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EAN : 9782246832157
180 pages
Grasset (11/01/2023)
3.5/5   43 notes
Résumé :
Ce jour-là, Penda aurait préféré ne pas décrocher le téléphone et éviter les mauvaises nouvelles. Trop tard, elle apprend que son copain Jimmy est hospitalisé après une garde à vue. Sa mère est introuvable, alors le médecin cherche à contacter Mami Pirate, grand-mère de Penda et voisine bienveillante du malheureux Jimmy.

Rien ne va plus. Penda elle-même vient de se faire virer de la supérette du coin où elle était caissière depuis la fin de ses études... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Premier roman applaudi, Djinns a le mauvais côté de me renvoyer dans les ronces. Je ne veux pas être poukave, * comme la soeur de la narratrice, je ne veux pas tchiper* sur l'histoire de Pemba en hess, * d'autant que problèmes, elle en a méga plus que tout le monde. Elle se fait virer de son travail de caissière, il y a baston sur la place, Jimmy le voisin malade de la tête pète un plomb, Chico ultra beau avec ses yeux en amandes s'interpose, reste sur le bas-técô, et sa reum* alcolo gueule, bref, Jimmy termine au comico X, puis à l'hosto psy.
Qu'est-il arrivé à Jimmy ? Pas la peine d'écouter Madame la psy, qui torture ses lunettes, pour deviner qu'il a plusieurs djouns- le pluriel de djinn-. Pour elle, ça s'appelle schizophrénie.
Pour Mami grand-mère, les djouns sont des intermédiaires entre le visible et l'invisible, ce sont des souffles, génies ou démons, bons ou mauvais. Une sourate du Coran en parle. C'est que Mami est musulmane, elle croit aux esprits, et en particulier aux djinns maléfiques qui sont les ennemis des hommes ; elle s'est fait initier au Gabon, elle sait donc que l'iboga provoque la mort symbolique, et ce serait LA drogue qui plonge dans un autre état de conscience, et qui, surtout, lutterait contre l'addiction des autres drogues, aidant les malades d'esprit mieux que les médicaments, donc pourrait aider Jimmy, puisqu'elle est guérisseuse.
« Dès que la substance active de la racine atteint le cerveau, elle le met en mode off, ce que Mami a appelé la mort symbolique. le corps, il meurt, plutôt il se rigidifie, le coeur bat au ralenti, le mental est paralysé, l'esprit va pouvoir redécouvrir les étapes de son histoire tout en levant les inhibitions qui jonchent le parcours. Mami elle a comparé cet état au coma mais comme elle n'a jamais été dans le coma et moi non plus, j'avais du mal à visualiser. »
 
Alors Pemba la narratrice se rend compte qu'entre son djinn blanc, qui voudrait donc la pousser à être adoptée par ses collègues de la supérette, et l'autre qui insiste pour qu'elle soit initiée au Bwiti du Gabon, cette société secrète dont les membres graillent* de la racine d'iboga, plusieurs djouns se bataillent en elle.

Ce qui est exactement la définition de la schizophrénie.
Car Seynabou Sonko marie certaines croyances islamiques avec la pratique polythéiste du Gabon, et aussi avec le milieu pauvre de jeunes perdus entre leurs deux cultures, celle de là-bas, où ilsne sont pas acceptés, et celle d'ici, pas plus.
Sont-ils « possédés » ou malades d'esprit ?

Avec des jeux sur la langue (le comico !) du verlan à toutes les pages, un ton et une écriture à la fois de quartier, un clin d'oeil à Eluard avec un chapitre intitulé « bleu comme une orange » de vieux français, d'africanisme et d'argot, le tout parfaitement élaboré, Seynabou Sonko signe un premier roman prometteur.
Petit bémol : l'initiation au Bwiti, réservé aux hommes, dont aurait bénéficié Mami dans la forêt gabonaise, serait plutôt l'initiation au Djembé, réservé aux femmes.
Et si certains mots vous échappent, askip, * le dico est là pour ça. le comico, c'est vraiment trop drôle, ça me fait golri, je m'abstiens d'expliquer.

Allez, je suis gentille :
poukave : mot gitan signifiant cafteuse
tchiper : désapprouver en faisant un bruit de bouche
hess : volonté de nuire et dans le langage moderne: misère
reum : là, vous savez tous.
grailler : ancien français signifiant manger
askip : à ce qu'il parait
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Autour de Penda, gravitent une cohorte de personnages qui la relient à ses origines. Au quartier, elle vit avec Mami, sa soeur Shango, son presque petit ami Chico et le bruyant Jimmy, hanté par de mauvais djinns. Pour lui venir en aide, selon le point de vue que l'on adopte, c'est soit l'hôpital psychiatrique, dont il ne pourra faire l'impasse, soit réussir à l'exorciser selon des pratiques ancestrales que Mami connaît. Mais où trouver la racine magique, à Fontainebleau ou en Afrique ?

Porté par la langue vernaculaire des quartiers, ce roman s'apparente à un récit initiatique, avec en filigrane une réflexion sur la religion, le racisme, l'acculturation et la force de l'appartenance à un groupe.

J'ai cependant éprouvé quelques difficultés, surtout dans les premiers chapitres, ne maitrisant pas complètement le lexique. Comme souvent, il suffit de se laisser porter par le récit quitte à passer sur certains expressions qui ne modifieront pas le sens général de l'histoire.

Premier roman tonique, avec une intrigue à mi chemin entre tradition et modernité.

180 pages Grasset 11 janvier 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« Djinns » un titre qui sonne bien à mon oreille, un livre découvert dans le Bookclub d'Augustin Trapenard sur BRUT et un livre qui valide l'un des items de mon challenge littéraire. Let's go !

L'HISTOIRE
Ce jour-là, Penda aurait préféré ne pas décrocher le téléphone et éviter les mauvaises nouvelles. Trop tard, elle apprend que son copain Jimmy est hospitalisé après une garde à vue. Sa mère est introuvable, alors le médecin cherche à contacter Mami Pirate, grand-mère de Penda et voisine bienveillante du malheureux Jimmy.
Rien ne va plus. Penda elle-même vient de se faire virer de la supérette du coin où elle était caissière depuis la fin de ses études. Elle pense à rejoindre le cabinet de guérisseuse de Mami Pirate. Pour cela, il faut que sa grand-mère l'initie au Bwiti, cérémonie traditionnelle gabonaise consistant à entrer dans un autre état de conscience, afin de se laver des maladies de l'âme et des pathologies psychiques. Dans l'espoir de sauver Jimmy, Penda se lance mais son apprentissage est compromis par un être qu'elle a la faculté de ressentir depuis l'enfance, quand d'autres ne peuvent ni le voir ni l'entendre : son djinn.
A cheval entre deux cultures et deux visions du monde, Penda s'interroge sur ses propres croyances, ainsi que sur la maladie mentale dont Jimmy est atteint.
Heureusement, au quartier, il y a les autres, Chico le dealer attachant avec lequel Penda a grandi, Shango la grande soeur protectrice, Sally l'amie dont elle s'est éloignée. Chacun à sa manière va contribuer à révéler ce qu'il y a de plus cher aux yeux de Penda, la liberté.
Sorcellerie versus psychiatrie ? Djinn blanc contre djinn noir ? Langue de la rue, langue de l'école ? Retour au pays ou cheminement vaille que vaille dans une société peu accueillante ? Dans une langue hybride et teintée d'oralité, Djinns est tissé d'élans de tendresse, de colères tues, et met au centre le pouvoir de l'imaginaire.

MON RESSENTI
Un avis assez mitigé de ma part, je n'ai pas vraiment adhéré à cette lecture. le sujet de fond m'a bien plu mais j'ai eu du mal avec la plume, en décalage avec Moi, tout simplement. du coup, pour moi la forme a nuît au fond et je n'ai pas réussi à entrer dans le livre, (que j'ai néanmoins lu entièrement). Ce sont des choses qui arrivent 🤷
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Une fois n'est pas coutume, on a fait une infidélité à nos libraires favoris, mais il faut dire qu'après sa présentation dans le Book Émissaire du dimanche soir animé par @atrapenard il n'était pas possible d'attendre jusqu'au lendemain pour dévorer Djinns. Premier roman de Seynabou Sonko, Djinns nous a emportés dans un flow puissant grâce à une écriture parlée, aussi drôle qu'imagée.
Dans ce conte initiatique, qui se déroule au quartier, Penda se construit aux côtés de divers personnages. Tous composent avec leurs djinns.
« Selon la sourate 51 du Coran, les djinns, tout comme les hommes, ont été créés par Dieu afin qu'ils l'adorent. Tout comme les hommes, certains d'entre eux sont sur le droit chemin, et les autres, les mécréants, errent sur terre en attendant le jugement dernier. Bons ou mauvais, ils peuvent prendre la forme de végétaux ou d'animaux, principalement de serpents, allant parfois jusqu'à posséder mentalement ou spirituellement un être humain ».
A travers cette allégorie du djinn, l'auteure retrace au-delà des difficultés du multiculturalisme, la dualité de l'humanité.
Dualité de chaque humain souvent pris entre deux eaux. Dualité de chaque émigré/immigré qui grandit entre deux mondes. Dualité d'un parler d'apparence si simple, qui en dit tant sur son monde. Dualité de la vie dans le quartier, enclave multiculturelle et sociale si éloignée du monde qui la jouxte. Dualité du monde occidental, si terre à terre et du monde spirituel qui habite tant de personnages de Djinns, dualité qui s'illustre de façon magistrale à travers la quête de guérison de Jimmy, ravagé par le cannabis, diagnostiqué schizophrène ou simplement doublé d'un « djinn pas content ».
Djinns nous a faits rire, nous a émus et nous a faits réfléchir. What else? A lire!

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Djinns est un beau roman, facile à lire. On ne s'ennuie pas et on a envie de connaitre la suite à chaque chapitre. le style est original et novateur, avec un côté oral, souple et très imagé qui permet au lecteur de voyager librement dans la narration.
Personnages attachants et écriture musicale, je conseille. Une nouvelle voix à suivre!
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critiques presse (2)
LeMonde
16 janvier 2023
Djinns passe du roman initiatique au roman d’aventures, jusqu’à ce que les deux s’entremêlent.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
12 janvier 2023
Ce conte initiatique à l’héroïne attachante aborde avec humour les questions liées aux situations de double culture.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
 Alors environ trois fois par an, elle passait nous voir pour vérifier. Pour vérifier si j’étais toujours aussi en colère que ma couleur de peau le prétendait, pour s’assurer que j’étais bien allée à la dernière manif contre les violences policières, pour faire copain-copain autour d’un bon vieux débat sur le racisme, pour voir à quel point on pensait la même chose, elle et moi, puisque c’est une gentille Blanche de gauche qui écrit des articles dans des magazines où elle se fait porte-parole de la cause noire, elle, pourtant complètement déconnectée de ses écrits.
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 Si on avait eu des badges, ce n’est pas nos noms qu’il y aurait eu d’inscrits dessus, mais « la petite Africaine », « mangue sucrée » ou encore « fleur des îles », autant de surnoms que des Blancs souvent vieux et chauves nous donnaient avec beaucoup d’enthousiasme. Si Virgule avait été là les dimanches où j’insultais leurs mères, la mère de leurs mères, la mère de la mère de leurs mères, j’aurais quitté depuis blindé. 
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Le téléphone a sonné dans le salon. J'ai répondu, parce que ma grand-mère, Mami Pirate, disait que si je voulais être une bonne guérisseuse, il fallait commencer par répondre au tél pour prendre les rendez-vous, que je dise bonjour ici le cabinet de Mami Pirate, que puis-je faire pour vous, entre autres. Sauf qu'au téléphone, c'était pas du tout une patiente. Pas du tout. C'était une Madame qui s'est présentée en tant que médecin d'un centre d'accueil permanent au métro Bonne-Nouvelle mais qui n'a pas du tout, mais vraiment pas du tout appelé pour annoncer une bonne nouvelle.
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 Là-bas, le Sénégal, c’était le pays que nous avions en commun Jimmy et moi. Là-bas, forcément, c’était pas ici, mais comme ici on me prenait pour quelqu’un de là-bas, et là-bas pour quelqu’un d’ici, moi aussi j’avais une difficulté à être, tout court. 
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Si je devais donner une explication objective à ma vie sentimentale inexistante, je dois dire qu'entre les hommes, blancs ou noirs, que je ne désirais pas pour une raison ou une autre, les hommes blancs ou noirs qui me fantasmaient parce que chocolat, et ceux qui ne m'envisageaient pas du tout parce que chocolat, par élimination, le champ des possibles devenait de plus en plus restreint. Je n'oublie pas les hommes arabes, c'est grâce à l'un d'eux que j'ai développé ma théorie de la trilogie, pour la faire courte : les Rebeus sont négrophobes, les Renois sont coloristes, et les Blancs négrophiles. Le plus inquiétant, c'est quand un homme est les trois à la fois. Moi, je dégage ! Penda, queer, que je le veuille ou non.
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Son rapport à la famille, au VIH SIDA, sa réussite personnelle, la plus belle remarque qu'on lui a faite sur son livre, découvrez l'entretien avec Anthony Passeron, dixième et dernier épisode de cette première saison Filature.
Anthony Passeron enseigne les lettres et l'histoire-géographie dans un lycée professionnel. Il est né à Nice en 1983, une région qui est au coeur de son premier roman, paru aux éditions Globe, dans lequel il revient sur l'histoire familiale et la figure de son oncle Désiré, mort prématurément du sida et dont le destin tragique a longtemps été occulté. Une véritable révélation littéraire.
Filature, la nouvelle série du Média de la Fête du Livre de Bron présente 10 podcasts où Florence Aubenas, Sébastien Joanniez, Victor Hussenot, Jeanne Macaigne, Corine Pelluchon, Michka Assayas, Kamel Benaouda, Seynabou Sonko, Philippe Jaenada, Anthony Passeron se laissent aller au fil des mots. 10 formats courts de 4 minutes à écouter sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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