occidentale et elle a son propre diagnostique : si Jimmy va mal, c'est qu'il est possédé par un djinn maléfique. Les deux femmes, aidées par un dealer ami et des patients complices feront tout pour qu'il s'évade.

On a aimé ce premier roman de Seynabou Sonko qui prend pour cadre un quartier populaire, et met en scène une galerie de personnages de cultures différentes au parcours accidenté, sans pour autant les figer dans les thématiques du déterminisme social. Héros d’une aventure humaine à la fois sensible et rocambolesque, ils tracent leur route, et apprennent à composer avec leurs propres djinns, ces petits démons intérieurs qui les confrontent à leur propre complexité et font toute leur richesse. On ne s’ennuie pas dans ce récit porté par la langue savoureuse de Penda, mélange d’oralité, d’argot et de trouvailles poétiques inattendues.
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Djinns

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Djinns

Djinns passe du roman initiatique au roman d’aventures, jusqu’à ce que les deux s’entremêlent.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Djinns

Ce conte initiatique à l’héroïne attachante aborde avec humour les questions liées aux situations de double culture.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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