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Citations de Shulem Deen (31)


Loin de chercher à comprendre ou à raisonner, le Juif croyant et pratiquant devait constamment repousser la raison et se fier aux traditions, à l'héritage transmis de génération en génération; il ne suffisait pas d'ignorer les doutes: il fallait arracher jusqu'à la racine des moindres questions qui appelaient à une compréhension du monde inaccessible à l'être humain. "La foi, disait Reb Mendel de Vitesbk, consiste à croire sans aucune forme de raison".
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En regardant mes enfants assis autour de la table, je compris que je ne pourrais jamais les les quitter.(...) Je continuerais à vivre parmi ces hommes consumés par l'étude de la loi juive et ces femmes qui s'enfuyaient à leur vue pour ne pas les tenter, auprès de ces enfants qui s'accommodaient de plaisirs simples, ignorants des arts et des sciences, de la guerre des étoiles et des jeux vidéo.
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Gitty était peut-être dans le vrai, me dis-je. Parler à des gens extérieurs à notre communauté me donnait à réfléchir. Or, nous le savions tous: avec la réflexion commencent les problèmes.
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 Ainsi que je l'apprendrais par la suite, beaucoup de croyants ayant perdu la foi perçoivent dans les apports de la recherche scientifique le catalyseur de leur changement de vision du monde. C'était mon cas : la plupart de mes lectures dans ce domaine me déconcertaient. Les idées que j'avais toujours tenues pour acquises, confiant dans la parole des rabbins, certains que les textes sacrés recelaient des vérités absolues, m'apparaissaient désormais comme douteuses, voire fallacieuses. L'univers n'avait pas six mille ans, comme je l'avais toujours cru, mais plutôt quatorze milliards d'années ; loin d'être l'espèce noble et privilégiée façonnée par la main de Dieu à partir d'une poignée de terre au sixième jour de la Genèse, l'homme partageait un ancètre commun avec le chimpanzé - et même avec tout le règne animal. Sur ce point au moins, les Sages du Talmud, qu'on nous disait infaillibles, s'étaient manifestement fourvoyés...

     En posant sur le Talmud un regard plus critique, je m'apercevais que l'enseignement des Sages était entaché, comme tous les écrits de leur époque, par la superstition, la misogynie et la xénophobie, autant de failles qui ne faisaient pas nécessairement de ces auteurs des vauriens, mais les rendaient soudain plus humains et plus ordinaires à mes yeux.

   Enfin, rien ne fut plus dévastateur pour ma foi que la prise de conscience du caractère profondément humain de la Bible hébraïque, notre texte le plus sacré. Dès l'instant où je commençais à entrevoir la main de l'homme, et non celle de Dieu, dans ces pages splendides et bouleversantes, infiniment complexes, tissées de poésie et de métaphores, je ne fus plus capable de revenir sur mes pas.

  D'après le Zohar, le texte du XIIIème siècle qui a donné naissance à la mystique juive, "Dieu a contemplé la Torah et créé l'univers" La Torah, divine et éternelle, est le modèle et la matrice de toute création.

    Je l'avais cru, moi aussi. À présent, je posais un autre regard sur le texte sacré. Je découvrais que La Torah, l'essence même de notre foi, loin d'être un document immuable transmis de génération en génération depuis trois mille cinq cents ans, résultait manifestement d'un assemblage de fragments issus de la Haute Antiquité, patiemment compilés et remaniés au cours des siècles suivants. Telle était du moins la vision qu'en offraient tous les spécialistes de la datation des textes bibliques. Rien ne m'obligeait à les croire, mais les preuves qu'ils avançaient à l'appui de leurs démonstrations me parurent irréfutables. Soudain, le caractère profondément étrange de ce texte - ses contradictions, ses anachronismes, cette accumulation déconcertante de crimes fratricides, de génocides, de miracles et de drames familiaux - prenait sens à mes yeux, mais un sens bien différent de celui qui m'avait été inculqué. Si, d'un point de vue historique et anthropologique ( point de vue que soutenaient les récentes découvertes archéologiques et la comparaison avec d'autres textes antiques du Proche-Orient), la Bible ouvrait indéniablement une fenêtre fascinante sur le monde de nos ancêtres, d'un point de vue théologique, pour moi, elle ne tenait plus la route...
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Quelque part, à un moment donné , une décision avait été prise : Gitty et moi devrions désormais "jouer au papa et à la maman" : elle serait la mère au foyer, moi le soutien de famille.Gitty s'était révélée parfaite dans son rôle : elle nourrissait, habillait et baignait nos bébés comme si elle y avait été préparée dès sa naissance. [...]
De mon côté, en revanche, l'échec était patent. Je passais d'un job à l'autre en repensant à mes études, toutes ces années consacrées au Talmud et à la Torah, au cours desquelles personne ne s'était donné la peine de m'expliquer comment il fallait s'y prendre pour avoir un boulot et un salaire à la fin du mois.
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...je continuais de me demander ce que j'aurais fait de ma vie si j'avais eu à choisir ma religion. Aurais-je cru à l'existence de l’Éternel si je n'avais pas été élevé dans le judaïsme ? Aurais-je pensé que la Torah est la parole de Dieu ? Aurais-je décidé d'être orthodoxe ? D'être ultra-orthodoxe ? D'appartenir à la communauté skver ?
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« D’après lui, je m’étais fait une conception erronée de la vie conjugale. « Une épouse n’est pas censée être une amie, insista-t-il. Nous ne devons pas lui accorder d’importance excessive. Le mariage est un commandement biblique. En prenant femme, nous respectons la volonté divine. Notre épouse est là pour nous aider à servir Dieu du mieux possible – rien de plus (…). » »
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Malgré tout, je me sentais honteux, sans bien savoir pourquoi. Au cours des semaines, puis des mois qui suivirent, je m'efforçais d'effacer cette journée de ma mémoire. J'avais pris part à ces agissements : je m'étais porté volontaire pour sermonner ceux que nous soupçonnions de comportement déviant ; j'avais fouillé, froissé et foulé aux pieds les affaires de Mendy. Je m'étais alors senti partie intégrante d'un groupe, élément insignifiant d'une volonté collective qui surpassait et enchaînait la mienne. J'avais mesuré, pour la première fois de ma vie, le pouvoir d'une foule en colère.
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D'après le Talmud, "un Juif, même s'il a pêché demeure un Juif." L'hérétique, en revanche, est perdu pour toujours. "Ceux qui partent ne reviennent pas."
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« Se distinguer par sa langue et sa tenue permet de réduire au minimum les échanges avec le monde extérieur, et contribue à vous en maintenir à l’écart. Limiter l’éducation profane, et le savoir venu de l’extérieur tient à distance les idées étrangères. »
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Pour être un bon élève hassidique, puis devenir un bon fidèle hassidique, les jeunes garçons devaient prêter la plus grande attention aux questions posées par les rabbins et taire toutes celles qui leur venaient à l'esprit.
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« »Kol bo’ eho lo yechouvoun, – Celui qui va vers elle ne revient pas. » Tels sont les mots de la Bible envers la femme adultère. Tels sont ceux du Talmud envers l’hérésie. » »
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Les idées que j'avais toujours tenues pour acquises, confiant dans la parole des rabbins, certains que les textes sacrés recelaient des vérités absolues, m'apparaissaient désormais comme douteuses, voire fallacieuses.
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Et comment expliquer, demandai-je au rabbin, que notre perception de l’Éternel - Dieu d'amour, bienveillant et tout-puissant, merveilleusement attentif à nos besoins - reflète précisément les qualités de nous exaltons dans l'être humain ? Pourquoi attribuer à Dieu des sentiments tels que la joie, la tristesse, la satisfaction, voire le désir de susciter notre amour, quand il semblerait plus logique de l'imaginer comme un être omnipotent et omniscient, détaché des affects qui trahissent la fragilité humaine ?
"Vous n'êtes pas le premier à vous poser la question," répondit le rabbin avec condescendance, comme si je cherchais à m’immiscer dans un débat réservé à des esprits supérieurs. "Il me paraît quelque peu... puéril de votre part, ajouta-t-il, de penser que de telles interrogations n'ont jamais été soulevées avant vous." Son sourire affable ne parvenait pas à masquer son paternalisme. "Continuez d'apprendre. Lisez et étudiez. Puis regarder au fond de votre cœur, et vous trouverez la vérité."
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D’après le Talmud, qui voit la chevelure d’une femme découvre sa nudité. (..) Gitty coupait ses cheveux à l’aide d’une tondeuse électrique (..) elle ne leur laissait que 7 millimètres de longueur – que nul ne voyait – pas même moi, la loi exigeait qu’elle se couvrît la tête en permanence.
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Je répétais alors ce que mon rebbe m’avait dit : « la gentillesse des autres nations conduit au péché ». Autrement dit : même lorsqu’un non-Juif commet une bonne action, il est animé de mauvaises intentions (…).

C’est une loi de la nature , me répétait-on : les non-Juifs mépriseront toujours les Juifs. (..) aussi intégré soit-il, le Juif suscitera toujours la haine et le mépris du non-Juif -un mépris plus ou moins dissimulé selon l’époque et l’audace de chacun, mais un mépris bien réel.
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Or, le peuple français, m'avait-on dit, était le plus décadent au monde ; d'après mes professeurs, Paris était la capitale du SCHMUTZ, le berceau de la mode féminine la plus perverse : on y concevait les jupes trop courtes et les chemisiers trop échancrés pour inciter les hommes au péché.
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Le prénom de la fiancée n'avait pas d'importance : seul comptait le nom de son père. Au sein de notre communauté, on n'épousait pas seulement un garçon ou une fille, mais un clan tout entier. Un clan respectable, si on avait de la chance. Ou tristement ordinaire, si on n'en avait pas.
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"Lorsque nous longions l'église catholique de la 16e Avenue, mes amis et moi, nous prenions soin de traverser, puis nous crachions vers le bâtiment en récitant trois fois de suite la formule suivante: "Tu la détesteras et tu l'abhorreras de toute ton âme, car c'est un lieu maudit." p.86
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« Si le Talmud était bâti sur la parole rapportée de Dieu, ou présenté comme telle, cette parole me frappait par ses aspects terriblement humains, ses ambiguïtés, son caractère arbitraire et ses multiples niveaux de sens. Même le concept de foi suggérait l’intervention de l’homme : l’idée qu’il fallait se soumettre à une conviction, au lieu de se contenter d’admirer la beauté de l’univers. Les principes de la logique qui guidaient l’écriture informatique se fondaient, eux, sur des postulats immuables. Ce qui était vrai était vrai. Ce qui était faux ne l’était pas. Pas de zone grise, pas de compromis, pas de place pour l’ambiguïté, la contradiction ou l’interprétation. Tout était précis et prévisible. Et il ne servait à rien de prier quand votre application se trouvait coincée dans une boucle infinie. »
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