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Critiques de Sophie Bessis (13)
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Les Valeureuses

Sophie Bessis propose ici une très habile vulgarisation, fruit de la synthèse de recherches diverses (d'elle-même ou d'autres auteurs) et d'interviews de descendants des deux personnalités ayant vécu au XXe siècle.



Celles-ci sont Habiba Menchari connue pour ses idées socialistes et féministes qu'elle développa dans les années 1920 et 1930 ainsi que la chanteuse et actrice (surtout de théâtre mais aussi ponctuellement de films) Habiba Msika. Cette dernière était issue d'une famille juive installée au Maghreb vraisemblablement dans la période de la fin de l'Antiquité. Elle mena une vie très émancipée puisqu'elle divorça, collectionna les amants et chanta à l'occasion des chansons grivoises.



En fait ces cinq femmes se distinguèrent par une vie émancipée. Ce fut nettement plus facile pour Aziza Othmâna née vers 1606 ; elle serait la petite-fille d'Othmân Dey, l'épouse de Mûrâd Bey puis de Hamûda Bâcha Bey et la mère d'Ahmed Bey. de par ses nombreuses oeuvres de charité, elle a sa place dans L Histoire consensuelle de la Tunisie. En effet elle fut très pieuse tout en étant assez libre de mener sa vie comme elle l'entendait, compte-tenu évidemment qu'elle dût faire avec les maris que la famille lui imposa.



Une autre figure religieuse féminine ne fait pas l'unanimité. En effet Sayida Manoubia fait l'objet d'un culte qui n'est pas sans pouvoir être assimilé à celui des saints chrétiens. Cela ne manqua pas de déclencher l'ire des salafistes qui incendièrent volontairement sa zaouia (bâtiments construits autour de la tombe d'un saint) en 2012.



Aïcha Sayida Manoubia a vécu au XIIIe siècle et refusa de se marier. On lui prête des miracles et en particulier de ramener sur le sol de leur pays des Tunisiens servant dans les galères des puissances européennes. Rappelons qu'à cette époque Gênes et Venise dominent en Mer Méditerranée.



On ne sera pas étonné si la reine Didon, connue par les Tunisiens comme Elisa, est présente ici. Rappelons qu'elle est la fondatrice mythique de Carthage. le stratagème, qui lui est prêté de découper en fines lamelles une peau de boeuf pour accorder un large périmètre au territoire concédé, se retrouve d'ailleurs en Asie à propos des navigateurs européens du XVIe ou XVIIe siècle.



Sophie Bessis pense qu'elle aurait pu aussi évoquer quelques autres personnalités comme par exemple Rachia Haddad, Wassilia Bourguiba ou Lella Kmar. La diffusion de cet ouvrage en France est faite par CEDIF/Pollen.
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Dedans, dehors

Moments de vie, textes poétiques, nostalgie d'un temps révolu où les idéaux pour changer le monde étaient au dessus de toutes les considérations religieuses.

Ce texte, extrêmement bien écrit, m'a un peu gênée car je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, les textes m'ont paru trop intimes, comme si le lecteur n'était pas invité à les lire.
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Bourguiba

Une biographie d'un homme ambigu aux méthodes de dictateur, malgré son admiration de nos démocraties. Ses idées sur la société tunisienne, qu'il a profondément marquée de son empreinte, sont assombries par son autocratisme. A sa période faste, de la lutte pour l'indépendance et de ses débuts à la tête de l'état, a malheureusement succédé une véritable dictature. Le bilan est consternant, et sa fin, particulièrement sombre, ne laisse place à aucune sympathie pour l'homme, pourtant clairvoyant sur beaucoup de sujets. La quatrième de couverture pose la question: " la Tunisie d'aujourd'hui est-elle ou non son héritière?". Il est encore trop tôt pour répondre à cette question, que les auteurs de cette biographie préfèrent laisser trancher par l'histoire. Un livre instructif, même si les longs passages relatifs aux luttes de basse politique, ne sont pas vraiment passionnants et ont fait un peu durer en longueur cette lecture.
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Enfances Tunisiennes

Commençons par un petit rappel historique. En 1881 et suite à une mauvaise gestion du pays par ses dirigeants, la France décide de s’implanter en Tunisie. Débute alors le protectorat français de Tunisie, aussi appelé Traité du Bardo, qui sera aboli en 1956. L’objectif est de transformer les structures politiques, sociales et économiques du pays pour le rendre à nouveau viable.



Dans ce contexte, Enfances tunisiennes nous raconte les répercussions de la présence française dans le quotidien de la population tunisienne, et en particulier des jeunes. Vingt auteurs parlent de la cohabitation des deux cultures, de la découverte de la langue française par le biais de l’école, de la musique ou du cinéma.



Pour beaucoup, cette enfance-là fut joyeuse et insouciante mais certains abordent aussi des évènements plus difficiles marqués par l’abandon parental ou par la guerre de 1940.



Véritable photographie d’une époque, ces textes courts forment une sorte de recueil de nouvelles, de tranches de vie. Des parcelles d’enfances et de souvenirs souvent empreints de beaucoup de poésie.



J’ai particulièrement apprécié la présentation originale des textes, avec un jeu de polices différentes et une mise en page recherchée. Des photos représentant les auteurs enfants dans leur lieu de vie rendent les personnages plus proches du lecteur.



Par contre, si je devais mettre en avant un petit bémol, il serait lié à l’abondance de termes tunisiens. N’étant pas moi-même d’origine tunisienne, je devinais certains sujets de discussion plus que je ne les comprenais. Aucun mot n’est définit ou traduit, ce qui m’a donné l’impression que le livre n’était pas destiné à sortir de ses murs, qu’il était réservé aux tunisiens natifs ou d’origine. Je trouve dommage que les auteurs (ou la maison d’édition) n’aient pas réalisés ce petit travail d’ouverture aux autres alors qu’à l’opposé, certains écrivains définissent chaque petit belgicisme employé.



Bilan mitigé donc. Historiquement intéressant, ce livre n’a cependant pas été conçu pour être accessible au plus grand nombre.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Enfances Tunisiennes

De très beaux textes aux parfums d'iode et de jasmin. Différentes époques, différents styles et des souvenirs d'une Tunisie blanche, accueillante, cosmopolite.

On découvre à travers ce livre un éventail d'auteurs tunisiens francophones. Ce livre a éveillé ma curiosité et je me suis précipitée pour découvrir certains auteurs dont les textes m'ont vraiment touchée comme Hélé Béji ou Emna Belhaj Yahia. Une initiation à la littérature tunisienne très réussie.
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La double impasse

La dimension, à notre avis, la plus intéressante de l'ouvrage de Sophie Bessis, réside dans sa tentative, néanmoins pas suffisamment approfondie à notre goût, de pointer la compatibilité entre les fondamentalismes religieux et l'économie marchande. Il y aurait pu y avoir des éléments pour une lecture matérialiste, dans la lignée de Marx, des phénomènes religieux.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Je vous écris d'une autre rive

Ce texte est un essai. Celui d’une historienne juive franco-tunisienne.

Ce texte est une réponse à une politologue et philosophe juive allemande, aujourd’hui décédée.

Ce texte est empreint d’une admiration pour celle qui se sera montrée libre de ses pensées, pour celle qui aura su être allemande et juive en 1935, pour celle qui aura défendu “la banalité du mal” des auteurs de la Shoah, pour celle qui aura porté le sionisme avant d’en craindre les excès, pour celle qui aura perçu avant l’heure les dérives à venir des nationalismes.



Ce texte est aussi, et surtout, celui d’une femme qui se trouve blessée au nom de sa culture et de la religion par une autre qui aura balayé son existence et son identité d’un revers de la main.

D’une femme qui ne se reconnait pas dans les écrits de celle qui réserve une place exclusive aux juifs européens.

D’une femme qui déplore “l’ignorance programmée du judaïsme arabe”, la considération de la bourgeoise juive et intellectuelle au détriment des artisans et commerçants des souks et qui déplore ce qu’il a été donné aux les arabes, sans autre choix possible, de l’Etat d’Israël.



D’une juive arabe à une juive allemande.



Ce texte est une lettre de Sophie Bessis à Hannah Arendt.



Il est une invitation au dialogue, à l’écoute et à la tolérance dans un monde qui en manque chaque jour un peu plus.



Pour autant, j’aurais aimé ce texte plus accessible. Vous allez me dire qu’il s’agit d’un essai, de surcroît adressé à une illustre théoricienne et que c’est donc un format assumé. Certes.

Cela n’enlève rien à la frustration d’en avoir deviné, je l’espère, l’essence et l’intention mais non sans en avoir beaucoup parlé (vive les lectures communes !) et je regrette, pour un texte dont le message se veut universel qu’il ne soit pas plus inclusif.

De même que je regrette la construction du récit faite et appuyée sur l’opposition des séfarades aux ashkénazes. Mais là encore sans doute n’ai-je pas perçu toutes les subtilités défendues. La rencontre @vleel_ prévue jeudi prochain devrait rassurer l’utopiste que je suis et me confirmer qu’il y est bien question de fraternité.
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Dedans, dehors

La Tunisie d'une époque, des revendications qui trouvent un bel écho aujourd'hui
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L'arme alimentaire

J’ai lu ce livre dans sa première version quand j’étais à la fac en études de Droit, mais la géopolitique n’était pas absente des enseignements et nous avions un cours de relations économiques internationales (REI) en Licence (aujourd’hui L3) passionnant.



J’ai été affligée par cette lecture qui remonte à 1979, mais le constat hélas reste toujours d’actualité puisque les mandarins des grandes puissances industrielles et les pouvoirs publics s’interrogent encore (ou simulent ce questionnement) sur la façon de nourrir la population mondiale, et en particulier toujours les mêmes qui sont exclus d’un partage équitable.

Sa thèse démontre que la pénurie alimentaire est artificielle, qu’elle ne résulte ni du surpeuplement ni d’une incapacité à produire des pays pauvres, mais de l’état de dépendance vis-à-vis des pays riches qui au demeurant sont en surproduction.

Aujourd’hui on taxera ce discours de tiers-mondiste…. mais le constat est pourtant difficilement contestable.

Sophie Bessis a toute mon admiration et je regrette qu’elle ne soit pas plus souvent présente dans les émissions de qualité, on peut la croiser sur France culture toutefois.

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Enfances Tunisiennes

Enfances tunisiennes est un recueil de vingt textes écrits par des auteurs de langues française ou arabe. Tous décrivent un ou plusieurs épisodes de leur enfance en Tunisie et racontent des souvenirs familiaux, à l'école, en vacances etc. Les auteurs nous convient à un voyage dans le temps, les récits se déroulant des années 40 aux années 90 et à un voyage dans l'espace, de Tunis au port de la Goulette, en passant par d'autres villes de province. Le tout est accompagné de photographies personnelles des auteurs dans leur enfance, mises en valeur par la remarquable qualité matérielle de l'ouvrage paru aux éditions elyzad en 2010.



Le recueil propose des textes très différents, au niveau du style et de l'écriture. En effet, il y a des romanciers, des poètes, des essayistes, des historiens, des sociologues... Mais tous sont empreints d'une certaine nostalgie : ils évoquent des personnes disparues, des lieux modifiés aujourd'hui et une époque différente. Si certains s'attardent sur un épisode marquant de leur enfance, d'autres s'attachent à décrire une atmosphère et une ambiance plus larges à travers des anecdotes diverses. On assiste alors, à travers le regard d'enfants devenus adultes, aux mutations de la Tunisie (notamment l'indépendance en 1956). La plupart de ces auteurs évoquent un conflit permanent ressenti dans leur enfance de par leurs origines complexes : à la fois arabes, français, italiens, juifs ou chrétiens, ils sont tiraillés par des coutumes et des règles différentes.



Ces enfances tunisiennes, parfois graves et parfois drôles, donnent une image particulière de la Tunisie : une Tunisie multiple, mixant les traditions et les origines et l'image d'un pays à l'histoire complexe. J'ai beaucoup apprécié la lecture de cet ouvrage et remercie les éditions elyzad et Libfly pour cette belle découverte non seulement d'auteurs jamais lus, mais aussi d'un fragment de l'histoire d'un pays.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Les Valeureuses

Dans la petite ville de Crosby, Olive Kitteridge est une figure emblématique.

Professeur de mathématiques exigeante au collège ; épouse peu aimable de Henri, le pharmacien ; mère étouffante de Christopher, son seul enfant, Olive est une personnalité complexe, capable du meilleur comme du pire.



Composée de treize histoires toutes reliées par le personnage d’Olive, le récit raconte sur près de trente ans le destin de différents habitants de Crosby. Treize récits de vie qui viennent raconter, éclairer ou expliquer le portrait de vie d’Olive, d’Henri et de Christopher.

Une construction de roman qui oscille entre la nostalgie, la tragédie et l’espoir tout en abordant des thèmes universels tels que la vieillesse, la maladie, la fin de vie, l’amour, les liens familiaux…

Le ton est délicat, drôle et sensible. L’auteure parvient avec beaucoup de virtuosité et un sens aigu de l’observation à retranscrire finement la psychologie de ces personnages.



Une excellente découverte !


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L'Occident et les autres

Ecrit quelques temps après les attentats du 11 Septembre cette analyse des rapports de l'Occident avec le reste du monde n'a rien perdu de son acuité et se distingue également par la qualité littéraire de son exposé.

Sophie Bessis à choisi le terme de Suprématie pour caractériser cette relation asymétrique dont elle retrace l'historicité et qui consiste globalement pour les européens à produire des d'universaux auxquels ils dérogent volontiers en fonction de leurs intérêts économiques ou géopolitiques. Cette culture de la Suprématie s est successivement appuyé à travers l'histoire sur la vérité révélée du Christ puis sur la Raison et enfin sur la rhétorique scientifique, chacune ayant permis la justification du fait colonial dans la mesure ou l'Occident s’était également assigné une mission de propagation de ses valeurs.Sophie Bessis analyse également le rôle particulièrement pervers joué pars les occidentaux qui pour conserver une tutelle sur certaines régions (après ou avant les indépendances) n'ont pas hésité à soutenir les franges locales les plus réactionnaires pour empêcher toute forme d'émancipation qui remettrait en cause ses divers intérêts dans la région concernée. Un tableau édifiant , très chargé et le sentiment également d'une relation épouvantablement pervertie qu'il est difficile de pas associer au chaos géopolitique inextricable d' aujourd’hui.
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Je vous écris d'une autre rive

Il est difficile de parler du sionisme sans y adhérer, de faire le point sur Israël y compris ce qui est critiquable sans soupçon... Et pourtant, il n'y a pas de respect sans échanges et contradictions constructives, il n'y a pas d'espoir d'aller mieux sans diagnostic. À lire et à débattre, de l'Europe aux confins de la Méditerranée...
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