J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman, dont l’intrigue m’a passionnée et émue, et dont j’ai apprécié la plume toute en pudeur. Ce n’est pas un coup de coeur, il m’a manqué un peu d’épaisseur pour en faire une excellente lecture, mais il m’a fait passé un très bon moment !
Dès les premières lignes, j’ai été embarquée dans le ton pudique de ce roman. Pudique dans sa plume, tant elle est sensible mais avare en détails. Pudique de par ses personnages, qui évoluent dans une société qui n’accepte pas d’autre qualité chez une femme. Et pudique du fait dans son époque, ce Londres du XVIIIème siècle tenu par la religion, les classes sociales et les codes du mariage, si fermés. J’ai immédiatement su que ma lecture allait me plaire, et ce sentiment ne m’a pas quitté jusqu’à la fin.
Le gros point fort du roman réside dans ses deux personnages principaux, que sont Esther et Sara. Deux femmes que tout oppose, tant niveau social que caractère. Pourtant, elles vont partager un bout de vie, une histoire dramatique. Le roman propose une narration alternée entre ces deux femmes, donnant un point de vue très intéressant sur la personnalité de l’une et de l’autre, assez neutre, ce que j’apprécie énormément dans les romans car ils me permettent de mieux cerner les caractères de chacun. Et côté caractère, j’ai été servie. Je ne peux pas dire que j’ai apprécié Esther et Sara, mais j’ai adoré les suivre ! J’ai adoré leur complexité – extrêmement bien utilisée par l’autrice pour servir son histoire -, leur évolution, et la manière dont le fait d’être femme va (plus ou moins) les unir.
Sonia Velton propose une histoire très riche, tant dans l’aspect historique qu’émotionnel. J’ai adoré me retrouver en plein coeur de la société des tisseurs de soie londonienne du XVIIIème siècle, découvrir ses règles et tout l’arrière-plan religieux qui le régit, de même que la naissance des premiers syndicats. Ce décor est parfait pour cette histoire d’amours, d’intrigues et de trahison que l’autrice révèle au fil des chapitres, autour de ce duo de femmes totalement opposées mais dont la relation est au centre de tout. Cela donne des scènes très subtiles, qui jouent à la fois la carte de la sororité, contre celle de l’inégalité sociale à d’autres moments. J’ai adoré suivre cette relation complexe, et l’évolution de ces deux personnages féminins autour de ce qui peut rythmer la vie d’une femme de l’époque : le mariage, la maternité, le milieu social.
La seule réserve que j’ai encore après avoir terminé ce roman, c’est son nombre de pages. Pour moi, il aurait mérité une bonne centaine de pages supplémentaires. Malgré une intrigue et des personnages passionnants, il m’a manqué un peu d’épaisseur pour que cette lecture soit excellente. Sonia Velton nous offre un huit-clos au sein de cette société londonienne si étriquée et qui offre peu de possibilités aux femmes, et j’aurais aimé que cela soit étoffé par des descriptions de l’ambiance, des odeurs, des décors, des émotions des personnages. J’ai souvent pensé au roman Miniaturiste pendant ma lecture, mais il m’a clairement manqué des éléments de fond qui auraient pu m’imprégner encore davantage dans cet univers si particulier.
J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman, qui m’a fait découvrir un milieu très intéressant. Un contenu aussi joli que sa couverture !
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